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Nouvelles d'Irak
Entretien
n°5 - FBI-Saddam Hussein
Gilles Munier
Gilles Munier
Dimanche 7 mars 2010
Baghdad Operation Center
15 février 2004
Entretien conduit par George L. Piro
Rapport traduit de l’arabe en anglais par le FBI
Traduction en français : Xavière Jardez
Titres, sous-titres et notes : Gilles Munier
La révolution
baasiste de juillet 1968
1ère partie : la prise du palais présidentiel
Saddam Hussein (Détenu de Haute Valeur n°1) a été
interviewé le 15 février 2004 dans un bâtiment de détention
militaire à l’Aéroport International de Bagdad (AIB),
Bagdad, Irak. Hussein a fourni les informations suivantes :
Avant que des questions ne lui soient posées, Hussein a demandé
quels étaient les changements dans le monde, par exemple en
Chine, Russie et dans le domaine international. L’interviewer
lui a signifié qu’il n’y avait pas eu de changements
significatifs, que des efforts étaient mis en œuvre pour
reconstruire l’Irak avec le soutien de ces deux pays et que les
choses évoluaient rapidement.
Hussein a alors expliqué que, depuis un ou deux mois qu’il était en
prison, il n’avait pas une image claire de ce qui se passait et
qu’il avait voulu poser cette question, il y a deux jours.
Hussein a ensuite parlé d’un film adapté d’un livre qu’il a lu
il y a longtemps, le Conte de deux villes (1),
film qu’il a vu et qui raconte l’histoire d’un Britannique
enfermé dans une prison française qui, comme lui, est déconnecté
du monde extérieur. Selon Hussein, l’auteur du livre critiquait
les autorités françaises pour ce traitement. Il a ainsi noté
que rien n’avait vraiment changé. Ce à quoi, l’interviewer a
répondu : « Avec le temps, certaines choses ont changé,
d’autres non ».
L’Irak en 1968 :
des conditions de vie primitives
L’interviewer expose que la session d’aujourd’hui sera un dialogue
sur la prise du pouvoir par le parti Baas en 1968, tout en
essayant de distinguer ce qui appartient à la légende et ce
qui est réalité. Hussein a répondu qu’à l’époque, l’Irak vivait
dans des conditions primitives et ne pourrait progresser
sérieusement que s’il faisait siens deux concepts. Le premier,
qu’il existait des précédents historiques au changement dans le
pays. Le deuxième que l’Irak devait examiner la manière dont le
reste du monde opérait. C’est ainsi que Hussein avec d’autres a
visité quelques pays arabes. Ils se sont rendu compte, en
établissant des comparaisons, que le Caire et Damas étaient bien
plus avancés que Bagdad. Il avait de nombreux amis qui étaient
allés à Damas et pensaient que Bagdad pouvait atteindre le
niveau de développement de Damas mais, ils n’imaginaient pas se
hisser au niveau de développement du Caire.
A l’époque, les capacités de fabrication se limitaient à la
confection de couvertures et à une conserverie à Kerbala qui
nécessitait l’importation de son matériel. Hormis cela, il n’y
avait que quelques tentatives de production dans d’autres
secteurs. Cependant, l’Irak était motivé et avait la volonté de
progresser de lui-même. Des erreurs furent faites et furent
rectifiées. Ils ont continué à envoyer des gens dans les pays
aux alentours pour acquérir de l’expérience. Parmi les pays que
Hussein et d’autres ont visité figurent l’Union soviétique, la
France, l’Espagne, l’Iran, la Turquie et tous les pays arabes.
De tous ces pays, Hussein était convaincu que l’Union soviétique
se rapprochait le plus de l’Irak en terme de vie sociale du
peuple. Cela ne voulait pas dire qu’il prenait parti entre
l’ouest et l’est. Tout en observant la manière dont les autres
vivaient, « nous n’oublions pas que nous étions des Arabes
et des Irakiens et que nous avions notre propre manière de
coexister et de nous rattacher aux autres Arabes ». Hussein
a ajouté : « En vue de nos objectifs de développement, nous
avons essayé de nous développer dans tous les domaines,
politique, économique, industriel et technologique ».
Une prise du pouvoir
sans effusion de sang
Sur la prise du pouvoir par le Baas, Hussein a reconnu qu’ils
furent aidés par les militaires membres du parti mais aussi par
le colonel Ibrahim Abd al-Rahman Daoud (2) et le
colonel Abd al- Razzaq Nayef (3), non membres du
parti. Ces derniers n’ont pas joué de rôle décisif dans le fait
que ce renversement s’est fait sans effusion de sang ou
violence.
Hussein a déclaré que c’est lui qui a décidé que cette prise de
pouvoir se ferait sans bain de sang car, il était convaincu que « nous
devions oublier le passé et ne pas faire couler le sang ».
Ce sujet fut discuté lors d’une réunion chez le ministre de la
santé, Dr Mustapha. Quelques uns ne furent pas d’accord,
notamment ceux qui avaient été torturés par le régime précédent
et voulaient se venger. Un débat eu lieu au cours duquel Hussein
remarqua que lui, aussi, avait été torturé. Finalement, tout le
monde s’accorda pour qu’il n’y ait pas d’effusion de sang. Cette
décision fut respectée puisque les Baasistes ne touchèrent pas
au président Abdul Rahman Aref (4) qui fut seulement
expulsé. De plus, il a demandé que la décision soit prise par le
Parti de relâcher tous les prisonniers, nationalistes et
communistes compris. Les colonels Daoud et Nayef furent aussi
expulsés sans qu’il ne leur soit fait aucun mal, a relaté
Hussein.
Sur le rôle du colonel Daoud dans l’armée, Hussein a remarqué
qu’Abou Haitham (Ahmed Hassan al Bakr) (5) y
avait plus de poids, Daoud comptait peu. Hussein a informé que
la protection Présidentielle, la Garde Républicaine, consistait
en trois divisions, les forces blindées, l’infanterie et les
Forces Spéciales. La responsabilité du colonel Daoud
était de ne pas entrer en confrontation avec les forces
blindées. C’était sa seule responsabilité. Hussein a dit : « Nous
contrôlions les forces blindées et je commandais un tank d’où
j’ai tiré sur le palais présidentiel. Nous aurions pu,
pratiquement, nous passer de Daoud et de Nayef ».
Hussein a déclaré : « Nous avons appris dans l’après-midi avant
l’assaut, que Nayef avait proposé de rejoindre la révolution.
Apparemment, Daoud lui avait parlé de nos plans bien que nous
lui ayons demandé de les garder secrets. En conséquence,
plusieurs de nos membres ont désiré remettre notre plan à plus
tard. Dans les premiers temps de la révolution, nous avons
découvert que Nayef et Daoud s’étaient concertés et rapprochés
d’autres officiers sans nous en informer. Nous les avons ainsi
relevés le 31 juillet. Et ce fut moi qui conduisis l’opération ».
Selon Hussein, Daoud a été envoyé en Jordanie en mission
militaire. « Nous aurions pu l’arrêter à n’importe quel
moment. Je suis allé voir Nayef avec un pistolet. Je n’avais pas
d’arme automatique. Avec un simple pistolet, je l’ai désarmé lui
et son personnel ». Comme Nayef servait dans un corps
d’armée, Hussein a envoyé des membres du Baas l’arrêter et le
ramener à Bagdad. «Daoud et Nayef étaient, dit-il, comme un
couteau planté dans notre dos ».
« Quand Nayif est arrivé,
j’ai pointé mon pistolet sur lui »
Contrairement à la version populaire sur l’arrestation de Nayef,
Hussein a précisé que ce dernier n’avait pas été invité à
déjeuner chez le Président al-Bakr. L’arrestation a eu lieu au
palais présidentiel. Selon Hussein, « Nous déjeunions au
palais présidentiel tous les jours au cours des treize jours qui
ont suivi la révolution pour les décisions à prendre. Nous
étions tous au Palais ainsi que le Président Bakr. D’autres se
joignaient quand on servait les repas. Quand Nayef est arrivé,
j’ai pointé mon pistolet sur lui. Il en avait un aussi. C’était
comme dans un film. J’ai confié la garde de Nayef à mon
demi-frère Barzan Ibrahim Hasan (6). Quand j’ai arrêté
Nayef, il m’a dit : j’ai quatre enfants. Je lui ai répondu qu’il
serait pris soin d’eux. Je lui ai ordonné de s’asseoir et
ensuite je lui ai demandé dans quel pays il voulait avoir une
charge d’ambassadeur ». Il a répondu le Liban mais Hussein
a refusé considérant ce pays comme un lieu où se montent les
conspirations. Hussein lui a alors enjoint d’en choisir un
autre. Il a demandé d’aller en Algérie, ce que Hussein lui a
refusé, l’Algérie étant en pleine révolution. Il a ensuite
choisi le Maroc et Hussein a accepté. Il l’a amené à
l’aéroport en voiture, assis à côté de lui. D’autres membres du
Baas étaient aussi dans la voiture. Il lui a dit : « Quand
je promets quelque chose, je le fais. Nous avions promis qu’il
ne serait fait aucun mal au Président Aref et rien n’est arrivé.
Mes amis savent que je tiens mes promesses ». Il a dit à
Nayef : « Qu’il serait en un lieu sûr et que personne ne lui
ferait du mal mais qu’il devrait obéir ».
Hussein a ri à l’évocation de cette histoire sur Nayef qu’il
voulait agrémenter d’autres détails pour l’interviewer. Il se
rappelle avoir dit à ce dernier : « Lorsque les gardes
saluent, tu leur rends leur salut. Si tu espères tenter quelque
chose, n’oublie pas que je suis dans ton dos ». Il a dit à
Nayef : « Quand tu seras ambassadeur, agis comme tel. Nous
le saurons si tu manigances quelque chose ou pas ». Hussein
se souvient qu’au moment du départ de Nayef, il (le nouveau
Parti Baas) avait omis de demander aux officiels marocains
la permission de le nommer ambassadeur car, à l’époque, ils
étaient de jeunes étudiants révolutionnaires, très loin de ces
choses.
Comme Nayef embarquait pour le Maroc, à l’aéroport du Camp Rachid,
(un aéroport militaire), Hussein lui a rendu son arme. Il a
qualifié la scène de « juste comme dans un film ».
L’interviewer a demandé à Hussein pourquoi, si Nayef représentait
une menace potentielle pour le parti baas, il avait été nommé
ambassadeur. Il a répondu qu’ils ne voulaient plus de bain de
sang. Au cours du coup d’état de 1959, a-t-il dit, les membres
du parti Baas furent attachés à des voitures et traînés dans les
rues de Bagdad jusqu’à ce que mort s’ensuive. Des vierges furent
pendues à des poteaux électriques. Des tueries eurent lieu dans
les rues. Quand le parti Baas a pris le pouvoir en 1963, des
gens furent exécutés par vengeance. Hussein répéta qu’à son
avis, il fallait oublier le passé et interdire la vengeance.
« C’est dans cet état d’esprit que nous avons arrêté Daoud et
Nayef et avons continué. Nous avons envoyé Daoud comme
ambassadeur en Arabie Saoudite comme il le voulait ».
Au début des années 1960, il y a eu beaucoup de violence contre
les baasistes de la part des communistes. Hussein a assuré que,
quand les Baasistes prirent le pouvoir par la suite, ils ne leur
firent pas ce qu’ils ou d’autres leur avaient fait, du moins pas
autant. Il a précisé qu’ils avaient traduit les
communistes devant les tribunaux et a reconnu que quelques uns
(environ cinq ou six) avaient été exécutés. Il a
informé qu’ils avaient relâché les communistes, les nassériens,
les kurdes et des membres des Frères musulmans
emprisonnés !
Rencontre Nayef- Moshe Dayan
en Iran
Hussein a reconnu que Nayef avait été tué sur le pas de sa porte à
Londres et qu’à la suite de cela, treize diplomates irakiens
avaient été expulsés du pays. Quand on a dit que certains
croyaient que des membres des services de sécurité irakiens
avaient exécuté Nayef, Hussein a répondu : « Dieu a
tué Nayef. Il avait commencé à agir contre son pays. Il avait
donné sa parole qu’il ne ferait rien contre son pays. Il est
allé en Iran, il a rencontré Barzani (7) dans le nord de l’Irak,
et selon nos informations, il a rencontré Moshe Dayan (le
ministre de la défense israélien). Toutes ces actions étaient de
mauvaises actions. Quant à savoir qui l’a tué, c’est une autre
histoire. Dieu seul le sait ». A la même question, Hussein
a redit : « Je vous l’ai dit, Dieu le sait ». Pressé
d’en dire davantage, il a déclaré : « je vous l’ai dit
de manière claire ». Quant au sort de Daoud, Hussein a
déclaré : « Peut-être vit-il encore, mais ce n’était pas un
traître. Rien n’avait été rapporté contre lui». Quelle
avait été l’attitude du gouvernement irakien face à Nayef,
Hussein a déclaré : « Je n’en suis pas sûr mais je
pense que nous l’avons averti. Je ne me le rappelle plus ».
Nayef aurait-il pu être arrêté, emprisonné et puni au lieu
d’être exécuté ? Certains pensent qu’un ordre a été donné à cet
effet. Hussein a répondu : « Ce que les gens pensent est une
chose, mais je vous ai donné une réponse ».
Hussein a reconnu qu’après la révolution, d’autres personnalités
clés comme Salih Mahdi Ammash (8), et Hardan al-Tikriti
(9) avaient été destituées. A la question s’ils
l’avaient été parce que, pour le parti Baas, ils représentaient
une menace, Hussein a répondu que, rapporté aux nombreux coups
dans le monde, beaucoup moins d’officiels avaient été
destitués. Hussein a déclaré que si les postes changent, les
relations demeurent. La preuve, la fille d’Ammash (10)
devint membre de la direction tandis que son demi-frère,
révolutionnaire et aux côtés d’Hussein dans le tank d’où ce
dernier a tiré sur le palais présidentiel, le 17 juillet, a
occupé de nombreux postes mais n’a jamais été promu. Hussein a
remarqué que de nombreux révolutionnaires « ont manqué
de gaz» et peu furent capables de servir longtemps.
Une question fut posée à Hussein sur Izzat Ibrahim al-Douri
(11) et Tarik Aziz (12). Hussein a décrit Aziz
comme un vieux camarade, très respecté dans le parti mais il ne
faisait pas partie des révolutionnaires. Hussein a dit :
« Je vous parle de 70 personnes environ qui ont investi le
palais présidentiel. » Hussein a identifié Ibrahim
al-Douri et Taha Yassin Ramadhan (13) comme des
révolutionnaires, du début jusqu’à maintenant. Ils ont lutté et
ils sont toujours au sein de la direction.
Hussein a ensuite amené la conversation sur Saadoun Shaker (14)
qu’il dit être un ami de toujours. Shaker l’a aidé à s’évader de
prison. « Il m’attendait dans une voiture quand nous nous
sommes enfuis, en fait, nous ne nous sommes pas enfuis, nous
avions passé un accord avec les gardes. » Hussein a dit :
« Shaker conduisait. Il m’était très cher ». Il a
ajouté : « Quand il n’eut plus rien à offrir, nous avons
préservé notre amitié et affection, et nous avons continué notre
route. C’est ainsi. Les bonnes personnes au bon moment ».
« La capacité à diriger
se bâtit graduellement »
A propos de sa remarque sur les révolutionnaires qui
« manquent de gaz » et que peu sont capables de servir la
révolution pendant une longue période, Hussein a répondu que
cela ne concernait que cinq ou six individus. Quand on lui a
fait remarquer que certains pouvaient penser que lui-aussi
pouvait avoir « manqué de gaz », Hussein a ri et dit :
« Je ne m’offense pas si les questions cherchent la vérité.
Tout d’abord, je n’étais pas au gouvernement au début. Si
vous parlez de moi en tant que Président, personne ne peut dire
que j’ai manqué de gaz. J’ai seulement commencé en 1979, avant
il y avait quelqu’un au-dessus de moi. ». Les deux
personnes au sein de la direction qui auraient pu dire à Hussein
qu’il n’était plus un atout pour le parti étaient Hardan
al-Tikitri et Salih Ammash.
Si l’on prend pour point de départ, le jour où Hussein a tiré de
son tank sur le palais, jusqu’à son accession au Conseil du
Commandement de la Révolution et à la présidence, on peut
dire que « votre mandat a été le plus long. Est-ce une
coïncidence ? ». Hussein a répondu : « On peut le dire.
Ce sujet est plus complexe que les détails que vous en donnez.
Un dirigeant ne sort pas tout fait d’une usine en Europe. La
capacité à diriger se bâtit graduellement. Cela s’est fait dans
la clandestinité». L’idée d’Hussein à l’époque était que
al-Bakr devait être Président. Hussein a dit qu’il avait été élu
en tant que vice-Président du Parti avant la révolution.
« Je n’aime pas le gouvernement, mais j’aime être au Parti.
Etudiez mes discours, je ne parle jamais du gouvernement, mais
toujours du Parti ».
Hussein se considère comme un révolutionnaire et non un
politicien. En 1968 et 1974, il a demandé au Parti de lui
permettre d’être dispensé de ses fonctions officielles, mais le
Parti n’a pas accédé à sa demande.
Sur la mort de Hardan al-Tikriti au Koweït, et, selon certains, sur
la responsabilité des services de sécurité irakiens, Hussein
pense que Hardan avait été envoyé comme ambassadeur, en Espagne
peut-être. De toute manière, Hussein nie connaître les raisons
pour lesquelles Hardan a été tué, il ne reconnaît pas non plus
que les services irakiens l’ont tué.
A propos des dirigeants irakiens tués un peu partout dans le monde,
l’interviewer a demandé s’ils constituaient une menace, si
c’était une pure coïncidence, à dessein ou s’il avait trouvé
cela étrange. Hussein a répondu : « La question doit être
posée aux Koweitiens. ».
Notes
(1)
« Le conte de deux villes »:
ouvrage de Charles Dickens paru en 1859, après avoir été publié
en feuilleton. L’action se déroule à Londres et à Paris entre
1780 et 1792, pendant la Révolution française. Dickens conte
l’histoire, riche en rebondissements, d’un avocat britannique
embarqué dans le Révolution, et d’un médecin français qui a
passé 18 ans dans un cachot de la Bastille. Un film, tiré du
livre, a été réalisé en 1958 par Ralph Tomas
(avec Dirk Bogarde)
et, plus récemment, une comédie musicale.
(2)
Le colonel Ibrahim Abd al-Rahman Daoud, né à Hit, commandait la
Garde républicaine. Il était très proche du Président Aref qui
le considérait comme un frère. Il avait en horreur le socialisme
et le nassérisme.
(3)
Le colonel Abd al- Razzaq Nayef, né à Fallujah., dirigeait le
service de renseignement militaire. On le disait intéressé
financièrement, et commissionné par des compagnies pétrolières.
Il a été assassiné à Londres, le 9 juillet 1978, alors qu’il
complotait avec un homme d’affaires le renversement de Saddam
Hussein.
(4)
Le général Abdel Rahman Aref, né à Bagdad en 1916, succéda à son
frère Abdel Salam à la présidence de la République, mort dans un
accident d’hélicoptère dont la cause n’a pas été élucidée. Il
manquait de charisme et fit face à une opposition populaire
grandissante après la défaite arabe de juin 1967 contre Israël,
notamment de la part des baasistes.
(5)
Le général Ahmed Hassan al Bakr
(Abou Haitham), né à Tikrit en
1912, était membre d’une cellule secrète du parti Baas depuis
1956. Il participa au renversement de la monarchie en juillet
1958, en tant que membre de l’Organisation
des Officiers Libres, puis au
coup d’Etat baasiste contre le Président Kassem en février 1963
qui porta le général Abdel Salam Aref à la présidence. Ce
dernier le choisit comme Premier ministre, puis le marginalisa.
En 1965, son élection comme secrétaire général du Commandement
régional du parti Baas mit fin aux divisions qui minaient ce
parti. Elu président après la Révolution de 1968, il était
apparenté à Saddam Hussein.
(6)
Barzan Ibrahim Hassan, un des trois demi
frères du Président Saddam Hussein, est né à Al-Awja, près de
Tikrit, en 1950. Il participa aux activités clandestines du
parti Baas, puis à la Révolution de 1968, après laquelle il fut
nommé chef des services de renseignements
(1968-1983),
puis ambassadeur d’Irak auprès des Nations unies à Genève
(1988 à 1998).
Arrêté après l’invasion américaine de 2003, il a été condamné à
mort en novembre 2006 et pendu le 15 janvier 2007. Ses bourreaux
calculèrent la longueur de la corde de façon à ce que sa tête
soit arrachée de son corps. Il est enterré au côté de Saddam
Hussein à Tikrit.
(7)
Molla Mustapha Barzani est né en 1904 à
Barzan, au Kurdistan, dans une famille de notables religieux et
tribaux. Nationaliste et séparatiste, il s’opposa au pouvoir
central dès 1931, puis apporta son soutien à la République kurde
de Mahabad en Iran dont il en devint le chef militaire. Après
l’effondrement de la République en juin 1947, il se réfugia en
URSS où il collabora avec le KGB. De retour à Bagdad après la
chute de la monarchie, il s’allia tout naturellement au parti
communiste, pour s’apercevoir que Moscou n’avait plus intérêt à
l’avènement d’un Kurdistan indépendant, car la main mise
britannique sur l’Irak était sur le déclin. Il se tourna alors
vers le Chah d’Iran, allié des Etats-Unis et d’Israël.
(8)
Salih Mahdi Ammash, général est né en 1925
à Bagdad. Il était baasiste depuis 1952, membre de l’Organisation
des Officiers Libres et du
bureau militaire du parti Baas. Il participa au renversement du
général Kassem et devint membre du
Conseil de Commandement de la Révolution
en 1968 et vice-ministre de l’Intérieur. Il fut ensuite nommé
ambassadeur à Moscou et à Paris.
(9)
Hardan al-Tikriti, général de l’armée de
l’air est né en 1925 à Tikrit. Il était baasiste depuis 1961.
Lors de la prise du palais présidentiel en 1968, il fut chargé
par Saddam Hussein d’informer le Président Aref qu’il était
renversé, et de l’accompagner à l’aéroport. Après 1968, il fut
élu membre du Conseil de
commandement de la révolution,
puis nommé vice-Premier ministre et ministre de la Défense.
Démis de toutes ses fonctions en 1970, il est envoyé en exil à
Madrid. Il refusa le poste d’ambassadeur d’Irak en Algérie et en
Suède, et s’installe à Koweït d’où il complote pour renverser le
Président al-Bakr. Il y sera assassiné le 30 mars 1971.
(10)
Houda Amash, fille du général Salih Mahdi
Amash, est la seule femme du jeu de cartes du Pentagone.
Microbiologiste, surnommée « Madame
Anthrax » par les Américains,
elle a été arrêtée le 28 avril 2004. Malade, elle a été libérée
pour raisons de santé et expulsée en Jordanie.
(11)
Izzat Ibrahim al-Douri est né en 1942 à
Dour, près de Tikrit. Il a participé aux préparatifs de la
Révolution de 1968, et nommé plusieurs fois ministre ensuite,
puis vice-président du Conseil
de commandement de la Révolution.
Après l’exécution du Président Saddam Hussein, il prit la
direction du parti Baas clandestin et regroupa, en 2007,
une vingtaine d’organisations de résistance au sein du
Commandement suprême pour le Djihad et
la Libération. Sa tête est mise
à prix : 10 millions de dollars !
(12)
Tarek Aziz est né en 1936 à Tel Kaïf, près de Mossoul. Il est
membre du parti Baas depuis 1950, au sein duquel il dirigea
d’abord le secteur presse. Il a occupé plusieurs postes
ministériels après 1968
(Information, Affaires étrangères),
le dernier en date étant celui de vice-Premier ministre. Il a
échappé à un attentat au début le la guerre Iran-Irak. Il fut un
des plus grands diplomates de ces 30 dernières années. Malade,
il s’est rendu aux forces américaines le 24 avril 2003. Il est
emprisonné au Camp Cropper, près de l’aéroport de Bagdad. Il a
été condamné à plusieurs reprises pour court-circuiter les
appels réclamant sa libération pour raison de santé.
(13)
Taha Yassin Ramadhan al-Jizrawi est né en
1938 à Mossoul. Exclu de l’armée en 1959 par le général Kassem
en raison de son appartenance au parti Baas auquel il a adhéré
en 1956. A été ministre de l’Industrie, chef de l’Armée du
peuple, puis vice-Président de la République de 1991 à 2003.
Arrêté à Mossoul le 19 août 2003, par la milice kurde de l’Union
patriotique du Kurdistan (UPK),
il a été d’abord condamné à la prison à vie. Les dirigeants
irakiens actuels n’étant pas satisfaits feront appel. Taha
Yassin Ramadhan sera finalement condamné à mort. Il a été pendu
le 20 mars 2007.
(14)
Saadoun Shaker, compagnon de la première
heure de Saddam Hussein, ancien ministre de l’Intérieur et chef
des services de renseignements
(dirigés par Barzan, demi-frère de Saddam Hussein).
Il s’est retiré de la vie politique au début des années 80.
Gravement malade, il est emprisonné au Camp Cropper.
© X.Jardez et G. Munier – Traduction en français et notes
© G. Munier/X.Jardez
Publié le 7 mars 2010 avec l'aimable
autorisation de Gilles Munier
Entretien n°4 - FBI-Saddam Hussein
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Entretien n°2 - FBI-Saddam Hussein
Entretien n°1 - FBI-Saddam Hussein
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