Opinion
Résumé du
rapport annuel « Œil sur al-Aqsa »
Rédigé par l’Institution
Internationale pour al-Quds (QII)
Dimanche 11
septembre 2011
Pour les schémas et
cartes, consulter :
L’Institution
Internationale pour al-Quds
publie depuis 2005 un rapport annuel
qui dénombre et décrit les atteintes
contre la mosquée al-Aqsa et
l’évolution des mesures de
l’occupation sioniste la concernant.
Ce cinquième rapport décrit les
agressions ayant eu lieu entre le 22
août 2010 et le 21 août 2011, et
tente de dresser une vision globale
du projet de judaïsation de la
mosquée, en l’abordant à partir de
quatre aspects :
1 – la propagation
de l’idée de la présence juive dans
la mosquée al-Aqsa, du point de vue
politique, religieux et juridique.
2 – D’après l’étude
détaillée de tous les travaux
d’excavation, de construction et de
confiscation sous la mosquée al-Aqsa,
ainsi que leur cours et évolution
tout au long de l’année, il semble
bien que l’occupation vise à fonder
une ville juive sous et aux
alentours de la mosquée, qui en est
le centre, et construit une
infrastructure complète pour assurer
une présence juive dans et autour de
la mosquée.
3 – La
concrétisation de la présence
humaine et effective à l’intérieur
de la mosquée al-Aqsa et les
tentatives d’intervenir dans sa
gestion. Le rapport étudie les
incursions et les déclarations des
personnalités officielles, des
extrémistes juifs et des appareils
sécuritaires, où il constate le
partage des rôles entre ces trois
parties, unies pour réaliser le même
but, le partage de la mosquée al-Aqsa
entre juifs et musulmans et ce, le
plus tôt possible. Le rapport a
observé l’empêchement permanent de
faire des travaux d’entretien des
parties de la mosquée, la
restriction de mouvement des
fonctionnaires des awqaf, qui
constituent le nerf exécutif de ce
département, en vue d’empêcher
l’accomplissement des tâches
nécessaires, pour arracher
l’exclusivisme musulman à la mosquée
au profit du département
archéologique israélien. Le rapport
examine également l’emprise sur
l’entrée de la mosquée et la
tentative de l’occupant de modifier
les règles du contrôle sur ses
portes, la limitation de mouvement
des fidèles en fonction du lieu de
leur vie et de leur âge.
4 – Examen des
réactions des principaux concernés
par la situation de la mosquée al-Aqsa.
1 – Progression de l’idée de la
présence juive dans la mosquée al-Aqsa
A – sur le plan
politique
Le fait le plus
important au cours de l’année passée
fut le rapport du « contrôleur
général de l’Etat » présenté à la
commission de supervision du
parlement de l’occupation, la
Knesset, sur la possibilité
d’imposer la souveraineté
israélienne sur la mosquée al-Aqsa,
et sa mise sous le contrôle de la
loi du département israélien
archéologique. La commission de
supervision de la Knesset avait
chargé le contrôleur général de
préparer une étude à ce propos en
2008. Dans son étude, ce dernier a
considéré que les « travaux
exécutés par les Awqaf dans « Istablât
Soleiman » ont eu lieu sans
coordination avec les autorités
concernées en application de la loi
concernant « le mont du temple », et
sans obtention des autorisations et
permis nécessaires. L’utilisation
des outils mécaniques au cours des
travaux a détruit quelques vestiges
archéologiques », à propos des
travaux de réfection, l’ouverture de
la mosquée Marwani qui a eu lieu il
y a une dizaine d’années et
l’ouverture des grandes portes qui a
suivi. Ceci est une confirmation de
la position des extrémistes juifs
prétendant que les travaux de
réfection exécutés par al-Awqaf
détruisent « le patrimoine et les
vestiges juifs » présents dans le
lieu !
Ce rapport a
également considéré que les parties
responsables du maintien de la loi
dans « le mont du temple » ont
manqué à leurs tâches, et qu’il
aurait fallu que le département
archéologique agisse avec la
municipalité et le procureur général
pour obliger les Awqaf à coordonner
avec les parties israéliennes
spécialisées, et obtenir les permis
nécessaires pour exécuter les
travaux. Le président de la
commission de la Knesset ayant
étudié le rapport a immédiatement
déclaré après la réunion : « les
choses sont devenues meilleures à
présent, tous les travaux menés par
les Awqaf se font en coordination
avec les « parties concernées » ».
Il est clair,
d’après les retombées du rapport et
les déclarations à son propos, que
les milieux des extrémistes juifs
essaient de profiter de l’événement
pour empêcher la poursuite des
travaux de réfection du dôme d’al-Silsila,
prétendant qu’ils font partie de
« travaux clandestins » menées par
les Awqaf sous le dôme pour
« détruire les vestiges du lieu de
sacrifice juif » qui se trouvait
dans ce lieu, d’après leurs
allégations.
Le « calme relatif »
sur le plan politique en ce qui
concerne la mosquée al-Aqsa peut
être expliqué par le fait que le
gouvernement de l’occupation a mis
en avant, comme mesures
prioritaires, la colonisation dans
la ville d’al-Qods et la bataille
démographique. Mais aussi au fait
que l’occupation a achevé la plus
grande partie de son projet qui vise
à judaïser et partager la mosquée,
en vue de construire « la ville
juive historique » ou assurer les
infrastructures, les mesures
sécuritaires et le climat politique
pour faire accepter l’état de fait.
Le second fait
politique important concerne le
dévoilement des graves concessions
que le gouvernement de l’occupation
a réussi à arracher au négociateur
palestinien, en ce qui concerne la
mosquée al-Aqsa, ce dernier ayant
déclaré être prêt à discuter de la
question de la mosquée al-Aqsa, à
poser des « solutions innovatrices »
concernant la souveraineté qui y
serait instaurée, pour inciter les
sionistes à s’asseoir autour de la
table des négociations et discuter
de la question d’al-Qods.
B – sur le plan
religieux
Les dix dernières
années furent témoins de graves
changements quant à la position
religieuse concernant l’entrée des
juifs au « mont du temple »,
puisqu’une grande partie des
références religieuses dans l’Etat
sioniste sont passées d’une position
interdisant l’entrée des juifs au
« mont du temple » à une position
autorisant leur entrée, et même les
incitant à le faire, passant outre
la condition de pureté dont les
juifs ne jouissent pas selon la
définition juive, et passant outre
également la venue du messie
sauveur, condition préalable à
l’entrée des juifs dans le lieu.
L’évolution la plus
notable à ce propos a eu lieu
l’année dernière avec l’ordonnance
émise par le rabbin de Safad, Samuel
Eliahou, l’un des principaux rabbins
sefarades dans l’Etat, qui s’est
prononcé sur l’obligation de faire
des offrandes de pâque dans « le
mont du temple », face au Dôme du
Rocher, précisément, considérant que
« tout retard à accomplir ce rite
entraîne le châtiment divin.. ».
Cette ordonnance est la première
dans l’Etat permettant de faire des
offrandes dans « le mont du
temple ».
Et finalement, le 9
août dernier, à la date de la
« commémoration de la destruction du
temple », selon la datation juive,
une manifestation rassemblant des
religieux haridim, qui ont adopté la
position de « la montée au temple »,
a eu lieu, alors que les principales
références haridim continuent à
interdire l’entrée des juifs dans le
lieu.
C – sur le plan
juridique
Après l’occupation
de la mosquée en 1967, les autorités
de l’occupation avaient remis la
responsabilité de sa gestion aux
Awqaf jordaniens et avaient émis une
loi sur la « protection des lieux
saints », interdisant aux juifs d’y
entrer. Mais les extrémistes juifs
réclamant la domination de la
mosquée, malgré leur faible
influence politique à l’époque,
avaient réussi à faire émettre des
jugements judiciaires leur
permettant de se trouver dans la
mosquée aux côtés des musulmans. Dès
1993, ils consultent le tribunal
suprême à propos de la situation
juridique de la mosquée, et celui-ci
répond qu’elle « fait partie
intégrante de l’Etat d’Israël ». A
partir de ce jugement, les
associations extrémistes
introduisent plusieurs affaires en
justice pour obtenir des gains
supplémentaires. En 2003, elles
obtiennent la décision d’autoriser
les juifs d’entrer dans la mosquée,
et en 2005, l’autorisation d’y prier
entre 7 h du soir et 9 h du matin,
au moment où les musulmans n’y sont
pas nombreux. Concernant la police,
son devoir d’empêcher les juifs
d’entrer à la mosquée s’est
transformé en devoir de les
protéger, suite à une ordonnance de
2009.
Au
cours de l’année denrière, 150
extrémistes juifs ont porté plainte
contre les Awqaf musulmans pour
« destruction des vestiges juifs
datant de l’époque du premier
temple », mais la haute cour a
rejeté la plainte pour des raisons
judiciaires.
Mais le plus notable
fut la campagne politique et
médiatique organisée par des
extrémistes juifs soutenus par des
députés de la Knesset contre la
police israélienne l’accusant de
« discrimination envers les juifs »,
concernant leur entrée dans la
mosquée, comme si les juifs avaient
des droits sur la mosquée. Suite à
cette plainte, le chef de la police
fut convoqué devant une commission
parlementaire le 16 juin 2011, le
procureur de l’Etat fait une
incursion dans la mosquée pour
enquêter sur la question le 28
juillet 2011, et l’affaire aboutit à
l’aveu de la police qu’il y a bien
« discrimination envers les juifs »,
promettant d’y remédier en accordant
plus de facilités à l’entrée des
juifs dans la mosquée. Cela s’est
immédiatement traduit sur le terrain
le 9 août 2011, en plein mois de
Ramadan, avec l’incursion de 500
extrémistes juifs dans la mosquée,
sous protection de la police, à
l’occasion de la « commémoration de
la destruction du temple », et cela
pour la première fois depuis
l’occupation de la mosquée en 1967.
2 – Les excavations et constructions
sous et autour de la mosquée al-Aqsa
A – les excavations
Au cours de la
période couverte par ce rapport, les
excavations menées sous et autour de
la mosquée al-Aqsa sont passées à un
nouveau stade, celui de la réfection
des tunnels et des lieux
souterrains, pour pouvoir recevoir
des visiteurs, ainsi que les travaux
d’infrastructure sous et au-dessus
du sol pour transformer « la ville
juive historique » en un lieu
touristique.
Ce qui signifie en
fait que l’occupant a presque achevé
la construction de la « ville juive
historique » qui pourrait recevoir
près d’un million de visiteurs, où
la ville d’al-Qods et la mosquée al-Aqsa
en font partie, sans cependant
passer par les quartiers maqdisis ni
rencontrer des Maqdisis.
La majeure partie
des travaux de l’occupation a
consisté à achever de lier les
parties de cette ville, au sud et à
l’ouest par les tunnels creusés. Et
à ce propos, l’occupant a fini de
construire le tunnel reliant entre
« la ville de David » à Silwan au
réseau des tunnels du mur
occidental, au nord. Ce tunnel qui
commence par la route hérodienne et
continue pour passer sous la mosquée
al-Aqsa et ses alentours, est le
plus long et permettrait aux juifs
d’arriver à la place al-Bouraq et
les portes de la mosquée al-Aqsa
sans passer par l’agglomération
palesstinienne au sud, ce qui
représente un grave danger pour la
mosquée, puisqu’il facilitera les
incursions et les agressions
futures.
Au niveau des
infrastructures, l’occupant a
entrepris de faciliter l’arrivée des
touristes aux « sites touristiques »
en élargissant les routes et les
entrées. Il a, de ce fait, ouvert
une nouvelle porte dans le mur au
sud de la vieille ville, ce qu’il
fait pour la première fois depuis
son occupation de la vieille ville
en 1967.
Les plus grands
travaux ont été entrepris dans la
place al-Bouraq, pour l’agrandir en
hauteur et en largeur, agrandir ses
entrées, construire un musée et un
site touristique, un poste de police
et un parking. Ce projet est le
premier du genre qui vise la place
al-Bouraq depuis la destruction du
quartier al-Maghariba, après
l’occupation de la vieille ville, là
où se trouve actuellement la place
al-Bouraq.
Malgré le recul
numérique des excavations, quatre
sites ont été ouverts cette année,
dont la nature constitue un grave
danger, d’autant plus qu’ils se
situent dans des quartiers
palestiniens densément peuplés,
comme le quartier de Silwan, où la
présence palestinienne constitue un
frein au projet de l’occupant. Ce
qui explique la férocité de la
répression de la police de
l’occupation qui n’hésite pas à
arrêter les enfants et à les
torturer pendant les
interrogatoires.
L’occupant ne s’est
pas contenté des poursuites
sécuritaires, mais il a accentué les
poursuites judiciaires contre la
population palestinienne en vue de
l’expulser. La municipalité de
l’occupation a entrepris des projets
de réfection des routes et des
façades des immeubles dans lesquels
elle vit, les rendant adaptés « au
caractère juif » du lieu, sans
l’autorisation des propriétaires et
sans avoir au préalable affiché le
plan d’occupation du sol et des
travaux.
L’évolution des
excavations au cours de cette
période impose aux parties arabes et
musulmanes de revoir leurs
stratégies d’affrontement, puisque
la « ville juive » est devenue
aujourd’hui un fait, qu’il faut
parvenir à affronter et lui ôter sa
légitimité. Il faut signaler ici
l’expérience du centre
d’informations de Wadi Helwa présent
à Silwan, au sud de la mosquée al-Aqsa,
qui s’oppose au projet en présentant
la vraie histoire aux touristes qui
visitent les lieux et en montrant
les réels dangers des projets de
l’occupation.
Quatre nouveaux
sites d’excavation ont été ouverts,
deux au sud de la mosquée et deux à
l’ouest, pour arriver à un total de
38 sites d’excavation, dont 25 en
activité et 13 achevés. 17 sites se
trouvent au sud de la mosquée, 19 à
l’ouest et 2 au nord de la mosquée.
a – les excavations
au sud
Elles visent à
trouver ce qui s’appelle « la ville
de David » qui s’étendrait, selon
les allégations sionistes, du
complexe de Ayn Silwan jusqu’aux
murs de la mosquée al-Aqsa. C’est
l’association Al-‘Ad qui en est
responsable.
b – les excavations
à l’ouest
Là se trouve le nerf
principal de la ville juive que
l’occupant construit sous la
mosquée. L’association « la
protection du patrimoine du mur
occidental » est la principale
responsable des excavations dans
cette sphère.
c – les excavations
au nord
Elles s’étendent
tout le long des murs de la mosquée,
à partir de Bab Hatta à l’est
jusqu’au tournant nord-ouest de la
mosquée. Elles visent à raccorder la
« ville juive » à la Via Doloresa,
en vue d’unifier les tours
touristiques entre les sites
chrétiens et juifs, pour confirmer
l’idée d’un patrimoine
judéo-chrétien dans la ville. Deux
sites d’excavation sont en activité.
B – les
constructions et confiscations de
terres autour de la mosquée al-Aqsa
Il s’agit pour
l’occupant d’accentuer le caractère
juif de toute la zone où se trouve
la mosquée al-Aqsa et de renforcer
la présence juive en s’installant
dans les maisons, point de départ
pour les futures incursions dans la
mosquée ou alors pour entreprendre
des excavations et renforcer la
présence sécuritaire autour de la
mosquée.
Au cours de la
période couverte par le rapport,
nous assistons à un recul des
confiscations des terres dans cette
zone, qui peut être expliqué par
l’inauguration l’année dernière du
plus grand site juif « le temple de
la ruine » ce qui rendrait les
provocations supplémentaires
inutiles, en attendant les années
suivantes.
Le fait le plus
notable à ce propos concerne la
transformation, en janvier 2011, de
la zone Haouch Shehabi près de la
porte al-Hadid (une des portes de la
mosquée située à l’ouest) en une
place semi officielle pour la prière
des juifs, en installant une
pancarte où est inscrit le vrai nom
en arabe, mais qui se transforme en
anglais et en hébreu en « le petit
mur des lamentations ». Le danger
provient non seulement de la
transformation de ce lieu, mais
aussi de la présence continuelle des
juifs dans ce lieu, avec les
demandes de réfection et
d’élargissement des voies pour y
parvenir, avec la menace contre les
Palestiniens qui y vivent qui ne
peuvent plus se rendre librement à
la mosquée à al-Aqsa par la porte
al-Hadid.
Le second fait
notable est la discussion par le
parlement de l’occupation le 3 août
2011 d’un projet de construction
d’une ligne de téléférique qui relie
la partie occidentale d’al-Qods à la
place Al-Bouraq, au sud de
l’ancienne ville, au-dessus des
quartiers al-Thawri, Wadi Jahannam
et Jabal Sahyoun. Ce projet a pour
objet de transporter plus de 4000
touristes par jour de la partie
occidentale d’al-Qods vers la
vieille ville. Si le projet
rencontre des difficultés
financières à présent, il n’empêche
que sa réalisation constitue une
réelle menace contre la mosquée al-Aqsa,
puisqu’il facilitera les incursions
des colons juifs dans la mosquée et
contribuera à isoler la face
arabo-musulmane de la ville,
transformant la mosquée en un lieu
touristique et non un lieu de
prières pour les musulmans qui sont
exclus du plan touristique de
l’occupant.
L’occupant a
également adopté en janvier 2011 un
plan de financement d’un musée dans
la banlieue de Silwan, au sud de la
mosquée, à l’intérieur du parc
national géré par l’association
coloniale Al-‘Ad. Et en vue de
consolider le rôle de l’association
al-‘Ad, le parlement de l’occupation
a adopté en première lecture le 27
juillet 2011 une loi transférant la
gestion des parcs nationaux à des
particuliers. Ce qui signifie la
possibilité pour les associations
coloniales de poursuivre et
d’expulser les habitants maqdisis de
la ville, de confisquer leurs biens
et leurs terres, sans intervention
du gouvernement de l’occupation, et
ce, pour échapper aux pressions
internationales concernant ces
mesures. L’association al-‘Ad est
chargée d’exécuter le projet de
l’occupation visant à construire des
parcs bibliques sur une large
suerficie des terres de Silwan.
3 – Consolider une présence physique
juive à l’intérieur de la mosquée
al-Aqsa et intervenir directement
dans sa gestion
Ce fut la priorité
de l’occupation au cours de la
période couverte par le rapport.
Tous les efforts ont visé à préparer
le terrain pour cette présence, tant
au niveau de sa protection que de sa
légitimation. Malgré le faible
nombre des incursions, celles-ci
étaient cependant plus massives et
plus organisées.
La mosquée al-Aqsa a
été instaurée comme un lieu pour la
célébration des occasions
religieuses et nationales juives,
pour un grand nombre de juifs
religieux. Pas une occasion n’est
passée sans que l’on ait assisté à
une incursion à l’intérieur de la
mosquée, dont l’ampleur dépendait
des estimations sécuritaires de la
police de l’occupant.
Le point le plus
saillant fut l’attitude de la police
envers ces incursions, caractérisée
par une toléranc claire envers les
colons, leur permettant d’exercer
leurs rites religieux, certains
policiers y participant également,
au moment où elle affichait une
attitude violente envers les
fidèles, leur interdisant de
s’approcher des colons et de
prononcer « Allah Akbar » à haute
voix. La police a même arrêté des
fidèles ayant élevé la voix, les
accusant de troubler la tranquillité
du lieu, et les condamnant à
l’interdiction de prier dans la
mosquée ou à payer des amendes.
Le recours de la
police de l’occupant à cette
attitude vise à semer la peur dans
le cœur des fidèles pour les
empêcher de s’approcher des
extrémistes juifs, même si le nombre
des policiers devenait faible. Alors
qu’il y a quelques années, c’étaient
les colons qui avaient peur lors de
leurs incursions dans la mosquée et
qu’ils se hâtaient de la quitter,
l’occupant cherche à installer la
peur dans les cœurs des musulmans de
sorte qu’il n’ait plus besoin de
faire accompagner les colons par un
grand nombre de policiers, lorsque
la mosquée serait partagée.
La police a
également visé à plusieurs reprises
les fidèles qui assurent la
protection de la mosquée par leur
présence, surtout avec le projet « Plate-formes
du savoir ». L’identité des
participants fut relevée, les
embûches dressées sur leur trajet,
lors de leur arrivée ou leur départ
de la mosquée. A plusieurs reprises,
tous les participants furent
expulsés de la mosquée pour laisser
la voie libre aux extrémistes juifs.
D’autre part, la police de
l’occupant a pris des mesures
excessives pour limiter le nombre de
fidèles voulant prier dans la
mosquée, au cours du mois de
Ramadan, ne laissant que 150.000 ou
même 70.000 fidèles entrer. C’est la
première fois que l’occupant impose
des mesures aussi sévères pour
l’entrée des fidèles au mois de
Ramadan.
Pour la première
fois également, la mosquée al-Aqsa
fut le théâtre d’une prière
collective publique de la part des
colons, sous la protection de la
police, suite à une entente
préalable entre la police, les
responsables des colons et des
parties politiques. Cette prière a
même été filmée et diffusée sur
plusieurs médias, y compris
officiels. Le calme dans lequel
s’est déroulée cette provocation
risque d’ouvrir l’appétit de
l’occupation pour recommencer cet
acte, de manière plus fréquente dans
l’avenir, avant de l’imposer en tant
que fait accompli.
La mosquée al-Aqsa
fut également victime, au mois
d’août 2011, de la plus vaste
incursion collective de colons
depuis son occupation en 1967, avec
l’entrée en force de plus de 500
colons à l’occasion de la
célébration de « la destruction du
temple » et le nombre des colons
ayant pénétré de force dans la
mosquée au cours des trois dernières
semaines précédant cette
commémoration fut de 1000 colons.
Il faut remarquer,
au cours de cette période, que les
femmes juives ont rejoint les
groupes d’attaque de la mosquée, ce
qui constitue une première à ce
niveau. Cela s’est répété quatre
fois au cours de la période couverte
par ce rapport.
A – les incursions
et les déclarations des
personnalités officielles
4 personnalités
officielles ont pénétré de force
dans la mosquée : Michael Ben-Ari,
membre du bloc national, le 7 juin
2011 ; Sarah Balin, gouverneur
précédente de l’Alaska en compagnie
d’un membre du parlement de
l’occupation, exprime son regret
quant à la limitation de la liberté
de prière dans la mosquée al-Aqsa
pour les juifs ; Yo’al Hasoun,
membre Kadima au parlement de
l’occupation, qui pénètre dans la
mosquée pour « constater les dégâts
occasionnés par les Awqaf sur les
vestiges juifs » ; le procureur de
l’Etat qui pénètre de force dans la
mosquée le 28 juillet 2011 pour
enquêter sur les plaintes de
« discrimination envers les juifs ».
B – incursions et
déclarations des extrémistes juifs
Les extrémistes
juifs et les associations coloniales
ont mené plus de 21 incursions au
cours de la période couverte par ce
rapport , qui s’étendaient sur une
journée entière ou plusieurs jours.
Il faut cependant noter les
incursions quotidiennes des
associations de moindre importance,
ce que ce rapport ne peut décompter.
Les incursions les plus importantes
furent :
1 – plus de 160
religieux juifs pénètrent le 2
décembre 2010 dans la mosquée al-Aqsa
au cours de la fête « Hanuka » et y
célèbrent des rites religieux,
publiquement. Au même moment, la
police interdisait aux fidèles
musulmans d’entrer dans la mosquée,
en fermant toutes les portes, à
l’exception de deux, par lesquelles
elle a autorisé les plus âgés d’y
entrer.
2 – la police de
l’occupation arrête un colon le 20
décembre 2010 qui essayait de
pénétrer dans la mosquée avec une
quantité d’explosifs.
3 – les 13, 16 et 17
mars 2011 : des groupes de colons
entrent dans la mosquée accompagnés
par un grand nombre de policiers de
l’occupation. Il se dirigent vers
les « Plateformes du savoir » où se
rassemblent les fidèles, en signe de
provocation et la police arrête des
fidèles en les accusant d’avoir
élevé la voix.
4 – les 20 et 21
avril 2011, plus de cent colons
pénètrent dans la mosquée et y
accomplissent leurs prières.
5 – plus de 200
colons pénètrent dans la mosquée le
2 juin 2011 et y accomplissent une
prière collective publique, sous la
protection de la police de
l’occupation.
6 – le 12 juin 2011,
un groupe de femmes juives pénètrent
dans la mosquée al-Aqsa, s’y
promènent en compagnie d’un rabbin.
Trois autres incursions menées par
des femmes juives seront répétées
depuis cette date.
7 – Plus de 1000
colons pénètrent dans la mosquée al-Aqsa
à l’occasion de la commémoration
« de de la destruction du temple »
le 9 août 2011.
C – Incursions et
déclarations des appareils
sécuritaires
Les appareils
sécuritaires de l’occupation avaient
achevé, au cours des années
précédentes, les infrastructures
nécessaires pour le contrôle total
de la mosquée. Ils ont également mis
au point les entraînements et les
manœuvres nécessaires pour pouvoir
imposer la division de la mosquée
al-Aqsa. Au cours de la période
couverte par ce rapport, les
appareils sécuritaires ont poursuivi
leur rôle consistant à établir une
banque de données sur les fidèles et
leurs déplacements, et à faciliter
l’entrée des colons juifs et limiter
le nombre des fidèles. Au cours de
la période couverte par le rapport,
les appareils sécuritaires ont mené
9 incursions dans la mosquée al-Aqs :
1 – des détachements
de la police et des services de
renseignements pénètrent dans la
mosquée al-Aqsa les 2 et 3 mars
2011, circulent dans ses places et
entrent dans la mosquée Qibli et le
dôme des Rochers en vue de prendre
des photos et rassembler des
informations.
2 – les 17 et 21
mars 2011, la police pénètre dans
les places de la mosquée al-Aqsa et
prend en photos tous les fidèles
présents et les participants aux
« Plateformes du savoir », établit
un plan des lieux de leurs
rassemblements à l’intérieur de la
mosquée et ses bâtiments.
3 – le 20 avril
2011, un soldat de l’ocucpation
lance une bombe incendiaire à l’est
de la mosquée. Les fidèles
parviennent à empêcher le
déclenchement de l’incendie.
4 – Un grand nombre
de soldats femmes pénètrent dans la
mosquée le 28 avril 2011 pour une
manœuvre en cas d’affrontements avec
les femmes fidèles présentes dans la
mosquée.
5 – le 6 août 2011,
la police pénètre dans la mosquée,
fait sortir les fidèles de la
mosquée Qibali et autres places, en
vue de laisser y pénétrer les
extrémistes juifs à l’occasion de
« la destruction du temple ».
4 – Réactions
Bien que l’occupant
ait poursuivi ses violations de la
mosquée, aucune réaction n’a été
enregistrée au cours de l’année
passée, notamment dans le monde
arabo-musulman, seule la population
palestinienne vivant dans les
territoires occupés en 48 (les
Palestiniens de 48) a constitué le
nerf de la protection de la mosquée,
à cause de la facilité avec laquelle
elle peut circuler dans al-Qods en
comparaison avec la situation des
Palestiniens en Cisjordanie et dans
la bande de Gaza. De même, les
organisations et forces politiques
palestiniennes n’ont conçu aucun
projet à ce niveau, mais se sont
contentées de mettre en garde contre
ce qui s’y passe.
Sur le plan
palestinien
L’explosion de
colère qui a eu lieu l’année passée
(mars 2010) fut la dernière en
réaction à ce qui se passe au niveau
de la mosquée al-Aqsa et s’était
presque limitée aux Palestiniens de
48 et d’al-Qods : ce sont ceux-là
que l’occupation cherche à éloigner
par des mesures limitant leurs
déplacements et les empêchant de
parvenir jusqu’à la mosquée al-Aqsa.
Les organisations et
formations politiques palestiniennes
sont toujours dans l’incapacité de
réagir à la menace, se contentant
d’adresser des mises en garde et à
rappeler la responsabilité arabe et
musulmane. La situation de division
de la scène palestinienne avait
contribué à étendre cette incapacité
et malgré la proclamation de la
réconciliation, que les maqdisis ont
massivement soutenue, rien n’a
changé sur le terrain.
Le dévoilement par
la chaîne al-Jazeera de la
proposition des négociateurs
palestiniens, relative à une
commission « commune » pour gérer la
mosquée a lourdement pesé sur la
marginalisation de la mosquée al-Aqsa.
Le seul appui réel et concret à la
mosquée al-Aqsa vient des
Palestiniens de 48 qui affrêtent des
cars quotidiens pour venir y prier,
pour participer aux « Plateformes du
savoir », pour conclure les contrats
de mariage dans la mosquée et
organiser des rassemblements.
Sur les plans
arabo-musulmans
Les réactions se
sont limitées à des condamnations
verbales et timides, en l’absence de
réactions populaires. Les révoltes
arabes ont éloigné l’espoir d’otenir,
même s’il était maigre, les fonds
promis par le sommet de Syrte tenu
en mars 2010, la somme de 500
millions de dollars pour faire face
à la politique de judaïsation (somme
promise déjà par le sommet de
Beyrouth en 2002 mais adoptée en
2010). Le sommet de Syrte avait
également proposé la tenue d’une
conférence internationale à Doha
pour soutenir al-Qods.
C’est de l’UNESCO
qu’est parti le mouvement le plus
notable, concernant la destruction
du pont situé près de la porte Bab
al-Maghariba. Le royaume jordanien a
entrepris des efforts diplomatiques
auprès des pays arabes et musulmans
pour empêcher l’occupation de
détruire le pont, puisque la Jordaie
est le pays chargé de la gestion de
la mosquée al-Aqsa.
La mission de la
Palestine aux Nations-Unies a
déclaré, au mois de février 2011
avoir commencé un plan d’action pour
protéger les biens culturels en
Palestine, et notamment dans al-Qods,
incluant les excavations sous la
mosquée al-Aqsa. Elle a demandé la
tenue d’une conférence
internationale sous l’égide de
l’UNESCO en vue d’assurer la
protection des biens culturels et
religieux en Palestine.
Dans une action
similaire, le secrétaire général de
l’organisation de la coopération
islamique, Akmal Eddine Ihsan Ogli a
transmis un message au secrétariat
de l’UNESCO, lui demandant de
prendre des mesures pour appliquer
les décisions de cet organisme
concernant al-Qods et empêcher les
actes hostiles contre les palais
omeyyades au sud de la mosquée et
considérant que les excavations sont
une atteinte au droit international
et une destruction des lieux
historiques.
Si l’empêchement de
détuire le pont dans bab al-Maghariba
peut être considéré comme un acquis,
puisqu’il met un frein aux
agressions et empiètements de
l’occupation, il ne faut cependant
pas s’appuyer sur les organisations
internationales dont plusieurs
résolutions concernant le droit
palestinien attendent encore d’être
appliquées.
Sur le plan des
associations civiles et institutions
agissant pour al-Quds
L’année passée a
assisté à plusieurs conférences,
dont celle du Caire le 30 juin 2011,
avec la participation de
personnalités arabes, musulmanes et
mondiales. Ces conférences se
contentent cependant à émettre un
communiqué final et à rappeler
plusieurs résolutions antérieures.
De même, les comités qui se
constituent pour soutenir al-Aqsa et
al-Qods imitent presque les grandes
structures, même si elles sont
nombreuses, et restent très peu
efficaces.
Sur le plan
médiatique
Cette année a
assisté à la populsion des médias
électroniques dans le monde arabe,
les réseaux sociaux ont aidé à
transmettre les informations,
facilement et rapidement. Mais dans
le cadre du soutien à la mosquée al-Aqsa,
ils sont encore loin d’assumer leur
rôle d’explication et de
conscientisation concernant les
violations de l’occupation.
L’occupation et ses
institutions mènent une dense
activité à ce propos.
Quant aux médias
classiques, la mosquée al-Aqsa
continue à être marginalisée et les
informations relatives aux
incursions et autres événements qui
s’y déroulent y prennent très peu de
place.
Les bouleversements
dans la région arabe ont
probablement laissé le champ libre
aux institutions de l’occupation qui
ont accéléré les mesures de
judaïsation, ayant le sentiment
profond que ces bouleversements ne
peuvent avoir pour résultat que le
retour de la Palestine et de la
mosquée d’al-Aqsa dans le cœur des
millions d’Arabes et de musulmans.
Les analyses et traductions de Rim al-Khatib
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