Reportage
Le printemps arabe
: une révolution contestée
Des Frères musulmans au service de Soros (8e partie)
Ali El
Hadj Tahar
Lundi 13 mai 2013
Après avoir
présenté les organisations étatiques
américaines chargées de la «promotion de
la démocratie», ce slogan mensonger pour
dire déstabilisation, abordons
maintenant les associations et les
organisations non gouvernementales,
privées et indépendantes, qui activent
dans le même sens sous couvert de droits
humanitaires, de liberté d’expression et
des médias et autres droits fondamentaux
des peuples, vertus que l’Amérique dit
protéger après avoir encouragé les
dictatures et toutes sortes de régimes
tyranniques. Nous avons déjà cité la
NDI, la NDIA, l’IRI et la NED.
Liés à la CIA, au
Département d’Etat ou à la United States
Agency for International Development
(USAID), ou plus indirectement à des
organismes syndicaux comme l’AFL-CIO qui
font le lien avec le Département d’Etat,
le FBI ou la CIA, ces fondations et
agences non gouvernementales jouent
pleinement leur rôle «patriotique» au
profit de l’impérialisme américain. La
RAND Corporation, la fondation
Rockefeller ou la fondation Ford sont
aussi impliqués directement dans la
formation et le recrutement des
collaborateurs de haut niveau, niveau
ministres et cadres supérieurs, tandis
que les fondations Soros écument large.
Toutes les ONG et fondations américaines
qui soutiennent les programmes du
Département d’Etat ont été créées dès
les années 1980 à l’instigation de la
CIA. La National Endowment for Democracy
(NED) a été créée en 1983 pour gérer des
dons et des bourses pour la «promotion
de la démocratie» dans les pays en
développement et reçoit 100 millions de
dollars par an du Congrès outre l’argent
reçu du gouvernement et du Département
d’Etat. «De toute évidence, il n'y a pas
de lignes nettes qui séparent ces
éditeurs de renseignement privés et les
analystes, les think tanks comme le
Council on Foreign Relations, RAND
Corporation, National Endowment for
Democracy et autres grandes entreprises,
et les agences gouvernementales comme la
CIA, la NSA, l'USAID et le Département
d'Etat», écrit le journaliste argentin
Adrian Salbuchi dans un article intitulé
Les USA, le Don Carleone de la politique
internationale. Les mouvements
«révolutionnaires» arabes ont été créés
avec le soutien, les finances et les
moyens étatsuniens. Un ancien du
renseignement français, Eric Denécé,
directeur du Centre français de
recherche sur le renseignement, écrit :
«Je ne crois pas à la spontanéité de ces
“révolutions”, qui étaient en
préparation depuis plusieurs années. Dès
2007-2008, des conférences organisées
sous l’égide d’ONG américaines, comme
Freedom House, l’International
Republican Institute ou Canvas, et où
étaient présents la plupart des
blogueurs et des leaders de ces
mouvements, ont instillé le germe de la
démocratie, créant un contexte favorable
aux révolutions. Le processus était le
même que celui qui a précédé le
démantèlement de l’URSS, la Révolution
serbe, la Révolution orange en Ukraine
ou encore celle des Roses en Géorgie.»
Utilisée en Serbie, Ukraine, Géorgie,
Ouzbekistan, Kirghizistan, Tadjikistan,
la technique de déstabilisation et de
renversement de «régimes» ennemis
n’utilise pas uniquement des mouvements
«citoyens» et des manifestations
pacifiques mais aussi des émeutes, des
grèves, des pressions médiatiques
conjuguées à des pressions politiques.
Elle renforce ces outils «pacifiques»
par des actions plus violentes par le
biais de forces spéciales et d’agents
infiltrés utilisant le crime, les
attentats et les sabotages comme
méthodes musclées de pression pour
soutenir les groupes non violents qui
passent en boucle sur les chaînes de
télévision et qui font des réseaux
sociaux de la Toile leur mode
d’expression et de recrutement favori.
George Soros :
l’employeur d’espions recrute
Après la Tunisie,
c’est l’Egypte qui va donc s’enflammer.
Il n’y avait ni immolé ni augmentation
de prix qui eut pu justifier la sortie
des jeunes Egyptiens dans la rue, mais
le 28 décembre 2010, un appel est lancé
demandant aux citoyens de participer à
une marche sur place Tahrir au Caire et
d’autres places dans les différentes
villes du pays. Que voulaient-ils
puisqu’ils n’appelaient pas au départ de
Moubarak, comme le faisaient les
Tunisiens ? Au Caire, la manifestation
se transforma en occupation de la place
Tahrir jusqu’au 25 janvier 2011, où les
slogans ont viré au rejet du «régime».
Comme en Tunisie, les violences qui ont
causé des morts sont incompréhensibles
et illogiques et ne cadrent pas avec la
logique et les anciennes méthodes de
répression policières égyptiennes : le
28 janvier, un blog sur internet appelle
la manifestation «révolution» et exige
le départ du «régime». Les
manifestations en Egypte ont été
allumées par des bloggeurs ayant
bénéficié des formations de l’Open
Society Institute de George Soros et les
programmes du Département d’Etat
étatsunien développés par Hillary
Clinton, notamment le 21st Century
Statecraft (TechCamps, les stages ou
camps technologiques) et l’Initiative
société civile 2.0. Le but premier des
«révolutions» tunisienne et égyptienne
était certes de démettre des régimes pas
suffisamment engagés au profit des
Etats-Unis et d’Israël mais surtout de
placer des pions prêts à abattre
Kadhafi, l’ennemi numéro 1 des
Etats-Unis et de l’Occident qui
n’avaient pas vraiment enterré la hache
de guerre avec le guide malgré les
salamalecs. Outre les organisations
publiques américaines chargées du
«printemps arabe», il y a donc plusieurs
organisations non gouvernementales dont
celles du milliardaire George Soros.
Soros est derrière un nombre
impressionnant de fondations,
d’instituts, de think-tanks et de
médias. Il a créé l'Open Society
Institute et la Fondation Soros, dont
l'objectif affiché est la «promotion de
la démocratie». Il a financé Otpor
contre le «régime» pro-russe de Slobodan
Milosevic en Serbie, la CEDAR qui est le
premier réseau européen de
professionnels musulmans, la GayFest (le
festival gay annuel de Bucarest en
Roumanie), le Collectif contre
l'islamophobie en France (CCIF), ainsi
que le mouvement Femen de nudistes qui
se rebellent contre les valeurs
chrétiennes du mariage. Responsable de
krachs boursiers et «mécène» dans une
cinquantaine de pays, il détient
aujourd’hui une fortune évaluée à sept
milliards de dollars. Il est aussi
membre de l’entreprise Carlyle qui
grimpe comme une fusée grâce aux
employés de marque qu’elle recrute :
Bush père, James Baker, Frank Carlucci
et John Major... Egalement associé à la
société Ford, qui emploie des
personnalités américaines influentes des
deux camps démocrate et républicain,
Carlyle – dont le frère de Ben Laden,
Shafiq, est actionnaire – dispose d’un
pouvoir d’influence quasi planétaire :
pour obtenir des marchés liés aux
armements, elle n’hésite pas à user de
la pression politique et du trafic
d’influence par le biais de ses
dirigeants et de ses représentants.
D’ailleurs, les membres du National
Endowment sont signataires de la lettre
For a New American Century envoyé à Bill
Clinton en 2009 pour lui demander de
renforcer l’aide à Israël. Soros est
aussi soupçonné d’être derrière le
mouvement des indignés du Wall Street et
ceux qui ont manifesté à Madrid en mai
2011 : pour prouver qu’on peut manipuler
des foules partout et faire croire au
monde que les «révolutions» sont
contagieuses, des Arabes contaminant des
Occidentaux et les rendant jaloux ! Un
beau coup de pub pour les «printemps
arabes» qui se sont trouvés légitimés
par les manifestants des «indignés» de
New York et de Madrid. Récupérateur des
icônes populaires et de gauche, Guevara,
Mandela et Gandhi inclus, Soros les
détourne au profit de ses
contre-révolutions se disant
«révolutions». L’International Crisis
Group (ICG), dont Soros est un membre
influent, est une agence liée aux
intérêts américains et probablement
créée sur conseil du Département d’Etat.
En tout cas, ses membres et son staff
comprennent d’anciens chefs de l’OTAN,
des ministres et de hauts responsables
américains (Wesley Clark, ancien chef
suprême de l’OTAN ; George Robertson,
ancien secrétaire général de l’OTAN ;
Zbigniew Brzezinski, le théoricien de
l’impérialisme américain ; Morton
Abramowitz), ainsi que des alliés des
Etats-Unis comme Shimon Peres, Shlomo
Ben-Ami (ancien ministre des A.E.
israélien), Stanley Fischer (gouverneur
de la Banque d’Israël), Christine
Ockrent (la femme de Bernard Kouchner)
ou le Prince Turki Al-Faisal (ancien
chef des services de renseignement
saoudiens) et beaucoup de personnalités
connues pour leur amitié envers Israël.
Evidemment, pour donner de la
crédibilité au think tank, il y a Kofi
Annan, Lakhdar Brahimi, El Baradeï… Car
Georges Soros ne se contente pas de
manipuler de jeunes écervelés : outre
quelques consultants pour tromper la
galerie, il contrôle des traîtres de
plus grande envergure car des généraux
et des ministres, des personnalités
au-dessus de tout soupçon (Arabes,
musulmans, Africains, Sud-Américains,
Asiatiques) figurent dans la liste de
ses obligés de l’ICG.
Les Frères
musulmans, chouchous du sioniste Soros
L’Open Society
Institute (OSI) a été créée en 1993 pour
soutenir les associations Soros qui
œuvrent pour le développement
d’institutions «démocratiques» à travers
l’Europe centrale et orientale et dans
les pays de l’ancien bloc soviétique.
Aujourd’hui, elle a élargi son programme
qui touche plus de 60 pays avec un
budget de près de 600 millions de
dollars par an. Soros finance aussi
plusieurs organismes et associations
dont le Center for American Progress,
dont l’expert en politique étrangère
Brian Katulis défendait sur la chaîne
MSNBC que les Etats-Unis devraient
abandonner Moubarak et traiter avec les
Frères musulmans, option préférée de
Soros. Le milliardaire sioniste est
aussi derrière la création d’un groupe
de sénateurs qui font du lobbying, le
PLM Group, au profit de l’Egypte à
Washington. D’autres lobbies agissent
dans le même sens au sein du Podesta
Group et du Livingston Group et ont
demandé une résolution du Sénat
demandant des élections libres en
Egypte, en pronostiquant sur les barbus
mais en soutenant plusieurs chevaux de
l’opposition cairote. George Soros a
créé des ONG qui chapeautent le monde,
et son International Crisis Group (ICG)
est en passe de devenir un organe de
pression et de décision international
car il envoie ses rapports à des Etats
arabes pour les instruire non seulement
de respecter les «règles démocratiques»
mais d’ouvrir le champ politique aux
«islamistes» dits modérés, comme s’il y
avait deux Islam, l’un modéré et l’autre
extrémiste, alors qu’il n’y a qu’une
seule religion pour les musulmans et ce
qui est criminel ou extrémiste n’est pas
de l’Islam. Tous les responsables
politiques de la planète savent que
l’ICG est un outil de pression de la
Maison-Blanche. Soros met les barbus au
centre de sa stratégie du divides ut
regnes au profit du sionisme et de
l’impérialisme, mais il finance et
soutient à gauche et à droite, pourvu
qu’il ait des collabos sous la main.
Mal-aimé de beaucoup de sionistes qui ne
comprennent que maintenant sa vision, il
a mis le paquet en investissant dans les
«révolutions» arabes qu’il a
probablement préparées et planifiées
avec Hillary Clinton. Dans une
contribution publiée dans le Washington
Post (3 février 2011) sous le titre
«Pourquoi Obama devrait-il soutenir la
droite égyptienne», Soros a écrit que si
des élections libres se tenaient dans ce
pays, les Frères musulmans pourraient y
devenir «une force politique majeure,
bien qu’elle serait loin d’avoir la
majorité». Il a ajouté que la
coopération des Frères musulmans avec El
Baradeï est un «signe positif» dans le
nouveau système politique… Même si on
l’a écrit quelques lignes plus haut,
rappelons que l’ancien responsable de
l’AIEA est un membre important de sa
fondation, l’ICG. Selon Soros, Israël
aura beaucoup à gagner d’un «essaimage
démocratique» au Moyen-Orient. Par cet
euphémisme, il faut entendre cette
anarchie où les partis wahhabites
foisonnent, semant la discorde, le
takfir et l’excommunication. Misant sur
les islamistes, mais soutenant aussi El
Baradeï, George Soros aide la
Maison-Blanche à reconfigurer le monde à
l’avantage définitif d’Israël et des
Etats-Unis. C’est son poulain John Kerry
qui a remplacé Hillary Clinton.
A. E. T.
(A suivre)
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Article publié sur
Le Soir d'Algérie
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