Centre Palestinien
d'Information
Les
conditions sionistes de Madrid à Annapolis
Majed Kayyali 
Photo CPI
13 décembre
2007
De la
conférence de Madrid (1991) à celle d’Annapolis (novembre
2007) en passant par celle d’Oslo (1993), l’opération de résolution
du conflit arabo-sioniste a connu différentes conditions
sionistes.
A titre
d’exemple, pour aller à Madrid, le parti du Likoud dirigé par
Isaac Shamir a imposé des conditions dont les suivantes :
1- Les négociations
avec les Syriens, les Palestiniens, les Libanais et les Jordaniens
doivent être bilatérales, non collectives.
2- Les
Palestiniens ne doivent pas avoir une délégation indépendante.
3- Séparer
les négociations bilatérales concernant les territoires occupés
des négociations collectives concernant les affaires de coopération
régionale et la solution de la question des réfugiés.
4- Ne
pas adopter un calendrier pour les négociations.
On sait
que ces conditions avaient été honorées et que Tel-Aviv n’a
pas respecté ses engagements concernant les négociations aussi
bien bilatérales que collectives. En fait, rien ne reste des négociations
entamées à Madrid.
Plus
tard, pour signer l’accord d’Oslo, Tel-Aviv a aussi imposé
aux Palestiniens un paquet de conditions, voici les plus
importantes :
1-
Placer les négociations sur deux volets temporels : une période
de cinq ans pour mettre en place une autorité nationale, suivie
d’une autre période pour négocier des affaires des réfugiés,
de la ville d'Al-Quds, des colonies, des frontières, de la sécurité,
de l’eau. Ni la fin ni l’application de cette deuxième période
n’ont pas été déterminées.
2- Déporter
les négociations concernant les solutions définitives sous prétexte
d’un besoin de créer la confiance entre les parties dans la
deuxième période, et sous prétexte de complication de la scène
intérieure.
3-
N’accepter aucune référence internationale ou juridique.
4-
Attacher les Palestiniens à des dossiers annexes, sécuritaires,
économiques et financiers. Des dossiers qui bloquent l’autorité
palestinienne et aggravent sa dépendance de Tel-Aviv.
En
somme, six ans après cet accord, l’Etat d’occupation n’a
pas encore honoré ses engagements de la première période. Non
seulement il ne s’est retiré que de 27% des territoires
palestiniens occupés, mais il a de plus consolidé la
construction des colonies, il n’a pas donné à l’entité
palestinienne la chance de se développer, il a renforcé la
fermeture des passages intérieurs et extérieurs.
Cette
politique a déclenché l’Intifada de l’année 2000 et la réoccupation
des villes palestiniennes en 2002. Elle a enfin conduit à venir
à bout des accords d’Oslo, pendant le gouvernement de Sharon.
Ensuite, on remplacé ces accords par un retrait unilatéral de la
bande de Gaza, mis à exécution en 2005. Un retrait pour libérer
l’occupation du fardeau de l’administration sécuritaire,
politique et morale d’un million et demi de Palestiniens.
Et avant
les négociations palestino-sionistes d’Annapolis, l’Etat
d’occupation n’avait fait qu’imposer des conditions encore
plus compliquées, plus injustes et plus dangereuses, sans aucunes
réelles contreparties. Parmi elles se trouvent :
1-
Demander aux Palestiniens de reconnaître l’entité sioniste
comme étant un pays juif avant toute reconnaissance d’un Etat
pour les Palestiniens.
Il est
clair que cette condition a pour but de liquider la cause des réfugiés,
en considérant que l’Etat palestinien sera leur lieu
d’accueil. L’autre conséquence de cette condition, qui est
encore plus dangereuse, c’est qu’elle pourrait signifier le
renvoi des Palestiniens citoyens d’"Israël", à
l’instar des appels lancés par l’extrémiste Liberman, chef
du parti « Israël Bitina ». Ou ils seraient considérés
comme étrangers y résidant avec des droits civiques, une idée
de Livni, la ministre des affaires étrangères.
2-
Arracher une reconnaissance aux Arabes et aux Palestiniens
consistant à dire que la constitution d’un Etat palestinien
sera la fin de la fin. Cela veut dire la fin de l’histoire. On
ne peut plus poser aucune plainte concernant, par exemple, le
retour des réfugiés, l’indemnité pour toutes les tragédies
causées par "Israël", les problèmes des frontières,
les eaux et d’autres affaires encore.
3-
Interpréter le droit au retour des réfugiés par un retour à
l’état Palestinien, avec la possibilité que Tel-Aviv en reçoive
quelques-uns sous un titre humanitaire.
4- Les
pays arabes doivent normaliser leurs relations avec "Israël"
pour chaque stade réalisé, non après.
5- La
priorité reste pour la sécurité de l’occupant. C’est pour
cette raison que la « feuille de route » a été mise
sur la table. Cette feuille demande à l’autorité palestinienne
de lutter contre le terrorisme (au sens des Israéliens) pour
qu’"Israël" applique ses engagements de la première
étape : geler la colonisation, lever les barrages de sécurité,
ouvrir les établissements dans la ville d'Al-Quds.
6- En
plus de tout cela, l’Etat d’occupation considère la conférence
d’Annapolis comme un début de négociations israélo-palestiniennes,
pas plus. Cela signifie qu’elle refuse de discuter d’une
publication délimitant les résultats des négociations, sachant
qu’elle a déjà refusé de négocier dans cette conférence
d’Annapolis toute solution pour les affaires importantes comme
celle de la ville d'Al-Quds, des réfugiés, des colonies, des
frontières, des arrangements sécuritaires, des eaux… Elles
seront discutées après l’application de la première étape de
la feuille de route qui oblige l’autorité palestinienne à
mettre fin à la résistance (lutter contre le terrorisme au sens
israélien).
7-
"Israël" refuse toute obligation d’un calendrier pour
la fin des négociations, ou pour l’application des résultats
possibles des négociations.
Toutes
les données reflètent une baisse de ce qu’on attendait de la
conférence d’Annapolis. On ne pourrait miser sur elle. En
effet, l’entité sioniste n’est pas encore aussi mûre pour
pouvoir s’engager dans une opération de paix, malgré les
concessions données par les Palestiniens.
Ainsi,
de toutes ces conditions imposées, on peut conclure que Tel-Aviv
n’est pas encore prête à aller assez loin dans l’opération
de paix. On peut tirer les données suivantes de ce qui a été
dit :
1-
"Israël" continue à négocier, mais avec elle-même,
plus qu’avec les Palestiniens. Ehud Olmert ne fait que des
chantages avec ses concurrents dans son propre parti Kadima et
dans les autres partis, notamment le parti travailliste et les
partis du Likoud, de Shas et d’Israël Bitna.
2-
"Israël" continue à ignorer les autres négociateurs,
les Palestiniens. Elle ne les regarde pas d’égal à égal.
Pire, elle ne se considère même pas comme étant un Etat
occupant. Comment pourrait-on alors entamer des négociations basées
sur un tel esprit ?!
3- Les
pressions régionales et internationales, n’étant pas aussi
fortes et persistantes qu’elles doivent être, encouragent
"Israël" à continuer son attachement à cet esprit
d’arrogance. Elle n’a pas autant mûri pour pouvoir mettre fin
à ses hésitations et mettre à exécution ses engagements pris
dans l’opération de paix.
4-
"Israël" continue à croire que le prix intérieur payé
par la continuation de l’occupation et par son arrogance est
moins coûteux que de mettre fin à l’occupation, surtout dans
les conditions actuelles où la scène palestinienne connaît un
état de déchirement sans précédent.
Article
écrit par Majed Kayyali
Traduit par le CPI
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