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Opinion
Sheikh Raed Salah: les Etats-Unis et des pays européens
participent à la judaïsation d'al-Qods et de la Cisjordanie
Mercredi 12 janvier 2011
Dans une interview réalisée récemment par la chaîne al-aqsa.tv,
sheikh Raed Salah a dénoncé la collaboration américaine et
européenne à la judaïsation de la ville d’al-Qods, de la mosquée
al-Aqsa et de la Cisjordanie. Il a également défini les moyens
de faire face à la judaïsation de la ville sainte, en Palestine
et dans les pays arabo-musulmans, tout comme il a insisté sur la
nécessité de la réconciliation palestinienne sur les bases
militantes et demandé aux peuples et aux régimes arabo-musulmans
de ne pas abandonner leurs devoirs en vue de la libération de la
Palestine.
Commençant par le rôle du mouvement islamique la société
palestinienne de l’intérieur, il a affirmé que le mouvement
islamique n’abandonnera jamais la question d’al-Qods et d’al-Aqsa,
et que ses efforts se sont multipliés lorsque lui-même se
trouvait en prison, car « la mosquée al-Aqsa restera dans nos
cœurs, dans le cœur de tout palestinien, tout arabe et tout
musulman libres. Et le mouvement islamique est l’avant-garde de
notre peuple, il porte la question d’al-Qods et d’al-Aqsa en
particulier ». « Si l’occupation israélienne pense qu’elle
peut briser notre volonté, elle est stupide. De plus, Al-Qods et
la mosquée al-Aqsa ne sont pas des affaires personnelles, mais
c’est une question de principe. Le jour où nous abandonnons ce
principe, c’est une phase de suicide, individuel et collectif.
Pour préserver notre existence et l’authenticité de notre
appartenance, nous n’abandonnerons jamais nos constantes, en
général, affirmant toujours qu’al-Qods et la mosquée al-Aqsa
sont une affaire palestinienne, arabe, musulmane, avec une
souveraineté palestinienne arabe et musulmane. Avec l’aide de
Dieu, l’occupation s’en ira. »
Il a dénoncé les méthodes « israéliennes » visant la cohésion et
la paix sociale interne palestinienne, dans les territoires
occupés en 48, affirmant que le danger de la situation interne
ne concerne pas spécifiquement le mouvement islamique, mais
l’ensemble de la société palestinienne de l’intérieur, disant :
« Nous ne vivons pas aujourd’hui une situation qui menace le
mouvement islamique, mais une situation qui menace toute la
présence palestinienne à l’intérieur. Nous, en tant qu’individus
et groupes, nous sommes menacés par la prison, le meurtre ou la
déportation. Il y a vingt ans, il y alvait des voix dans la
société israélienne qui appelaient à notre déportation, mais
d’autres voix les contestaient. Aujourd’hui, la situation a
changé. Il y a des appels dans la société israélienne pour nous
déporter. Ces appels trouvent un grand soutien de la part des
institutions israéliennes, à partir du chef du gouvernement,
puis le gouvernement, le ministre des AE, de nombreux partis
ayant une influence prépondérante sur la décision politique.
Aujourd’hui, l’appel à nous déporter n’est plus un appel
politique pour gagner des voix lors des élections, mais c’est un
appel qui s’insère dans une stratégie adoptée par des partis
influents et des ministres. Nous commençons à entendre même
l’élaboration de plans pour son exécution. Il y a eu l’appel à
déporter la population de la ville d’Umm al-Fahem, sous des
appelations diverses, modification des frontières ou échange de
populations. Pour nous, c’est une déportation semblable à ce
qu’a vécu notre peuple palestinien au cours de la Nakba de la
Palestine. C’est ce qui nous menace, à Umm al-Fahem, à al-Naqab,
à al-Jalil et les villes côtières.
Nous assistons à des tentatives de démanteler et affaiblir notre
société : au moyen de la drogue, les vendeurs de drogue sont
libres d’agir dans notre milieu, mais aussi par la diffusion des
armes dans l’intérieur palestinien ; cette situation est très
inquiétante car la propagation des armes et de la drogue se fait
parmi les jeunes et moins jeunes, et une situation d’anarchie
très dangereuse menace la paix sociale à l’intérieur de notre
société. Cela est étudié et conçu, et je le dis fermement, quand
nous voyons comment l’institution israélienne traite la question
de la drogue, par exemple, dans la ville de Khdayra (judaïsée
presque entièrement), ce qui est très différent de la façon de
la régler dans Umm al-Fahem, cela veut dire que l’appareil
officiel israélien doit être accusé à ce propos. Lorsque nous
voyons comment le même appareil sécuritaire traite la question
des armes dans la colonie-ville Karma’il, et dans la ville arabe
de Nasra, nous ne pouvons qu’accuser cet appareil. Il y a une
tentative de la part des appareils officiels de faire entrer la
drogue et les armes dans la société palestinienne, avec pour
résultat de faire exploser la société palestinienne de son
intérieur même. »
Concernant la situation d’al-Qods et de la mosquée al-Aqsa,
sheikh Raed Salah a insisté sur le fait que leur tragédie est
due à l’occupation, qui est « le danger le plus grave » car «
tant qu’il y a occupation, il y a judaïsation d’al-Qods, et
domination sur la mosquée, pour bâtir un temple mythique » . «
Ce danger existe dès les premiers instants où l’occupation d’
al-Qods a eu lieu. Avec le temps, ce danger s’est accru et les
moyens hostiles se sont accélérés ». « L’occupant s’est tout
autorisé pour judaïser al-Qods, dominer al-Aqsa et bâtir un
temple mythique. Il se permet de confisquer des terres
appartenant à notre peuple à al-Qods, à démolir les maisons de
notre peuple, à s’emparer des maisons et à déporter. Des
députés sont menacés mais il défendent leur présence dans leur
ville. Adnan Ghayth de Selwan, également, est menacé de
déportation, Abou Tayr a été déporté par la force des armes de
la ville d’al-Qods. Des chiffres sont exposés publiquement,
comme un défi à la nation arabo-islamique. Ils veulent, avant
2020, judaïser toute l’ancienne ville d’al-Qods et avant 2050,
judaïser toute la zone d’al-Qods, vers Bethlehem, Ramallah,
Ariha, et ils ne veulent aucune présence palestinienne dans ces
lieux. Jusqu’à présent, de jour comme de nuit, sur le sol et
sous le sol, dans tous les domaines de la vie, tous leurs actes
sont dirigés vers un seul objectif : judaïser al-Qods, expulser
notre peuple et procéder à un nettoyage ethnique. C’est la
tragédie d’al-Qods ».
Concernant la vie quotidienne des maqdisis, et les difficultés
auxquels ils font face, du fait de l’occupation, sheikh Raed
Salah a donné en exemple le problème des impôts, qui ne sont pas
conçus seulement pour financer l’occupation, mais surtout pour
expulser et hâter le nettoyage ethnique. La collecte des impôts
par les services de l’occupation, dont la police, est un acte de
guerre des plus hideux. Elle vise à ruiner les Palestiniens :
quand le Palestinien ne peut payer, « il propose sa maison à la
vente aux enchères pour payer ses impôts, il reste sans maison
et est alors menacé de déportation à tout instant. Je sais qu’il
y a des hôtels madqdisis, qui étaient prospères, qui
participaient à la vie économique. Ils sont menacés de la vente
aux enchères, à cause des impôts qui ont été imposés. Partout,
les gens ne peuvent plus rester dans la ville à cause des
impôts. La protection de la ville est menacée par la vente aux
enchères due aux impôts. Notre devoir est d’adopter un plan
stratégique pour permettre à notre peuple dans al-Qods de rester
dans leur ville, leur pays, en soutenant leur vie économique,
éducative, médicale, et cela immédiatement. »
Pour protéger la ville d’al-Qods et sa population et la mosquée
al-Aqsa et les lieux saints, sheikh Raed Salah a définit
plusieurs cercles de soutien. Il y a d’abord les actions et la
fermeté dans la ville même puis « les Palestiniens de
l’intérieur, ceux de Cisjordanie et Gaza, les peuples arabes et
musulmans et les régimes. Nous tous avons un rôle et il faut
rassembler nos efforts et nos rôles. Nos rôles sont différents
en fonction de notre situation ».
Ce qu’il faut, d’après sheikh Raed Salah, c’est d’abord
expliquer la situation de la ville et faire connaître aux
peuples du monde que l’occupation sioniste est responsable de
toute cette injustice qui se déroule. Il faut montrer également
la dimension palestinienne, arabe et musulmane d’al-Qods car
elle est « une question palestinienne, arabe et musulmane, et
qui va vaincre, avec l’aide de Dieu. Comme elle a vaincu les
envahisseurs par le passé, elle va vaincre aujourd’hui et
demain, s’il le faut. C’est cette voix que nous devons élever.
Dans l’intérieur palestinien, nous devons aider notre peuple à
demeurer et à se fixer dans al-Qods, par tous les moyens dont
nous disposons : financiers, juridiques, présence humaine, les
visites al-Bayariq, nous devons également assurer une présence
quotidienne pour les prières de l’aube et du soir car la mosquée
al-Aqsa est menacée par des individus et des groupes. Elle a
besoin de cette protection humaine. Nous assurons ce rôle mais
il faut être plus nombreux et plus forts, en coopération avec la
population d’al-Qods. C’est notre stratégie.
Concernant le rôle de notre peuple en Cisjordanie et Gaza, il
doit être constamment en éveil par rapport à cette question. Cet
éveil a constitué une dissuasion à la politique de l’occupation
et il faut qu’elle soit de nouveau opérante, une dissuasion
politique, médiatique et populaire, en Cisjordanie et Gaza. Cela
aidera à restreindre l’expansion de l’occupation dans al-Qods et
la mosquée al-Aqsa. Mais cela ne pourra sa réaliser, de manière
parfaite, qu’avec la réconciliation palestinienne. »
Questionné à propos de l’unité d’action qui caractérise
l’intérieur palestinien, sheikh Raed Salah a souligné que face
aux lois racistes et aux pratiques de l’occupation, qui visent
l’étouffement des Palestiniens de l’intérieur, au présent et
pour l’avenir, les Palestiniens sont unis dans la lutte et leur
refus de toutes ces mesures coloniales. Il a rappelé le rôle du
haut comité de liaison des masses arabes dans lequel sont
représentés tous les partis politiques arabes ainsi que les
comités et associations présentes sur le terrain. « Notre
réponse, c’est l’adoption par le haut comité de liaison dirigé
par Mohammad Zaydan d’une stratégie de résistance et de défi
pour rester dans notre terre, nos maisons et nos lieux sacrés.
Nous sommes déterminés à demeurer et à ne pas recommencer la
scène de la Nakba en 1948. C’est sur cette base que nous nous
appuyons tous ensemble, dans l’unité. Nous devons également
défier l’oppression, ne pas accepter la confiscation de nos
terres, de nos lieux saints et la démolition de nos maisons, ni
notre poursuite par les services sécuritaires ou notre
enfermement dans les prisons sionistes. Nous faisons un effort
pour avoir une vision claire, une détermination forte et une
coopération entre nous dans l’intérieur. C’est pourquoi nous
disons que nous resterons tant que resteront le thym et
l’olivier. »
A propos de la réconciliation palestinienne, sheikh Raed Salah a
rappelé qu’il y a quelques jours, une délégation du haut comité
de suivi des masses arabes a été reçue à Ramallah par le premier
ministre Fayyad afin de lever les obstacles à la réconciliation
nationale. « Des discussions ont duré pendant des heures et nous
sommes convaincus que la réconciliation passe par trois phases,
qui sont : d’abord circonscrire le conflit, ensuite passer à une
coordination sur le terrain entre la Cisjordanie et la bande de
Gaza, et instaurer un climat propice en réglant la question des
prisonniers politiques en Cisjordanie et Gaza et l’adoption d’un
discours médiatique éloigné des tensions. Nous pensons qu’il est
nécessaire de commencer par une coopération pratique et sérieuse
pour soutenir par exemple les prisonniers, al-Qods et le droit
au retour des réfugiés ».
Concernant l’impasse politique du règlement de la question,
sheikh Raed Salah a mis en cause les Etats-Unis, surtout, les
accusant de participer directement à la judaïsation de la ville
d’al-Qods. « Je pense que la partie intéressée par la
judaïsation d’al-Qods, ce n’est pas seulement l’occupation
israélienne, mais également les Etats-Unis qui veulent également
judaïser la Cisjordanie. Je peux fournir des indices, l’exemple
ce sont les milliards dépensés pour judaïser la Cisjordanie et
financer les colonies qui sont devenues de grandes villes, au
point qu’elles deviennent l’essentiel du paysage, et dans peu de
temps, nous apparaîtrons comme une minorité. Ces milliards de
dollars, ce sont des financements américains. Donc, quand
j’entends les Etats-Unis dire qu’ils s’opposent à la
construction de colonies, mais d’autre part, ils soutiennent et
financent, je conclus qu’ils mentent, et ce sont des menteurs.
J’ai le droit de le dire. Il y un plan, le plan « Zamoch » qui
se déroule aujourd’hui dans la vieille ville d’al-Qods et la
mosquée al-Aqsa. Ce plan concerne l’extension de la judaïsation
financée par des milliards de dollars, dont la source est
occidentale, européenne ou américaine. Cela se passe dans al-Qods,
il n’y a pas seulement un plan israélien pour judaïser al-Qods
ou la Cisjordanie, ou la construction d’un temple sur la mosquée
al-Aqsa. Il s’agit d’un plan occidental, européen et américain,
tout est lié. Je pense que la meilleure réponse à ce plan qui
est en train d’être exécuté, c’est la réconciliation autour
d’une position unique qui demande la levée du blocus contre
Gaza, qui soutient la Cisjordanie et refuse sa judaïsation, qui
soutient al-Qods et refuse sa judaïsation, et le refus de tout
abandon, même d’une pierre, de la mosquée al-Aqsa, que ce soit
de son mur occidental, oriental, au sud ou au nord, dans son
sous-sol ou ses places ».
Avant de clôre cette importante interview, sheikh Raed Salah a
adressé deux messages, l’un concernant le blocus de Gaza, où il
a considéré que les sionistes ont aujourd’hui découvert que
c’est Gaza et sa population qui encerclent l’ennemi sioniste,
même si le blocus matériel se prolonge contre la bande de Gaza,
tout en annonçant que des milliers de personnalités du monde
entier vont prochainement venir à Gaza et briser le blocus.
L’autre concerne la nécessité de soutenir al-Qods et sa
population et la mosquée al-Aqsa. S’adressant aux peuples
arabo-musulmans, il a déclaré : « Ô musulmans, arabes,
dirigeants et dirigés, Al-Qods vous interpelle, la mosquée al-Aqsa
vous interpelle. Votre soutien est un devoir. Nous serons
questionnés à ce propos, par les générations futures, mais aussi
par Dieu. Préparons notre réponse, qui n’est valable qu’avec la
fin de l’occupation ».
Traduction: Fadwa Nassar
Article publié sur Résistance islamique au Liban
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