Nouvelles d'Irak
Revue de presse: George W. Bush et la torture
Gilles Munier
Jeudi 25 novembre 2010
Dans ses « Mémoires » sortis récemment - Decisions
Points (Moments décisifs) - l’ancien président
G.W. Bush a reconnu avoir commis quelques erreurs, mais avoir
autorisé l’épreuve de la « noyade » pour les
terroristes capturés n’en fait pas partie. « Exact »
aurait-il dit à propos de cette technique à laquelle a été
soumis Khalid Sheikh Mohammed, qui a planifié le 11 septembre.
La suffisance de Bush sur le sujet montre combien ses vues et
celles de beaucoup à Washington sont déformées sur la question
de la torture. Elle est aussi un indice de cette inadéquation
des barrières légales qui perdure.
On m’a assuré
que les méthodes d’interrogation
ne constituaient pas des tortures…
Jusqu’à ce que Bush arrive au pouvoir, l’épreuve de la
« noyade » - au cours de laquelle les détenus doivent
expérimenter l’impression et la sensation de se noyer - a été
considérée comme un crime par les gouvernements US pour au moins
90 ans. On a traduit en justice les soldats américains qui
l’avaient utilisée dans les Philippines après la Guerre civile
américaine. Le département d’Etat l’avait qualifiée de torture
illégale quand des gouvernements étrangers y avaient eu recours.
Et, cependant, Bush s’est senti libre d’avouer l’avoir autorisée
contre trois chefs d’Al-Qaïda. Parce que les juristes
chevronnés de son administration – pour la plupart, des
nominations politiques- lui ont fourni des mémorandums secrets
déclarant que « la noyade » et d’autres tortures
ordinaires étaient légales. « J’ai demandé aux responsables
les plus haut placés dans le domaine juridique du gouvernement
américain de revoir les méthodes d’interrogation et ils m’ont
assuré qu’elles ne constituaient pas des tortures »
écrit-il.
En fait, l’une de ces opinions extrêmes a été cassée par le
Département de la justice et l’administration a retiré de
son menu d’interrogatoires « la noyade » après 2005.
Peu après son entrée à la Maison Blanche, le Président Obama a
donné l’ordre à tous les interrogateurs gouvernementaux
d’appliquer les procédures de l’armée qui l’interdisent. Mais,
si l’on en croit ce qu’écrit Bush, le dossier n’est pas clos.
Les normes légales régissant le traitement des prisonniers
étrangers restent vagues - l’une interdit seulement « les
actions qui choquent la conscience ». Bush et ses
juristes triés sur le volet ont conclu en secret que cette
terminologie permettait la « noyade » des chefs d’Al-Qaïda
et il n’y a rien qui puisse empêcher un futur président
d’adopter la même attitude.
Il n’y a aucune garantie
que des violations honteuses
des droits de l’homme
ne puissent pas être perpétrées
à nouveau
D’aucuns ont demandé que Bush ou les hauts responsables de son
administration soient poursuivis pour avoir autorisé la torture
et ils sont furieux contre Obama qui a décidé de ne pas donner
suite. Il est peu probable qu’une action en justice contre
l’ancien président puisse prospérer même s’il s’agissait d’une
décision politique correcte. Ce qui est requis est une action du
gouvernement et du Congrès pour bannir les techniques de torture
telles que la « noyade » et la privation prolongée de
sommeil et définir un cadre légal clair pour les détenus
étrangers. En l’absence d’un tel statut, il n’y a aucune
garantie que des violations honteuses des droits de l’homme
comme celles de Bush ne puissent pas être perpétrées à nouveau.
Traduction: Xavière Jardez
Source :
Why George W. Bush can confess to approving torture (Washington
Post
– 15/11/10)
http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2010/11/15/AR2010111505961.html
© G. Munier/X.Jardez
Publié le 25 novembre 2010 avec l'aimable
autorisation de Gilles Munier
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