Madaniya
Christophe Oberlin, l’indomptable
René Naba
Lundi 13 juillet 2015
Israël a tiré sur 7 écoles
appartenant aux Nations unies durant la
guerre de Gaza de l’été 2014, tuant 44
Palestiniens qui y avaient trouvé
refuge, tandis que les groupes armés
palestiniens se sont servi de locaux
vides de l’ONU pour entreposer des
armes, a révélé un rapport d’enquête des
Nations unies sur ces incidents rendu
public lundi 28 avril 2015.
Un an après cette tragédie
humaine, la Palestine est devenue,
parallèlement, un membre officiel de la
Cour pénale internationale (CPI)
mercredi 1er avril 2015 ; une adhésion
qui constitue une menace diplomatique
brandie de longue date contre Israël par
l’Autorité palestinienne qui espère
ainsi que des dirigeants israéliens
soient un jour condamnés pour crimes de
guerre ou crimes liés à la corruption. «
La Palestine recherche la justice, pas
la vengeance », a assuré à cette
occasion le ministre palestinien des
Affaires étrangères, Ryad al-Malki.
La Cour pénale internationale est
compétente pour juger les actes de
génocide, les crimes contre l’humanité,
les crimes de guerre et les crimes.
Quatre dossiers pourraient être portés
devant la Cour : les colonies, le mur de
séparation, le siège sur Gaza et la
guerre à Gaza. À l’annonce de l’adhésion
de la Palestine à la CPI, Israël a cessé
de verser quelque 106 millions de taxes
qu’il prélève chaque mois et doit à
l’Autorité palestinienne, avant de
revenir sur sa décision ; un financement
capital pour l’institution.
Les États-Unis et Israël ne figurent
pas parmi les signataires du Traité de
Rome auquel ont adhéré 122 États.
L’adhésion au Traité de Rome a ainsi
ouvert droit aux Palestiniens de
demander à la CPI d’enquêter à partir du
1er avril sur les allégations de crimes
commis dans les Territoires palestiniens
par l’armée israélienne à partir du 13
juin 2014, date à laquelle Israël a
lancé une vaste campagne d’arrestations
de Palestiniens, au lendemain du
kidnapping en Cisjordanie occupée de
trois jeunes Israéliens, par la suite
assassinés.
À la suite de cet enlèvement,
Israël lançait sa troisième offensive
sur la bande de Gaza en six ans, tuant
près de 2 200 Palestiniens, en grande
majorité des civils. Plus de 70
personnes sont mortes côté israélien,
quasiment tous des soldats.
Retour sur le parcours d’un des plus
fervents partisans de la comparution
d’Israël devant le Cour Pénale
Internationale.
Paris, 13 juillet 2015 – Tout le
destinait au mandarinat. Le bâton de
maréchal de la corporation. Tout. Sa
science, son expérience, sa conscience,
son talent, son charisme. Tout, mais
c’était sans compter sur le hasard. Le
hasard qui ne favorise que ceux qui le
méritent, selon l’expression de Pascal.
Le hasard d’une rencontre qui déviera
son parcours et fera que sa vie cessera
d’être un long fleuve tranquille.
Le parrain : Françis
Marcel Khan
Françis Marcel Khan, un chirurgien au
franc parler légendaire, à la la volonté
indomptable, aux convictions chevillées
au corps, sera pour Christophe Oberlin
cet heureux hasard, qui donnera sens à
sa vie. Chef du service de rhumatologie
à l’hôpital Bichat, pionnier en France
du concept de fibromyalgie. Il a décrit
au début de la décennie 1990 le syndrome
SAPHO. Dans la décennie 1960, Françis
Marcel Khan soutient les
anticolonialistes algériens. Puis, il
milite au côté de Palestiniens et
d’Israéliens pour une paix juste. Il
participe à de nombreuses missions
civiles, en Cisjordanie et à Gaza.
Cofondateur de l’association de
solidarité France Palestine et
porte-parole du Collectif des citoyens
français d’origine arabe et juive, un
des organisateurs du tribunal Russel
pour la Palestine, il décrit Ariel
Sharon comme un « criminel de guerre ».
En janvier 2009, Marcel Francis Khan
a signé une attestation de « bonne
moralité » pour Siné, lors de son procès
pour diffamation publique contre Claude
Askolovitchqui qui l’avait traité
d’antisémite.
Le parrainage est prestigieux et la
relève à niveau.
Le disciple :
Christophe Oberlin
Homme à la trempe d’acier, Christophe
Oberlin n’a pas l’âme d’un potentat.
Issu du même moule universitaire que son
aîné, ce chirurgien des hôpitaux et
professeur à la faculté Denis Diderot à
Paris, spécialiste de la chirurgie
réparatrice, enseigne l’anatomie, la
chirurgie de la main et la
microchirurgie en France et à
l’étranger.
Parallèlement à son travail
hospitalier et universitaire, il
participe depuis 30 ans à des activités
de chirurgie humanitaire et
d’enseignement en Afrique
sub-saharienne, notamment dans le
domaine de la chirurgie de la lèpre, au
Maghreb et en Asie. Depuis 2001, il
dirige régulièrement des missions
chirurgicales en Palestine,
particulièrement dans la bande de Gaza
où il a effectué près d’une trentaine de
séjours.
Gaza-Palestine, sujet sensible s’il
en est qui lui vaut les estocades
régulières du judaïsme institutionnel
par ses foucades et ses saillies non
conformistes.
Iconoclaste, Christophe Oberlin
secouera même la torpeur du landerneau
politico médiatique en soumettant à
l’attention de ces étudiants un sujet de
brûlante actualité à savoir le
comportement d’Israël à Gaza
constitue-t-il une violation des Droits
de l’Homme ? Ah le tollé. Ah Le
tintamarre. Ah le brouhaha des
interminables jérémiades des biens
pensants.
Ou alors lors de la dernière
offensive israélienne contre Gaza, en
juillet 2014, alors que François
Hollande se préoccupait exclusivement de
la sécurité d’Israël sans piper mot des
ravages considérables infligés à
l’enclave palestinienne, Christophe
Oberlin égrenera, dans une vidéo à
compte d’auteur, les turpitudes des
socialistes à l’égard des Palestiniens
et leur connivence absolue avec Israël
depuis Guy Mollet et l’expédition franco
anglo israélienne contre Suez, en 1956,
aux ratonnades d’Alger par Robert
Lacoste, au l’hymne d’amour du
socialiste François Hollande trinquant
dans la cuisine de Benjamin Nethanyahu
avec le chef du gouvernement le plus
xénophobe de l’histoire d’Israël.
Depuis lors, Christophe Oberlin a
pris la plume pour traîner Israël devant
la Cour Pénale Internationale, sujet
tabou s’il en est qui vaut à son auteur
d’être accusé d’antisémitisme, voire
même d’anti juif.
Dans un ouvrage retentissant « Le
chemin de la Cour, les dirigeants
israéliens devant la Cour Pénale
internationale » (Editions Erick
Bonnier), il démontre, argument à
l’appui, que la juridiction
internationale est une « instance de
riches ».
Christophe Oberlin est également
l’auteur de « Bienvenue à Gaza,
destination interdite » (Editions Erick
Bonnier), coauteur avec Jacques-Marie
Bourget de « Survivre à Gaza »,
(éditions Koutoubia, 2009) la biographie
de Mohamed al-Rantissi, le chirurgien
palestinien frère du dirigeant
historique du HAMAS assassiné par l’État
d’Israël. Il est également le traducteur
du livre « Gaza, au carrefour de
l’histoire » du journaliste anglais
Gerald Butt (aux éditions Encre
d’Orient).
Christophe Oberlin… assurément, ne
finira pas sa vie, pantouflant, pérorant
à l’Académie des Sciences Morales et
Politiques. Mais, oriflamme au vent, à
l’avant garde du combat pour la liberté
des peuples.
Indomptable. Tel qu’en lui-même
l’éternité le figera. Indéfectiblement
attaché à Gaza, malgré les critiques
qu’a pu susciter le comportement
sectaire du commandement politique du
Hamas, la branche palestinienne de la
confrérie des Frères Musulmans,
gestionnaire de l’enclave. Son nom
indissociablement lié à Gaza, ses
souffrances et ses espérances… La marque
des hommes de conviction. La marque des
grands hommes.
Indéfectiblement attaché à la cause
palestinienne, malgré les reculades
successives des autorités palestiniennes
comme lors du dernier congrès de la
FIFA, le 30 Mai 2015, chargé de
suspendre la fédération israélienne de
Footbal, coupable de « complicité avec
les agissements des autorités
israéliennes liés à l’occupation des
Territoires palestiniens ». Des
reculades sans contrepartie qui
fragilisent la revendication nationale
palestinienne et placent en porte à faux
ses nombreux sympathisants à travers le
Monde ; au point du découragement. Un
sentiment qu’ignore superbement
Christophe Oberlin avec en point de mire
Gaza…
Gaza, « le symbole de ce qu’un
pouvoir militariste et colonial peut
faire de pire », selon l’expression d’un
autre brave parmi les braves, Yonathan
Shapira, ancien pilote d’hélicoptère,
mis au ban de l’armée israélienne en
2003 pour avoir dénoncé ses méthodes,
reconverti en ferme soutien des appelés
et des réservistes qui refusent de
servir dans l’enclave palestinienne.
Pour aller plus loin
Gaza. Témoignage de soldats
israéliens : « Les tanks faisaient feu
au hasard » Publié le 04/05/2015–par le
Courrier International
L’ONG israélienne « Breaking the
Silence » (Rompre le silence) publie les
témoignages de 60 soldats et officiers
ayant participé à l’opération Bordure
protectrice contre Gaza a l’été 2014. Il
en ressort une charge sans précédent
contre les méthodes d’Israël vis-à-vis
des civils palestiniens. Le rapport
publié le 4 Mai 2015 fait l’objet de
nombreuses et vives réactions dans la
presse internationale. Ce rapport
contient les témoignages inédits de 60
soldats et officiers ayant combattu dans
les rangs de l’armée israélienne durant
l’opération Bordure protectrice menée
contre la bande de Gaza entre le 8
juillet et le 26 août 2014. « D’après
l’ONG, les témoignages sont révélateurs
d’un principe général qui a gouverné
tout au long de Bordure protectrice : un
minimum de risques pour les forces
israéliennes même si cela impliquait de
lourdes pertes pour les civils »,
rapporte le quotidien Ha’Aretz.
Les témoignages délivrés sous couvert
d’anonymat et issus des rangs de l’armée
israélienne donnent un « aperçu
troublant des intentions et des méthodes
de Tsahal », estime Philippe Sands,
spécialiste du droit humanitaire
international cité par The Guardian. Ils
révèlent par exemple que “les troupes
israéliennes sur le terrain étaient
briefées pour considérer toute personne
vivant à Gaza comme une « menace » et
pour n’économiser aucune munition”,
rapporte encore le quotidien anglais. «
Les tanks faisaient feu au hasard ou par
vengeance contre des bâtiments sans
savoir s’il s’agissait de cibles
militaires ou s’ils contenaient des
civils.»
L’enquête de l’ONG, qui évite
soigneusement le terme de « crime de
guerre », montre que le droit
international -qui oblige les armées en
guerre à distinguer entre civils et
forces ennemies et à protéger les
civils- n’aurait donc pas été respecté
par l’armée israélienne.
L’opération Bordure protectrice qui a
duré cinquante et un jours a provoqué la
mort de plus de 2 200 Palestiniens et
celle de 72 Israéliens.
http://www.courrierinternational.com/article/gaza-temoignage-de-soldats-israeliens-les-tanks-faisaient-feu-au-hasard
Illustration
- Banksy, Street artist, Gaza.
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