Opinion
« Les Américains jouent aux Monopoly,
les Russes jouent aux échecs - et les
Français jouent aux Américains... »
Sayed 7asan
Samedi 19 avril 2014
Par Sayed 7asan (http://www.sayed7asan.blogspt.fr)
Voir :
Une victoire stratégique pour la Russie,
Relations internationales : Poutine
impose de nouvelles règles du jeu &
Les « médias » occidentaux aux ordres ?
« Les Russes
mettent du temps à monter en selle, mais
ensuite, ils chevauchent très vite. »
« Lorsque la
Russie est menacée, elle ne s’énerve
pas, elle se concentre. »
Proverbes russes
Cette série
d’articles est consacrée aux enjeux
géopolitiques des événements de Crimée,
et notamment au recul de l’impérialisme
américain face à de nouvelles puissances
régionales et mondiales, résurgentes ou
émergentes, qui résistent au modèle
politique, économique et culturel
occidental de plus en plus ouvertement,
et avec de plus en plus de succès.
Le traitement de
ces événements en Occident est un
révélateur de la crise de confiance
entre les populations du monde
occidental et leurs gouvernements &
médias respectifs, qui sont aujourd’hui
moins fiables que la presse soviétique
elle-même dans ses jours les plus
sombres, mais dont l’hégémonie est
aujourd'hui disputée par Internet.
4. Les arènes
émergentes du refus du Nouvel Ordre
Mondial
Les événements de
Crimée (et, auparavant, de Syrie)
marquent un tournant majeur dans
l’évolution des relations
internationales, la fin d’un système
dominé par la seule superpuissance
américaine et la naissance d’un nouvel
ordre mondial dans lequel les nations et
les peuples pourront jouer un rôle plus
actif, à la fois grâce à l’émergence de
nouvelles puissances mondiales et
régionales telles que la Russie, la
Chine, l’Iran, le Venezuela, etc., mais
également, au niveau des simples
individus, grâce à l’émergence
d’Internet, qui a retiré aux médias
dominants non seulement leur monopole,
mais bien leur préséance au niveau de
l’information – et sans contrôle de
l’information, le contrôle de l’opinion
publique, sa « manufacture »
pour reprendre le mot de Noam Chomsky et
Edward S. Hernan, est beaucoup plus
malaisé.
Comme le rappelait le Saqr,
la presse
soviétique était beaucoup plus
pluraliste, plus diversifiée et plus
digne de confiance que les principaux
médias occidentaux actuels...
Dans les mauvais jours de l’URSS,
c’était tout simple: il y avait la
censure d’Etat. Mais il n’y a pas de
censure d’Etat à l’Ouest, il n’y a pas
de Glavlit ni de Goskomizdat, et
pourtant la presse occidentale est
beaucoup plus monolithique et malhonnête
que la presse de parti officielle de
l’URSS elle-même. Mais il y a une
différence essentielle entre l’URSS et
l’Empire Anglo-Sioniste actuel :
Internet.
Pour le dire simplement, l’Internet
est le seul média global qui n’est
contrôlé ni par les gouvernements ni par
les entreprises (ce qui est en fait
la même chose). Oui, de nombreuses
tentatives sont menées à la fois par les
gouvernements et les entreprises pour
changer cette situation, mais du moins
pour le moment, l’information circule
librement sur Internet. Cela introduit
des changements extraordinaires :
1) un simple
citoyen ayant un revenu minimal a
désormais les moyens de s’opposer
significativement aux mensonges des
grandes entreprises ou même des
gouvernements : le cas d’Alain Soral en
France est typique de cette tendance
révolutionnaire ;
2) la résistance
à l’Empire est désormais
géographiquement décentralisée, comme ce
blog l’illustre si bien avec
l’incroyable diversité de ses lecteurs ;
3) l’information
ne peut tout simplement pas être
supprimée : le monde a appris les
massacres et les atrocités commises par
les insurgés wahhabites en Syrie malgré
le fait que les grands médias se soient
efforcés de les ignorer ;
4) des documents
gouvernementaux classifiés de niveau
moyen sont accessibles pour diverses
personnes qui peuvent alors les révéler
sans que personne ne puisse les arrêter
(Assange, Snowden, Manning) ;
5) un nombre
croissant de personnes rompent leur
exposition aux médias d’entreprise qui
subsistent aujourd’hui principalement
grâce à des subventions
gouvernementales ;
6) même ceux qui
regardent encore la télévision ou lisent
la presse sont conscients du fait qu’on
leur ment. »
Le système de
domination mondial, et son outil
principal qu’est le mensonge, sont
arrivés à bout de souffle par leur
déchaînement même. Les fables grotesques
des années post-soviétiques continuent à
être « vendues », mais elles ne s’
« achètent » plus, pour reprendre
le mot des Inconnus au sujet de
L’Humanité, et la prostitution,
qu’il s’agisse de celle des médias
dominants ou de celle des valets
européens envers leur maître américain,
ne paie plus comme le montre
actuellement la
victoire symbolique de la Russie au
sommet de Genève, qui a imposé sa
présence à la table des négociations sur
le dossier ukrainien, ce qui était
catégoriquement refusé auparavant par
les Etats-Unis. Le vent tourne,
non plus dans le sens de la
mondialisation mais de la re-souverainisation
des Nations, et nous vivons vraiment
en des temps où l’espoir d’un monde
meilleur n’est plus vain,
comme le montre Le Saqr :
« Tout cela
signifie que nous vivons dans une
nouvelle réalité dans laquelle l’Empire
mondial Anglo-Sioniste se voit
maintenant activement affronté par une
résistance mondiale qui ne
connaît pas de frontières, pas de
nationalités et pas de religions : des
gens de différents pays, de différentes
nations et de différentes religions
s’unissent contre un hégémon commun et
pas seulement en théorie comme dans le
slogan ‘‘Prolétaires de tous les pays,
unissez-vous !’’ , mais de manière
réelle et effective, et ils collaborent
activement les uns avec les autres.
C’est à cette
résistance mondiale à l’Empire que
Poutine a adressé son discours. Bien
sûr, il s’adressait principalement aux
peuples de Russie, de Crimée et
d’Ukraine, mais il visait également
au-delà, tendant la main à tous ceux qui
– probablement des millions de personnes
– feraient l’effort de l’écouter sur
YouTube ou de lire une retranscription
de son discours. Parce qu’il est évident
que tout cela est beaucoup plus qu’une
simple lutte de pouvoir autour d’une
petite péninsule de la mer Noire : hier,
pour la première fois, un chef puissant
et déterminé a ouvertement dit à
l’Empire : ‘‘Nous vous connaissons,
nous comprenons ce que vous essayez de
faire, et nous n’allons pas vous laisser
le faire. En réalité, nous rejetons tout
ce que vous représentez et nous ne vous
laisserons jamais régner sur la planète.
Et aujourd’hui, nous avons les moyens de
vous arrêter !’’ (…)
Je pense que
nous entrons dans une nouvelle ère que
nous étions nombreux à espérer depuis
bien longtemps. Une ère où une
résistance qui était seulement locale a
enfin trouvé un leader capable non pas
de la commander, non, mais capable de la
représenter et de l’inspirer. Je ne
pense vraiment pas que Poutine l’ait
voulu. Il aurait bien plutôt souhaité
être à la place du président chinois Xi
Jinping qui soutient totalement Poutine,
mais qui préfère éviter une
confrontation ouverte avec l’Empire, au
moins jusqu’au moment où la Chine
deviendra vraiment puissante. L’Iran et
le Hezbollah ont ouvertement résisté
depuis de nombreuses années, mais ils
n’avaient tout simplement pas les moyens
d’avoir une influence au-delà du
Moyen-Orient. Quant à la résistance en
Amérique latine (Venezuela, Équateur,
Cuba, Nicaragua, Bolivie), elle n’a pas
été en mesure de traiter efficacement
avec les dirigeants plus tièdes ou
hésitants (Brésil, Chili, Argentine) ou
avec les purs États fantoches des
États-Unis (Colombie). Pour donner un
exemple, le récent vote au Conseil de
sécurité de l’ONU dans lequel seule la
Chine s’est abstenue et tous les autres
membres ont voté contre la Russie tend à
montrer qu’à l’échelle mondiale, la
Russie est seule et qu’aucun dirigeant
au monde n’a le courage de se tenir
ouvertement à côté de Poutine. »
Nous pouvons
nuancer ce propos en suggérant plutôt
qu’aujourd’hui, chaque continent, chaque
référent idéologique possède son modèle
d’indépendance, de souveraineté et de
défense des valeurs traditionnelles
derrière lesquels tous peuvent s’unir –
patriotes, socialistes authentiques (on
rougit d’utiliser ce mot aujourd’hui,
vidé de toute substance & avili par le
parti au pouvoir), croyants, etc., ces
catégories n’étant en aucune façon
mutuellement exclusives – pour résister
contre le modèle de domination
impérialiste et capitaliste qui veut
s’imposer au monde. Les illustres
exemples qui ont fait date dans
l’histoire (Cuba, Vietnam, Iran, Liban,
etc., et maintenant Russie…) vont
vraisemblablement de plus en plus se
rapprocher, faire des émules, unir les
peuples sous la bannière de la
résistance – que ce soit les patriotes
de tous pays, ou les croyants, notamment
chrétiens et musulmans qui attendent
tous deux la venue du Messie et du Mahdi
pour unir leurs rangs et sinon établir
la paix universelle & perpétuelle,
comme l’a évoqué Hugo Chavez, du
moins sonner le glas de l’Empire.
Le vote récent de
l’Assemblée Générale des Nations Unies
(100 pays condamnant comme illégale
l’annexion de la Crimée, 11 pays s’y
opposant et 58 abstentions !) confirme
cette lueur d’espoir, indiquant
cependant toute l’étendue du chemin qui
reste à parcourir.
Aujourd’hui encore,
le soleil se lève à l’Est…
Sayed 7asan
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