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Centre Palestinien
d'Information
La mode des bulldozers n’est pas une invention palestinienne
Photo CPI
28 juillet 2008
Jadoun Livi
"Israël"
pourra continuer à prétendre qu’elle n’est pas la première
à avoir introduit l’arme nucléaire au Moyen-Orient. Néanmoins,
elle ne pourra le faire pour d’autres armes de destruction
massive : le bulldozer par exemple. Elle ne peut pas prétendre
que ce sont les Palestiniens qui sont les premiers à adopter
soudainement une arme originale, une nouvelle mode. Le
ministre de la sécurité intérieure a eu l’audace de le dire,
pour prouver encore une fois combien il est facile pour nous de
donner une image unilatérale d’une affaire.
Nous
savons bien que ce ne sont pas les Palestiniens qui avaient inventé
le bulldozer. Ce ne sont pas eux non plus qui l’avaient utilisé
pour la première fois comme une arme de crime. En effet, ils ne
font que copier une ancienne mode israélienne. Ancienne comme la
création de l’Etat. Avons-nous oublié, un instant, les 416
villages qu’"Israël" avait totalement rasé de la
carte en 1948. A l’époque, elle n’avait pas de bulldozers D9.
Concentrons-nous alors sur un cri de mode plus moderne : le
bulldozer devient une arme plus terrible et plus géante utilisée
par "Israël" dans les territoires (palestiniens).
Les
différences entre le bulldozer palestinien tueur et le bulldozer
israélien résident seulement dans la couleur et dans le volume.
Comme d’habitude, le notre est plus grand, beaucoup plus grand.
Il n’y a pas de sujet de ressemblance entre ce petit bulldozer
jaune conduit par un Palestinien et ce bulldozer géant D9 utilisé
par l’armée israélienne.
Depuis
le premier moment de l’occupation, Catrblair est la première
société importatrice d’armes vers "Israël" :
des avions, des canons, des tanks. Ce n’est donc pas un fait du
hasard que des activistes de la paix, dans le monde entier,
essaient d’imposer un embargo sur cette société. En fait, il
n’est pas facile d’estimer la destruction et le ravage que ses
engins font. Une minute d’arrêt sur la route de Khan Younes
suffit pour voir le résultat de cette destruction, claire
jusqu’à aujourd’hui.
Des
quartiers entiers deviennent des ruines. Le contenu des maisons
– biens, meubles et souvenirs – sont tombés sous les dents
des chaînes. Avez-vous vu une rue, après le passage des
bulldozers ? Les voitures seront détruites, comme des boîtes
d’allumettes. Les maisons se transforment en tas de pierres,
avec tout ce qu’elles comportent. Toute rue de Rafah devient
pire que la rue du Roi David, des dizaines de fois pire.
Rappelons
qu’en 2004, 10.704 Palestiniens perdent leurs domiciles, après
que l’armée israélienne a détruit 1404 maisons, la plupart à
Gaza. Et dans le camp de Jénine, l’armée israélienne a détruit
560 maisons. Peut-on oublier le conducteur légendaire qui buvait
du Whisky, au moment où il rasait Jénine pour la transformer en
un terrain de jeu, dans l’opération « l’arc des nuages » ?
Les bulldozers ont rasé 120 maisons, en une seule journée. Qui
était à Rafah et à Khan Younes sera le seul à pouvoir évaluer
ce que nos bulldozers, les plus forts, avaient fait.
Ne
dites pas, s’il vous plaît, que nos bulldozers détruisent,
mais qu’ils ne tuent pas. Qui a tué l’activiste de paix Corie ?
Les témoins oculaires confirment que le chauffeur l’avait écrasée
jusqu’à la mort. Qui, à Naplouse, a écrasé la famille de
Chobi : un grand-père, une mère et ses deux garçons ?
Tous sont écrasés sous les chaînes de nos bulldozers. Qui a tué
l’handicapé Jamal, dans le camp de Jénine ? On a retrouvé
son fauteuil, mais son corps a disparu comme par enchantement !
Tout cela ne présente-t-il pas le terrorisme des bulldozers ?
Les Palestiniens ont découvert le bulldozer tardivement. Nous
devons savoir que ce qui est bien pour nous l’est aussi pour
eux. Les experts en sécurité, que nous conseillent-ils pour
faire face à ce nouveau phénomène ? Détruire leurs
maisons, bien évidemment.
Article
paru dans le journal hébreu Haaretz, le 25 juillet 2008
Traduit et résumé par le CPI
L’article ne reflétant que l’opinion
de l’auteur, le CPI le publie à titre d’information
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