Palestine
Al-Quds au cœur de
la Palestine et de la nation:
Soutien à la résistance maqdisie
palestinienne
Rim al-Khatib
Jeudi 20 février 2014
N°6 – Février 2014
Mardi 18 février,
devait être discutée à la Knesset,
organe législatif des sionistes, une loi
concernant le remplacement de la
souveraineté jordanienne sur la mosquée
al-Aqsa, par une
« souveraineté israélienne ». Ce projet
fut annulé, en dernière minute, à cause
des réactions de la Jordanie, des
Palestiniens et de quelques régimes
arabes ayant suivi l’affaire. Bref, bien
que faible, la réaction a cependant
amené l’entité coloniale à repousser
cette discussion. Cependant, l’idée
d’aller de l’avant sur cette question
prend son chemin dans le public
colonial, qui considère la mosquée al-Aqsa
comme étant l’emplacement d’un temple
juif qu’il aimerait récupérer pour bâtir
le « troisième temple ». Toute
l’aventure coloniale des sionistes est
bâtie sur une falsification de
l’histoire, que ce soit dans la ville
d’al-Quds ou dans toute la Palestine,
occupée en 1948 ou en 1967. De temples
mythiques à des bassins ou jardins
talmudiques, des cimetières juifs aux
terrains et propriétés soi-disant
achetés et où auraient vécu des juifs,
tout est bon pour justifier la
colonisation et la judaïsation.
Plus grave encore que les falsifications
sionistes, c’est le silence ou même la
collaboration active des pseudo-savants
occidentaux à cette distorsion de
l’histoire de la région. Se basant sur
les mythes de la Bible et les lectures
biaisées de celles-ci, ces
pseudo-savants ont entériné une histoire
mythique au détriment des faits et de
l’histoire réelle de la région. Ils ont
« avalé » mot pour mot la version
sioniste, à l’exception de quelques
savants courageux, juifs ou chrétiens,
qui ont osé la remettre en cause.
L’histoire réelle de la région, et
notamment de la Palestine, continue à
être ignorée dans et par le monde
occidental, non par manque de sources
arabes, grecques, romaines ou autres,
pour ne parler que de l’histoire antique
et pré-islamique, mais par aveuglement
et racisme, dont l’orientalisme
représente la face savante.
Le report de la discussion dans la
Knesset à propos de la souveraineté sur
la mosquée al-Aqsa ne signifie pas que
le projet est annulé, loin de là. Sur le
terrain, les organes sécuritaire,
juridique, humain, médiatique et
politique agissent dans ce sens.
I - Al-Quds
occupée : asphyxie et purification
ethnico-religieuse
Colonisation accrue
dans le quartier de Ras al-Amoud, dans
al-Quds : En 1997, les premiers colons
arrivent (trois familles) et installent
un point de colonisation « Maale Zitim »,
au centre du quartier. A partir de ce
point, les colons se sont étendus et
multipliés, au détriment des Maqdisis et
de leurs propriétés, soutenus par la
municipalité coloniale. A présent, la
colonie comprend 116 unités de logement,
occupées par 500 colons. Un nouveau
projet de judaïsation est à l’étude : il
s’agit d’agrandir la colonie pour y
installer des bassins d’eau talmudiques
et ajouter 150 unités de logements. Une
autre colonie est envisagée, toujours
dans Ras al-Amoud par la municipalité
sioniste, du nom de « Maalot David »,
avec 104 unités de logement.
Le quotidien sioniste Haaretz annonce un
plan de colonisation dans Ayn Karem, à
l’ouest de la ville d’al-Quds, où se
trouve l’hôpital Hadassa, qui croule
sous les problèmes financiers, selon le
quotidien.
D’autres projets de construction ont été
approuvés par la municipalité de
l’occupation : 558 unités de logement
dans plusieurs colonies situées à
l’intérieur de la partie orientale de la
ville d’al-Quds. Le quartier Beit Hanina
est également visé par la colonisation,
avec le projet de construire 22 unités
de logement à place de trois immeubles
confisqués.
Le centre Wadi
Helwa à Selwan signale un projet
colonial dans la partie est de Wadi
Helwa, au sud de la mosquée al-Aqsa, sur
1200 m2. Le projet consiste en un
bâtiment de deux étages pour installer
un musée « sur l’histoire juive ». Selon
le centre Wadi Helwa, le projet est
gouvernemental, exécuté par
l’association Elad. 7 familles
palestiniennes ont déjà reçu des avis
d’expulsion, puisque le projet devrait
être sur leurs maisons et propriétés.
L’occupant mène une
large campagne de destructions de
maisons dans la ville d’al-Quds : à Sour
Baher, Jabal al-Mukabber et Beit Hanina.
Deux appartements situés à Jabal al-Mukabber
ont été démolis, ils abritaient deux
familles, celles de Hussayn et Nasser
Ramadan Shukeyrat, composées de 15
personnes. Le 10 février, c’est une
autre maison située dans le même
quartier qui est démolie, celle de
Mohammad Jaafara.
Des colons
délivrent des ordres d’expulsion à un
centre éducatif (Omega) dans le quartier
Sheikh Jarrah, avant de brutaliser les
étudiants qui s’y trouvaient. Ce
quartier qui subit des expulsions est le
centre d’un projet colonial abritant une
école talmudique et des résidences sur
1,9 dunum.
Une dizaine de
colons ont encerclé trois maisons à Beit
Safafa, au sud d’al-Quds, réclamant le
départ de la famille Salah, qui y
habite. Par ailleurs, le vice-président
de l’université al-Quds, située à Abu
Dis, a appelé à faire cesser les
agressions et attaques menées par
l’occupation contre l’université. Il a
rappelé que 31 agressions contre
l’université ont été menées depuis 2012.
L’occupant envisage
la fermeture de 30 écoles palestiniennes
dans la ville d’al-Quds, sous le
prétexte qu’elles n’ont pas payé les
taxes dues à la municipalité, parce
qu’elles ont refusé de suivre le
programmes scolaire sioniste que
l’occupant veut leur imposer. Ces écoles
ont même des difficultés à payer les
enseignants, a dit Sayel Mohammad,
directeur de l’école al-Furqan, à
She’fat.
La municipalité de
l’occupation prive d’eau 300 familles
maqdisies de plusieurs quartiers dans la
vieille ville, prétextant l’accumulation
des factures non-payées. Elle a ôté les
compteurs d’eau comme mesure de
provocation et de vengeance envers les
familles palestiniennes. Celles-ci sont
obligées de recourir à des voisins ou à
la mosquée al-Aqsa pour obtenir l’eau
nécessaire. Le comité islamo-chrétien
pour le soutien à al-Quds et les lieux
saints a considéré que cette mesure fait
partie de la judaïsation de la ville, et
s’ajoute aux autres mesures et pratiques
quotidiennes de l’occupant, contre les
Maqdisis.
Le procureur
général de l’occupation a accusé 4
Palestiniens de Jabal al-Mukabber
d’avoir planifié des attaques contre des
buts « israéliens ». Les jeunes sont
âgés de 19 à 21 ans. Le tribunal de
l’occupation a également condamné le 5
février 6 Maqdisis pour faits de
résistance et appartenance au mouvement
Hamas. Tous les jours, des jeunes sont
arrêtés, brutalisés, conduits aux
centres d’interrogatoire. Certains sont
libérés dans la journée, d’autres
restent une ou deux semaines, d’autres
encore transférés aux centres de
détention. Plusieurs jeunes ont été
condamnés à plusieurs mois de prison ou
à de lourdes amendes en contrepartie de
leur libération. Certains assistent à la
prolongation de leur détention, sans
motifs.
Un analyste
sioniste remet en cause dans Haaretz (19
février) la version « religieuse » de
l’occupation sioniste de la ville d’al-Quds
et la prétendue « réunification de la
ville » pour des motifs religieux,
montrant que ce sont des motivations
militaires qui ont été à la base de
l’occupation et de la « réunification »,
écrivant « la sacralité de la ville fut
la dernière chose à laquelle ont pensé
les dirigeants militaires ».
II - Al-Quds
occupée : les lieux saints
Les forces de
l’occupation poursuivent leur blocus de
la mosquée al-Aqsa, en contrôlant et
empêchant les fidèles, les étudiants et
les fonctionnaires des Awqaf musulmans
d’y entrer. Par contre, ce sont les
colons, les policiers et membres des
services sécuritaires sionistes qui y
déferlent sans arrêt. Le 5 février, ce
sont 45 colons, 21 policiers et 55
membres des services de renseignements
qui ont profané la mosquée. Le vendredi
7 février, les forces de l’occupation
ont confisqué les papiers d’identité de
nombreux jeunes fidèles qui se
dirigeaient vers la mosquée. Le 11
février, l’occupant éloigne l’étudiante
Samira Idriss et la prive d’entrer à la
mosquée pendant deux semaines. Le jeune
Diya’ Zghayir, 17 ans, a été également
privé d’entrer dans la mosquée. Ghayth
Gayth (23 ans) a été interdit d’entrer à
la mosquée pour une durée de 6 mois et
de s’approcher de 20 mètres des portes
de la mosquée. L’étudiante Nujud Imtir a
également été éloignée de la mosquée
pour une durée de 15 jours.
Le 11 février, 57
colons et une dizaine de membres des
forces sécuritaires ont mené une
incursion dans la mosquée. Le 21
janvier, 90 soldats et soldates de
l’occupation avaient fait de même.
Poursuivant ses
agressions, l’entité coloniale essaie
d’installer des signes coloniaux dans la
mosquée : des caméras de surveillance et
des drapeaux sionistes. Mahmoud Abu Ata,
porte-parole de « L’institution al-Aqsa
pour le waqf et le patrimoine » a
déclaré à ce propos que l’Etat de
l’occupation grignote la souveraineté
musulmane sur la mosquée, considérant
que l’année en cours sera très grave, à
cause des projets sionistes visant la
mosquée al-Aqsa. Sheikh Ikrima Sabri,
président du conseil islamique, a
dénoncé l’incursion et la profanation
par le ministre sioniste Uri Ariel de la
mosquée. De même, le conseil
islamo-chrétien pour le soutien à al-Quds
et les lieux sacrés a dénoncé les
incursions répétées dans la mosquée,
indiquant que les autorités politiques
de l’occupation ont légalisé et
encouragé ces incursions et
profanations.
Le rabbin Israël
Ariel a demandé aux députés et officiers
de l’entité sioniste d’organiser des
incursions régulières dans la mosquée
al-Aqsa pour contrôler les travaux de
rénovation menées par les Awqafs
musulmans. Il a de même appelé les Juifs
à mener des incursions quotidiennes pour
affirmer « la présence juive » et
instaurer une souveraineté
« israélienne » sur le Dôme du Rocher.
Au cours d’une
incursion, les forces sécuritaires de
l’occupation sont montées sur le sommet
du Dôme du Rocher et ont profané la
mosquée. Avant eux, c’est le député
ultrasioniste Yehuda Glek qui y était
monté, avec 9 colons, au mois de
janvier.
L’institution « al-Aqsa
pour le waqf et le patrimoine » a mis en
garde contre le projet de construction
d’un centre juif sur 2 dunums, de 5
étages, qui servira au contrôle de la
mosquée al-Aqsa.
III - Al-Quds
occupée : résistance palestinienne
Des dizaines de
fidèles ont passé la nuit du 5 au 6
février dans la mosquée al-Aqsa pour
empêcher les colons d’y entrer, ceux-ci
avaient lancé un appel pour une
incursion. Les Awqaf musulmans ont
réclamé la fermeture de la porte al-Magariba
par laquelle passent les colons.
Des affrontements
ont eu lieu entre les jeunes maqdisis et
les forces sionistes près du dôme du
Rocher. Ces affrontements se sont
étendus jusqu’au quartier de la porte
Hatta, où les policiers sont montés sur
les toits des maisons pour arrêter les
jeunes.
Les porte-parole
des mouvements de la résistance
palestinienne ont fermement dénoncé,
dans des communiqués, les projets de
colonisation dans la ville et ont appelé
l’Autorité Palestinienne à cesser tout
contact avec l’occupant.
Des affrontements
ont opposé les jeunes de Issawiya aux
forces de l’occupation le premier
février, qui étaient venues pour prendre
en photo des immeubles et des rues du
quartier.
Des militants ont
organisé un sit-in devant le siège de
l’Union européenne le 13 février, dans
le quartier Sheikh Jarrah, protestant
contre la destruction des maisons et
l’épuration ethnique dans la ville d’al-Quds.
Une lettre a été remise au représentant
de l’Union européenne, réclamant la
protection européenne et la fin des
communiqués « creux » de celle-ci.
Dimitri Diliani,
membre du conseil révolutionnaire du
Fateh, a dénoncé les crimes de
l’occupation qui vise à l’épuration
ethnique de la ville. Il a souligné que
l’occupation a détruit 202 maisons
l’année dernière dans la ville d’al-Quds.
Le mufti d’al-Quds,
sheikh Mohammad Hussayn, a appelé tous
ceux qui peuvent rejoindre la mosquée
al-Aqsa d’y venir, pour la protéger
contre la judaïsation. Il a dénoncé le
silence international envers les
pratiques de l’occupation.
La Bibliothèque
d’al-Aqsa, qui contient plus de 130.000
volumes, dont 4000 manuscrits, certains
datant de plus de 1000 ans, a commmencé
un travail de numérisation des livres et
documents, afin d’aider les étudiants et
chercheurs désireux d’entreprendre des
recherches dans différents domaines, de
pouvoir le faire, à partir d’internet.
IV- Al-Quds
occupée : Beit-Safafa, le morcellement
d’un quartier
Un des moyens les
plus usités par l’occupation en vue de
coloniser et de judaïser un lieu est de
le morceler en petites unités, en
traçant des routes ou des lignes de
chemin de fer, ou des voies rapides, en
plein milieu. C’est ce qu’a fait
l’administration coloniale en Palestine
depuis 1948. Après un premier
morcellement, vient le second, qui
consiste à morceler ce qui l’est déjà,
en unités encore plus petites, jusqu’à
la disparition du quartier, de la ville
ou de la région.
Beit Safafa,
quartier d’al-Quds, fut morcelé la
première fois en 1948, lorsque une
partie du quartier a été occupée. Depuis
un an, un projet de construction d’une
route passant en plein milieu du
quartier plus ou moins intact est en
cours. La route prévue porte le numéro
4, elle devrait traverser le quartier en
longueur alors qu’il y a quelques
années, la route 70 a coupé le quartier
en largeur. Ces routes coloniales sont
interdites aux Palestiniens, et relient
les colons aux colonies qui entourent le
quartier. Des familles ont ainsi été
séparées, elles ne peuvent plus se voir
qu’occasionnellement, en faisant des
détours de plusieurs kilomètres. Les
Maqdisis de Beit Safafa ne vont pas
seulement perdre l’identité de leur
quartier, mais leurs propriétés, les
terres, ont été confisquées pour
construire ces routes. Des 5000 dunums
appartenant aux Maqdisis du quartier, il
ne reste plus à présent que 1200 dunums
sur lesquelles leurs maisons sont
bâties. Tout le reste a été confisqué,
pour agrandir des colonies ou pour
construire les routes. Faire disparaître
le quartier de Beit-Safafa et judaïser
le lieu, c’est ce que compte faire
l’administration coloniale pour relier
des colonies vers Bethlehem et al-Khalil
aux colonies qui entourent al-Quds.
V - Al-Quds
occupée : solidarité
La chaîne al-Jazeera
a présenté un documentaire sur la vie du
prisonnier maqdisi Mahmoud Issa. Ce
héros palestinien a dirigé une « Unité
Spéciale », qui a mené plusieurs
opérations pour faire libérer les
prisonniers palestiniens des geôles de
l’occupation.
Plusieurs pays
européens ont condamné le projet de
l’occupation visant à élargir les
colonies en construisant des logements.
L’Espagne a rappelé que ces projets
violent le droit international et sont
illégaux. De même, le secrétaire général
de l’Organisation de la Coopération
islamique a dénoncé ces projets,
considérant qu’il s’agit d’une nouvelle
agression contre les droits du peuple
palestinien.
Tunis solidaire de
la ville d’al-Quds : Le 6 février, une
campagne a été lancée à Tunis pour
soutenir la résistance des Maqdisis. La
campagne se poursuivra jusqu’au 30 mars
2014 et vise à conscientiser la
population sur les dangers de la
judaïsation qui menacent la ville et la
mosquée al-Aqsa.
Le ministre
palestinien des affaires d’al-Quds,
Adnan al-Hussayni, a donné un aperçu de
la situation de la ville au consul
britannique, appelant la Grande-Bretagne
et l’Europe à mettre fin aux violations
de l’entité sioniste.
Le pouvoir
jordanien a dénoncé l’incursion menée
par les services sécuritaires dans la
mosquée al-Aqsa, avec leurs armes,
considérant qu’un tel acte est très
grave.
« Des Khalijis en
faveur d’al-Quds » est une initiative
rassemblant plusieurs personnalités du
Golfe, réunie au Koweit pour son premier
forum.
L’union
parlementaire arabe s’est réunie au
Koweit le 19 janvier dernier avec pour
slogan « la ville d’al-Quds, capitale de
l’Etat palestinien » pour affirmer le
soutien arabe à la ville martyre d’al-Quds.
Un séminaire à
Londres (UK) sur la déportation
« silencieuse » des Maqdisis a eu lieu
le 19 février. « Depuis 1967, 14.000
Maqdisis ont perdu leur résidence »
annonce le séminaire.
N° 1 - 13.10.13
N° 2 - 01.11.13
N° 3 - 30.11.13
N° 4 - 26.12.13
N°
5 - 23.02.14
Le sommaire de Rim al-Khatib
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