Vidéo
Vladimir Poutine a répondu à des
questions de journalistes russes après
ses visites à Cuba, au Nicaragua, en
Argentine et au Brésil
Capture
d'écran PalSol
Vendredi 25 juillet 2014
Réponse aux questions des
journalistes – 17 juillet 2014
Traduction:
http://www.sayed7asan.blogspot.fr
Interview complète :
http://eng.news.kremlin.ru/transcripts/22683
Retranscription :
VLADIMIR POUTINE: Bonjour, ou
bonsoir. Quel fuseau horaire
suivons-nous ?
JOURNALISTES: Bonsoir !
QUESTION: La première question
concerne des nouvelles récentes. Les
Etats-Unis ont imposé de nouvelles
sanctions à la Russie...
VLADIMIR POUTINE: Vraiment ?
QUESTION: Vous avez déjà déclaré
plus tôt que la Russie mettrait
peut-être en place des mesures de
rétorsion. Quelle sera la réponse cette
fois ?
VLADIMIR POUTINE: Nous devons
d'abord voir ce que ces sanctions
entraînent; nous devrons examiner cela
calmement, sans agitation. En général,
je tiens à dire que malheureusement,
ceux qui planifient les actions de
politique étrangère des États-Unis – ce
n'est pas une observation récente mais
concernant les 10-15 dernières années –
mènent une politique étrangère agressive
et, à mon avis, qui manque de
professionnalisme, parce que quoi qu'ils
fassent, il y a des problèmes partout.
Il suffit de regarder: il y a des
problèmes en Afghanistan; l'Irak est en
train de s'effondrer; la Libye est en
train de s'effondrer. Si le général el-Sisi
n'avait pas pris le contrôle de
l'Egypte, l'Egypte serait probablement
elle aussi dans la tourmente à présent.
En Afrique, il y a des problèmes dans de
nombreux pays. Ils se sont impliqués en
Ukraine, et il y a des problèmes là-bas
aussi.
Il serait bon que tout le monde
comprenne que nous devons nous appuyer
sur les principes fondamentaux du droit
international et du droit local, et
traiter les Etats et la
constitutionnalité avec beaucoup de
soin, en particulier dans les pays qui
viennent tout juste de se redresser, où
le système politique est encore assez
jeune et immature, et où l'économie est
encore en voie de développement.
Nous devons traiter les institutions
étatiques avec le plus grand soin. Quand
elles sont traitées avec mépris, cela
entraîne des conséquences graves:
désintégration et conflits internes,
comme nous l'observons actuellement en
Ukraine.
Ceux qui poussent les autres pays vers
de tels développements ne devraient
jamais oublier que le sang des soldats
de l'armée régulière, le sang des
combattants de la résistance, et celui
des civils, en premier lieu, est sur
leurs mains, de même que les larmes des
mères, des veuves et des orphelins – ils
sont sur leur conscience, et ils n'ont
moralement pas le droit de rejeter cette
responsabilité sur les épaules de
quiconque.
Voici ce qui devrait être fait
conjointement: appeler toutes les
parties du conflit en Ukraine à cesser
immédiatement les hostilités et à
commencer les pourparlers. Mais
malheureusement, nous ne voyons pas cela
de la part de nos partenaires, d'abord
et avant tout nos partenaires américains
qui, au contraire, il me semble,
poussent les autorités actuelles de
l'Ukraine vers la poursuite d'une guerre
fratricide et la poursuite des
opérations punitives. Cette politique
n'a aucune perspective.
Quant aux diverses sanctions, j'ai déjà
dit qu'elles ont généralement un effet
boomerang, et, sans aucun doute, dans ce
cas, conduisent les relations
russo-américaines dans une impasse et
les endommagent gravement. Je suis
certain que cela est nocif pour les
intérêts stratégiques à long terme de
l'administration américaine et du peuple
américain.
Il est très regrettable que nos
partenaires suivent cette voie, mais la
porte menant au processus de négociation
pour surmonter et dépasser cette
situation reste ouverte. J'espère que la
raison et le désir de régler tous les
problèmes par des moyens pacifiques et
diplomatiques prévaudront.
[...]
QUESTION: M. Poutine, la
délégation du FMI est en train de
finaliser sa décision sur le montant de
son aide financière pour l'Ukraine. Que
pensez-vous de ce type d'assistance pour
ce pays ?
VLADIMIR POUTINE: Je voudrais
commencer par dire que la Russie est
extrêmement désireuse – elle a pour cela
un intérêt vital – de parvenir à la
cessation la plus rapide possible du
conflit en Ukraine, pour un certain
nombre de raisons.
Je ne sais pas s'il y a un autre pays, à
l'exception de la Russie – et de
l'Ukraine elle-même, bien sûr – qui
aurait autant d'intérêt à arrêter
l'effusion de sang et à parvenir à la
résolution de la situation dans cet Etat
voisin. Cela parce que nous avons
beaucoup d'amis là-bas, parce que nos
relations ont historiquement toujours
été spéciales (il y a beaucoup de gens
Russes, de russophones là-bas, etc.), et
pour d'autres raisons, économiques par
exemple.
Il est impératif de mettre un terme au
conflit armé là, comme je l'ai déjà dit,
de mettre fin à la confrontation
militaire, d'établir un cessez-le feu
des deux côtés – c'est quelque chose
que je tiens à souligner – et d'amener
les deux côtés et toutes les parties en
conflit à s'asseoir à la table des
négociations.
Eu égard à cela, nous sommes a priori
favorables à toute assistance économique
fournie à l'Ukraine, y compris l'aide
fournie par le FMI. Dans le même temps,
je tiens à souligner que les règles du
Fonds Monétaire International stipulent
qu'il ne doit pas fournir d'aide
financière à pays en guerre. J'estime
que c'est une mesure juste, et je pense
qu'elle devrait être appliquée dans le
cas de l'Ukraine. Pourquoi ? Parce que
généralement, dans un pays en guerre,
l'argent est donné à un pays pour un
certain but, mais il est finalement
utilisé pour d'autres choses. L'argent
est alloué pour soutenir l'économie et
la sphère sociale, mais en réalité, il
est dépensé dans des opérations
militaires et ainsi détourné.
C'est, je crois, exactement ce qui se
passe en Ukraine avec le premier
versement du FMI. Par exemple, une
grande partie de ce financement devait
être utilisée pour soutenir le secteur
bancaire et financier. Mais d'après mes
informations, la plupart de ces fonds
ont été transférés aux banques privées
des oligarques ukrainiens. Où est cet
argent maintenant ? A quoi a-t-il
servi ? Dans quelles poches a-t-il fini
– c'est quelque chose que le FMI et le
grand public en Ukraine, ainsi que les
pays qui lui apportent de l'aide doivent
savoir. Par conséquent, nous devons
d'abord mettre fin aux hostilités et
ensuite donner de l'argent.
En plus de tout le reste, une partie du
premier versement était censée être
utilisée pour honorer les engagements de
l'Ukraine dans des contrats de commerce
extérieur, en particulier le paiement
des dettes pour les livraisons de
ressources énergétiques russes. Nous
n'avons rien vu de cet argent non plus.
Ce qui se passe avec le financement du
FMI est exactement la même chose que ce
qui s'est passé avec le crédit que nous
avons accordé à l'Ukraine, dont trois
milliards de dollars qu'elle a reçus de
la Russie à la fin de l'année dernière:
il n'y a pas eu de remboursement de la
dette, aucun paiement n'est en cours.
Nous aimerions beaucoup savoir où est
notre argent, à quoi il a été dépensé.
Si tout ce dont je viens de parler est
mis en œuvre, alors bien sûr nous sommes
favorables à une assistance financière
pour l'Ukraine, mais pas pour les
oligarques ukrainiens et les voleurs,
non, pour le peuple ukrainien. C'est une
question extrêmement importante. Le plan
et les instruments proposés pour le
suivi de sa mise en œuvre doivent être
présentés d'une manière qui ne
laisserait aucun doute sur l'objectif
des financements et la façon dont ils
sont utilisés.
[...]
QUESTION: Vladimir Vladimirovitch,
je souhaiterais vous demander des
précisions sur les sanctions
(américaines), si vous me le permettez.
VLADIMIR POUTINE: Qu'y a-t-il à
préciser ? Ce n'est pas nous qui
introduisons des sanctions. Pourquoi ne
posez-vous pas la question à ceux qui
nous les imposent ?
QUESTION: Néanmoins, il y a
quelques mois, vous avez dit ceci
(peut-être que la citation n'est pas
tout à fait exacte): s'il y a de
nouvelles sanctions, si cela continue,
la Russie portera peut-être un regard
particulièrement attentif sur les
sociétés étrangères opérant dans son
secteur énergétique. Pensez-vous que le
temps est venu de le faire ?
VLADIMIR POUTINE: Vous faites
référence à ce que j'ai dit à propos de
l'effet boomerang. J'ai dit que les
mesures prises par l'administration
américaine contre la Russie pourraient
aller à l'encontre des intérêts des
États-Unis. Qu'est-ce que cela signifie?
Cela signifie que certaines entreprises
étrangères pourraient vouloir travailler
en Russie, mais qu'à cause de certaines
restrictions, elles pourraient perdre
leur compétitivité par rapport à
certaines autres entreprises
internationales du secteur énergétique.
Nous avons permis à une importante
société américaine de travailler sur
notre territoire. Les États-Unis ne
veulent-ils pas qu'elle y travaille ?
Ils nuisent à leurs plus grandes
entreprises du domaine de l'énergie.
Dans quel but ? Pour commettre
obstinément une nouvelle erreur après
avoir commis l'erreur précédente ? Je
trouve que cette approche manque
beaucoup de professionnalisme, à tout le
moins. Tôt ou tard, ces méthodes de
résolution des problèmes internationaux
devront changer, mais ceux qui y
recourent seront responsables des dégâts
occasionnés.
QUESTION: Une question sur le
métro de Moscou, s'il vous plaît ?
VLADIMIR POUTINE: Allez-y –
dernière question.
QUESTION : Je suis désolé, vous
avez déjà offert vos condoléances, et
une enquête a été lancée. Pensez-vous
que les autorités de Moscou devraient
être tenues pour responsables [du grave
accident du 15 juillet, 23 morts, 161
blessés], car ils poussent à une
transformation des transports en commun
?
VLADIMIR POUTINE: La
responsabilité doit toujours être
personnelle. Il y a un exemple classique
du droit pénal appelé la « tragédie de
la chasse », lorsque deux chasseurs
tirent sur un buisson pensant que du
gibier s'y cache, et tuent
accidentellement une personne. Etant
donné que les experts ne peuvent pas
établir qui a tué cette personne, ils
sont tous deux exonérés de toute
responsabilité. La responsabilité doit
toujours être personnalisée.
Si une ou certaines personnes sont
reconnues coupables, s'il est établi que
l'accident est survenu par leur faute –
et il s'agit d'un terrible accident, et
je tiens à exprimer une fois encore mes
condoléances aux familles des victimes
et ma solidarité avec les blessés ; nous
allons tout faire pour les aider –, les
enquêteurs devraient démontrer cette
culpabilité (je me suis entretenu sur ce
point avec M. Bastrykin hier) et les
traduire en justice comme responsables,
mais seules les personnes spécifiques
dont c'était la faute.
Nous ne devrions pas faire de
déclarations générales dans ce contexte
ou utiliser la tragédie comme une
opportunité de relations publiques
(communication). Dans une telle
situation, nous avons besoin des actions
et des conclusions professionnelles des
autorités compétentes chargées de ce
travail, de son organisation et de son
contrôle.
Bonne journée.
Le
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