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Centre Palestinien d'Information

Une trêve sera une victoire pour le Hamas
Eli Karmoun


Photo CPI

25 mars 2008

Depuis les opérations militaires concentrées sur le Hamas et sur le Djihad Islamique, à Gaza, sont en augmentation les voix appelant à accepter la « trêve » proposée par Ismaël Haniyeh. La trêve proposée sera une accalmie provisoire, délimitée dans le temps, contre un arrêt total de ces opérations menées par l'armée israélienne dans la bande de Gaza et un arrêt du blocus économique.

Apparemment, les décideurs israéliens n'y ont rien compris.

Après la guerre de juin (1967) et jusqu'au mois de novembre (1987), les autorités sécuritaires (israéliennes) ont permis à la branche des « Frères Musulmans » dans les territoires de construire des infrastructures sociales et économiques. Ces infrastructures n'ont fait que déclencher la première Intifada et la construction de l'organisation du Hamas. Par cette affaire, on avait voulu affaiblir l'OLP, une organisation laïque qui pratiquait la résistance pour construire l'Etat palestinien. Cette politique (israélienne) est parue aussi imprévoyante que celle des Frères Musulmans s'est révélée perspicace.

Et en 1992, 415 partisans du Hamas et du Djihad ont été déportés vers le Sud libanais. On les a laissés retourner, après les accords d'Oslo, sans prendre en considération qu'ils avaient été transformés en une sorte de Hezbollah. Ils se sont entraînés à adopter des opérations de résistance comme stratégie pour saboter le processus de paix. Ainsi, et à partir de la deuxième Intifada, le Hamas est devenu l'épine dorsale de la résistance palestinienne, la vraie résistance contre l'existence d'Israël. Cependant, les gouvernements israéliens successifs se préféraient à affaiblir la présidence de l'autorité palestinienne et ses infrastructures, au lieu de frapper la direction du Hamas, à l'exception de la liquidation du cheikh Ahmed Yassine et de son adjoint Abdou Al-Aziz Ar-Rantissi, en octobre 2004.

Et après le départ d'Arafat, en novembre 2004, le gouvernement de Sharon a adopté un retrait unilatéral de Gaza. Il voulait continuer sa politique de pression contre le Hamas. Il était clair pour tout le monde que le Hamas a l'emprise sur Gaza, et de là-bas, il continue ses activités en Cisjordanie. Plus tard, Israël a permis au Hamas de participer aux élections et par conséquent de mettre la main sur la politique palestinienne et de bâtir une force militaire indépendante, à l'instar du Hezbollah libanais, et enfin d’occuper Gaza. Tout cela sans aucune réplique sérieuse.

Alors accepter la trêve proposée signifiera une victoire stratégique pour le Hamas et pour ses alliés. La population palestinienne prendra le mouvement comme la première force nationale de résistance. Et en un rien du temps, il obtiendra une reconnaissance internationale. Et il enracinera sa mainmise politique et économique grâce aux donations alléchantes mondiales. Il développera également ses forces militaires par la contrebande d'armes à travers les frontières avec l'Egypte.

En un ou deux ans, sur nos frontières sud, un pays s'élèvera, un pays avec une forte alliance avec l'Iran, la Syrie et le Hezbollah. Il y aura aussi une forte probabilité qu'il mette la main sur la Cisjordanie et laisse ses effets sur la Jordanie, l'Egypte et même le mouvement islamique à l'intérieur d'Israël. Quoi qu'il en soit, même si le Hamas respecte le cessez-le-feu pendant plusieurs mois, ce sont l'Iran et son allié le Djihad Islamique qui feront tout pour saboter les négociations avec les Palestiniens.

Le profit tactique provisoire, représenté par une relative accalmie de plusieurs mois, ou même d’un ou de deux ans, pourra-t-il être une bonne excuse pour l'échec stratégique qu'attend Israël ? N'aurons-nous pas la même situation que celle laissée au Sud du Liban après le retrait unilatéral de mai 2000, et après les conséquences catastrophiques des mois de juin et juillet 2006 ? Ceux qui menacent de répliquer violemment, si le Hamas ne respecte la trêve, ne trouveront-ils pas les mêmes excuses pour cacher leur non action ?

Et à ce moment où le bombardement continue sur les colonies israéliennes, ainsi que les contrebandes dans la Bande, Israël devra continuer sa lutte contre l'enracinement du Hamas à Gaza, en frappant la direction du mouvement, ou en menant, si besoin est, une opération terrestre afin de mettre la main sur l'axe de Philadelphia et plusieurs parties du nord de Gaza, avant que cette arme ne se transforme effectivement en une arme stratégique.

Enfin, nous ne devons oublier qu'il y a encore dans le mouvement du Fatah des radicaux qui n'acceptent aucune solution avec Israël dont Farouq Al-Qaddoumi qui réside toujours à Damas. Il faut donc renforcer les modérés aussi bien au sein de l'autorité que parmi la population de la Cisjordanie. Il faut aussi affaiblir les capacités politiques et sociales du Hamas à Gaza. Cet affaiblissement pourrait déchirer le mouvement islamique. Il pourrait également renforcer la lutte commune entre les modérés du Fatah et les leaders pragmatiques du Hamas contre le courant radical maîtrisant aujourd'hui la bande de Gaza et celui de l'extérieur, en espérant que cette lutte donnera le résultat voulu.

 

Article paru dans le journal hébreu Haaretz, traduit par le CPI

 



Source : CPI
http://www.palestine-info.cc/...


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