Nouvelles d'Irak
Tarek Aziz
et les prisonniers de guerre livrés à l'ennemi
Gilles Munier
Gilles Munier
Jeudi 15 juillet 2010
Annoncé depuis deux ans, le transfert des dirigeants irakiens
arrêtés, ou qui se sont rendus sous condition, après
l’occupation du pays en avril 2003, a débuté il y a quelques
jours à Bagdad. Cinquante-cinq d’entre eux – parmi lesquels
le vice- Premier ministre Tarek Aziz et Abed Hmoud,
secrétaire du Président Saddam Hussein - sont actuellement
détenus à la prison de Kazimiyya, centre de torture contrôlé par
le ministère irakien de la Justice et les milices
pro-iraniennes.
Maître Badie Aref, avocat irakien de Tarek Aziz et de plusieurs
autres prisonniers de guerre, a rappelé que cet acte constitue
« une violation de la charte de la Croix-Rouge qui interdit
qu'un prisonnier soit extradé vers ses ennemis ». Il a
ajouté que la vie de Tarek Aziz était « désormais en
danger, car entre les mains de ses ennemis qui pourraient lui
infliger la peine de mort pour se débarrasser de lui » (1).
Mais, son appel est resté lettre morte, comme les précédents
réclamant sa libération pour raison de santé (2).
Maître Jacques Vergès, chargé d’assurer la défense de Tarek Aziz
à l’étranger, a écrit à son sujet aux cinq chefs d’Etat membres
permanents du Conseil de sécurité de l’ONU. Il a reçu des
réponses de l’ambassadeur de Russie, de son homologue de
Grande-Bretagne et du conseiller diplomatique de Jacques Chirac
(3). Les Etats-Unis et le régime de Bagdad ont refusé
de lui délivrer un visa pour qu’il se rende en Irak rencontrer
son client, alors qu’ils en ont accordé un au juge Philippe
Courroye pour interroger Tarek Aziz dans le cadre de l’affaire
« Pétrole contre nourriture ».
Dans un communiqué, la Commission Liberté et Justice
(4) réunie à Paris en mai 2008, déclarait que le
transfert des dirigeants emprisonnés était « contraire à
l’esprit et à la lettre des Conventions de Genève de 1949
relatives au traitement des prisonniers de guerre » et
suggérait que les Etats-Unis « les remettent à une puissance
neutre ».
Plus de 1 600 résistants sont actuellement détenus au Camp
Cropper, dans l’indifférence de l’opinion publique mondiale,
sous-informée (5). D’autres croupissent dans des
prisons secrètes de la CIA, du régime de Bagdad ou des services
secrets kurdes. La Commision Liberté et Justice
concluait ainsi son communiqué : « La décision de remettre
les prisonniers de guerre irakiens aux milices pro-iraniennes
qui se partagent le pouvoir à Bagdad est non seulement illégale
mais criminelle et honteuse, car c’est les livrer - en
toute connaissance de cause- à la torture et au
bourreau ».
Rappel :
(1)
En mars 2009, Tarek Aziz a été condamné à 15 ans de prison pour
« crime contre l’humanité »,
sans aucune preuve, à l’issue du procès dit des commerçants. Les
procès à répétition contre l’ancien vice-Premier ministre
irakien avaient pour but d’empêcher sa libération.
(2)
Bulletin de santé de Tarek Aziz
(clinique du Camp
Cropper – 26/1/10) :
http://www.france-irak-actualite.com/article-tarek-aziz-etat-de-sante-45332733.html
(3)
Lire: La défense pour dénoncer –
interview de Jacques Vergès au
Quotidien d’Oran (16/2/06)
http://www.globalresearch.ca/index.php?context=viewArticle&code=DEC20090210&articleId=1991
(4)
La Commission Liberté et Justice
se réunie périodiquement. Elle est composée de personnalités et
de militants irakiens, arabes et français qui tentent de
sensibiliser l’opinion à la situation en Irak.
(5)
Lire :
« Tarek Aziz… connais pas ! »
http://www.france-irak-actualite.com/pages/Tarek_Aziz_connais_pas_Bakchichinfo_20508-1982322.html
Tarek Aziz, l’homme qui en sait trop
http://www.france-irak-actualite.com/pages/tarek-aziz-l-homme-qui-en-sait-trop-juin-2008--1982315.html
© G. Munier/X.Jardez
Publié le 16 juillet 2010 avec l'aimable
autorisation de Gilles Munier
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