Centre Palestinien
d'Information
Interview exclusive
Al-Adlouni met sous la lumière du jour les menaces sionistes
dont la ville d'Al-Quds est le sujet
Photo CPI 9
septembre 2008
Beyrouth – CPI
Les dangers
entourent de plus en plus la ville d’Al-Quds. Sa sécurité va de
mal en pis. Notre Centre Palestinien d’Information (CPI), en
quête de vérité et voulant mettre sous la lumière du jour les
menaces sionistes dont la ville est le sujet, a rencontré Dr.
Mohammed Akram Al-Adlouni, secrétaire général de la Fondation
Internationale d’Al-Quds dont le siège se trouve provisoirement
à Beyrouth, la capitale libanaise.
Il nous donne son
point de vue, dans l'interview ci-après, traduite de l'arabe et
résumée par nos soins.
CPI :
Commençons par la Fondation Internationale d’Al-Quds et ses
objectifs ?
Dr. Al-Adlouni :
La Fondation Internationale d’Al-Quds est une institution civile
indépendante. Elle a vu le jour en 2001. Elle réuni des
personnalités et des institutions arabes et internationales. Son
objectif principal reste la délivrance de la sainte mosquée
d’Al-Aqsa et le maintien de son identité arabe, islamique et
chrétienne. Dans ce cadre, la Fondation s’engage à :
1- faire face aux projets sionistes visant
à judaïser la ville occupée d’Al-Quds (Jérusalem),
2- conserver l’existence palestinienne
dans la ville,
3- montrer la vraie nature du danger
sioniste dont la ville est la cible,
4- renforcer l’entente islamo-chrétienne
quant à la ville,
5- faire unifier la position
palestinienne, arabe et musulmane autour du projet destiné à
sauver la ville d’Al-Quds,
6- divulguer les
mesures inhumaines pratiquées à l’encontre du peuple, de la
terre, des lieux saints, des institutions de la ville d’Al-Quds.
CPI :
Pratiquement, qu’offrez-vous aux Palestiniens ?
Dr. Al-Adlouni :
La Fondation Internationale d’Al-Quds met à exécution plusieurs
projets bien étudiés, en coordination avec plusieurs autres
institutions travaillant dans la ville d’Al-Quds.
La Fondation essaie de couvrir tous les
besoins de la ville et de ses habitants. Maintenir les lieux
saints. Soutenir les infrastructures et le développement humain
et social. Prendre soin de l’agriculture. Soutenir l’affaire de
la ville d’Al-Quds dans les médias…
Elle organise également des campagnes
internationales au profit de la ville, met en place des caisses
pour rassembler des fonds utilisés pour préserver la ville et
son identité.
CPI :
Voudriez-vous nous donner un aperçu des dangers menaçant la
ville sainte ?
Dr. Al-Adlouni :
La ville d’Al-Quds vit une période clé de son histoire. En fait,
après quarante ans d’occupation, les Israéliens se sentent
incapables face à cette ville. Bien que l’occupant israélien
mette la main sur tous les domaines de la ville, il n’arrive pas
à faire d’elle la capitale des Juifs, le rêve sioniste.
Cette incapacité, ajoutée à ses échecs au
Liban comme à Gaza, ajoutée aussi à la crise intérieure, fait du
sujet de la judaïsation de la ville d’Al-Quds la priorité des
priorités du projet sioniste. Les partis israéliens veulent
prouver à leurs sympathisants que leur projet sioniste ne s’est
pas buté à un échec dans cette ville. Cette ville devient pour
eux le cheval de bataille pour attirer les électeurs dont
notamment les religieux qui ont une grande influence dans la
ville.
Ainsi, les occupants israéliens intensifient
leurs actions pour judaïser la ville, sur plusieurs niveaux. 17
mille nouvelles unités résidentielles coloniales à l’est de la
ville, pour compenser le taux de Juifs dans la ville qui
baisse : 74% en 1967, contre 66% en 2005. Puis il y a ce mur
discriminatoire de séparation qui déchire les Palestiniens de la
ville.
Et pour ce qui est de la sainte mosquée
d’Al-Aqsa, ces dernières années, l’Etat d’occupation accélère
ses mesures contre elle. Réseaux de tunnels, en dessous et aux
alentours de la mosquée. Tout est bon pour l’occupant pour
l’instauration d’une ville sainte juive aux côtés des lieux
saints musulmans et chrétiens. 18 sites de travaux poussent
partout autour de la mosquée d’Al-Aqsa.
CPI :
Et tous ces creusements ?
Dr. Al-Adlouni :
Les occupants israéliens veulent partager la mosquée d’Al-Aqsa
avec les Musulmans. C’est le projet le plus dangereux. Depuis
2005, ils mettent leur nez dans les affaires de la mosquée, sous
prétexte de la sécurité. Et depuis cette année-là, la cour
suprême israélienne permet aux Juifs d’entrer dans la mosquée.
C’est un cercle vicieux. La mosquée d’Al-Aqsa ne sort d’un
danger que pour tomber dans un autre. Les Israéliens ont osé
démolir le chemin de Bab Al-Maghariba afin d’élargir le lieu de
prière pour les femmes juives, sur le dos de la mosquée.
L’occupant israélien a l’intention, tout compte fait, de diviser
la partie sud-ouest des cours de la mosquée d’Al-Aqsa, pour en
donner une partie aux Juifs !
Les creusements israéliens pratiqués dans la
zone de Bab Al-Maghariba marquent un point tournant dans
l’histoire de la mosquée. Toutefois, les réactions populaires et
officielles contre ces creusements étaient tant faibles que
l’occupant israélien se voit encouragé. Il accélère donc ses
mesures pour bâtir la ville sainte juive, volant une partie de
la mosquée.
CPI :
« Un œil sur Al-Aqsa » est un rapport qui met en document les
agressions dont la mosquée d’Al-Aqsa est le sujet. Selon les
données du rapport, la courbe de ces agressions monte en
flèche ; n’est-ce pas ?
Dr. Al-Adlouni :
Sûrement ! Les travaux ne s’arrêtent que pour reprendre de plus
belle. Dans toute son histoire, l’occupant israélien n’a pu oser
creuser en un point autant proche de la mosquée que la zone de
Bab Al-Maghariba. Il n’a jamais osé bâtir un temple aussi exposé
que celui de Hamam Al-Ayne. La mosquée d’Al-Aqsa est de plus en
plus envahie par les extrémistes sionistes, encouragés par
l’administration officielle.
CPI :
Les affaires vont-elles alors bel et bien au profit de l’Entité
sioniste, vu les attaques menées par les Sionistes ?
Dr. Al-Adlouni :
On ne peut pas trancher sur le sujet au jour d’aujourd’hui.
Quand bien même les occupants israéliens mettraient la main sur
les points principaux de la ville d’Al-Quds, et cela depuis plus
de quarante ans, ils n’ont pu effacer son identité islamique, ni
fléchir la courbe démographique qui va bon train au profit de la
population palestinienne. En un mot, ils n’ont pas réussi à
faire de la ville d’Al-Quds la capitale du peuple juif. Ceci
tout simplement grâce au peuple palestinien de la ville d’Al-Quds
et des territoires palestiniens occupés en 1948, anéanti
pourtant par l’occupation et ses mesures. Ces Palestiniens
n’arrêtent pas leurs révoltes. On se souvient toujours de leur
révolution d’Al-Boraq de 1929 et de l’Intifada d’Al-Aqsa…
Le problème aujourd’hui, c’est que les
réactions sont en baisse face aux agressions israéliennes qui
sont par contre en hausse. C’est de notre devoir alors de ne pas
laisser refroidir les réactions populaires et officielles dans
les mondes arabes et musulmans. Il faut que la question de la
mosquée d’Al-Aqsa reprenne la tête des priorités, afin que les
projets machiavéliques de l’occupant israélien aillent à
l’échec.
CPI :
La fondation pour restaurer les lieux islamiques a récemment été
fermée. Quelle est votre position à ce sujet ?
Dr. Al-Adlouni :
La Fondation Internationale d’Al-Quds condamne cette fermeture
qui vise à limiter l’arrivée massive de gens à la mosquée d’Al-Aqsa.
Cette arrivée reste un rempart de protection face à l’agression
sioniste. Cette fermeture a également pour objet de partager la
mosquée entre Musulmans et Juifs. Le silence face à de telles
agressions pousse l’occupant à croire que ses pertes sont moins
importantes que ses gains. Il va alors plus loin dans ses
mesures contre la mosquée.
CPI :
Y a-t-il une coordination avec d’autres établissements
travaillant pour la ville d’Al-Quds ?
Dr. Al-Adlouni :
Dès le départ, nous nous sommes rendus compte que nous ne
pouvions travailler tout seul face à toutes ces attaques
israéliennes désirant judaïser la ville d’Al-Quds, coûte que
coûte. En 2004, s’est mis en place le Réseau International des
établissements d’Al-Quds, rassemblant environ 120 institutions
arabes, islamiques et internationales qui travaillent, main dans
la main, pour faire face à l’occupant israélien et à ses projets
coloniaux.
CPI :
Pourquoi avez-vous appelé les négociateurs palestiniens à ne pas
continuer leurs négociations avec les Israéliens quant à la
ville d’Al-Quds ?
Dr. Al-Adlouni :
Parce que toute rencontre avec cet occupant n’amène à rien,
alors que les projets de judaïsation vont bon train, que les
nouvelles unités coloniales ne cessent de pousser comme des
champignons, que des terrains palestiniens sont confisqués. Ces
rencontres n’auront d’utilité que de couvrir les agressions de
l’occupant israélien contre la ville d’Al-Quds et la sainte
mosquée d’Al-Aqsa.
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