Opinion
Guantanamo à la
française: mon frère Adlène, le
«cyber-terroriste» nucléaire (2/8)
Halim
Hicheur
© pascal frautschi | Le professeur
Jean-Pierre Lees,
Président
du
Comité
international de soutien à Adlène
Hicheur
Samedi 14 janvier
2012
Jeudi 08 octobre 2009 – 6 heures du
matin : « Police !, Police !, Ouvrez ! …
» Ces cris sont répétés très rapidement
et sont mêlés à de grands coups sur la
porte d’entrée de l’appartement
familial. Ce vacarme soudain surprend
mes frères Adlène et Zitouni, qui
prennent leur petit déjeuner dans la
cuisine.
Adlène est en partance ce matin pour
Sétif (sa ville natale en Algérie) où il
doit séjourner une semaine ; c’est
Zitouni qui doit le conduire à
l’aéroport de Lyon. Mes frères ont à
peine le temps de se rendre près de la
porte d’entrée que celle-ci s’écroule
devant eux: surgissent alors des hommes,
vêtus de tenues de combat, portant des
cagoules et pointant leurs fusils
d’assaut en direction de mes frères
ainsi que de ma mère qui arrive en toute
hâte de sa chambre pour comprendre ce
qui se passe. Personne n’oppose de
résistance, mais Adlène, qui se trouve
le plus près de la porte, est frappé
d’un violent coup de crosse de fusil sur
la face gauche de son visage par l’un
des « gorilles ». Ceux-ci le trainent
alors à l’intérieur du salon pendant que
Zitouni et ma mère sont violemment
projetés sur deux fauteuils, qui se
trouvent le long de l’un des murs du
salon, avant d’être immobilisés.
Alors qu’une bonne quinzaine de ces
mêmes gorilles se « déploient » dans les
différentes pièces du F4 familial, et
que d’autres restent au niveau du palier
pour prévenir toute intrusion étrangère
dans l’appartement (d’après les
témoignages de nos voisins), des
policiers en civil entrent au moment où
les menottes sont passées à mes frères,
qui sont « remis debout» de manière
brutale. Deux gorilles tentent alors de
menotter ma mère qui vient de perdre
connaissance à la vue de ses enfants
traités de la sorte (Adlène souffre
d’une hernie discale depuis huit mois et
il est toujours en convalescence). Mes
deux frères sont pris d’une violente
colère lorsqu’ils assistent à cette
scène: ils se débattent et protestent
contre cet acte barbare et inutile. Les
policiers en civil font signe que ce
n’est pas nécessaire et on épargne le
port des menottes à notre mère …
Tout cela s’est passé très vite, en
moins de 5 minutes. A l’extérieur, le
quartier est bouclé par des dizaines de
véhicules banalisés et d’autres hommes
cagoulés ont déjà pris position sur le
toit de l’immeuble, à la manière des
tireurs d’élite que l’on peut voir dans
les séries américaines. En tout, entre
50 et 100 agents de police sont
mobilisés (toujours d’après nos voisins,
cf par exemple ces
photos prises le jour
de l’interpellation par un journaliste
du Dauphiné Libéré).
Cette scène n’est pas issue d’un film
de guerre ou d’un extrait de document
amateur sur la répression militaire dans
telle ou telle dictature : elle s’est
déroulée dans un des immeubles du
quartier de l’Isle, situé au sud de
Vienne, ville du Nord Dauphiné à 30 km
au sud de Lyon.
A suivre...
Partie 1/8
Publié sur le blog de l'auteur
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