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Le Web de l'Humanité
Hillary
qui pleure, Obama qui rit
Pierre Barbancey
Barack Obama
Samedi 5
janvier 2008 L’épouse de
Bill Clinton n’entend pas changer sa stratégie malgré sa défaite.
Le coup est rude pour Hillary Clinton, même si, depuis
plusieurs jours ses conseillers sentaient bien que l’État de
l’Iowa allait leur échapper. Elle n’est pas première, elle
n’est même pas deuxième ! John Edwards fait mieux
qu’elle ! C’est une douche froide pour celle qui,
jusque-là, ne disait jamais « Si je suis élue… »,
mais toujours « lorsque je serai présidente… »,
cherchant ainsi à projeter le caractère inéluctable de sa
victoire. Alors qu’elle doit maintenant affronter une primaire
dans le New Hampshire (mardi), elle doit aussi comprendre les résultats
de ce qu’il faut bien appeler une défaite et, peut-être
modifier sa stratégie voire son attitude. Bien sûr, l’Iowa, ce
petit État du Middle-West, n’est guère représentatif de la
population des États-Unis. Bien sûr le mode des caucus laisse
grandement à désirer au regard des normes démocratiques. Mais
la défaite d’Hillary Clinton est, symboliquement au moins,
lourde de signification. « Je pense qu’elle est dans une
grande difficulté. Toute son équipe de campagne doit désormais
repenser sa stratégie. Mais ils ne sont pas éliminés, et elle
peut être en mesure de se reprendre », analyse Merle Black,
qui enseigne les sciences politiques à l’université Emory
d’Atlanta.
« Je crois qu’Obama a su générer une certaine
excitation autour de sa candidature, ce que Clinton n’a pu
faire, et les promesses de changement d’Obama ont été plus
attractives que l’accent mis par Clinton sur l’expérience »,
résume Peverille Squire, politologue à l’université de
l’Iowa. Les électeurs démocrates ont sans doute opté pour des
paroles nouvelles (contre la guerre, pour le dialogue avec la
Syrie, l’Iran ou avec Cuba) que la sempiternelle approche
estampillée Washington. Peut-être aussi la perspective d’un
nouveau mandat Clinton après les mandats Bush a pesé dans la
balance. Très certainement a-t-elle sous-estimé les questions
sociales comme la santé. Le problème est qu’au-delà des
effets de manche et les impératifs médiatiques, le coeur du
programme d’Hillary ne propose aucun changement réel. Cela, les
démocrates l’ont compris dans l’Iowa.
© Journal l'Humanité
Publié le 7 janvier 2008 avec l'aimable autorisation de l'Humanité.
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