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Opinion
L'Ukraine, la Russie et le monde :
Cinq questions à trois auteurs
Tlaxcala
Lundi 17 mars 2014
Tlaxcala a posé
cinq questions à trois auteurs -
Dmitry Orlov,
The Saker/El Saqr et
Pepe Escobar - qui suivent de très
près la situation en Ukraine et autour
de l’Ukraine. Voici leurs réponses.
Tlaxcala ne partage pas tous leurs
points de vue, mais les trouve assez
intéressants pour être partagés.
1- Pensez-vous que les USA (Obama) se
servent de l’Ukraine pour se venger de
leur défaite en Syrie et neutraliser
l’UE ? Quels seraient leurs objectifs
stratégiques ?
Dmitry Orlov :
L’objectif d’Obama était de fomenter un
coup d’État pour remplacer le
gouvernement ukrainien par un régime
fantoche. En cela, il a réussi. Mais je
doute que ses stratégies aillent
au-delà.
Pepe Escobar :
L’Ukraine est sans aucun doute victime
de la stratégie détournée de
l’administration Obama pour se venger de
ne pas avoir été autorisée à bombarder
la Syrie (elle en a en fait été sauvée,
ainsi que des conséquences horribles
qu’aurait entraîné une telle action, par
Moscou). Les seules choses qui comptent
pour Washington en Ukraine, dans cet
ordre, sont : 1) y implanter des bases
de l’OTAN. 2) le « Pipelineistan », à
savoir que les grandes compagnies
pétrolières US contrôlent les richesses
pétrolières et gazières encore
inexplorées. 3) que l’agro-business US
s’empare des terres ukrainiennes
fertiles. L’Union européenne n’a pas
besoin de l’Ukraine et n’en veut pas,
car pour sauver celle-ci de la faillite,
elle aurait besoin de fonds qu’elle n’a
pas (sans parler du fait qu’une telle
opération enragerait plus encore des
millions d’Européens déjà démunis).
El Saqr :
La crise actuelle a été entièrement
créée par les USA et, dans une moindre
mesure, par l’Union européenne. Les USA
sont enfermés dans une mentalité de type
guerre froide, illustrée par les deux
citations suivantes. L’une d’Hillary
Clinton déclarant : « Il y a une
tentative de re-soviétiser la région.
(…) Cette tendance ne va pas être
appelée comme ça. Elle sera appelée
‘Union douanière’, ‘Union eurasienne’ ou
quelque chose comme ça (...) Mais ne
faisons aucune erreur à ce sujet. Nous
savons quel en est l’objectif et nous
essayons de trouver des moyens efficaces
pour la ralentir ou l’empêcher. » (source) ;
la deuxième citation est de Zbigniew
Brzezinski[1]
: « ‘Sans l’Ukraine, la Russie cesse
d’être un empire, tandis qu’avec
l’Ukraine – d'abord achetée et ensuite
subjuguée– elle se transforme
automatiquement en empire...’ Selon
lui, le nouvel ordre mondial sous
l’hégémonie des USA est créé contre la
Russie et sur les fragments de la
Russie. L’Ukraine est l’avant-poste de
l’Occident pour empêcher la
reconstitution de l’Union soviétique. »
(source).
Ainsi les USA ne sont-ils pas en train
d’essayer d’« obtenir » l’Ukraine pour
l’intégrer dans l’OTAN ou à d’autres
fins, mais ce qu’ils veulent, c’est
priver la Russie de l’Ukraine dans
l’espoir de l’empêcher de devenir un
nouvel empire soviétique. Il s’agit donc
purement d’un jeu à somme nulle – toute
perte pour la Russie est, par
définition, un gain pour les USA. Le
fait que la Russie soit déjà une
superpuissance capable d’arrêter les USA
(comme l’a démontré la crise syrienne)
ou le fait que la Russie n’ait pas
l’intention de devenir une autre Union
soviétique ou même toute autre sorte
d’empire (les empires sont coûteux et
les Russes n’ont pas le désir de devenir
une autre URSS) ne fait aucune
différence : la ploutocratie US croit
cela et base ses actions sur cette
croyance. En outre, les élites US ont
été humiliées dans la crise syrienne et
veulent maintenant montrer à la Russie
et au reste du monde « qui est le
patron ». Enfin, ajoutez à cela
l’influence de certains lobbies
ethniques très puissants qui partagent
une haine commune pour la Russie (Juifs,
Ukrainiens, Polonais) et vous obtiendrez
une politique dont le seul but est de
rendre les choses aussi mauvaises que
possible pour la Russie. Rien de nouveau
là-dedans.
Au cours de la guerre en Afghanistan,
les USA ont fait le choix de soutenir
complètement les pires terroristes
wahhabites uniquement pour affaiblir
l’URSS. Maintenant, les USA apportent
leur soutien à des nationalistes
néo-fascistes violents. La seule
condition pour que n’importe quel groupe
terroriste, si fanatique et malfaisant
soit-il, puisse obtenir de l’argent de
la CIA et de ses filiales, c’est de haïr
la Russie. Les guerres en Croatie, en
Bosnie et au Kosovo n’avaient pas
d’autre but que de « faire la misère aux
Russes ». Et si nous regardons de plus
près au cœur de cette haine maniaque des
élites usaméricaines à l’encontre de la
Russie, nous constatons que très peu de
choses ont changé en Occident depuis le
Moyen-Age :
les élites occidentales ont toujours
détesté la Russie à cause de son
orthodoxie et pour avoir refusé d’être
conquise.
2) Quels sont
selon vous les objectifs stratégiques de
la Russie (de Poutine) et les moyens
tactiques d’y parvenir ?
DO :
Empêcher plus d’empiétement de l’UE /
OTAN ; garantir les droits des
russophones dans ce qui a été pendant
des siècles un territoire russe ;
maintenir la primauté du droit
international. Peut-être venger les
actions de l’OTAN contre la Serbie au
Kosovo.
PE :
L’objectif stratégique numéro un est
d’empêcher l’implantation de bases de
l’OTAN en Ukraine. Les services de
renseignements russes ont déjoué un coup
d’Etat en Crimée qui aurait été une
réplique du coup d’État à Kiev. Cela
conduirait – à long terme – les
putschistes de Kiev à démanteler le
traité russo-ukrainien à Sébastopol,
ouvrant ainsi la voie à l’OTAN. C’est ce
qui a précipité l’envoi de
Spetsnaz en Crimée. Poutine a pesé
les avantages et les inconvénients.
C’est un coup d’échecs. Il pourrait
perdre à l’Ouest, mais il gagne à
l’intérieur (il est plus populaire que
jamais), il garde Sébastopol, et si la
Crimée rejoint la Russie, Gazprom pourra
exploiter d’immenses gisements de
pétrole et de gaz dans la péninsule, à
la place des grandes compagnies
pétrolières US.
El Saqr :
Pour la Russie le but est simple :
survivre en tant que nation, que pays et
que civilisation.
En ce sens, ce n’est pas une « politique
de Poutine », mais une « politique
russe » : mis à part les quelques
minuscules partis financés par la CIA et
qui ne représentent pas plus de 1 ou 2 %
de la population russe, il existe un
consensus parmi tous les principaux
mouvements politiques de Russie en
faveur de la position russe actuelle
face à cette crise que les Russes
considèrent comme une menace
existentielle. Lorsque l’OTAN a bombardé
les Serbes en Croatie, en Bosnie et au
Kosovo, la Russie était gouvernée par
une marionnette occidentale alcoolique,
Eltsine, et une clique d’oligarques
majoritairement juifs appelée la « Semibankirchtchina
» (les sept banquiers) : la Russie était
alors très semblable à l’Ukraine
d’aujourd’hui. Mais même à cette époque,
la majorité du peuple russe savait
parfaitement que la dévastation des
Balkans par les USA était un message
adressé à eux : « regardez ce que nous
pouvons faire subir à vos alliés – et
vous êtes les prochains sur la liste ».
Ce sentiment a été largement renforcé
par la guerre clandestine des USA contre
la Syrie, la plupart des Russes ayant
compris qu’Assad tuait en Syrie
exactement le même type de nervis
wahhabites malfaisants que Poutine avait
dû écraser en Tchétchénie.
Beaucoup de Russes se sont alors
exprimés ainsi : « nous devons remercier
Assad de les tuer là-bas, cela nous
permet de ne pas avoir à le faire ici »
et « si nous laissons Assad se faire
renverser, nous serons les prochains ».
Ce qui se dit aujourd’hui en Russie,
c’est qu'« il ne s’agit plus des Serbes
ou des Syriens, cette fois c’est nous
qui sommes directement menacés ».
Ainsi, pour la grande majorité des
Russes – y compris Poutine –, le
principal objectif stratégique est
simple : ne pas laisser la Russie
devenir la prochaine Bosnie, le prochain
Kosovo ou la prochaine Syrie. En
d’autres termes, il s’agit de survie.
Le deuxième objectif stratégique de la
Russie est d’empêcher que toute
l’Ukraine devienne un « Banderastan[2] »
et de protéger la population russophone
de la menace d’un asservissement par un
régime ouvertement néo-fasciste et
raciste.
Le troisième objectif stratégique de la
Russie est de réaliser les deux premiers
objectifs, si possible, sans déclencher
une guerre avec les USA / l’OTAN.
Remarquez bien que j’ai énuméré ces
objectifs par ordre de priorité et que
si les USA / l’OTAN menacent de
déclencher une guerre totale, le Kremlin
ne cèdera pas sur ses deux premiers
objectifs stratégiques. Il ne faut pas
faire d’erreurs d’analyse, la Russie est
prête à entrer en guerre pour ces deux
objectifs, Poutine ne bluffe pas.
Quant à la tactique choisie par la
Russie, elle est assez sophistiquée.
Selon un diction bien connu, « lorsque
la Russie est menacée, elle ne se met
pas en colère, elle se concentre. »
C’est ce qui se passe aujourd’hui.
L’essence de la tactique russe est la
suivante : d’abord, protéger
militairement la Crimée pour lui
permettre de se séparer de l’actuel
Banderastan et ainsi créer un précédent
et un exemple : Alors que dans la moitié
des régions actuellement contrôlées par
les néo-fascistes, les salaires des
fonctionnaires de l’Etat ne sont pas
payés du tout, et alors que le régime
révolutionnaire à Kiev a déjà indiqué
qu’il envisageait de réduire tous ces
salaires de 50%, en Crimée, tous les
salaires et tous les services sociaux
seront payés en totalité à tout le
monde, même à ceux qui ont préféré
démissionner plutôt que de reconnaître
les autorités de Crimée. Les foules du
Banderastan vont bientôt découvrir que
diriger un pays est une tâche autrement
plus ardue que de tabasser des flics non
armés et d'entonner l’hymne national.
Ensuite, la Russie a menacé de recourir
à la force militaire si les forces
banderistes essayent de s’emparer du Sud
(Odessa, Nikolaïev, Kherson) et de l’Est
(Donetsk, Kharkov, Dniepropetrovsk,
Lougansk) par la force. Cette menace
permet à la fois de dissuader les
Banderistes de déchaîner la violence,
tout en donnant aux russophones une
sorte de « filet de sécurité » pour
leurs actions de protestation et de
désobéissance civile. Troisièmement, le
Kremlin sait que le Banderastan
nouvellement créé est en faillite et que
les USA et l’UE ne pourront jamais
apporter ne serait-ce qu’une partie de
l’argent nécessaire pour renflouer ses
caisses. Non seulement la Russie a cessé
d’envoyer de l’argent à l’Ukraine, mais
Gazprom a déclaré que l’accord précédent
conclu avec M. Ianoukovitch a été violé
par le nouveau régime, de sorte que le
prix du gaz pour l’Ukraine va maintenant
augmenter fortement. Enfin, les régions
les plus riches de l’Ukraine sont,
précisément, l’Est et le Sud du pays qui
essayent maintenant de ne pas payer
d’impôts au régime illégal de Kiev. Et
si les Banderistes parviennent à
s’emparer de l’Est, alors l’ensemble de
son industrie s’effondrera
instantanément (car elle dépend
entièrement de la Russie). Ainsi, le
temps joue en faveur de la Russie et le
nouveau Banderastan n’est tout
simplement pas viable. Sans argent, sans
énergie et sans la possibilité de
gouverner par la terreur (du moins dans
le Sud et l’Est), le nouveau régime va
inévitablement s’effondrer. La Russie ne
s’investira à nouveau dans
l’État-croupion d’Ukraine qu’une fois
que les néo-fascistes auront disparu et
qu’un régime civilisé sera revenu au
pouvoir à Kiev.
G8, G7,
Va-t-en !,
par
Harm,
Allemagne
3) Croyez-vous que les « marionnettes »
de service (Allemagne – Arabie Saoudite)
des USA tentent de devenir indépendantes
de leurs maîtres ? Merkel a-t-elle sa
propre politique envers l’Ukraine et la
Russie ? Et l'Arabie saoudite en
a-t-elle une vis-à-vis de la Syrie, de
l'Égypte et de l'Irak ?
DO : Je
ne sais pas à quel point l’Allemagne va
jouer les marionnettes. Elle est déjà
beaucoup plus proche de la Russie qu’on
ne l’imagine et elle est relativement
déçue par les USA. L’Arabie Saoudite
voulait utiliser les forces US comme des
mercenaires en Syrie ; quand ils ont
échoué, ils sont devenus très
insatisfaits des US-Américains eux
aussi.
PE : Les
marionnettes commencent à penser par
elles-mêmes – mais cela requiert
certaines aptitudes. L’Allemagne et la
Russie – en termes d’énergie et
d’investissements – ont déjà un
partenariat stratégique ; interrogez
n’importe quel capitaine important de
l’industrie allemande. Berlin en a
vraiment marre de Washington ; l’une
des significations de l’exclamation de
Vic[toria Nuland] « Ni*ue l’Union
européenne » est que les USA
voulaient un changement de régime
immédiat, avec leur propre marionnette
(« Iats[eniouk] ») en place – même aidée
par les néo-nazis (Svoboda, le Secteur
de droite) au lieu de le réaliser
peut-être plus tard, avec la marionnette
allemande inexpérimentée (Klitschko) en
place.
La seule politique de la Maison
des Saoud est leur propre survie –
surtout maintenant, la succession
d’Abdullah étant toujours ouverte. Cela,
mélangé à de la paranoïa et à la haine
wahhabite irrationnelle vis-à-vis des
chiites, oriente leur « stratégie ». Ils
ont acheté la junte de Sissi en Egypte,
un petit prix à payer pour se
débarrasser des Frères musulmans. Ils
auraient adoré une sorte d’émirat en
Syrie – et leurs plans ont été frustrés
bien que Bandar Bush ait déployé
l’artillerie lourde (pas étonnant qu’il
ait été remplacé). Et en Irak, ils
veulent également un changement de
régime, parce qu’ils considèrent Maliki
comme une marionnette iranienne. La
Maison des Saoud est la principale
source des tensions à travers tout le
Moyen-Orient.
El Saqr :
L’UE traverse une profonde crise
systémique dont elle n’a aucune
possibilité de sortir sans des
changements drastiques que la
bureaucratie de l’UE rejette
catégoriquement – elle refuse ne
serait-ce que de les envisager. Pour
l’UE, l’Ukraine était l’opportunité
d’acquérir un marché pour ses produits
et services et une chance d’essayer
d'apparaître comme une entité qui compte
encore dans les affaires
internationales. De toute évidence, l’UE
a besoin de l’Ukraine pour redorer son
image et son ego fortement altérés, d’où
les promesses insipides et le flux
constant de politiciens de l’UE vers la
place Maïdan. Et si cela implique de
soutenir des néo-fascistes et des
racistes qui se revendiquent ouvertement
comme tels, eh bien, tant pis ! Mais le
problème de l’UE est qu’elle n’a pas les
moyens de ses politiques. Certes,
Klitschko est considéré par certains
comme une marionnette allemande, mais ni
lui, ni
Tyagnibok ni même
Iatseniouk ou
Timochenko n’ont vraiment
d’importance. Les gens qui comptent
aujourd’hui en Ukraine sont les membres
du
Secteur de droite de Dmitri Iarosh –
les fous furieux, la version
ouest-ukrainienne des Talibans. Eux
seuls comptent car ils détiennent
actuellement le monopole de la violence.
Certes, Timochenko a le soutien des
oligarques et ceux-ci ont beaucoup
d’argent, mais du moins à court terme,
un fusil de chasse a plus de pouvoir
qu’une valise pleine de dollars.
Contrairement aux « leaders de
l’opposition officielle », les nervis du
Maïdan sont entièrement payés et
contrôlés par les USA, d’où
l’analyse brute mais exacte de Mme
Nuland quant au rôle de l’UE dans la
crise actuelle. Bien sûr, certains
politiciens européens deviennent
nerveux, parce qu’après tout, avoir un
grand Banderastan au milieu de l’Europe
est une chose très dangereuse, mais
aucun politicien européen ne remettra
jamais ouvertement en cause les USA au
sujet de leurs politiques. Au sein de
l’UE, les USA sont « les patrons », et
tous les politiciens de l’UE le savent.
Le fait est qu’il n’y a pas de «
politique de l’UE ». L’UE est la pute
des USA, et elle fera tout ce que
l’Oncle Sam lui dit de faire. Bien sûr,
les politiciens de l’UE peuvent faire
des discours, ils ont encore quelque
chose qui rappelle vaguement une opinion
personnelle, mais quand les choses se
gâtent, ils sont tous quantité
négligeable, et ils le savent.
Igor
Kolgarev,
Russie
4) Revenons-en à
l’Ukraine : Êtes- vous d’accord avec
l’analyse de Christopher Westdal selon
laquelle L’Ukraine devrait laisser la Crimée
faire sécession. Mais Poutine ne devrait
pas la prendre ?
Quels sont vos commentaires
?
DO :
L’Ukraine n’a pas le choix en la
matière, et rejoindre la Russie ou non
est l’affaire des habitants de Crimée et
des législateurs russes. L’avis de
Poutine tournera probablement autour de
ce qui favorisera le plus sa popularité
auprès des Russes, et je suppose que
dans cette perspective, absorber la
Crimée serait la meilleure issue.
PE :
Pour l'essentiel, c’est exact ; la
Crimée est beaucoup plus utile (et moins
chère) à Poutine à l’intérieur de
l’Ukraine – avec un très grand degré
d’autonomie – que ré-attachée à la
Fédération de Russie. Il reste à voir
comment le résultat du référendum peut
être utilisé/piloté par le Kremlin pour
obtenir des « concessions » de Kiev, en
supposant que Moscou et Kiev
recommencent à se parler (ils le
devront). Ce qui importe le plus à la
Russie est le caractère sacré de
Sébastopol et la certitude qu’il n’y
aura pas de bases de l’OTAN en Ukraine.
Je doute que Kiev puisse les rassurer
sur ces deux points.
El Saqr :
L’analyse de Westdal est
fondamentalement viciée parce qu’elle
néglige deux faits essentiels :
premièrement, la Russie n’est pas une
dictature et la Crimée est une terre
russe sacrée pour laquelle un grand
nombre de Russes sont morts sur une
période de plusieurs centaines d’années.
Si Poutine décidait de livrer la Crimée
aux Banderistes, il devrait faire face à
une situation très délicate à
l’intérieur de la Russie avec une
opinion publique indignée. La deuxième
erreur de Westdal est qu’il estime que
la Russie a besoin d’un « hameçon » pour
contrôler plus ou moins l’Ukraine. Il
n’y a plus d’« Ukraine », cette
expérience est terminée. Tout ce que
nous avons maintenant est un Banderastan
dans le centre et l’Ouest de l’Ukraine,
une région pour laquelle on se battra
d’une manière ou d’une autre à l’Est et
au Sud, et une Crimée qui en est séparée
pour toujours. Quant au régime
néo-fasciste actuellement en place à
Kiev, il n’est pas viable de toute
façon, et la Russie a beaucoup d’autres
« hameçons » pour négocier avec tout
futur État-croupion ukrainien qui
succédera à l’actuel Banderastan.
Conclusion : si les habitants de Crimée
veulent se joindre à la Russie, Poutine
n’a pas d’autre choix que de l’accepter.
Faites
l'amour, pas la guerre, par
Rabe,
Allemagne
5) En vous basant sur votre
expérience, quels conseils pourriez-vous
donner à ceux qui luttent contre des
régimes despotiques pour qu'ils évitent
de tomber dans le piège d’une révolution
colorée ?
DO :
N’acceptez pas d’aide des USA ou de
l’UE. Faites de votre mieux pour
discréditer le travail des ONG
occidentales et expulsez-les du pays dès
que possible.
PE :
Gardez un œil très attentif sur les ONG
apparentées à la NED et à Freedom House,
et sur la manière dont elles
instrumentalisent toute dissidence à
leurs propres fins de changement de
régime. Même chose pour les manœuvres du
Département d’État, y compris les
ambassadeurs US suspects du type
« agitateur ». Suivez la trace de
l’argent, suivez la trace de la
propagande, découvrez qui se tient
derrière votre « soutien ».
El Saqr :
N’acceptez jamais de l’argent ou un
quelconque soutien de l’empire.
N’acceptez jamais dans vos rangs
quiconque est prêt à recevoir de
l’argent ou du soutien de l’empire. Et
rappelez-vous toujours qu’un mauvais
État et un mauvais régime politique sont
toujours préférables à l’absence d'État
et de régime politique. Cela signifie
qu’il ne faut pas utiliser la violence
pour renverser un régime que vous
détestez, même s’il vous oppresse.
Premièrement, la violence engendre
toujours de la peur et plus de violence.
Mais plus important encore, la violence
conduit souvent à l’effondrement non
seulement du régime honni, mais aussi de
l’État lui-même. Et quand l’anarchie se
déchaîne, ce sont toujours les gangs les
plus violents et les plus impitoyables
qui accèdent au pouvoir. Lorsque vous
vous battez contre un régime oppressif
haï, luttez contre son idéologie, contre
son autorité, ne lui montrez aucun
respect, moquez-vous ouvertement de lui,
mais ne recourez pas à la violence et ne
luttez jamais contre vos propres
compatriotes. Luttez contre les idées,
pas contre les gens. Vous pouvez gagner
une guerre de libération nationale
contre un occupant étranger, mais vous
ne pouvez pas gagner une guerre civile.
Cherchez la réconciliation, jamais la
vengeance, montrez de la compassion pour
l’« autre » et n’ignorez jamais la voix
de votre propre conscience. Faites
toujours la différence entre le bien et
le mal, mais jamais entre « les nôtres »
et « les leurs » car tous les êtres
humains sont également précieux aux yeux
de Dieu. Donnez votre allégeance à Dieu
seul et « Ne vous fiez pas aux grands
de ce monde, ni aux enfants des hommes,
en qui il n’y a pas de sécurité. »
(Psaume 145, LXX). Si vous maintenez
votre cœur et votre conscience pures,
alors aucun empire ne fera de vous sa
marionnette.
Notes
[1] Zbigniew Kazimierz Brzeziński
(né le 28 mars 1928 à Varsovie en
Pologne) est un politologue américain
d’origine polonaise. Il a été conseiller
à la sécurité nationale du Président des
USA Jimmy Carter, de 1977 à 1981. En
tant que tel, il a été un artisan majeur
de la politique étrangère de Washington,
soutenant alors à la fois une politique
plus agressive vis-à-vis de l’URSS, en
rupture avec la détente antérieure, qui
mettrait l’accent à la fois sur le
réarmement des USA et l’utilisation des
droits de l’homme contre Moscou. (wikipédia)
[2] « Banderastan » est un
néologisme composé du nom de
l'ultranationaliste ukrainien
Stepan Bandera (1909-1959) -
considéré comme un héros national par
l'extrême-droite ukrainienne qui
revendique son héritage - et du suffixe
« stan » qui dans les langues
indo-européennes signifie « lieu, pays,
résidence ».
Alunissement de l'Ukraine 1973, par
Tounushifan,
USA
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