Interview
Interview d'Alain
Benajam par le magazine serbe
Geopolitika
Vendredi 7
septembre 2012
GP: Monsieur Benajam,
pouvez-vous dire aux lecteurs de
GEOPOLITIKA ce que c’est le Réseau
Voltaire, vous, qui êtes son
administrateur ? Quelle est l’idée
principale et la lignée éditoriale du
site que vous administrez, et comment
est-ce que vous expliquez
qu’aujourd’hui, époque avec tant de
médias dans le monde, il existe une
censure drastique et une manipulation de
la vérité ?
AB: Le Réseau Voltaire fut créé
en 1994 par Thierry Meyssan auquel je me
suis rapidement associé. Son but était
d’œuvrer pour la liberté d'expression
contre toutes censures et de lutter pour
promouvoir la laïcité et les idées
républicaines d'obédience française. Le
Réseau Voltaire a commencé par publier
régulièrement un opus photocopié
distribué par courrier à des abonnés.
L'équipe recherchais des informations
introuvables dans les autres médias.
L'équipe Réseau Voltaire se situait
politiquement dans la gauche
républicaine, elle combattait l'extrême
droite et les idées néo fascistes.
En 1999
nous nous sommes particulièrement
intéressés à l'agression de l'OTAN
contre le Kosovo serbe et la Serbie en
publiant au jour le jour un comparatif
entre les communiqués toujours
victorieux de l'OTAN rapportés dans sa
presse et d'autres informations glanées
hors OTAN moins glorieuses.
A partir
de juin 2001 nous avons commencé à
travailler à rechercher ce que pouvaient
être les « Stay behind » c'est à dire
les réseaux ultra secrets de l'OTAN dans
les pays d'Europe occidental, comme nous
nous étions aperçus, en étudiant la
mouvance néofasciste, que celle-ci était
instrumentée par ces réseaux. Au cours
de cette étude et au fur et à mesure des
découvertes sur l'importance et la
nocivité de ces réseaux nous avons pris
un virage anti impérialiste.
Le
complot du 11 septembre 2001 correspond
pour nous a une étape très importante.
Nous avons dés le 11 septembre 2001
remarqué les incohérences de
l'information officielle, nous avons
publié alors, sur notre site Internet
que nous venions juste de réaliser un
jeu des « sept erreurs » sur un ton
humoristique. Ce jeu fit très rapidement
le tour du monde, et il contribua à
notre popularité. Puis Thierry Meyssan
publia « L'effroyable Imposture », et
derrière « Le Pentagate » qui ajoutait
des informations importantes sur la
réalité de ce complot. A ce moment le
Réseau Voltaire pris un aspect
différent, la polémique enfla après
l'apparition de Thierry Meyssan a une
émission de la télévision française.
Nous fûmes pour un moment entraînés dans
l'action de contre information sur le 11
septembre 2001. Nous priment une ligne
de plus en plus anti impérialiste, c'est
dans cette voie que nous avons organisé
en 2005 la conférence Axis for Peace à
Bruxelles réunissant un grand nombre de
personnalités anti impérialistes de tous
pays.
A ce
moment le Réseau Voltaire pris une
dimension internationale axée
essentiellement vers la lutte contre
l'impérialisme anglo-saxon.
En 2007
Thierry Meyssan et le Réseau Voltaire,
en but à maints tracasseries, durent
fermer notre antenne française. En
effet, l'avènement de Sarkozy
représentait pour nous une différence
notable en comparaison d'avec la
bienveillance chiraquienne. Nicolas
Sarkozy très proche des USA a engagé la
France dans une politique de
collaboration étroite avec
l'impérialisme comme on le vit plus tard
avec l'agression contre la Libye.
Thierry Meyssan évalua que sa sécurité
personnelle ne pouvait plus être
assurée, il se réfugia à Damas puis à
Beyrouth maintenant il vit et travail de
nouveau à Damas.
L'impérialisme a besoin du mensonge, il
a besoin d'intoxiquer les peuples qui
lui sont soumis pour justifier ses
guerres et tenter d'obtenir des votes
favorables à l'ONU lui permettant
d'agir. Aujourd'hui ce qu'il appelle «
l'ingérence humanitaire » est sa
justification principale, ceci ne peut
fonctionner que par le mensonge
permettant de diaboliser les cibles.
Le Réseau
Voltaire avec son succès international
de par sa vocation d'informer face aux
mensonges d'une presse dévouée à
l'impérialisme US est devenu l'ennemi à
abattre de tous ces organes dont la
vocation est plutôt la désinformation.
GP: Vous êtes très au point de
la situation en Syrie. Pouvez-vous nous
dire comment vous qualifiez la guerre
qui est actuellement menée là bas,
contre le gouvernement légal ? Dans quel
contexte s’inscrivent les tentatives de
changer encore un gouvernement au Proche
Orient, et pourquoi est-ce que
l’Occident souhaite faire tomber Bassar
Asad ?
AB: La guerre contre la Syrie
s'inscrit dans un projet de longue date
d'abord prévu par le « Think Tank »
étasunien : « Project for a New American
Century » puis dans le projet de
remodelage de ce que les USA appellent
le grand Moyen Orient. Le général
Westley Clark a évoqué dans une
interview célèbre sa conversation avec
un responsable du Pentagone affirmant
que les projets d'agression contre la
Libye et la Syrie avaient été mis au
point dés 2002. Il s'agit donc d'une
guerre classiquement impérialiste ayant
pour but de briser l'état-nation syrien
comme ont été brisés les états-nation
yougoslave, somalien, irakien et libyen.
La stratégie impérialiste étasunienne et
plus généralement anglo-saxonne consiste
donc à briser les nations légales pour
les fractionner en mini états ethniques
ou confessionnels dont la sujétion est
rendue plus simple. La stratégie contre
la Syrie est exactement identique à
celle utilisée contre la Yougoslavie et
la Libye. Il s'agit en premier lieu de
créer des troubles interconfessionnels
ou interethniques armés, de susciter une
répression, de diaboliser le dirigeant
politique incarnant l'unité nationale à
l'aide d'une presse occidentale aux
ordres et ce afin d'essayer de le faire
destituer. Ensuite, sous prétexte
d'ingérence humanitaire pour soit disant
« sauver » une population, faire
intervenir l'aviation en bombardements
massifs afin de casser le moral et la
résistance du peuple ciblé. Puis
finalement terminer le travail par une
intervention militaire au sol en
collaboration avec des milices de
mercenaires recrutés essentiellement
dans les milieux musulmans djihadistes
(Al-Qaïda). Tout ceci fait
avantageusement avec l'assentiment de
l'ONU. A cet effet, au préalable les
chefs des nations siégeant au conseil de
sécurité ont été menacés, achetés et
corrompus pour s'assurer de leur vote.
GP: Pouvez-vous nous dire
quelle est la structure de contrôle ou
la structure militaire de « l’armée de
libération syrienne » ? Comment peut-on
expliquer la présence en Syrie d’autant
de radicaux islamistes provenant
d’autres pays, du côté des rebelles?
Comment expliquez-vous également la
présence d’autant de combattants d’Al
Qu’Aïda, ainsi que la coïncidence
bizarre entre les intérêts d’Al Qu’Aïda
et ceux des US ?
AB: L'opposition au régime
républicain, multiconfessionnel syrien
dit : de Bachar El Assad, a commencé
comme une de ces «révolutions» colorées
expérimentée en Serbie par
l'organisation étasunienne serbe Otpor
puis continuée en Ukraine en révolution
orange et ailleurs. Cette opposition
prit rapidement un tour confessionnel,
les opposants reprochant au président
Bachar El Assad de n'être pas musulman
sunnite mais allaouite. Ces premières
manifestations furent dans un premier
temps accompagnées par des hommes en
armes, qui devaient, comme en Libye à la
fois tirer sur la foule et sur les
forces de l'ordre, ceci ayant pour but
de déclencher une dure répression. Il y
eu des morts de part et d'autre, mais la
propagande « occidentale » avec l'aide
de sa presse, ne montra que des victimes
parmi les manifestants sans évoquer
évidemment les tireurs des toits. Bien
entendu il y a en Syrie même des
extrémistes religieux sunnites parmi
lesquels nombre de takfiristes qui
considèrent qu'il faut éliminer
physiquement les non sunnites salafistes
c'est à dire ceux qui selon eux ne
pratiquent pas correctement le véritable
islam sunnite. Donc pour eux tuer un
musulman serait permis et conduirait
également au paradis du djihad avec le
nombre de vierges adéquat à déflorer.
Ces gens furent recrutés essentiellement
dans les campagnes les plus arriérées de
Syrie et pris en charge par des cheikh
prêchant le djihad.
Les manifestations
violentes du vendredi n'ayant pas réussi
certains furent armés par l'organisation
étasunienne, mettant en avant le Qatar
et l'Arabie Saoudite. Une intervention
étrangère directe avec des forces
spéciales françaises et certainement
britanniques commença cet hiver emmenant
un certain nombre de pseudo journalistes
véritables agents secrets qui permirent
d'équiper la rébellion militaire en
moyens de communication de manière à ce
qu'elle puisse recevoir les
renseignements satellitaires sur les
mouvements de l'Armée nationale. C'est
ainsi que fut fondé le micro émirat de
Homs rapidement assiégé et détruit par
l'armée et au cours duquel fut fait un
certain nombre de prisonniers français.
Le but était de créer des zone dites «
libérées» afin qu'elles puissent
demander du secours aux USA. Cette
deuxième manœuvre a échoué comme la
première. Puis les USA et leurs
marionnettes « françaises» et
britanniques ont tenté d'obtenir un
blanc seing de l'ONU afin de pouvoir
intervenir militairement sur place pour
«sauver» comme d'habitude des
populations du «massacre» en fait pour
pouvoir bombarder le pays afin de le
soumettre.
Les russes et les chinois mirent leur
veto
à une résolution du conseil de sécurité
de l'ONU devant autoriser une
intervention étasunienne
en arguant que les
USA n'avaient pas respecté la résolution
1973 organisant seulement une zone
d'exclusion aérienne sur la Libye alors
que l'OTAN profitait de cette résolution
pour se livrer à des bombardements
terroristes sur des ensembles civiles
comme les systèmes d'adduction d'eau,
les moyens de communication civiles, les
centrales électriques etc. Ces
bombardements étaient des crimes de
guerre selon les accords internationaux
en vigueur.
Jugeant
qu'une intervention sans l'aval de l'ONU
était risquée d'autant plus que russes
et chinois menaçaient d'intervenir à
leur tour en cas d'action des USA,
ceux-ci mirent en œuvre une troisième
tactique celle d'enrôler dans le monde
musulman et au delà des mercenaires
recrutés dans les milieux sunnites
salafistes pour participer au djihad en
Syrie, contre ce qu'ils appellent les
hérétiques allaouites et pour également
chasser les chrétiens syriens avec un
mot d'ordre qu'ils hurlent a satiété : «
les allaouites dans la tombe les
chrétiens au Liban !».
C'est
maintenant un flot continu de ces
djihadistes salafistes qui arrivent de
partout sont entraînés brièvement en
Libye ou en Turquie puis passent en
Syrie par une des frontières poreuses
syrienne choisie en fonction de la
proximité de l'objectif, pour Alep c'est
la frontière turque qui est utilisée.
Ces combattants sont également
accompagnés et dirigés comme pour la
Libye par des forces spéciales
britanniques, allemandes et certainement
françaises. L'objectif est de porter la
guerre partout en Syrie dans les villes
et les campagnes et de toujours tenter
de soulever la population. Évidemment
ceci accompagné de « journalistes »
embarqués (embeded) dont le rôle est de
magnifier auprès du public occidental
médusé la « belle » action de ces
djihadistes baptisés résistants.
Ces djihadistes
salafistes ou takfiristes sont
identiques à ceux appelés Al Qaïda que
les USA prétendaient combattre. En fait
ils n'ont servi dans le passé que de
prétexte et de repoussoir pour fustiger
les populations musulmanes et donner
corps à la «guerre des civilisations» ou
« guerre au terrorisme ». Ceci permit
aux USA d'enterrer les libertés publics
dans leur pays avec le « US patriot act
» et surtout d'alimenter en commande
d'armement leur complexe
militaro-industriel. En fait Al Qaïda et
la mouvance wahhabite salafiste a
toujours été contrôlée et instrumentée
par les USA
directement ou via
leurs alliés du Qatar
et de l'Arabie Saoudite.Cette
mouvance est intervenue en Afghanistan
contre les russes, en Yougoslavie, en
Libye et maintenant en Syrie toujours au
service de l'impérialisme US. Concernant
maintenant la contradiction qui pourrait
apparaître dans le public occidental sur
ce qui paraît être un double jeu, la
presse aux ordres du pentagone en fait
son affaire pour présenter un plat
assimilable par des populations
occidentales malheureusement résignées.
GP: Du point de vue
militaire, que pensez-vous des combats
qui sont en train d’être menés en Syrie
? Malgré le soutien croissant des pays
occidentaux, est-ce que l’armée syrienne
peut tenir ? Le président Assad a-t-il
assez de force pour se maintenir en
position ? Est-ce ce conflit risque de
passer au delà des frontières syriennes
? Est-ce qu’on peut s’attendre à une
attaque contre l’Iran ?
AB: L'Armée Arabe
Syrienne est composée essentiellement de
conscrits c'est à dire de la jeunesse du
peuple syrien. Manifestement au vu des
nombreuses vidéos, elle se bat bien est
une armée disciplinée, bien commandée et
entraînée, elle semble soutenue par le
peuple syrien et l'on a vu qu'à Alep
ville particulièrement
multiconfessionnelle et progressiste
elle est soutenue par la population.
L'affirmation de la propagande
occidentale arguant que cette armée est
démoralisée et en sous effectifs ayant
souffert de nombreuses désertions ne
tient pas en regard des faits, y compris
ceux rapportés par certains médias
occidentaux. En plus les forces rebelles
salafistes se sont rendues coupables de
très nombreux crimes et exactions contre
les populations qui s'en sont
détournées. En générale ces populations
accueillent l'armée nationale comme des
libérateurs. Cependant le flot des
djihadistes étrangers est intarissable
et les très nombreuses pertes qu'ils
enregistrent sont tout de suite
compensées par de nouveaux arrivants
fanatisés par leurs cheikh et qui vont
au combat sans craintes, espérant les
vierges à déflorer au paradis.
L'action de l'armée syrienne est
méthodique et compliquée elle sera
vraisemblablement longue pour éliminer
le flot continu venant de toute part
rechercher le paradis du djihad.
Aujourd'hui il n'y a aucune raison que
Bachar El Assad démissionne, en plus
toute opposition politique organisée
nationale et constructive a été réduite
à néant par l'intervention étrangère.
Un
article du générale français de l'air
Fleury dans le journal Le Monde fait un
état des forces aériennes françaises et
celles de la Syrie. Déjà la Syrie
possède le double d'aéronefs de la
France, mais surtout elle possède des
moyens de défense antiaériens de
dernière génération russes rendant quasi
inexpugnable le ciel syrien. Les turcs
ont essayé de tester les défenses
syriennes et leur avion fut promptement
abattu à peine à franchi la limite des
eaux territoriales. D'après ce général
expert il faudrait pour que l'OTAN
l'emporte sur la Syrie, organiser une
attaque soudaine et massive de TOUTES
les forces militaires étasuniennes en
sachant qu'elles auraient dans cette
attaque des pertes considérables.
Il
faut être parfaitement claire, l'OTAN
avec la totalité des forces US
additionnées des forces israéliennes n'a
pas les moyens techniques d'attaquer à
la fois la Syrie et l'Iran avec en plus
les forces de la Résistance libanaise
qui s'engageraient derechef contre
Israël.
Il
serait certain que dans ce cas, la Chine
et la Russie interviendrait dans ce
conflit qui tournerait en guerre
mondiale.
Les
affirmations de la presses israélienne
disant qu'une attaque était imminente
contre l'Iran ne sont que rodomontades
et intoxication.
GP: Il est évident que la star
de votre site internet, si on peut le
dire comme ça, est Thierry Meyssan, dont
les analyses sont lues et suivies par
des cercles sérieux et libertaires dans
le monde entier. Puisque vous êtes un
conseiller politique de Thierry Meyssan,
pouvez-vous nous dire un peu plus sur
lui et quels conseils lui donnez-vous ?
AB: Thierry Meyssan est un
libéral au sens propre ce qui n'a rien à
voir avec le pseudo libéralisme des
anglo-saxons. Il s'inscrit comme moi
dans ce libéralisme politique
d'obédience française issu des Lumières
et de la Révolution française de 1789.
En quelque sorte nous sommes pour offrir
le maximum de libertés individuelles et
collectives pour le maximum de gens.
Notre credo est la déclaration des
droits de l'homme et du citoyen de 1789.
Nous
tirons toutes les conséquences de cette
déclaration et de notre fondamentalisme
républicain français. Ces conséquences
nous obligent à militer pour recouvrer
l'indépendance de la France oblitérée
par nombre de traités scélérats comme
ceux du pacte atlantique, de Maastricht,
de Lisbonne et celui fondant l'Euro qui
confisque notre monnaie nationale au
profit des marchés financiers et des
USA. En conséquence également nous
défendons la liberté des nations selon
la charte de l'ONU et bien évidemment
contre l'impérialisme.
Nous nous
concertons donc en permanence pour que
nos articles soient en conformité avec
cette ligne politique ferme et
conséquente et reflète toujours ce que
nous appelons l'idéologie français.
GP: Que pensez vous de la
situation en France et dans l’UE en
général, ainsi que de la crise
économique qui se manifeste à travers la
crise de la zone Euro ?
AB: Je prendrais seulement
l'exemple le plus significatif car ces
pages sont limitées:
la dette.
Cette
crise économique est la conséquence
direct du système financiariste
anglo-saxon qui nous est imposé via
l'Union Européenne et les traités
scélérats. Le principal mécanisme de ce
système est la dette.
Nous pouvons
constater que tous les pays de l'OCDE,
c'est à dire ceux qui subissent
directement le pouvoir étasunien sont
considérablement endettés. Croyez-vous
que la France ou même le Japon, pays les
plus riches de la planète avaient besoin
de cet endettement ? Certes non. Cet
endettement auprès des marchés
financiers anglo-saxons nous est imposé
via l'Euro, monnaie qui est leur
propriété et dont la France a perdu le
contrôle. Leurs politiciens
malheureusement encore au pouvoir chez
nous, imposent cette dette inique dont
le prêt n'est qu'un jeu d'écriture et ne
coûte à personne, mais dont les intérêts
sont bels et bien payés avec la sueur du
peuple français et de celui des autres
peuples « endettés » de la zone Euro et
de l'OCDE.
Le paiement des intérêts
de cette dette coûte
à chaque français enfants compris, 3000
€ par an, ce qui est considérable et
contribue à une paupérisation qui
s'accélère. Aujourd'hui le peuple grec
est épuisé, d'autres vont se retrouver
exsangues.
Sachez que rentrer dans la zone Euro est
un piège mortel pour les peuples. Gardez
vous de ce piège.
GP: Que pensez-vous du rapport
global des forces dans le monde, surtout
les rapports entre les grandes
puissances, les US, la Russie et la
Chine? Est-ce que vous pouvez, dans les
grandes lignes, nous exposer la
projection du futur développement des
relations internationales ? Est-ce que
le monde va vers un grand conflit, comme
beaucoup l’affirment, et que pensez-vous
du rôle du président Putin, qui fait
l’objet de très fortes critiques des
médias ?
AB: J'ai consacré deux articles
sur mon blog à ce sujet :
« Pour la Liberté des Nations » et
« Pourquoi il est important de soutenir
V. Poutine »,
(www.alain-benajam.com)
Cequi suit ne
peut être qu'un résumé.
Quand
j'étais jeune, adhérent et cadre du
parti communiste français, l'URSS
existait encore et il y avait un camp
socialiste qui contestait la puissance
de l'impérialisme anglo-saxon. Il y
avait une lutte idéologique mondiale
entre le capitalisme et le socialisme.
Aujourd'hui ce camp socialiste n'existe
plus et le système capitaliste s'est
généralisé sur toute la planète y
compris en Chine pourtant toujours
dirigée par un parti communiste.
Cependant nous observons que les
tensions internationales sont plus vives
encore quelle ne l'étaient du temps de
la guerre froide et que l'impérialisme
est toujours aussi virulent. Cela veut
dire quoi? Que la contradiction
principale qui apparaît aujourd'hui
n'était pas entre socialisme et
capitalisme mais entre la liberté des
nations et l'impérialisme. La question
nationale s'impose aujourd'hui et la
nation, l'état-nation, la nation légale
est le principal rempart contre
l'impérialisme. On le comprend bien, un
état-nation c'est un corpus de lois et
un peuple qui impose ces lois. Toutes
ces lois sont autant d'obstacles aux
marchés financiers contrôlés par les
anglo-saxons via le dollars. L'objectif
global anglo-saxon est de briser tous
les états-nations et de les remplacer
par de petites entités ethniques ou
religieuses chaotiques faciles à
manipuler. Il y a donc d'un côté les
nations encore libres qui défendent la
charte de l'ONU et un monde multipolaire
et de l'autre l'impérialisme anglo-saxon
qui prône un nouvel ordre mondial ou les
nations légales auraient disparu leur
permettant d'exploiter les peuples sans
bornes comme la France est exploitée
dans la zone Euro. La Russie et la Chine
ont soudainement compris ce danger
extrême pour eux, leurs yeux se sont
promptement ouverts avec la guerre de
Libye. Cette compréhension du monde de
la part de la Russie notamment vient en
grande partie de Vladimir Poutine qui
s'est peut être rappelé qu'il fut un
cadre de l'URSS et un communiste.
Aujourd'hui la Chine et la Russie ont
décidé de stopper net l'aventure
impérialiste aux frontières de la Syrie
et de l'Iran. Cet arrêt n'est pour le
moment que diplomatique, mais ces
grandes nations ne se font pas
d'illusions et sont prêtes à une
confrontation armée ils l'ont répété
plusieurs fois. On se retrouve dans une
configuration similaire à ce qu'elle
était au temps des bloc socialiste et
capitaliste, mais avec des idéologies
différentes. D'un côté le camp des
nations encore libres avec à leur tête
la Russie et la Chine, leur organisation
commune l'OCS, (Organisation de
Coopération de Shanghai) puis derrière
une organisation économique puissante,
l'alliance du BRICS, avec enfin
l'organisation des pays non alignés qui
s'est réunie à Téhéran. A ce bloc de
nations économiquement très puissantes
vont s'ajouter les organisations
politiques indépendantistes des peuples
toujours soumis comme la France. Ces
organisations sont encore faibles mais
prennent de l'ampleur et s'attachent à
s'organiser, comme nous y contribuons au
Réseau Voltaire.
Une
guerre mondiale déclenchée par des USA
en déconfiture économique signerait sa
fin.
GP: Est-ce que vous avez le
temps de suivre un peu la situation en
Serbie? Comment qualifiez vous le rôle
du peuple serbe, qui durant ces deux
dernières décennies, a été exposé à de
fortes pressions de l’oligarchie globale
? Que pensez vous de la situation au
Kosovo, ainsi que de la lutte que mène
le peuple serbe pour sauvegarder son
centre historique?
AB: Le dépeçage de la
Yougoslavie était le prototype de
l'action de l'impérialisme ; briser les
états-nations historiques pour les
remplacer par de petites entités
ethniques englobées dans des maxi états
comme l'est par exemple l'Union
Européenne totalement soumise aux
marchés financiers et aux anglo-saxons.
Ceci a pu réussir par la passivité de la
Russie à l'époque . La Serbie possède la
chance d'être encore, un des derniers
états indépendant d'Europe. Elle doit
absolument le rester et résister aux
pressions, son avenir est dans une
alliance solide, économique et militaire
avec la Russie, alliance qui est en
train de se concrétiser. Un pays
d'Europe encore indépendant s'inscrivant
dans le combat pour la liberté des
nations est un avantage et doit devenir
une base arrière politique pour les
peuples encore soumis qui cherchent à
s'organiser. La nation serbe a perdu
dans le Kosovo son cœur historique bien
entendu nous devons soutenir cette
nation amie de longue date de la France
pour qu'elle puisse le retrouver
rapidement.
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