Centre Palestinien
d'Information
L'affermissement
du Hamas continue sans cesse
Guideon Saar
Mahmoud Abbas
14 novembre 2007
L’auteur de ces lignes
se voit heureux de constater que l’éditorial de Haartis (numéro
du 07/11 : "S’il n’y a pas Annapolis, qu’y a-t-il
alors ?") avait trouvé une ressemblance entre lui et
Khaled Michaal. Me classer comme un ennemi de la paix est un châtiment
attendu. On pourrait me comparer à Ahmadinejad, mais cela
viendra, plus tard.
Selon Haartis, Israël a
désormais un partenaire qui s’appelle Mahmoud Abbas avec qui il
faut arriver à un accord. Toutefois, la réalité du terrain doit
inquiéter ces cœurs qui palpitent par toutes sortes de souhaits.
Abou Mazen est-il vraiment une découverte, faite après la
mainmise du Hamas sur Gaza au mois de juin de l’année en cours ?
Ce n’est pas la même personne qui est à la tête de
l’autorité depuis trois ans ?
Abou Mazen était un
faible et il n’a toujours pas réussi à faire relâcher Gilad
Chalit. En résumé, c’est aujourd’hui un faible. Non
seulement il a perdu le pouvoir à Gaza au profit du Hamas, mais
aussi le gouvernement d’urgence qu’il a mis en place en
Cisjordanie n’a aucun pouvoir et est basé sur la suspension de
certains articles de la loi palestinienne qui obligent tout
gouvernement à obtenir l’approbation du Conseil législatif. Et
Abou Mazen ne possède pas la majorité dans le parlement dont les
activités sont gelées ces derniers mois, et le Fatah est divisé.
Pour leur part, les brigades d’Al-Aqsa n’approuvent pas les
pouvoirs qu’Abou Mazen se donne.
Sans le moindre pouvoir
à Gaza, sans un total pouvoir sur les mêmes territoires présumés
sous sa mainmise, sans un pouvoir exécutif, sans une majorité exécutive,
sans pouvoir sur son propre mouvement, de quel genre de partenaire
sera Abou Mazen ?
Dans le monde en rose du
journal Haartis, la scène politique palestinienne a changé, négativement
comme positivement. Mais dans le monde réel, les changements sont
plutôt mauvais. L’affermissement du Hamas continue sans cesse.
Depuis les élections municipales de 2005 jusqu’à celles de la
mainmise sur Gaza en 2007, en passant par les élections de 2006,
le Hamas a exploité Abou Mazen pour avoir la légitimité.
Dans le summum de sa
faiblesse, Abou Mazen a paradoxalement réussi à tirer Israël
par le nez vers un parcours ressemblant à celui de Camp David de
2000, sous le slogan de « Tout ou rien ». Le
gouvernement israélien a en fait laissé tomber le principe de
« La sécurité d’abord » qui avait pris forme dans
un discours de Bush en 2002 et dans la feuille de route. Il
s’oriente directement vers les points essentiels du conflit.
Très grande est la
probabilité que les résultats de la conférence d’Annapolis mènent
à la mainmise du Hamas sur la Cisjordanie. Ainsi, les portes de
l’enfer seront ouvertes ; nous aurons, au cœur du pays, un
allié de l’Iran. Le problème qui doit être résolu n’est
pas un choix entre « la situation actuelle et la résolution
historique », comme veut laisser croire le journal Haartis.
Le choix est entre la situation actuelle et le pire.
L’exemple de Gaza
prouve qu’un retrait total conduira à une anarchie sécuritaire
totale et donnera la zèle aux partis les plus radicaux, sans pour
autant qu’il y ait un détachement réel de la terre. Tout
indique que cela se passera aussi à Judée et à Samarie, si nous
tombons dans la séduction du retrait. Il n’y aura pas, près
des groupes résidentiels israéliens, de paix, de la sécurité
et de stabilité, comme veut laisser croire le journal Haartis,
comme tout cela n’est pas le but, le but étant de mettre fin à
l’occupation, aussi affreuses puissent en être les conséquences.
La bonne politique, la
politique responsable, doit se concentrer sur un changement
concret sur le terrain, en tentant la reconstitution de l’économie
palestinienne en Judée et en Samarie. On doit aussi se concentrer
pour assurer la sécurité d’Israël. Notons que la sécurité
d’Israël, ainsi que le niveau de vie des Palestiniens, se sont
beaucoup détériorés depuis Oslo. Créer des emplois à Naplouse
et à Jénine participera à préparer le terrain pour une paix
durable à un bon niveau de stabilité, plus grande en tout cas
que la libération de quelques terroristes et du don de l’arme
à l’autorité et de terres supplémentaires à quelqu’un qui
n’a pu maîtriser des terrains qu’il avait déjà reçus.
Avancer dans les
conditions actuelles et selon les principes actuels est clairement
catastrophiques. Lorsque tu te trouves devant un trou, « avancer »
ne sera pas un bon conseil à donner. Et quand les souhaits seront
le fil conducteur principal pour la direction de rédaction d’un
journal sérieux, cela est inquiétant. Mais quant ce sera la
politique du gouvernement, l’affaire sera dangereuse.
Article
écrit par Guideon Saar, chef du groupe
du Likoud à la Knesset israélienne
Traduit
et résumé par le CPI
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