Centre
Palestinien
d'Information
Rapport
Dans le mois de Ramadan, les enfants des captifs palestiniens
vacillent entre envie et amertume
Photo CPI
Mercredi 1er septembre 2010
Gaza – CPI
Les enfants des captifs palestiniens vivent,
dans ce mois béni de Ramadan, dans l’envie de voir leurs
parents, dans l’amertume de leur éloignement, dans la privation
de leur tendresse. Il ne reste à ces enfants et à leurs familles
que d’implorer le Tout Puissant pour que leurs familles soient
intactes autour des repas de Ramadan, qu’ils rompent le jeûne
ensemble, qu’ils reçoivent des cadeaux comme tous les enfants du
monde.
Des enfants adultes !
En perdant leurs pères, ou parfois leurs
mères, enfermés derrière les barreaux des occupants israéliens,
la plupart de ces enfants deviennent du jour au lendemain
adultes, avec toutes les responsabilités qui vont avec cet âge
qui n’est pas le leur. Ils se retrouvent obligés de travailler
pour subvenir aux besoins de leurs familles, de leurs petits
frères.
Notre Centre Palestinien d’Information (CPI)
a rencontré quelques-uns de ces enfants.
Mohammed, fils du captif Nasim Khattab, veut
se donner une allure d’adulte, de responsable, de père, ou du
moins son remplaçant.
« Lorsque j’étais petit, dit-il, à l’école
primaire, je souhaitais que mon père m’achète une petite
lanterne, surtout quand je voyais les enfants autour de moi
porter des lanternes offertes par leurs pères. Les jours
passent, mais le souhait reste inachevé ».
Il donne à sa voix un ton grave et
ajoute : « Cette affaire m’a obligé à prendre soin de mes petits
frères. Je voudrais leur compenser la perte de leur père. Dès
l’arrivée du mois béni de Ramadan, j’ai acheté à mon petit frère
Omar une petite lanterne, afin de lui donner un peu de joie,
comme tous les enfants de son âge ». Mohammed est l’homme de la
maison. Il est prêt à répondre à toutes les demandes de sa mère.
Ses frères, dit-il, ne se lassent jamais de
l’harceler : « Quand papa revient ? ». La réponse ne peut être
que : « Inchallah bientôt ».
Mohammed reste tout de même un
enfant : « Puisse le Seigneur permettre à mon père de sortir de
sa prison sain et sauf ! J’aimerais qu’il soit avec nous pour
que nous rompions le jeûne ensemble, pour que je sorte avec lui
rendre visite aux familles et aux amis. »
Mohammed ne sait pas comment est
actuellement le visage de son père, et comment il sera, enfermé
pour treize ans ; il ne l’a jamais vu, si ce n’est que par les
photos ; les visites aux prisonniers sont interdites depuis
plusieurs années.
Manque de tendresse
Le cas de l’enfant Ahmed, fils du captif
Raïd Achour, est bien semblable à celui de Mohammed. Lui aussi
n’arrête d’implorer Dieu de libérer son père, de lui permettre
de le voir et de profiter de lui avant que l’enfance ne lui
échappe.
Il dit à l’envoyé de notre Centre
Palestinien d’Information (CPI) qu’il aimerait tant voir son
père, avant qu’il ne soit méconnaissable dans les ténèbres des
prisons de l’occupation israélienne.
Lui aussi espère avoir une lanterne offerte
par son père, qu’il l’accompagne pour aller au marché acheter
les besoins du mois de Ramadan, qu’il marche à ses côtés, fier
de lui.
Des larmes chaudes !
Après une journée aussi longue, aussi
chaude, aussi dure, privée de manger et de boire, la fillette
Mariam ne peut, au moment de rompre le jeûne, mettre quelque
chose dans la bouche. Les larmes l’empêchent. Elle pense tout le
temps à son père, surtout à ce moment précis. Combien elle
aimerait le voir manger avec eux !
« J’aimerais embrasser mon père, lui
demander de l’argent pour acheter des vêtements pour l’Aïd. Je
veux mon père », dit-elle amèrement. Elle sait bien qu’elle
rêve. Son père est condamné à 29 ans.
La mère de Mariam essaie d’alléger les
douleurs de sa fille, en vain. Ses larmes s’écoulent chaudement,
voyant les jours s’écouler, sans papa.
Mohammed, Ahmed, Mariam et des milliers
d’autres enfants palestiniens voient le père, ou la mère, ou les
deux, enfermés dans les prisons israéliennes. Ils rêvent
toujours de leur tendresse, d’une lanterne, d’une part de
dessert, d’un petit sourire... Ces souhaits sont très simples,
mais les occupants israéliens s’entêtent à les tuer. Plus de
8000 captifs palestiniens sont privés de leurs familles, de
leurs enfants. Leurs familles et leurs enfants les attendent sur
la table du mois de Ramadan, avec un regard rivé vers l’inconnu
d’où ils attendent une surprise, un père qui surgit de nulle
part.
Le Centre Palestinien d'Information - © 2010
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