Israël et les crimes de son armée
protégés
Bruno Guigue l'honnête homme,
sanctionné
Silvia Cattori
Bruno Guigue
26 mars 2008 M. Bruno Guigue,
sous-préfet de Saintes, a été récemment limogé pour avoir
diffusé, sur le site Oumma.com, un article intitulé « Quand le
lobby pro-israélien se déchaîne contre l’ONU ». M. Guigue a, par
ailleurs, publié plusieurs livres sur le conflit israélo-arabe
et la situation au Proche-Orient(*) et ses opinions à ce sujet
étaient connues. Pourquoi donc
l’a-t-on limogé maintenant ? Pourquoi
n’a-t-on retenu que deux seules phrases, extraites du long
article qui s’en prenait essentiellement à une tribune publiée
dans Le Monde sous le titre « L’ONU contre les
droits de l’homme » [1] ;
tribune signée notamment par Pascal Bruckner, Alain
Finkielkraut, Claude Lanzmann, Elie Wiesel, Pierre-André
Taguieff, Frédéric Encel ?
C’est la question pertinente
qui est posée dans un article qui mérite, à notre avis, une
lecture exhaustive [2].
L’auteur de cet article, Nidal,
trouve une première explication à la question posée, dans le
fait qu’« Israël lance sa campagne contre Durban
2 » [3].
Il relève, en
effet, que « le Conseil des Droits de l’Homme de
l’ONU organise en 2009 une seconde conférence mondiale contre le
racisme à Durban, après celle de 2001, dénoncée par Israël et
les États-Unis comme un « cirque » antisémite et anti-israélien ».
Il observe
que, depuis février 2008, « les milieux
sionistes se passionnent pour la préparation de cette conférence
(alors que le sujet ne passionne tout de même pas les foules) :
il faut délégitimer la conférence de manière préventive ».
Il remarque
que tel apparaît bien le but de la tribune publiée dans
Le Monde sous le titre « L’ONU
contre les droits de l’homme », et qui dénonce le « Conseil
des droits de l’homme », organisateur de la conférence de
Durban (tribune contre laquelle a réagi M. Guigue dans l’article
qui lui est reproché).
Il trouve une
seconde explication dans une volonté de « mise
au pas de l’exécutif » de la part d’un nouveau gouvernement
pro-israélien qui « aura le sentiment de se
heurter à une administration moins... convaincue », et dans
le fait que « l’orientation « pro-arabe » de
l’administration française est au cœur des préoccupations des
agitateurs pro-israéliens ».
Il relève
enfin, exemples à l’appui, que le « devoir de réserve » invoqué
pour limoger M. Guigue ne s’applique, à sens unique, que lorsque
l’on s’en prend à Israël, et pas quand on s’en prend aux
musulmans.
Il nous paraît que l’auteur de
cet article a bien vu les enjeux de l’affaire et la stratégie
mise en œuvre.
Le lancement et la
manipulation de débats (qui vont dans le sens de la politique
belliciste néoconservatrice des Etats-Unis et de leur nouveau
petit caniche sarkozyien - contre Durban, contre le Soudan au
sujet du Darfour, contre la Chine par Tibétains instrumentalisés
et interposés, contre Chavez, contre le Hamas, contre le
Hezbollah, l’Iran, la Syrie, etc) contre les cibles du lobby
pro-israélien français a commencé il y a fort longtemps. Mais
elle est devenue très efficace depuis que les prétendus
« nouveaux philosophes » (qui n’ont jamais rien apporté à la
philosophie) sont dans les coulisses de la présidence Sarkozy.
Quant au fait que l’UJPF
(Union Juive Française pour la Paix) ait apporté son soutien [4]
à Bruno Guigue, on ne peut que s’en féliciter. Mais cela ne
permet pas d’oublier que des responsables de cette association
se sont employés, ces dernières années, à lancer des appels à la
« vigilance », à isoler et ostraciser nombre de gens en les
accusant à tort et à travers d’« antisémitisme » parce qu’ils
critiquaient la politique d’Israël d’une manière qui ne leur
convenait pas (pour des raisons idéologiques ?), et à alimenter
des campagnes mensongères.
On pourra vraiment croire que
l’UJFP ne pratique pas, selon ses propres convenances, une
défense à la tête du client, lorsqu’elle prendra la défense de
tous ceux qui, à cause de leur critique d’Israël, se sont vus
traînés dans la boue. Nous pensons par exemple à Dieudonné, que
le président de l’UJFP Pierre Stambul a contribué à salir [5],
alors qu’il était déjà la cible du CRIF et d’avocats qui le
traînaient d’un tribunal à l’autre. Le jour où cette association
présentera ses excuses à tous ceux que ses dirigeants ont
insultés nous pourrons la croire sincère dans ses positions.
(*) Parmi ces ouvrages : « Aux origines du conflit
israélo-arabe », et « Proche-Orient : la guerre des mots »,
Editions l’Harmattan
Pour l’article qui lui a valu d’être limogé, voir :
http://oumma.com/Quand-le-lobby-pro-israelien-se
[1]
Voir :
http://www.lemonde.fr/opinions/article/2008/02/27/l-onu-contre-les-droits-de-l-homme_1016249_3232.html
[2]
« Commentaires sur l’affaire du sous-préfet limogé »
http://tokborni.blogspot.com/2008/03/commentaires-sur-laffaire-du-sous-prfet.html
[3]
À la Conférence Mondiale contre le Racisme, organisée à Durban
en septembre 2001 sous la houlette du haut commissaire des
Droits de l’Homme à l’ONU, Israël a été désigné comme Etat
raciste.
[4]
Soutien assorti toutefois d’une étrange réserve lorsque l’UJFP
nuance le propos de Bruno Guigue en disant qu’Israël « n’est
sans doute pas le seul » pays dont les snippers tirent sur
des petites filles à la sortie des écoles. Les responsables de
l’UJFP peuvent-ils citer un pays où, depuis 1987, des bataillons
de soldats en jeeps et chars entrent, jour après jour, parfois
plusieurs fois par jour, dans les camps de réfugiés de Jenin et
de Balata comme nous l’avons vu nous-mêmes, exciter les enfants,
les provoquer jusqu’à ce que ces enfants, fous de rage lancent
des pierres, et en tirer ainsi prétexte pour les viser, les
blesser, les mutiler, les tuer ?
J’ai été personnellement témoin des crimes de l’armée
israélienne sur les enfants, voir par exemple :
« Les
enfants de Market Street », 22 mars
2004.
« BALATA
ou la mort à petit feu », 12 décembre
2003
« Tsahal :
une armée qui mène la guerre contre des enfants »,
3 décembre 2003
[5]
M. Stambul est intervenu auprès de sites pour faire enlever un
entretien de Dieudonné qu’il accusait d’antisémitisme, par
exemple. « Je suis assez ahuri de trouver cet
"entretien" de Sylvia Cattori et de Dieudonné (…) Si ce genre
d’article continue de passer sur « Marseille solidaire » je
demanderai à être désinscrit »
Voir : « Palestine :
l’ampleur de la tragédie exige un soutien sans faille »,
30 janvier 2005
Silvia Cattori
Le texte de Bruno
Guigue
Les commentaires d'Oumma.com
Le communiqué de l'UJFP
Nidal. Commentaires sur
l'affaire du sous-préfet limogé
Nous sommes solidaires
de Bruno Guigue
À propos de l'Affaire Bruno
Guigue et de la non-affaire Goasguen
De l’accusation d’antisémitisme comme arme de dissuasion
par René Naba (Texte de janvier 2007 mais toujours
d'actualité)
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