Corse
Incendie du bureau de Santini : quand le
parquet se ridiculise
Jean-Guy Talamoni
Jean-Guy Talamoni - Photo Alta Frequenza
Jeudi 14 mai 2009
La Cour d’appel examinait hier
l’affaire de l’incendie du bureau d’Ange Santini. On se souvient
qu’après les déclarations plutôt martiales de la ministre de
l’intérieur, l’enquête menée par un bataillon de policiers
d’élite avait donné lieu à la condamnation d’un commando de
mangeurs de lasagnes. Quant à la procédure conduite à l’encontre
de quatre militants de Corsica Libera, elle se fondait sur un
dossier d’une vacuité sidérante…
Après la relaxe logiquement prononcée
par le Tribunal correctionnel d’Ajaccio, le parquet avait fait
appel. Cette position a été soutenue hier devant la Cour de
Bastia par un avocat général particulièrement sûr de lui,
arrogant et parfois insultant, maniant une ironie qui se voulait
mordante mais qui apparaissait plutôt fielleuse…
À l’entendre, la culpabilité était
tellement évidente que la relaxe de première instance n’avait pu
être obtenue que par la déloyauté et… les menaces !
Seulement voilà : la fastidieuse
démonstration de l’avocat général prenant fin au grand
soulagement de l’assistance, la défense faisait sobrement état
d’un document qui lui avait été communiqué par erreur. Ce
rapport, émanant du procureur d’Ajaccio, expliquait tout
bonnement qu’un appel était à proscrire compte tenu de l’état du
dossier et de la forte probabilité de voir la relaxe confirmée !
Par ailleurs, un curieux argument était avancé : un éventuel
appel donnerait une tribune aux nationalistes « radicaux », au
risque de les voir prendre l’avantage sur leurs concurrents
« modérés »… Nous ignorions que le « parquet de la République »
se considérait en charge des intérêts d’un courant du
nationalisme, au point, non seulement de chercher ouvertement à
privilégier ledit courant, mais encore d’assumer une telle
attitude par écrit, dans un document qui, il est vrai, n’aurait
jamais dû se trouver entre les mains de Corsica Libera !
Inutile de préciser qu’après la
présentation de ce singulier « rapport » par la défense,
l’avocat général avait perdu pas mal de sa superbe.
Le parquet, qui n’avait cessé de stigmatiser bruyamment
le « manque d’intelligence » et les « mensonges » des prévenus,
se trouvait face à la preuve, éclatante et indiscutable, de sa
propre intelligence et de son honnêteté intellectuelle…
Jean-Guy
Talamoni
Dossier Corse
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