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Centre Palestinien
d'Information
Trois
choix pour la conférence d'automne, tous vers l'échec
Chamwël Rozner
Condelezza Rice - Photo CPI
Le journal
hébreu Haartis, le 24 octobre
2007
Il est
possible de commencer par la fin, mais cela reste une divagation.
On ne parle pas nécessairement de la décision de
l’organisation d’une conférence de paix entre les Israéliens
et les Palestiniens à Annapolis, d’une « rencontre »
comme insistent les Américains à nommer cet évènement. On
parle de son rendez-vous. Celui qui s’est obligé à
l’organiser en automne se trouvera contraint d’accepter un des
trois choix ou tous ensemble. Accepter l'ajournement ou accepter
tout bêtement son annulation seront interprétés comme un échec.
Et organiser une rencontre non mûrie signifie également l’échec.
Se soumettre aux pressions extérieures conduit aussi tout droit
vers l’échec. Condoleeza Rice, la patronne de la diplomatie américaine,
est tombée dans l’erreur, et a tiré avec elle son patron
George Bush, en bénissant un tel calendrier.
Sur sont
trajet vers Tel-Aviv, Rice a informé les journalistes qu’elle
doute de tout calendrier temporel dans le domaine de la
diplomatie. Et puis mardi, elle a dit qu’elle se rend compte, à
l’instar de tout le monde, que le danger réside dans le fait de
donner un rendez-vous avant de commencer à faire ses préparations.
Nous devons être prudents devant de telles déductions.
Toutefois, comme beaucoup d’autres qui l’avaient précédée,
elle trouvera l’échec de tout médiateur arrogant qui suppose bêtement
que le conflit israélo-palestinien n’a besoin que d’une
diplomate expérimentée et habile pour le résoudre.
Elle a
cru qu’elle a imposé les règles du jeu, en obligeant les deux
partis d’accélérer leurs rencontres et de faire avancer les
choses. Mais elle s’oblige elle-même et personne d’autre. La
force de mettre en échec la conférence se trouve actuellement
entre les mains des invités. Ceux-là peuvent pratiquer une
pression sur Rice plus que ce qu’elle-même peut leur faire.
"Israël" le peut. Les Palestiniens le peuvent. Ainsi
que les Saoudiens, les Egyptiens, la Ligue Arabe, les partenaires
européens et les Nations Unies. Le parcours ne peut rien faire
dans ce bazar moyen-oriental. Il est vraiment difficile de voir
Rice s’en sortir avec quelque chose à vendre.
La
ministre américaine des affaires étrangères, ces dernières années,
s’investit intensément dans de petites affaires ; par
exemple, elle a mis tous ses efforts pour arriver à un accord
concernant les « points de passage » à Gaza, un
accord qui n’a jamais été appliqué. Ou alors elle ne se
concentre pas dans les affaires essentielles, les plus
importantes, comme son acceptation, des plus bizarres, permettant
au Hamas de participer aux élections palestiniennes. Dans les
deux cas, elle a tordu la main d’"Israël". Elle a été
en erreur dans les deux cas. Certains parmi l’administration,
dont elle fait partie, prennent la conférence d’Annapolis comme
une nouvelle erreur encore plus grave. Leur peur fondamentale
vient de l’idée que l’échec de la conférence peut
consolider le Hamas parmi les masses du peuple palestinien et
ouvrir une fenêtre de Gaza sur la Cisjordanie.
Ehud
Olmert, le premier ministre israélien, n’a pas de raison de
faire la tête à Rice. Cependant, il ne trouve nécessaire de
garder de bonnes relations avec elle. Et tant qu’il est
convaincu que Bush ne veut pas changer sa politique, lui aussi ne
changera pas. Le présidant américain, en annonçant
l’organisation de la conférence d’automne, a dit que la conférence
sera la cour de jeu de Rice. Et Rice voit que le soutien du président
est fondamental. Elle connaît probablement des choses que les
autres ne connaissent pas.
Enfin,
notons que si Olmert n’avait pas envoyé Eli Yechaï, chef de
Chas, et le ministre de la défense Ehud Barak pour affronter Rice,
ce n’était pas pour rien. Il a envoyé une personne de gauche
et un autre de droite. Si ces deux personnes ont des visions différentes
dans tous les domaines, ce n’est pas le cas concernant leur
doute quant à la tentative de Rice. Le deux hommes sont venus à
Washington pour renforcer l’avis qui dit que la rencontre d’Annapolis
a une petite chance de faire réussir les souhaits de Rice. Par
contre, des observateurs pessimistes pensent qu’il est nécessaire
de repousser cette conférence à un moment plus propice. Les
optimistes ne font que suggérer des plans de travail pour la
sauver, afin qu’elle ne s’effondre pas. La question qui se
pose est la suivante : quel est le prix à payer pour cette
erreur par chaque parti ?
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