Depuis les opérations militaires
concentrées sur le Hamas et sur le Djihad Islamique,
à Gaza, sont en augmentation les voix appelant à
accepter la « trêve » proposée par Ismaël Haniyeh.
La trêve proposée sera une accalmie provisoire,
délimitée dans le temps, contre un arrêt total de
ces opérations menées par l'armée israélienne dans
la bande de Gaza et un arrêt du blocus économique.
Apparemment, les décideurs israéliens n'y ont
rien compris.
Après la guerre de juin (1967) et jusqu'au mois
de novembre (1987), les autorités sécuritaires
(israéliennes) ont permis à la branche des « Frères
Musulmans » dans les territoires de construire des
infrastructures sociales et économiques. Ces
infrastructures n'ont fait que déclencher la
première Intifada et la construction de
l'organisation du Hamas. Par cette affaire, on avait
voulu affaiblir l'OLP, une organisation laïque qui
pratiquait la résistance pour construire l'Etat
palestinien. Cette politique (israélienne) est parue
aussi imprévoyante que celle des Frères Musulmans
s'est révélée perspicace.
Et en 1992, 415 partisans du
Hamas et du Djihad ont été déportés vers le Sud
libanais. On les a laissés retourner, après les
accords d'Oslo, sans prendre en considération qu'ils
avaient été transformés en une sorte de Hezbollah.
Ils se sont entraînés à adopter des opérations de
résistance comme stratégie pour saboter le processus
de paix. Ainsi, et à partir de la deuxième Intifada,
le Hamas est devenu l'épine dorsale de la résistance
palestinienne, la vraie résistance contre
l'existence d'Israël. Cependant, les gouvernements
israéliens successifs se préféraient à affaiblir la
présidence de l'autorité palestinienne et ses
infrastructures, au lieu de frapper la direction du
Hamas, à l'exception de la liquidation du cheikh
Ahmed Yassine et de son adjoint Abdou Al-Aziz Ar-Rantissi,
en octobre 2004.
Et après le départ d'Arafat, en novembre 2004, le
gouvernement de Sharon a adopté un retrait
unilatéral de Gaza. Il voulait continuer sa
politique de pression contre le Hamas. Il était
clair pour tout le monde que le Hamas a l'emprise
sur Gaza, et de là-bas, il continue ses activités en
Cisjordanie. Plus tard, Israël a permis au Hamas de
participer aux élections et par conséquent de mettre
la main sur la politique palestinienne et de bâtir
une force militaire indépendante, à l'instar du
Hezbollah libanais, et enfin d’occuper Gaza. Tout
cela sans aucune réplique sérieuse.
Alors accepter la trêve proposée signifiera une
victoire stratégique pour le Hamas et pour ses
alliés. La population palestinienne prendra le
mouvement comme la première force nationale de
résistance. Et en un rien du temps, il obtiendra une
reconnaissance internationale. Et il enracinera sa
mainmise politique et économique grâce aux donations
alléchantes mondiales. Il développera également ses
forces militaires par la contrebande d'armes à
travers les frontières avec l'Egypte.
En un ou deux ans, sur nos frontières sud, un
pays s'élèvera, un pays avec une forte alliance avec
l'Iran, la Syrie et le Hezbollah. Il y aura aussi
une forte probabilité qu'il mette la main sur la
Cisjordanie et laisse ses effets sur la Jordanie,
l'Egypte et même le mouvement islamique à
l'intérieur d'Israël. Quoi qu'il en soit, même si le
Hamas respecte le cessez-le-feu pendant plusieurs
mois, ce sont l'Iran et son allié le Djihad
Islamique qui feront tout pour saboter les
négociations avec les Palestiniens.
Le profit tactique provisoire, représenté par une
relative accalmie de plusieurs mois, ou même d’un ou
de deux ans, pourra-t-il être une bonne excuse pour
l'échec stratégique qu'attend Israël ? N'aurons-nous
pas la même situation que celle laissée au Sud du
Liban après le retrait unilatéral de mai 2000, et
après les conséquences catastrophiques des mois de
juin et juillet 2006 ? Ceux qui menacent de
répliquer violemment, si le Hamas ne respecte la
trêve, ne trouveront-ils pas les mêmes excuses pour
cacher leur non action ?
Et à ce moment où le bombardement continue sur
les colonies israéliennes, ainsi que les
contrebandes dans la Bande, Israël devra continuer
sa lutte contre l'enracinement du Hamas à Gaza, en
frappant la direction du mouvement, ou en menant, si
besoin est, une opération terrestre afin de mettre
la main sur l'axe de Philadelphia et plusieurs
parties du nord de Gaza, avant que cette arme ne se
transforme effectivement en une arme stratégique.
Enfin, nous ne devons oublier
qu'il y a encore dans le mouvement du Fatah des
radicaux qui n'acceptent aucune solution avec Israël
dont Farouq Al-Qaddoumi qui réside toujours à Damas.
Il faut donc renforcer les modérés aussi bien au
sein de l'autorité que parmi la population de la
Cisjordanie. Il faut aussi affaiblir les capacités
politiques et sociales du Hamas à Gaza. Cet
affaiblissement pourrait déchirer le mouvement
islamique. Il pourrait également renforcer la lutte
commune entre les modérés du Fatah et les leaders
pragmatiques du Hamas contre le courant radical
maîtrisant aujourd'hui la bande de Gaza et celui de
l'extérieur, en espérant que cette lutte donnera le
résultat voulu.