Les dirigeants sionistes ne cessent de se poser
des questions sur les profits que leur Etat pourrait
tirer de tous ces changements régionaux et
internationaux. Plus d'un croient que des
changements, tels l'effondrement de l'Union
Soviétique, le déchirement du camp arabe, la
suprématie unique des Etats-Unis sur le monde, ont
été les causes d'une amélioration de la sécurité
d'"Israël". Ces changements ont également créé des
conditions stratégiques exemplaires profitables pour
sa sécurité et ses intérêts vitaux.
L'anéantissement de la force
militaire iraqienne, tant considérée comme une
menace principale pour la sécurité de l'Entité, a
renforcé cette nouvelle assurance sécuritaire. Cet
anéantissement a rendu minimale la possibilité de
l'utilisation de la force militaire par les Arabes,
autant sur le long que sur le moyen terme. Il y a
cependant ceux qui doutent que ces changements
puissent modifier les données de la sécurité.
Les conséquences de la deuxième guerre du Golfe,
au début des années quatre-vingt-dix, ont quelque
chose à voir avec ces doutes. En effet, cette guerre
a eu l'effet d'un tremblement de terre. Au
Moyen-Orient, elle a laissé beaucoup de conséquences
politiques et militaires. Elle a été suivie de
différents événements et évolutions poussant les
pays de la région dont l'Entité sioniste à revoir
leurs politiques stratégiques et sécuritaires. On
peut en voir quelques-uns :
1- Certains fondements de la
vision sécuritaire israélienne se sont effondrés. La
profondeur stratégique israélienne obtenue par
l'occupation de territoires arabes avoisinants se
révèle insuffisante, après l'arrivée des missiles
iraqiens dans les villes et les établissements
israéliens, au début des années quatre-vingt-dix, et
après l'échec de la zone sécuritaire isolée du Sud
du Liban.
"Israël" ne peut plus pratiquer ses guerres sur
le terrain de l'ennemi. Toute une panoplie
d'obstacles existent, tant géographiques que
stratégiques et logistiques. A titre d'exemple, elle
n'a pas de frontières directes avec l'Iraq. En
outre, son armée a subi des pertes considérables, au
Sud libanais, par les frappes du Hezbollah. Les
pertes causées par la résistance libanaise a poussé
"Israël" à se retirer, en l'an 2000, sans
conditions, une affaire qui n'était jamais survenue
depuis plus d'un demi siècle. L'analyste du journal
hébreu Haaretz a qualifié ce retrait décidé par Ehud
Barak, premier ministre israélien de l'époque, de
« changement fondamental dans la vision israélienne
de la sécurité quant à la défense des régions du
nord de l'Etat ».
2- "Israël" se rend de plus en plus compte de
l'importance de la suprématie technologique et
militaire et de la nécessité de finir une bataille
avec un minimum de pertes.
3- Sont bien présentes les menaces internes
contre la sécurité israélienne venant des
Palestiniens après la constitution de l'autorité en
1993, et après l'évolution de qualité de la
résistance palestinienne qui vise désormais "Israël"
dans sa profondeur stratégique.
4- Les accords de paix signés entre "Israël" et
l'OLP, "Israël" et la Jordanie, "Israël" et
l'Egypte, le plus grand pays arabe, ont conduit à
réduire la possibilité que les pays arabes
conduisent une guerre traditionnelle contre
"Israël". La paix est devenu pour eux un choix
stratégique.
Suite à tout cela, "Israël" a commencé à revoir
et à reformuler sa vision de la sécurité afin
qu'elle se concentre sur d'autres objectifs dont :
1- Etre à cheval sur sa supériorité militaire sur
les pays arabes et musulmans.
2- Etre toujours prête à faire face à toute
probabilité.
3- Garder l'initiative et continuer les guerres
préventives.
4- Se procurer les différents moyens d'armement.
5- Se procurer les moyens technologiques les plus
développés.
6- Préserver la sécurité intérieure d'"Israël".
7- Renforcer l'alliance militaire avec les pays
amis, les Etats-Unis en tête. Les décideurs
stratégiques israéliens sont toujours sur la brèche
en ce qui concerne la « menace ». Pour eux, toute
menace sérieuse vient d'une alliance de pays arabes.
La menace pourrait être militaire. Elle pourrait
également être économique, sociale et démographique.
De tout ce qui précède, on peut déduire que, au
niveau de la sécurité israélienne, beaucoup de
choses ont changé depuis le début des années
quatre-vingt-dix du siècle passé. Ces changements
étaient parvenus suite à des données nouvelles dans
la région. Le climat stratégique n'est plus le même.
Les décideurs israéliens sont désormais face à des
données plus complexes, régionalement comme
internationalement, en particulier au niveau du
conflit arabo-israélien, en particulier encore
depuis la deuxième guerre du Golfe. Ces décideurs
revoient leurs politiques. Ils revoient aussi toutes
ces nouvelles données pour les exploiter du mieux au
profit du projet sioniste, pour consolider la
déficience de l'équilibre (déjà non existante) des
forces arabo-israéliennes et pour renforcer la
position du négociateur israélien dans les
pourparlers de « paix ».