Nouvelles d'Irak
Retrait partiel d'Irak: un
avant-goût de défaite
Gilles Munier
Gilles Munier
Vendredi 20 août 2010
Retrait partiel d'Irak: un avant-goût
de défaite
« Ils sont partis comme des voleurs… comme des criminels »,
ont dit les Irakiens en apprenant que la 4ème brigade
de combat Stryker, de la 2ème division d’infanterie
de l’armée étasunienne, avait franchi la frontière du Koweït –
sans tambour ni trompette - à l'aube, le 19 août 2010.
Partie d’Abou Ghraib, la soi-disant « dernière patrouille »
a mis quatre jours pour couvrir 600km, roulant de nuit, protégée
par des chasseurs F 16, des hélicoptères Black Hawk et,
au sol, par des troupes du régime de Bagdad (1).
A part le carré pro américain, personne ne regrette leur départ.
Les brigades d’infanterie Stryker qui tirent leur nom du
véhicule blindé dont elles sont dotées, ont participé aux
massacres ayant ensanglanté l’Irak - notamment à ceux
de Fallujah et de Tell Afar -, et aux opérations de
ratissage contre la résistance et aux tortures de civils dans
les régions de Baquba, Rawa, Mossoul et Diyala (2).
Tout le monde se prépare au pire
Si certaines troupes d’occupation s’en vont, d’autres restent.
La guerre n’est pas terminée, n’en déplaise à Barack Obama en
campagne électorale de mi-mandat. Sept ans et cinq mois après
l’invasion du pays, environ 56 000 GI’s sont toujours
en Irak, ainsi que plusieurs milliers de mercenaires (contactors).
Tandis que l’armée américaine formera les troupes irakiennes,
des forces spéciales – 5000 environ – combattront le
terrorisme, c'est-à-dire la résistance. Personne ne sait quand
les Etats-Unis se retireront vraiment d’Irak, surtout si le
régime de Bagdad, aux abois, demande qu’ils restent. L’ancien
chef rebelle kurde Babakr Zebari, actuel chef d’Etat major de
l’armée irakienne, estime que le retrait américain est
« prématuré » et que le régime ne pourra pas assurer, seul,
sa sécurité… d’ici 2020. D’ailleurs tout le monde se prépare au
pire. Signe qui ne trompe pas : les 2400 diplomates étasuniens
en Irak seront protégés par une armée privée de 7 000
mercenaires disposant de 1300 véhicules blindés et de 29
hélicoptères. Chaque antenne diplomatique américaine aura une
unité des forces spéciales à sa disposition (3). Dire
que les Etats-Unis n’occupent plus l’Irak, ne participent plus
aux combats, ou s’en abstiendront à l’avenir, sont des mensonges
éhontés.
Notes:
(1) Last brigade of combat troops drives out of Iraq,
par Teri Weaver et Heath Druzin
(Stars and Stripes – 18/8/10).
http://www.stripes.com/news/middle-east/iraq/last-brigade-of-combat-troops-drives-out-of-iraq-1.115164
(2)
Stryker Brigade
http://cpedia.com/wikiq=Stryker+Brigade&guess_ambig=John+Keane+Stryker+Brigade+Fort+Lewis#
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(3)
Irak : l'Amérique retire sa force de frappe, par Renaud Girard
http://www.lefigaro.fr/international/2010/08/19/01003-20100819ARTFIG00477-irak-l-amerique-retire-sa-force-de-frappe-et-change-de-mission.php
© G. Munier/X.Jardez
Publié le 21 août 2010 avec l'aimable
autorisation de Gilles Munier
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