Centre Palestinien
d'Information
Interview exclusive Al-Hayyah
: L’accalmie fait partie du droit de notre peuple à résister
et à se défendre
Photo CPI 3
juillet 2008
Gaza – CPI
Dr
Khalil Al-Hayyah, leader éminent du mouvement de la résistance
islamique Hamas et député du Conseil Législatif Palestinien,
représentant le groupe «Le changement et la réforme »,
confirme que, avec l’accalmie, le peuple palestinien continue à
pratiquer son droit à la résistance et à la défense de ses
droits.
Il
n’y a aucun article secret dans l’accord d’accalmie, affirme
Al-Hayyah. Nous avons tout simplement accepté la proposition égyptienne.
Ce sont les Egyptiens qui nous ont informés que l’occupant israélien
était d’accord sur l’affaire. Et ce sont également eux qui
ont informé les factions palestiniennes. Nous ne cachons rien à
notre peuple.
Dans
une interview donnée à l’envoyé de notre Centre Palestinien
d’Information (CPI), Al-Hayyah dit que toutes les factions
palestiniennes de la résistance ont donné leur accord par
conviction, et non sous une quelconque menace. Et si l’occupant
israélien la violait, la résistance saurait en sortir, ensemble.
Quant
au dialogue national, le leader palestinien nous informe qu’il
n’a pas encore mûri. Les efforts n’ont encore rien donné.
Lorsque le dialogue national se déclenchera, sous l’égide
arabe, nous sommes prêts, dit-il.
Il
nous en donne son point de vue, dans l'interview ci-après,
traduite de l'arabe et résumée par le soin du département français
du Centre Palestinien d’Information (CPI).
L’accord
d’accalmie
CPI :
L’accalmie continue à susciter des réactions mitigées, aussi
bien à l’intérieur de l’Entité sioniste que parmi les
Palestiniens. Des Israéliens la considèrent comme une
capitulation face au mouvement de la résistance islamique Hamas.
A l’opposé, des Palestiniens la considèrent comme un
abaissement devant l’occupant israélien. Pour votre part,
comment lisez-vous l’accalmie et la position de certaines
factions palestiniennes ?
Al-Hayyah :
L’accalmie a été accomplie dans le cadre de la résistance
et de l’autodéfense du peuple palestinien. Le peuple voulait
retirer tout prétexte d’agression. De plus, il vit sous un
blocus des plus injustes, face à un silence arabe mortel. Par
contre, l’accalmie était une proposition égyptienne sur
laquelle les factions se sont mises d’accord pour l’accepter.
C’est
vrai que les conditions ne sont pas toutes honorées, mais la
plupart. Les Egyptiens essaient de rassembler les Palestiniens et
les Européens pour discuter de l’ouverture du point de passage
de Rafah. Puissent les Egyptiens regarder de près les besoins du
peuple palestinien. Si l’accalmie réussissait, elle assurerait
ses intérêts. Dans peu de temps, toutes sortes de produits
devront atteindre la bande de Gaza dans une dizaine de jours.
La
sécurité
CPI :
On se met à dire que le Hamas a accepté des conditions qu’il
refusait auparavant. On dit aussi que l’accord d’accalmie
inclut des articles secrets. Le Hamas accepte que le point de
Karam Abou Salem soit consacré au passage de personnes seulement.
Il accepte également la présence de forces internationales.
Quelle est votre réponse ?
Al-Hayyah :
Tout d’abord, je confirme qu’il n’y a aucun article secret
avec qui que se soit… Et pour le cessez-le-feu, ce n’est pas
la première fois qu’on approuve un tel accord. En 2003, à l’époque
où Abou Mazen était premier ministre, un autre avait été signé.
Nous
n’avons jamais accepté l’ouverture du passage de Karem Abou
Salem à la place de celui de Rafah. Et nous, avec toutes les
factions palestiniennes, nous respectons l’accalmie, tant que
l’occupant israélien le respecte. Et si ce dernier le quitte,
nous discuterons avec toutes les factions pour la quitter également.
Confusion
CPI :
L’accord sème la confusion quant au blocus et à l’ouverture
des points de passages, comment voyez-vous l’application de la
trêve ?
Al-Hayyah :
Si l’occupant ne respecte pas ses engagements, nous nous fierons
aux Egyptiens, les parrains de l’accalmie. Sinon, notre peuple
palestinien utilisera son droit à la résistance. Et pour la levée
du blocus, elle devra venir petit à petit.
Le
passage de Rafah
CPI :
On ne possède pas d’informations à propos du point de Rafah.
Quels seront les détails ? Est-il vrai que le Hamas devra
s’éloigner du passage de quelque neuf kilomètres ?
Al-Hayyah :
Franchement, les Egyptiens disent que le sujet du passage ne fait
partie de l’accalmie. Les négociations continuent cependant.
Quant
à cette question des neuf kilomètres, le Hamas, comme étant une
organisation, ne sera jamais sur le passage. Ce sont des
fonctionnaires de différents ministres civils qui y
travailleront. En tout cas, nous attendons de l’Egypte des
convocations et pour le sujet des passages et pour le dialogue
national.
Le
commerce
CPI :
Et pour ce qui est des points de passage commerciaux ?
Al-Hayyah :
A mon avis, ces points-là s’ouvriront comme avant. Les
appareils seront-là pour préserver les biens des citoyens. Nous
aimerions que le point fonctionne normalement, que les gens
entrent et sortent facilement, sans agression, sans exploitation.
Assurance
CPI :
Y a-t-il de quelconques assurances contre la violation de
l’accalmie par l’occupant israélien ? Que feront les
Egyptiens en cas de violation israélienne ? Ont-ils de quoi
faire une pression sur l’occupant israélien ?
Al-Hayyah :
L’accalmie est un intérêt palestinien. Nous nous y sommes
engagés par conviction. L’Entité sioniste également. Elle la
respectera. Sinon, nous ne resterons pas les bras croisés. Nous
reprendrons nos armes, en nous appuyant sur Allah, le Tout
Puissant, et sur notre peuple. Cependant, les Egyptiens, les
parrains de l’accalmie, assumeront leurs responsabilités. Nous
les remercions pour tous les efforts qu’ils avaient mis et
qu’ils mettront.
En
effet, l’occupant israélien a donné son accord aux Egyptiens,
et pas à nous. Nous en avons fait de même. L’accalmie restera
en place, tant que tout le monde la respecte.
L’Iran
CPI :
On dit que l’occupant israélien cherche l’accalmie afin de se
concentrer sur l’Iran, pour la frapper. De récentes manœuvres
israéliennes indiquent cette intention. Comment analyser cette
affaire ? Et que serait votre position, si une telle frappe
avait lieu ?
Al-Hayyah :
Ces ne sont que des allégations politiques. A mon avis, l’Entité
sioniste est plus faible, pour qu’elle puisse prendre
l’initiative et frapper l’Iran. Elle ne fera plus une guerre
de substitution, comme elle avait fait en été 2006, en menant
une guerre contre le Liban, à la place des Etats-Unis. Elle avait
eu une défaite qui a ébranlé sa base intérieure. L’Entité
sioniste n’osera entrer dans une guerre folle contre l’Iran,
à la place des Etats-Unis. Si les Américains parlent de
diplomatie quant à la question du nucléaire iranien, que feront
alors les Israéliens ? Nous savons de plus que l’Entité
sioniste est bien déchirée de l’intérieur. Elle n’a que le
temps de s’occuper de la corruption de ses leaders.
Menace
CPI :
Plusieurs factions palestiniennes, dont les brigades
d’Al-Qassam, menacent d’une réplique très forte, si les
articles de l’accalmie ne sont pas appliqués. Comment
voyez-vous ces menaces ?
Al-Hayyah :
Si l’occupant israélien viole l’accalmie, le peuple
palestinien garde toujours le droit de répondre à toute
agression. Cependant, si nous voulions quitter l’accalmie, nous
devrions tous le faire. Aucune faction n’a le droit de briser
l’accalmie toute seule. Ce serait contre l’intérêt national
palestinien.
Le
dialogue
CPI :
Quelles seront les dernières tentatives d’un dialogue national
appelé par le président Abbas ?
Al-Hayyah :
Jusqu’à ce moment, il n’y a que quelques efforts ici et là.
Nous espérons que le dialogue national commencera sous une égide
arabe. Nous serons les premiers à y participer. Mais, tout le
monde devra y être volontaire.
L’accalmie
et Chalit
CPI :
Les chefs du Hamas disent que l’affaire de Chalit est indépendante
de l’accalmie. Est-ce vrai ?
Al-Hayyah :
La question n’était jamais une condition de l’accalmie.
C’est un dossier ouvert depuis un an et demi. C’est
l’occupation israélienne qui met des bâtons dans les roues
pour cette question. Chalit et sa famille devront comprendre cela.
En effet, si les autorités de l’occupation israélienne
acceptent les conditions demandées, Chalit rejoindra sa maison
dans quelques jours.
L’échange
de prisonniers
CPI :
Et pour ce qui est d’échange de prisonniers ?
Al-Hayyah :
Par une transaction d’échange, nous voulons assurer nos intérêts
nationaux. Si l’adversaire veut en finir, il doit répondre
positivement à nos conditions. Il y a quelques avancées dans
l’affaire, mais les autorités de l’occupation israélienne
n’essaient que de jouer la carte de la tromperie.
Chalit
CPI :
Ne croyez-vous pas que l’occupant israélien a conclu
l’accalmie pour l’unique but de libérer Chalit ? Et
puis, il tournera le dos et mettra en application ses menaces
contre la bande de Gaza. Etes-vous prêts à cette éventualité ?
Al-Hayyah :
Le Hamas et les autres factions palestiniennes veulent réaliser
la question de Chalit comme un intérêt national. Quant à
l’accalmie, l’occupant veut assurer son intérêt, et nous également.
Si l’Entité sioniste n’avait pas eu d’intérêt dans
l’accomplissement de l’accalmie, elle ne l’aurait pas faite.
Et je dis enfin que ce ne sont pas seulement les Israéliens et
les Palestiniens qui en tirent profit, mais d’autres aussi.
Peuple et factions, nous restons cependant les premiers à en
tirer le plus de profits. Et c’était pour cela que nous y avons
donné notre accord.
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