Palestine
Faire déguerpir les
colons et vider les colonies
Fadwa Nassar
Vendredi 22 août 2014
Avant 1948, les
villages et villes situés à
proximité de la bande de Gaza
s’appelaient Beer Saba’, Najd,
Semsem, ‘Asqalan, Majdal, Joulos,
Asdud, Falouja, Joura, Barbara,
Herbiya, ….. En 1948, les
envahisseurs sionistes et leurs
bandes armées commettent des
massacres et expulsent les
survivants palestiniens, vers la
bande de Gaza ou la région
d’al-Khalil.
Asdud, qui comptait
plus de 5000 habitants en 1948, fut
ethniquement épurée, pour faire
place à une colonie du nom
d’Ashdod ; les sionistes n’ayant
aucune mémoire ou histoire dans le
pays reprennent souvent le nom
d’origine en le modifiant pour faire
croire qu’il s’agit d’un lieu juif.
En 1998, les réfugiés palestiniens
originaires d’Asdud étaient au
nombre de 33.000 réfugiés. Le
village de Najd, qui comptait 719
habitants palestiniens en 1948, est
rasé et sa population expulsée, et
la colonie nommée Sderot y fut
implantée. Le nombre de réfugiés de
Najd s’élevait en 1998 à 4500
réfugiés. La population de Herbiya,
le bourg palestinien situé à 14 km
au nord-est de Gaza, s’élevait à
2600 habitants, avant d’être rasé et
sa population expulsée le 1er
novembre 1948, pour que la colonie
Zikim soit implantée. Le nombre de
réfugiés originaires de ce bourg
s’élevait il y a une dizaine
d’années à 16.000 Palestiniens. Ce
ne sont que quelques exemples de ce
qu’était la « bordure de Gaza » où
furent implantées des colonies
juives. Ces terres volées, sur
lesquelles les colonies furent
construites à la place des villages,
bourgs et villes, font partie de la
Palestine, comme le reste des
terres, notamment à al-Jalil au nord
de la Palestine et al-Naqab, à l’Est
de la bande de Gaza.
Aujourd’hui, la
résistance palestinienne qui lutte à
partir du territoire de Gaza, lance
ses fusées et roquettes sur
l’ensemble du territoire occupé par
les sionistes, mais surtout sur les
colonies implantées dans la
« bordure de Gaza ». Les colons qui
se sont crus longtemps à l’abri et
pour lesquels leur entité a consacré
d’importantes sommes d’argent pour
les y installer, vivent les moments
les plus « effroyables » de leur
existence : leurs colonies sont sous
les feux de la résistance. Depuis
plus d’un mois, soit ils ont quitté
leurs colonies pour se diriger vers
le centre, soit ils vivent terrés
dans les abris que leur entité a
fait construire. Ils sont en colère
contre leur gouvernement qui ne peut
les protéger contre la résistance
palestinienne. Ils souhaitent la
destruction de Gaza, voire la
disparition des Palestiniens mais
leur gouvernement s’avère
incapable : il a menacé d’envahir le
territoire et a même essayé, mais
les lourdes pertes subies par leur
armée et la lâcheté de son élite
super équipée qui ne fait pas le
poids face aux combattants
palestiniens, l’ont amené à reculer.
Le gouvernement sioniste est dans
l’impasse : il ne peut protéger ses
colons ni ses colonies, quoiqu’il
fasse. Il a pensé que le massacre de
civils entraînerait la soumission de
la résistance, mais c’était sans
compter sur la solidité interne du
front palestinien et de la volonté
inébranlable des Palestiniens à
vouloir continuer le combat. Il a
pensé qu’en assassinant des
dirigeants de la résistance
(plusieurs dirigeants et leurs
familles ont été ciblés et
assassinés), mais c’était sans
compter sur la volonté des
résistants à prendre la relève et à
poursuivre la lutte, une tradition
d’ailleurs bien ancrée dans la
résistance palestinienne.
« Les portes de
l’enfer » sont ouvertes, a déclaré
le porte-parole du mouvement Hamas,
suite à la tentative d’assassinat du
commandant des Brigades al-Qassam,
Mohamad Dayf, comme elles furent
auparavant ouvertes suite à
l’assassinat du fondateur du
mouvement du Jihad islamique, dr.
Fathi Shiqaqi, et suite à
l’assassinat de sheikh Ahmad Yassine
et de dr. Rantissi, fondateur et
dirigeants du mouvement Hamas, et
suite à l’assassinat de Abu Ali
Mustafa et tant d’autres dirigeants
de la résistance. La résistance n’a
pas faibli, au contraire. Elle est
restée fidèle à la voie de ses
fondateurs et dirigeants et a
développé ses capacités, comme l’ont
voulu les martyrs. Elle a décidé que
« la bordure de Gaza » serait son
champ opératoire et vidée des
colons.
Suite à la reprise
de l’agression sioniste, Abu Ubayda,
porte-parole des Brigades al-Qassam,
a ordonné aux colons vivant dans la
bordure de Gaza de ne plus y
revenir. La zone leur est interdite.
Les bombardements intensifs de
l’armée sioniste sur la bande de
Gaza n’y changeront rien : les
villes, bourgs et villages
palestiniens sur lesquels furent
implantées les colonies sionistes
appartiennent désormais à la
résistance. C’est à présent son
champ opératoire. Un bout de la
Palestine occupée en 1948, qui
prolonge le territoire de Gaza, est
en passe d’être libéré de la
colonisation sioniste.
Des commentateurs et
analystes, enfermés dans les cadres
des accords d’Oslo, de la
proclamation « d’indépendance » et
du programme transitoire de 1974,
souhaitent que la défaite sioniste
entraîne le retrait des colons de la
Cisjordanie et d’al-Quds,
territoires occupés en 1967, ayant
peu à l’esprit ou craignant de poser
clairement la possibilité de
« libérer toute parcelle de la
Palestine occupée ». Ces
commentateurs et analystes ont fait
leur la vision de l’ONU et de la
« communauté internationale », tout
en admettant son injustice envers le
peuple palestinien, et notamment
envers les réfugiés, 6 millions de
réfugiés palestiniens qui réclament
de vivre libres dans leur pays.
Depuis que la question de la
Palestine fut conçue comme une
affaire strictement palestinienne,
et non plus arabe et musulmane, et
que la direction de l’OLP s’est
repliée sur un programme
transitoire, qui serait « la
libération des territoires occupés
en 1967 », la conscience sur la
possibilité de libérer toute
parcelle de la Palestine, y compris
des territoires occupés en 48, s’est
évanouie.
Il est vrai
cependant que, dans le rapport de
forces actuel régional et
international, la résistance
palestinienne réclame juste la levée
du blocus meurtrier contre Gaza et
la libre circulation des
Palestiniens vivant dans ce bout de
territoire, comme il est vrai que la
libération de la Palestine exige une
participation plus large que les
forces de la résistance actuelle.
Mais il est aussi vrai que la
résistance a réussi là où les
négociations ont échoué : faire
déguerpir des colons et vider des
colonies, à l’intérieur des
territoires occupés en 48, et non
pas, comme le souhaite le programme
de l’Autorité palestinienne, des
territoires occupés en 67.
Ce qui signifie que,
dans un contexte régional, notamment
arabo-musulman, et international
plus favorable au peuple palestinien
et à sa résistance, la libération de
territoires par la force des armes,
où qu’ils se situent, est possible,
hors des cadres coloniaux fixés par
l’ONU et la « communauté
internationale ». Il suffit juste de
ne pas se soumettre à ces cadres, de
penser tous les champs possibles
ouverts à l’avenir et de mobiliser
le peuple palestinien, les peuples
arabes et le monde libre à toutes
ces éventualités, car limiter ses
revendications aux « frontières »
d’un Etat palestinien sur les
territoires occupés en 1967, obtenu
par des négociations et sous l’égide
de la « communauté internationale »,
signifie nécessairement reconnaître
une certaine légitimité à
l’occupation sioniste des
territoires de 48. Or, c’est toute
la Palestine qui est occupée et
c’est toute la Palestine qui doit
être libérée.
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