Site d'information sur la Palestine, le Moyen-Orient et l'Amérique latine

 

Palestine - Solidarité

 

Retour :  Accueil  Sommaire Pierre Barbancey  -  Massacres à Gaza  -  Originaux  -  Analyses  -  Mises à jour


Opinion

Corruption en Tunisie: ce qui est à toi est à moi
Robert F. Godec


Dimanche 9 janvier 2011

Grâce à Wikileaks, les très riches heures de la corruption au Maghreb s’enrichissent de révélations à répétition sur les turpitudes de régimes en place. Pour être différents dans ses formes, la corruption est la fatalité commune des régimes maghrébins. Après l’Algérie et le Maroc, et en attendant d’autres câbles compromettants, la divulgation de plusieurs longues dépêches des diplomates impériaux en poste à Tunis décrivent par le menu les mœurs des dirigeants du pays.  La tonalité en est très grinçante.

Si un certain dédain pour l’administration algérienne apparait en filigrane des mémorandums diplomatiques et si les critiques contre la prévarication royale au Maroc se situent sur le registre de la déploration, la peinture des mœurs des cercles dirigeants la Tunisie est carrément méprisante. De ce point de vue, le compte-rendu daté du 27 juillet 2009 par l’ambassadeur américain d’un diner chez Sakher El Materi, gendre du Chef de l’État est un morceau de bravoure. L’ironie mordante de l’ambassadeur devant l’étalage de luxe de la résidence de l’homme d’affaires n’est pas seulement la réaction choquée d’un diplomate de haut rang devant l’ostentation d’un parvenu. La condamnation par l’ambassadeur est sans appel. Détail glaçant mais qui a du faire sonner quelques oreilles au Département d’Etat,   le gendre du président Ben Ali possédant un tigre enfermé dans une cage de sa mirifique demeure l’ambassadeur ne peut s’empêcher de souligner que cela évoque le lion que possédait Udaï, le fils de Saddam Hussein…  La relation de ce diner est une peinture au couteau des travers d’une gouvernance qui affectent l’économie tunisienne et qui en obèrent l’évolution.

Ce qui est à vous est à moi

La mise en ligne concomitante par Wikileaks de plusieurs documents relatifs à la Tunisie permet de faire un pied de nez à la chronologie. Bien que plus récente, elle est datée de juillet 2009, la narration à la Somerset Maugham de l’Ambassadeur, peut servir de toile de fond à un rapport beaucoup plus technique du phénomène de la corruption en Tunisie. La très révélatrice dépêche du 23 juin 2008 intitulée CORRUPTION IN TUNISIA: WHAT'S YOURS IS MINE  (Corruption en Tunisie : Ce qui est à vous m’appartient) est un rapport détaillé des déclinaisons tunisiennes de la prédation.  S’il avait été signé par des opposants politiques ou par une ONG, ce texte  aurait été taxé de philippique outrancière et d’attaque politicienne contre le régime de Tunis. Le mémorandum est un tour d’horizon et une synthèse des turpitudes attribuées à l’entourage du Chef de l’État mais également de la corruption qui, d’après les diplomates US, gangrène l’administration tunisienne. L’ambassade américaine à Tunis passe en revue dans ce long rapport (près de 3000 mots) les frasques des entourages et la mise en coupe réglée d’une partie substantielle de l’économie du pays. Aucun secteur ne semble échapper à la convoitise des privilégiés qui utilisent l’administration comme bon leur semble pour obtenir ce qu’ils désirent. Les magouilles (le mot est utilisé à plusieurs reprises) concernent l’immobilier, le foncier mais également les opérations financières publiques (comme la privatisation de la Banque de Tunisie).  La frénésie d’accaparement que déplorent les diplomates épargne cependant les investissements étrangers, c’est bien la seule frontière qui les arrête.

Le règne des voyous ?

Le rapport est percutant et n’hésite pas à nommer les choses par leur nom. Les pratiques délinquantes qui se multiplient amènent naturellement l’auteur du rapport à s’interroger, ce sont ses termes, sur le règne des voyous. Les rédacteurs des rapports jusqu’à présent mis en ligne – il pourrait y en avoir d’autres – ne prennent pas de gants pour détailler un phénomène que tous les Tunisiens connaissent mais qu’ils craignent d’évoquer publiquement. La corruption est « l’éléphant dans la pièce », un énorme animal que tout le monde voit et subit mais dont personne n’ose parler. Ce qu’ils décrivent n’est pas seulement un paysage consternant  au plan de la morale et des mœurs des gouvernants mais, plus ce qui est plus préoccupant, un facteur de ralentissement de l’évolution économique de la Tunisie.  Pour les Américains, la corruption exacerbe les tensions sociales et crée un climat plutôt malsain dans un contexte d’inflation et d e chômage élevés. Mais le problème est dual, à la fois politique et économique, l’opacité qui entoure les transactions et la voracité des privilégiés du régime freinent la dynamique d’investissement  des Tunisiens eux-mêmes. Plutôt que placer leurs capitaux dans le secteur productif, trop voyant où « on » pourrait leur imposer de céder des participations, les entrepreneurs investissent dans l’immobilier et le foncier dans le but de mettre leur argent en sécurité. A terme et malgré le flux des IDE, la prévalence de la corruption pourrait mettre à mal la légitimité du régime tunisien fondée sur l’amélioration des conditions de vie et la croissance économique.

Un modèle menacé ?

Ce mémorandum sonne un cri d’alerte devant la dérive d’un système construit autour de familles régnantes et d’un réseau c’allégeances qui priment le droit. Au delà de toute autre considération, les diplomates estiment que le « miracle » économique tunisien risque d’être mis à mal par les tares de ceux qui conduisent les affaires du pays. Et la menace pourrait bien venir non pas des couches sociales les plus défavorisées et exclues mais bien de ceux qui sont à l’origine de la dynamique tunisienne et des succès du pays sur le front de la croissance. Les signaux détectés par les diplomates américains, le refus de rapatrier leurs fonds, le désir de délocaliser manifestés par certains hommes d’affaires, traduisent l’exaspération croissante de la classe des entrepreneurs lassée de courber l’échine devant des puissances qu’elle méprise. Le  modèle tunisien ne serait-il pas aussi exemplaire que le FMI se plait à le dire ? - Saïd Mekki

Les câbles des diplomates américains divulgués par Wikileaks sont, du point de vue du fonctionnement des économies, d’un grand intérêt. Des lecteurs ont demande qu’on puisse les rendre accessible.s Maghreb Emergent entreprendra de traduire les câbles qui évoquent le fonctionnement des économies locales. La franchise des diplomates américains sur ces questions ne le rend que plus intéressant. Nous commençons par le câble-brulot de l’ancien ambassadeur à Tunis, Robert F. Godec, versé actuellement au département d’État dans l’antiterrorisme.

 
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------
08TUNIS679 2008-06-23 13:01 2010-12-07 21:09 SECRET Embassy Tunis VZCZCXYZ0000
SUBJECT: CORRUPTION IN TUNISIA: WHAT'S YOURS IS MINE
Classified By: Ambassador Robert F. Godec for Reasons 1.4 (b) and (d).
 
Résumé
1. (S) Selon le rapport annuel de Transparency International et des observations de contacts de l'ambassade, la corruption en Tunisie ne fait qu'empirer. Que ce soit des liquidités, des services, des terres, des biens, ou oui, même votre yacht, la famille du président Ben Ali est réputée pour le convoiter et obtenir ce qu’elle souhaite.
Au-delà des histoires de magouilles de la première famille (présidentielle NDLR), les Tunisiens déclarent rencontrer la corruption de bas niveau dans leurs contacts avec la police, la douane, et une série de ministères du gouvernement. L'impact économique est clair, avec des investisseurs tunisiens, craignant le long bras de «la famille», qui renoncent à de nouveaux investissements, le maintien de taux d'investissement interne faible et un taux de chômage élevé (Refs G, H). Ces rumeurs persistantes de corruption, combinées à une inflation en hausse et un chômage structurel, ont contribué à alimenter la colère contre le GOT (gouvernement tunisien. NDLR) et ont contribué à de récentes manifestations dans le sud-ouest de la Tunisie (Ref A). Ceux d'en haut serait les pires délinquants, mais susceptibles de rester au pouvoir, il n'y a pas de garde-fous dans le système. Fin Résumé.
------------------
Sans Limites (The Sky’s the Limit)
------------------
2. (C) Selon Transparency International, indice 2007, la perception est que la corruption en Tunisie ne fait qu'empirer. Le classement de la Tunisie sur l'indice a chuté de 43 en 2005 à 61 en 2007 (sur 179 pays) avec un score de 4,2 (avec 1 pour le plus corrompu et 10 pour le moins corrompu). Bien que la corruption soit difficile à vérifier, et encore plus difficiles à quantifier, nos contacts sont tous d'accord que la situation s’oriente dans la mauvaise direction. Lorsqu'on lui a demandé s'il pensait que la corruption est meilleure, pire ou de même niveau, XXXXXXXXXXXX, exaspéré s'est écrié : «Bien sûr que ça se dégrade!". Il a déclaré que la corruption ne pouvait qu’augmenter, du fait que ses bénéficiaires sont à la recherche de plus en plus de sources de revenus. Plaisantant à propos de la hausse de l'inflation la hausse en  Tunisie, il a dit que même le coût des pots-de-vin a augmenté. "Un contrôle routier utilisé pouvait vous coûter 20 dinars, maintenant c'est à 40 ou 50!"
----------------
Tout dans la famille
----------------
3. (S) La famille élargie du Président Ben Ali est souvent citée comme le centre de la corruption en Tunisie. Souvent considérée comme une quasi-mafia, une mention indirecte de la "Famille" est suffisante pour indiquer à quelle famille l’on fait allusion. Apparemment la moitié du monde des affaires en Tunisie peut se prévaloir d’une connexion avec Ben Ali par le mariage, et bon nombre de ces relations auraient grandement tiré profit de cette parenté.
L’épouse de Ben Ali, Leïla Ben Ali, et sa famille élargie- les Trabelsi – sont ceux qui suscitent le plus la colère des Tunisiens. Avec les nombreuses allégations de corruption, les piques visent les Trabelsi pour leur manque d'éducation, leur faible niveau social, et leur luxe ostentatoire. Bien que certaines des plaintes sur le clan Trabelsi semblent exprimer le mépris pour leurs tendances de nouveaux riches, les Tunisiens font également valoir que la brutalité des moyens utilisés par les Trabelsi et leur abus flagrant du système les rendent facilement détestables. Le frère de Leïla, Belhassen Trabelsi le membre de la famille la plus célèbre, est réputé pour avoir été impliqué dans une large gamme d’affaires de corruption, du remaniement récent du conseil d’administration de la Banque de Tunisie (Ref B) à l'expropriation des biens et l'extorsion de pots-de-vin. Sans compter celles dont il a hérité, les propriétés de Belhassen Trabelsi sont nombreuses et comprennent une compagnie aérienne, plusieurs hôtels, l'une des deux stations de radio privées de Tunisie, une usine d'assemblage d’automobiles, la concession Ford, une société de développement immobilier…et la liste continue. (Voir Ref K pour obtenir une liste plus étendue de son patrimoine.) Pourtant, Belhassen est seulement l'un des membres de la  famille de Leïla composée de dix frères et soeurs connus, chacun avec ses propres enfants. Dans cette grande famille élargie, Moncef, frère de Leïla et Imed son neveu en particulier, sont également d’importants acteurs économiques.
4. (S / NF) Le président est souvent absous par de nombreux Tunisiens qui prétendent qu'il est utilisé par le clan Trabelsi et n'est pas au courant de leurs magouilles. XXXXXXXXXXXX, un fervent partisan du gouvernement et membre du XXXXXXXXXXXX, a dit à l'ambassadeur que le problème n'est pas Ben Ali, mais "la famille", qui va trop loin et enfreint les règles. Néanmoins, il est difficile de croire que Ben Ali ne soit pas au courant, au moins dans les grandes lignes, du problème de la corruption croissante.
Cela pourrait aussi refléter les divisions géographiques apparentes entre les fiefs de Ben Ali et des Trabelsi. Le clan Ben Ali se concentre sur région côtière centrale et le clan Trabelsi opère dans la région du grand Tunis et, par conséquent, génère la majeure partie des ragots. Le côté Ben Ali de la famille et de ses enfants et beaux-parents de son premier mariage sont également impliqués dans un certain nombre d'affaires.
Ben Ali a sept frères et sœurs, dont son défunt frère Moncef, un trafiquant de drogue connu, condamné par contumace à 10 ans de prison par les tribunaux français. Ben Ali a trois enfants avec sa première femme Naima Kefi: Ghaouna, Dorsaf et Sirine. Elles sont mariées respectivement à Slim Zarrouk, Slim Chiboub, et Marouane Mabrouk, qui représentent des centres de pouvoirs économiques significatifs.
-------------------------------------------
Cette Terre est votre Terre, cette Terre est ma Terre
-------------------------------------------
 
5. (S / NF) Avec les prix réels de l’immobilier en plein essor et le foncier à la hausse, posséder des biens ou des terres au bon endroit peut être soit une aubaine soit un aller simple vers l'expropriation. Au cours de l’été 2007, Leïla Ben Ali a obtenu gratuitement du gouvernement tunisien un terrain convoité à Carthage afin de construire une école privée, la Carthage International School (F Ref). En plus du terrain, l'école a reçu en cadeau un financement de 1,8 millions dinars (US $ 1,5 millions) du gouvernement Et, en l’espace de quelques semaines, le gouvernement a construit de nouvelles routes et installé des feux de signalisation pour faciliter l'accès à l’école. Il est rapporté que Mme Ben Ali a vendu l'École Internationale de Carthage à des investisseurs belges, mais l'ambassade de Belgique a pour le moment été incapable de confirmer ou démentir la rumeur. XXXXXXXXXXXX affirme que l'école a été en effet vendue pour une somme non divulguée mais énorme.
Il a observé qu’une telle vente serait un pur profit puisque Mme Ben Ali a reçu la terre, les 'infrastructures et un bonus conséquent sans bourse délier.
6. (S / NF) La construction d'un manoir énorme et criard est en cours à côté de la résidence de l'Ambassadeur depuis l’année dernière. Plusieurs sources nous ont rapporté que la maison est celle de Sakher El Materi, gendre du Président Ben Ali frère et propriétaire de Radio Zitouna. Le propriétaire de ce terrain de premier ordre aurait été exproprié par le gouvernement tunisien pour une utilisation par l'administration de l’hydraulique, le terrain a ensuite été attribué à Materi pour un usage privé. Un propriétaire de café a raconté une histoire semblable à un employé de l'ambassade, Belhassen Trabelsi l'a forcé à échanger le café qu'il possédait, situé dans un emplacement de choix contre le café qu’il dirige actuellement. Le propriétaire du café a déclaré que Trabelsi lui a dit qu'il pouvait faire ce qu'il voulait; si un pot de vin de 50 dinars à la police n'étaient pas suffisant, Trabelsi a déclaré que le propriétaire (du café NDLR) n'avait qu'à l'appeler et il "s’occuperait de l’affaire."
-----------
On recherche yacht
-----------
6. (S / NF) En 2006, Imed Trabelsi et Moaz, neveux de Ben Ali, auraient volé le yacht d'un homme d'affaires français bien introduit, Bruno Roger, président de Lazard Paris. Le vol, largement rapporté dans la presse française, est apparu en pleine la lumière quand le yacht, fraîchement repeint de sorte à couvrir ses caractéristiques distinctives, est apparu dans le port de Sidi Bou Saïd. Roger, un personnage  important dans l'establishment français a créé un potentiel d’irritation dans les relations bilatérales et selon les rapports, le yacht a été rapidement restitué. L'affaire du yacht volé a refait surface au début de 2008 du fait d’un mandat d'Interpol pour les deux Trabelsi. En mai, les frères ont été traduits devant les tribunaux tunisiens, dans un effort destiné à satisfaire la justice internationale. Le verdict du procès n'est pas connu.
-----------------
Montrez-moi votre argent
-----------------
7. Le secteur financier (S) de la Tunisie reste en proie à de graves allégations de corruption et de mauvaise gestion financière.
Les milieux d'affaires tunisiens ironisent en disant que la relation la plus importante est celle que vous pouvez avoir avec votre banquier, ce qui reflète l'importance des contacts personnels plutôt qu’un projet d'affaires solide pour obtenir des financements. Le résultat d’un système bancaire fondé sur les relations personnelles est que le taux global des crédits non performants est de 19 pour cent, ce qui reste élevé, mais est inférieur au pic de 25 pour cent en 2001 (Ref I).
Les contacts de l'ambassade soulignent que beaucoup de ces crédits ont été consentis à de riches hommes d'affaires tunisiens qui utilisent leurs liens étroits avec le régime pour éviter le remboursement (réf. E).
La supervision laxiste du secteur bancaire en fait un excellent gisement d’opportunités, nourri par de nombreuses histoires de montages de la « Première Famille ».
Le récent remaniement à la Banque de Tunisie (Ref B), avec la femme du ministre des Affaires étrangères à la présidence et Belhassen Trabelsi nommé au conseil d'administration, en est le dernier exemple.
Selon un représentant du Crédit Agricole, Marouane Mabrouk, un autre des gendres de Ben Ali, a acheté une participation de 17 pour cent de l'ancienne Banque du Sud (aujourd'hui Attijari Bank) immédiatement avant la privatisation de la banque. Cette part de 17 pour cent a été décisive pour le contrôle majoritaire de la banque, la privatisation ne représentant que 35 pour cent du capital de la banque. Le représentant du Crédit Agricole a déclaré que Mabrouk a vendu ses actions à des banques étrangères avec une plus-value significative, l’adjudicataire de l'appel d'offres, l'hispano-marocain Santander-Attijariwafa a finalement payé une prime non déclarée à Mabrouk. XXXXXXXXXXXX a raconté que quand il était encore à sa banque il avait l'habitude de recevoir des appels de clients paniqués qui l’informaient que Belhassen Trabelsi leur avait demandé de l'argent. Il n'a pas précisé s'il leur avait conseillé ou non de payer.
----------------------
Effet d'entraînement
----------------------
8. (S) bien que les histoires de corruption de haut niveau de la famille soient parmi les plus  fréquentes et les plus souvent répétées par les Tunisiens, la petite corruption est celle qu’ils rencontrent le plus fréquemment dans leur vie quotidienne. Les contraventions pour excès de vitesse peuvent être ignorées, la délivrance des passeports peut être accélérée, et les usages peuvent être contournés - tous pour le bon prix. Les dons au fonds gouvernemental pour le développement 26-26 ou à la Société caritative Bessma pour les Handicapés soutenue par Leila Ben Ali  sont également réputés pour graisser les rouages. Hayet Louani (protéger), un membre bien introduit du Parlement, a fait face à une pression accrue du gouvernement après avoir refusé plusieurs "demandes" de donner de l'argent à l'équipe de football des Trabelsi. XXXXXXXXXXXX a déclaré que les inspecteurs des douanes lui réclament 10.000 dinars pour dédouaner ses marchandises, il n'a pas révélé si oui ou non il a acquiescé à la demande.
9. (S) Le népotisme est également soupçonné de jouer un rôle important dans l'octroi de bourses et d'emplois. Connaître les personnes idoines au ministère de l'Enseignement supérieur peut déterminer l'admission dans les meilleures écoles ou peut signifier une bourse pour étudier à l'étranger. Un FSN (employé local. NDLR) de l'ambassade a déclaré que le Directeur de la Coopération internationale, un contact de longue date, a offert de donner à son fils une bourse d'études au Maroc sur la base de leur connaissance. Si vous ne connaissez pas quelqu'un, l'argent peut aussi faire l'affaire. Il ya beaucoup d'histoires de Tunisiens qui ont payé des fonctionnaires au ministère de l'Enseignement supérieur pour envoyer leurs enfants dans de meilleures écoles que celles auxquelles ils auraient eu droit au vu de leurs résultats aux examens. On soupçonne également que les emplois dans l’administration – très recherchés en Tunisie – soient alloués sur la base de connexions.
La défunte mère de Leila Ben Ali, Hajja Nana, est aussi citée pour avoir agi à titre de courtier pour les admissions scolaires et de recrutement au sein de l’administration, en fournissant ses services de facilitation contre une commission. Parmi les plaintes déposées par les manifestants dans le bassin minier de Gafsa figuraient des allégations selon lesquelles des emplois dans la Société des phosphates de Gafsa ont été attribués sur la base de connexions et de corruption.
--------
Le règne des voyous
--------
10. (S / NF) Les nombreuses histoires de corruption familiale sont certainement pénibles pour de nombreux Tunisiens, mais au-delà des rumeurs de commissionnements illicites domine l’exaspération devant le fait que ceux qui sont bien introduits peuvent vivre au-dessus des lois. Un ressortissant tunisien a déploré que la Tunisie ne soit plus un État policier mais un État dirigé par la mafia. «Même la police rend compte à la famille!", s’est-il écrié.   
Ceux qui sont au sommet seraient les pires  délinquants, et susceptibles de durer au pouvoir, il n'y a pas de contrôles au sein du système. La fille d'un ancien gouverneur a raconté que Belhassen Trabelsi a fait irruption dans le bureau de son père dans un état de fureur, -allant même jusqu’à jeter un employé de bureau, une personne âgée, à terre,  après avoir été invité à respecter les lois exigeant une couverture d'assurance pour son parc d'attractions. Son père a écrit une lettre au Président Ben Ali pour défendre sa décision et en dénonçant les méthodes de Trabelsi. La lettre est restée sans réponse, et il a été démis de ses fonctions peu après. La forte censure de la presse par le gouvernement fait que les histoires de corruption familiale ne sont pas publiées. La corruption de la famille reste une ligne rouge que la presse ne peut franchir qu’à ses risques et périls.
Bien que l'incarcération du comédien Hédi Oula Baballah fût apparemment liée à une affaire de drogue, des groupes de défense des droits humains pensent que son arrestation était une punition pour un spectacle de 30 minutes parodiant le président et ses gendres. (Tunis D).
Les ONG internationales assurent que les conditions de détention difficiles du journaliste Slim Boukdhir, arrêté pour avoir omis de présenter sa carte d'identité et outrage à un agent de police, sont directement liées à ses articles critiquant la corruption du gouvernement. La corruption demeure un sujet évoqué en murmurant après un bref regard derrière l’épaule.
-----------------------
L'éléphant dans la pièce
-----------------------
11. (S) Plusieurs économistes tunisiens estiment que l’augmentation ou non de la corruption n’est pas significative, car «la perception est la réalité. » La perception de la corruption croissante et les rumeurs persistantes de tractations en coulisses ont un impact négatif sur l'économie indépendamment de la véracité des faits rapportés. Des contacts nous ont confié avoir peur d'investir, craignant que la famille n’exige une part de l’affaire. "Et alors ?" se demande Alaya Bettaieb, "Le meilleur scénario est que mon investissement soit un succès et que quelqu'un d'important essaie d’en prendre une part." La persistance de faibles taux d'investissement interne le confirment (Ref H). Bien qu’illégaux, les comptes bancaires à l’étranger, seraient monnaie courante. Une récente amnistie du ministère des Finances destinée à encourager les Tunisiens à rapatrier leurs fonds a été un échec lamentable. Bettaeib confie qu'il envisage d'enregistrer sa nouvelle société en Mauritanie ou à Malte, craignant des interférences indésirables. De nombreux économistes et hommes d'affaires observent que l’importance des investissements dans l'immobilier et le foncier reflètent-le manque de confiance dans l'économie et une tentative de mettre leur argent en sécurité (Ref C).
12. (S) Jusqu'à présent, les investisseurs étrangers n'ont pas été découragés, et selon les contacts dans les milieux d'affaires tunisiens, largement non affectés (par ces agissements. NDLR).
Les investissements étrangers continuent d’affluer à un rythme soutenu, même en excluant les privatisations et les grands projets du Golfe qui n'ont pas encore commencé. Les investisseurs étrangers rapportent plus rarement les tentatives d'extorsion rencontrées par les Tunisiens, ce qui est peut-être du au fait que les investisseurs étrangers ont recours à leurs propres ambassades et les gouvernements. Le représentant de British Gas a dit à l'ambassadeur qu’il n’avait été confronté à aucune irrégularité. XXXXXXXXXXXX a déclaré qu'il ya plusieurs années Belhassen Trabelsi avait tenté de faire pression sur une entreprise allemande opérant dans le secteur offshore, mais qu’après une intervention de l'ambassade d'Allemagne, Trabelsi a été explicitement mis en garde afin d'éviter les sociétés offshore. Malgré les déclarations sur l’augmentation de l'investissement interne, le gouvernement tunisien met fortement l'accent sur l'accroissement des flux d'IDE (investissements directs étrangers) dans le pays, en particulier dans le secteur offshore. Néanmoins, il existe encore plusieurs exemples d'entreprises ou d’ investisseurs étrangers qui ont fait l'objet de pressions en vue de s’associer au « bon » partenaire. Le meilleur exemple reste la non-entrée de McDonald's en Tunisie. Lorsque McDonald's a choisi de limiter la Tunisie à un franchisé qui n’était pas le candidat du gouvernement tunisien, l'affaire a capoté par le refus du gouvernement d'accorder l'autorisation nécessaire et le refus de Macdonald’s de jouer le jeu par l'octroi de sa licence à un franchisé ayant des liens avec la Famille.
------
Commentaire
------
 
13. (S) Bien qu’ils en aient  gros sur le cœur du fait de la petite corruption, ce sont les excès de la famille du président Ben Ali qui inspirent l'indignation des Tunisiens. Pour les Tunisiens confrontés à une inflation en hausse et un chômage élevé, l'exhibition de la richesse et des rumeurs persistantes de corruption alimentent l'incendie.
Les récentes manifestations dans la région minière de Gafsa sont un rappel puissant d’un mécontentement qui reste largement souterrain. Le gouvernement a fondé sa légitimité sur sa capacité à assurer la croissance économique, mais un nombre croissant de Tunisiens pensent que ceux qui sont au sommet en gardent les bénéfices pour eux-mêmes.
14. (S) La corruption est un problème qui est à la fois politique et économique. Le manque de transparence et de responsabilisation qui caractérisent le système politique de la Tunisie mine l'économie, dégradant le climat d'investissement et alimentant une culture de la corruption. S’agissant du discours d'un miracle économique tunisien et de toutes les statistiques positives, le fait que les investisseurs tunisiens ont opté pour une direction limpide est éloquent. La corruption est l'éléphant dans la pièce, c'est le problème que tout le monde connaît, mais que personne ne peut reconnaître publiquement.
Godec

Traduit par  Saïd Mekki سعيد مكي

Edité par  Tafsut Aït Baamrane تفسوت أيت باعمران

Merci à Maghreb émergent
Source: http://213.251.145.96/cable/2008/06/08TUNIS679.html
Date de parution de l'article original: 12/12/2010

Le dossier Tunisie
Les dernières mises à jour



Source : TLAXCALA
http://www.tlaxcala-int.org/...


Avertissement
Palestine - Solidarité a pour vocation la diffusion d'informations relatives aux événements du Moyen-Orient, de l'Amérique latine et de la Corse.
L' auteur du site travaille à la plus grande objectivité et au respect des opinions de chacun, soucieux de corriger les erreurs qui lui seraient signalées.
Les opinions exprimées dans les articles n'engagent que la responsabilité de leur auteur et/ou de leur traducteur. En aucun cas Palestine - Solidarité ne saurait être tenue responsable des propos tenus dans les analyses, témoignages et messages postés par des tierces personnes.
D'autre part, beaucoup d'informations émanant de sources externes, ou faisant lien vers des sites dont elle n'a pas la gestion, Palestine - Solidarité n'assume aucunement la responsabilité quant à l'information contenue dans ces sites.
Pour contacter le webmaster, cliquez < ici >

Retour  -  Accueil Ressources  -  Analyses  -  Communiques  -  Originaux