DZactiviste
Entretien exclusif
avec Anwar Haddam
Said Radjef
Anwar
Haddam
Vendredi 12 octobre
2012
« Il est
temps pour que les putschistes et leurs
alliés laissent le peuple choisir
librement ses représentants et son
autorité politique. »
Figure de proue de
l’opposition algérienne et acteur actif
de St Egidio, Anwar Haddam vit en exil
aux USA. Membre influent du FIS, il fera
l’objet d’une compagne de dénigrements
d’une rare férocité de la part du régime
militaire et de ses relais.
Radjef Said : Bonsoir Mr Anwar Haddam.
Juste quelques semaines après le
décès du premier président de l’Algérie
indépendante en l’occurrence Ahmed
Benbella, nous venons de perdre un autre
président en la personne de Chadli
Bendjedid. Quel est votre sentiment à ce
sujet ?
Anwar Haddam :
Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux,
le Très Miséricordieux. Mr. Said Radjef,
Assalam et merci pour cet entretien.
Permettez-moi de présenter ici encore
une fois mes sincères condoléances à la
famille du défunt Président Chadli
Bendjedid. Nous demandons à Allah de lui
pardonner et accorder Sa miséricorde et
inspirer sa famille de la patience. Il
n’ya pas de doute que l’homme faisait
partie du système politique dictatorial
et corrompu de l’Algérie d’après
l’indépendance; il est au fait peut être
l’un des fondateurs de ce terrible
système imposé à notre peuple par la
force. De son temps et même durant son
règne plusieurs crimes ont été commis
contre notre peuple, des crimes
économiques, politiques et même des
meurtres contre des opposants à ce
régime sanguinaire. Cependant, comme je
l’ai exprimé en plusieurs occasions, et
de son vivant, il faut reconnaitre que
l’homme était honnête avec son peuple
dans sa tentative de réformer les
conditions du pays et celles du peuple,
particulièrement vers la fin de son
règne. Avec sa disparition, l’Algérie
vient de perdre un homme sage qui aurait
pu contribuer, dans le cadre d’un
éventuel conseil national de sages, à la
résolution de la crise du choix de
l’autorité politique qui perdure en
Algérie depuis son indépendance et qui
est la cause de tous ses problèmes. Il
est regrettable qu’il lui ait été
impossible de publier ses mémoires avant
sa mort. Avec le verrouillage politique
et médiatique que subit notre peuple, je
doute fort d’ailleurs que ces véritables
mémoires seront publiées. Aujourd’hui
déjà certains pseudo-journalistes de
service nous révèlent des « scoops » sur
le soi-disant contenu de ces mémoires.
On veut nous faire avaler par ces «
scoops » que le défunt aurait décidé de
dissoudre le Parlement le 4 Janvier
1992, le jour même où il fait publier
les résultats des élections législatives
au Journal Officiel de La République.
Quelle contradiction! Selon ces
apprentis journalistes de service, le
défunt aurait décidé de dissoudre le
Parlement afin d’empêcher ce Belkhadem
de devenir Président de la République,
rappelons le, selon la Constitution, par
Intérim et pour une duré de 45 jours
seulement! Le pouvoir en place à Alger
n’a aucun respect pour notre peuple, il
n’arrête pas d’insulter l’intelligence
de notre peuple glorieux ! Ce que je
vais déclarer ici serait peut être
politiquement incorrect pour certains
confrères de l’opposition. Cependant,
étant donné la situation de notre pays,
mon sens de responsabilité et mon amour
pour mon pays et mon peuple, tout cela
me pousse à exprimer ouvertement mon
souhait qu’il y’ai une ou plusieurs
personnes parmi les véritables «
décideurs » actuels du pays qui auraient
le courage de prendre eux aussi, comme
le défunt Chadli, la décision, celle
d’hommes d’état dignes de ce nom,
d’engager le pays vers de véritables
reformes et vers un nouveau système
politique qui serait effectivement
représentatif du peuple dans sa
diversité. Il faut bien sure cette fois-
ci qu’ils aillent jusqu’au bout et ne «
s’arrêtent » pas en cours de route. Pour
ma part, comme nous l’avions fait durant
la période du frère AbdelKader Hachani
avec le Président Chadli, Allah
yerhamhoum, je tendrais la main à ces
personnes courageuses, et je serais prêt
à participer à leur coté à la
reconstruction de notre pays. La
situation de notre pays est grave, les
futures de notre peuple et son unité
nationale sont en danger!
Radjef Said :
Selon vous quelle est la situation dans
notre pays ?
Anwar Haddam :
Malgré la richesse merveilleuse de notre
pays l’Algérie et son immense potentiel
humain et matériel, notre peuple vit une
faillite sociale devenue intolérable. En
effet, ceux qui suivent la situation de
notre Algérie constatent clairement les
effets négatifs de la politique
poursuivie par ces autoproclamés «
décideurs » depuis leur coup d’état
militaire du 11 Janvier 1992 contre le
choix du peuple, afin d’assurer la
continuité de leur emprise sur les
institutions de l’état. Une Politique
dangereuse et irresponsable qui a
conduit notre pays vers une profonde
crise multidimensionnelle et qui est
devenue une véritable menace pour
l’avenir du pays et la cohésion sociale
de notre peuple.
Rappelons qu’en 1988, l’Etat été au bord
de la faillite à cause des politiques
suivies par le pouvoir en place à Alger
depuis l’indépendance de 1962 ; 80% des
entreprises de l’état (le secteur privé
été pratiquement inexistant) étaient
dans la zone rouge. Après 25 ans de
régime militaire avec pour façade un
parti unique, les Algériens ont réalisé
que le passage d’une société vers une
autre plus juste et productive est d’une
importance capitale, et aucune réforme,
dans n’importe lequel des secteurs de la
vie, ne peut réussir sans la
participation du peuple par le biais de
ses représentants démocratiquement élus.
Je suis de ceux qui
ont toujours pensé que le Président
Chadli avait compris cela. Il s’été
engagé alors à respecter cet appel
exprimé par le peuple à travers ses
jeunes lors des événements d’Octobre
1988 – ou le printemps /soulèvement
populaire Algérien. Ainsi, il a engagé
une série de reformes politiques.
Malheureusement une poignée de criminels
hors-la-loi, civils et militaires, tous
nostalgiques d’une certaine Algérie
Française, ont décidé autrement. Ils ont
orchestré un coup d’état militaire
contre le choix du peuple, causant une
tragédie nationale dont les blessures
profondes attendent toujours à être
pansées. 20 après ce coup d’état
ignoble, malgré la rente pétrolière et
toute l’aide qui leur été accordée par
la communauté internationale, ces
putschistes «sauveurs de la démocratie »
en Algérie n’ont fait qu’ empirer la
situation socio-politico-économique du
pays. Ils n’arrivent pas à comprendre
que toute réforme de la situation dans
le pays sera vouée à l’échec si elle ne
concerne pas le système politique et la
manière dont les décisions politiques
sont prises.
Ainsi, concernant
la situation sociale par exemple: il y’a
un mépris excessif pour le simple
citoyen: un désordre total et programmé
dans les services publics, des marchés
des fruits et légumes dispersés dans les
trottoirs et les routes sans système de
soins de minimum ou de nettoyage, il est
vrai que dernièrement le régime commence
à s’attaquer à ce problème qu’il a
lui-même entretenu depuis des années….
La fraude sévit à tous les niveaux,
ainsi que la dilapidation de la richesse
nationale et la rashwa…Une nouvelle
classe d’un richissime si insultant est
apparue au même moment qu’une autre
d’une pauvreté incroyable dans un pays
si riche en réserve de monnaies
étrangères et en ressources naturelles
vitales ! Tout cela afin de protéger la
démocratie en Algérie!
En plus de tout
cela, il ya la situation préoccupante à
nos frontières du Sud du pays , cette «
partie utile » de l’Algérie comme
certains occidentaux aiment le décrire.
La situation au Nord du Mali est
dangereuse et. Nous sommes contre toute
présence militaire étrangère, dans
toutes ses formes, en Algérie ou dans
notre région. Le pouvoir en place à
Alger du fait de son illégitimité
populaire et constitutionnelle est
incapable de faire face à une telle
situation qui menace directement la
sécurité nationale de notre pays.
Il est temps pour
que les putschistes et leurs alliés
laissent le peuple choisir librement ses
représentants et son autorité politique.
Les Janvieristes ont essuyé un grand
échec dans la construction d’un état
dans lequel le citoyen jouira de la
liberté et dont l’économie sera solide,
crédible, et capable de rivaliser et
d’être compétitif dans le système
économique mondial. Cela est dû à
l’absence de pouvoir politique émanant
du peuple et reflétant sa diversité. 50
ans après son indépendance, notre peuple
a le droit de se doter d’un système
politique qui lui permettra d’atteindre
l’objectif de la guerre de libération du
1er Novembre 1954 : obtenir
l’indépendance nationale par : 1-
restaurer l’Etat algérien, souverain,
démocratique et social, dans le cadre
des principes de l’Islam. 2- Respect des
libertés fondamentales, sans
discrimination ethnique ou religieuse.
Notre Algérie a un
grand potentiel pour se développer et
assurer un haut niveau de vie pour notre
peuple tout entier. Les problèmes
courants de l’Algérie ne sont pas
impossibles à résoudre. En effet, les
valeurs de solidarité sociale et d’aide
mutuelle, qui sont des expressions de
notre identité nationale, sont des
capitaux très significatifs. Notre
peuple a réalisé beaucoup de succès dans
beaucoup de situations impossibles à
travers l’histoire. Cependant, pour
accomplir ceci, l’Algérie doit être
gérée par des représentants du peuple,
dûment élus, possédant l’intégrité, la
volonté politique et la détermination
pour employer efficacement les grands
potentiels du pays. En effet, notre
Algérie a une terre fertile et des
ressources naturelles souterraines, une
population jeune et dynamique, un
héritage culturel historique très riche,
une tradition riche et profondément
enracinée de diversité et de respect de
pluralisme, un potentiel entreprenant
important avec des possibilités élevées
permettant à notre pays de faire face à
la compétition internationale, et une
position géostratégique, qui peut
l’aider à assumer un rôle influent dans
notre région Maghrébine et
Méditerranéenne. Aussi, notre Algérie a
un grand potentiel d’attraction pour le
tourisme avec sa beauté naturelle unique
et ses emplacements historiques. Il est
temps d’ouvrir le champ politique afin
de permettre à des représentants élus du
peuple de mobiliser ce grand potentiel
de l’Algérie, de réaliser ainsi la
prospérité de notre peuple dans sa
diversité, et reconstituer la
respectabilité de notre pays.
Le système
politique actuel, qui n’a aucune
légitimité populaire ou
constitutionnelle, est devenu une
véritable menace pour l’avenir du pays,
son tissu social, et les intérêts
stratégiques de notre peuple. Il est
temps d’intensifier les efforts pour
entreprendre le changement, et mettre un
terme à l’aventure si coûteuse du 11
Janvier.
Radjef Said :
Contrairement aux dictatures arabes,
l’Algérie n’a pas été touchée par la
fièvre du printemps arabe. Y a-t-il pour
autant une exception algérienne ?
Anwar Haddam :
En effet, étant donné la situation de
notre pays, beaucoup se posent de telles
questions: pour quand la révolution
Algérienne ? Y-a-t-il une exception
algérienne ? La réponse est que le
changement de système politique en
Algérie est inévitable. Cependant il ne
se réalisera pas de la même manière que
celui de nos pays voisins. D’ailleurs le
changement dû au soulèvement populaire
en Tunisie est différent de celui
d’Egypte, de Libye, du Maroc, du Yémen,
ou de la Syrie. Il faut bien comprendre
et analyser la situation de chaque pays.
Je pense que pour nous en Algérie, nous
vivons l’étape post-soulèvement. Il ya
20 ans, le peuple algérien a été seul
parmi les peuples de la région à se
lever contre le pouvoir dictatorial en
place, et de manière tout à fait
pacifique. Mais malheureusement il été
justement seul… c’est pour cela que les
putschistes ont transformé cet effort
pacifique pour un système politique
représentatif du peuple en une tragédie
nationale avec plus de 250000 victimes,
des milliers de torturés et de disparus,
des centaines de milliers de déplacés au
sein du pays ou forcés vers l’exile …et
tout cela avec la bénédiction de la
communauté internationale ! Ainsi, les
peuples de la région bénéficient
aujourd’hui de l’expérience algérienne
et tant mieux pour nos peuples frères.
Les pouvoirs en place et leurs alliés
étrangers ont une grande difficulté à
manipuler les peuples révoltés vers la
violence et le terrorisme. Aussi, le
pouvoir en place à Alger ne pourra pas
garder l’Algérie isolée de son nouvel
environnement.
Dans cette période
post-soulèvement, qui certes perdure
dans notre pays, nous avions à résoudre
d’abord un problème crucial afin de
réussir le changement souhaité. Il
s’agit celui de « la relation entre le
civile et le militaire ». Celle relation
constitue à mon avis, l’obstacle majeur
devant tout changement démocratique réel
chez nous en Algérie. Les pays voisins
du printemps arabe commencent à se
rendre compte de cette réalité. Car même
s’ils ce sont débarrassé du dictateur,
le système politique dictatorial est
toujours en place. Nous aurons ainsi à
partager nos expériences avec nos
voisins sur le comment résoudre ce
problème qui devient de plus en plus
apparent dans tous ces pays. Il ne fait
aucun doute que tout gouvernement a
besoin d’une armée et des services de
renseignement afin de surmonter les
défis et les menaces potentielles de
sécurité que connaît le pays.
L’information et sa compréhension sont
nécessaires pour comprendre le contexte
stratégique et les développements
potentiels de sécurité, y compris les
risques de sécurité et opportunités,
ainsi que les actions, inactions, les
motivations et les stratégies des
ennemis actuels et potentiels de l’État.
L’information et sa compréhension sont
essentielles dans l’identification des
intérêts stratégiques nationaux,
l’élaboration de politiques de sécurité
et des stratégies efficaces, définition
des rôles et des missions adéquates pour
les forces de sécurité, et l’élaboration
des doctrines et des opérations.
Cependant, insister
uniquement sur l’efficacité des services
de renseignement est dangereux pour la
démocratie. L’efficacité dépend
généralement sur le secret, ce qui
cause, comme c’est le cas chez nous en
Algérie, des abus et protège les
services de toute forme de contrôle et
de responsabilisation. Ce qui constitue
un obstacle majeur devant tout effort de
transition démocratique.
Ainsi, afin de
réussir le changement, l’Algérie a
besoin de maintenir les services de
renseignement loin de la politique et
des partis politiques; ils sont la pour
servir l’État et les citoyens. La
transparence de la gestion des forces
armées et de sécurité est nécessaire et
crucial non seulement pour prévenir des
actes répréhensibles tels que la
dilapidation de la richesse du pays, les
violations des droits de l’homme, mais
aussi pour aider à améliorer
l’efficacité du renseignement pour la
protection des intérêts stratégiques
nationaux.
En somme, afin de
réussir le changement tant souhaité par
notre peuple, l’Algérie a besoin de
réformes démocratiques des forces armées
et de sécurité. La démocratie veut que
celles-ci soient politiquement neutres,
transparentes, responsables, et
efficaces. Aussi, une véritable réforme
démocratique des forces armées et de
sécurité implique des reformes en vue
d’établir un cadre institutionnel où les
gouvernements civils démocratiquement
élus contrôlent l’armée et les agences
de renseignement tout en maximisant leur
potentiel d’efficacité. Le défi consiste
à développer et maintenir des forces
armées et de renseignement qui protègent
la démocratie et sont démocratiquement
responsables.
Radjef Said : A
quoi vous fait penser l’affirmation
selon laquelle le printemps arabe est un
complot d’inspiration sioniste soutenu
par l’Occident ?
Anwar Haddam : Je
pense que c’est une vue trop simpliste,
et qui reflète l’ignorance de ses
auteurs aussi bien de la réalité
occidentale que de celle, et surtout, de
nos peuples. En effet, il est clair que
les grands centres d’études stratégiques
Américains et Européens, avec toutes
leurs études et analyses, n’ont pas vu
venir ces soulèvements populaires
Tunisiens et autres. Cependant, il est
sure aussi que les occidentaux se sont
réveillés rapidement et ainsi font tout
afin de défendre ce qu’ils pensent être
leurs intérêts nationaux. Comme il ne
faut pas oublier que ces soulèvement ont
permis à leur peuples de se débarrasser
seulement de leurs dictateurs
respectifs; les dictatures et leurs
systèmes politiques sont encore en
place. Ainsi beaucoup reste à faire pour
réussir un véritable changement. Il faut
aussi que les nouveaux dirigeants des
pays du printemps arabe engagent les
pays occidentaux afin de définir
ensemble une nouvelle économie politique
des relations internationales qui
protégerait les intérêts stratégiques
des uns et des autres …
Radjef Said :
Les peuples arabes sont coincés entre
des régimes despotiques et la voracité
de la haute finance internationale qui
brandit l’argument des droits de l’homme
pour spolier tout sur son passage. Que
vous inspire cette situation tragique
aux allures kafkaïennes ? N’avez-vous
pas l’impression qu’on est entre le
cholera et la peste ?
Anwar Haddam :
Je pense ces régimes despotiques au fait
sont les protégés des big corporations
et de la haute finance internationale.
Ces dernières utilisent en effet
l’argument des droits de l’homme afin
d’exploiter plus nos ressources
naturelles. Cela devra pousser tous les
peuples de la région à assumer leur
diversités respectives, et en tenant
compte de leurs spécificités, à s’unir
autour d’un projet national propre à
chacun d’eux pour le changement tant
souhaité.
Radjef Said :
Etes vous de ceux qui pensent que les
divisions qui déchirent l’opposition
algérienne est un gage de la démocratie
?
Anwar Haddam :
Cela serait vrai dans le cadre d’un
système démocratique bien établi. On
parlera alors non pas de déchirement de
l’opposition, mais plutôt de compétition
démocratique entre partis politiques
pour gagner la confiance du peuple pour
le servir. Malheureusement ce n’est pas
le cas pour notre cher pays l’Algérie.
Nous subissons un système dictatorial
fermé. Ainsi, la coopération et le
consensus est crucial lors de l’étape de
la construction d’un nouveau système
politique qui serait représentatif du
peuple dans sa diversité. L’intérêt
national suprême nous demande
aujourd’hui à nous tous, Algériens et
Algériennes, d’assumer nos
responsabilités, de dépasser nos
différences idéologiques et politiques,
et d’œuvrer ensemble afin de préparer
les conditions propices pour que le
changement du système politique soit
compréhensif et réel. Ce système
politique doit répondre aux aspirations
du peuple et refléter sa diversité,
éviter à notre pays le chaos, et mettre
un terme à la faillite sociale et à la
dilapidation des ressources humaines et
matérielles de notre pays, il doit
combattre tous les maux qui entravent
son développement national. Un
changement consensuel pacifique, bien
accompagné, entrepris de manière
graduelle et responsable, qui
soumettrait l’Etat à la disposition du
peuple pour protéger ses intérêts
stratégiques et les éléments nécessaires
pour son développement, comme les
ressources énergétiques, l’agriculture,
la sécurité alimentaire et militaire, et
pour parvenir à la paix et la stabilité
de l’Algérie et des pays voisins.
Afin que le
changement nous conduise vers un système
politique meilleur, sans causer à notre
peuple de nouvelles souffrances, notre
pays a besoin de nous tous et il faut
sans délai avoir une nouvelle vision de
la situation et son traitement; une
vision capable de comprendre clairement
les exigences du présent et de formuler
un modèle alternatif et réaliste au
système politique actuel répondant aux
attentes de tous les Algériens de
différents courants, et leur ouvrant à
tous, sans exclusion, de nouveaux
horizons.
Radjef Said :
Quel est votre sentiment sur les
prochaines élections locales ? Êtes-vous
prêt à des alliances avec d’autres
forces politiques pour une sortie de
crise sans violence ?
Anwar Haddam :
Concernant la première partie de votre
question, sur les élections locales : Je
pense qu’un régime de putschistes qui
ont opposé un veto contre le choix du
peuple ne peuple organiser des élections
libres et transparentes. Je me demande
comment, après la mascarade des
élections du 10 Mai 2012, il y est
encore des partis qui veulent encore une
fois participer à d’autres élections
organisées par ce même régime corrompu.
Quelle honte !
Quant à votre
deuxième question : Êtes-vous prêt à des
alliances avec d’autres forces
politiques pour une sortie de crise sans
violence ?
La réponse est oui,
absolument. En effet, l’action politique
demandée aujourd’hui est celle qui
permettrait d’ouvrir la voie à tous les
citoyens de dépasser leurs différences,
et d’intensifier leurs efforts pour
réaliser un consensus national engageant
tout un chacun à respecter des principes
fondamentaux et essentiels pour un
système politique nouveau; des principes
inspirés de la lutte du peuple pour la
liberté, la dignité, et la justice
sociale. Pour cela, nous dans le
Mouvement pour la Liberté & la Justice
Sociale (MLJS), appelons les mouvements
de jeunes et la classe politique à
prendre ensemble l’initiative de créer
une dynamique politique en coordonnant
nos efforts, et en communiquant
directement avec le peuple, afin
d’apporter le changement souhaité du
système politique.
Radjef Said :
Beaucoup de jeunes universitaires m’ont
chargé de vous demander des explications
sur l’attentat du boulevard Amirouche.
Qu’avez-vous à leur dire à ce sujet et
que vous inspire la presse algérienne ?
Anwar Haddam :
J’avais publié en 2006 une mise
point au sujet de ma contribution aux
efforts nationaux entrepris, au
lendemain du coup d’état du 11 Janvier
1992, pour le retour à la légalité
constitutionnelle, aussi bien qu’en ma
qualité de Président de la Délégation
Parlementaire du FIS à l’Etranger, de
Mars 1992 à Aout 2002, qu’en tant que
Conseiller Politique du Bureau National
Exécutif du FIS, de Septembre 2002 à
Octobre 2004, où j’avais rappelle ma
mission et sa nature, telle qu’elle m’a
été définie par le Bureau National
Exécutif. Elle a été principalement : a)
d’exprimer à l’opinion internationale
les souffrances du peuple Algérien,
suite au crime du 11 Janvier 1992, et
ses aspirations à l’exercice de sa
souveraineté, à la liberté, et à la
justice sociale. b) de dévoiler la
véritable nature du pouvoir en place
issu de l’arrêt du processus électoral.
c)d’œuvrer pour l’élaboration d’une
solution politique juste et durable à la
crise Algérienne.
La presse nationale
refuse jusqu’à aujourd’hui de publier
cette mise au point, comme elle a refusé
de publier mes communiqués dans le
passé: cela dit beaucoup sur cette media
algérienne muselée. Aussi, j’avais dans
cette mise point rappelé ma position sur
l’usage de la force dans le conflit
algérien, que j’ai exprimé au nom du FIS
tant de fois dans les années 90, et qui
se résume comme suit:
« Le FIS, basé sur
son interprétation de l’Islam, a
toujours exprimé son outrage à
l’assassinat de civils, en particulier
les femmes et les enfants. Le FIS
condamne également l’assassinat des
membres des familles des « Forces
Spéciales » et cela malgré les actes
horribles commis par ces «forces de
terreur.
Le FIS s’oppose à,
et condamne toute attaque contre des
individus, femmes ou hommes, qui
exercent leur droit d’expression d’une
manière pacifique, tels que les
politiciens, écrivains, ou journalistes,
qui ne dirigent pas ou ne prennent pas
part directement aux opérations dites de
sécurité contre notre peuple.
La lutte de notre peuple se passe en
Algérie et est limitée d l’intérieur de
ses frontières, et est une lutte contre
la junte qui a confisqué le choix du
peuple et qui s’est imposé par la force
des armes. »
Ainsi, toutes mes déclarations publiques
ou privées, prouvent que tout en
soutenant politiquement et fermement le
droit du peuple de défendre ses
institutions constitutionnellement
choisies, j’ai toujours condamné avec la
même fermeté le terrorisme et l’usage de
la violence à des fins politiques, et
j’ai toujours prôné la solution
politique à la crise politique que
traverse l’Algérie.
Quant aux
accusations de certaines medias
concernant mes réactions à certains
événements qu’à vécu notre pays durant
la décennie sombre qui a suivi l’arrêt
du processus électoral, et qui, malgré
mes maintes clarifications à leur sujet,
sont toujours reprises par certains
cercles, à chaque fois que sont
annoncées des mesures pour tourner cette
page triste imposée à notre peuple,
comme cela est le cas de l’affaire de
l’attaque du Commissariat Central du
Boulevard Amirouche d’ Alger, j’avais
précisé encore une fois entre autres sur
cette affaires ce qui suit: J’ai
condamné ce fâcheux incident, dans le
seul communiqué issu à ce sujet et datée
du 5 Février 1995, en déclarant
clairement tout à fait au début du texte
que: «Parmi les principes de base du
Djihad en Islam, figurent celui de ne
point tuer les enfants; les vieillards,
les innocents de façon générale, ainsi
que celui interdisant de supplicier la
personne humaine, quelque soit sa race
ou sa religion». Ainsi, contrairement
aux accusations de certaines medias, je
n’ai donc jamais proclamé la
responsabilité de l’attentat. Comme il
est bien indiqué dans son long titre,
c’était un Communiqué explicatif à
propos de l’attentat après les
interprétations tendancieuses d’une
partie des medias.
J’ai déclaré aussi
dans ce communiqué que:
1) « Le
commissariat central d’Alger, haut lieu
de torture et d’exécution connu de tout
un chacun, était apparemment visé.» où
le terme ‘apparemment’ a été utilisé
parce que l’information reçue, après les
faits, par la Délégation Parlementaire
n’étais pas d’une source direct,
2) la constitution
en toute urgence «d’un comité
indépendant afin d’enquêter sur tous les
actes terroristes et les graves
atteintes aux droits de l’homme. »
En conclusion, tout
en assumant mon entière responsabilité
des conséquences de ma mission au sein
du FIS lors de ces années, je rejette
catégoriquement toutes les accusations
non fondées faites jusqu’à ce jour par
des cercles connus pour leur opposition
farouche à tout effort entrepris pour
une réconciliation nationale réellement
inclusive. Comme je continuerais In Sha
Allah à œuvrer pour le rétablissement de
la vérité sur tous les crimes commis
contre notre peuple, pour l’élaboration
d’une solution politique juste et
durable à la crise Algérienne, ainsi que
pour les libertés fondamentales et
justice sociale en Algérie.
Radjef Said : Je vous remercie Mr Anwar
Haddam de la disponibilité dont vous
avez fait preuve pour répondre à des
questions qui font encore bégayer notre
histoire.
Entretien par
Said Radjef
11 octobre 2012
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Publié le 13 octobre 2012 avec l'aimable
autorisation de DZactiviste
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