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El-Watan - Le processus de paix au proche-Orient
Nouvelle
conférence à Annapolis
T. Hocine 
Mahmoud Abbas et Ehud Olmert
27 novembre 2007 Une
conférence internationale dite de paix au Proche-Orient s’ouvre
aujourd’hui dans la localité américaine d’Annapolis
(Maryland, est). Elle se tient à l’initiative des Etats-Unis
qui en ont dressé l’ordre du jour et la liste des participants. Voilà
donc pour le fait lui-même. Mais jamais une réunion de cette
dimension n’a suscité une telle réserve sinon un trop fort
sentiment de pessimisme, la présence des pays arabes ne
s’expliquant que par leur refus de la chaise vide. Quant aux
Palestiniens, un sondage réalisé par l’université Al Najah de
Cisjordanie montre que seulement 30% d’entre eux croient au succès
de la réunion d’Annapolis, 55% sont de l’avis contraire. Ceux
qui vont les représenter à cette réunion ont déjà avoué l’échec
de leurs négociations avec Israël, révélant au passage cette
subtilité lexicale qui cache mal le refus de ce dernier
d’accepter le moindre engagement. Il préfère une « déclaration »
au lieu d’un « document », ce dernier étant plus
contraignant par rapport au premier lequel peut amplement se
suffire de généralités. Et comme pour atténuer une certaine réserve,
Washington a suggéré que la réunion d’Annapolis aboutisse à
la création d’un comité de suivi qui serait chargé de
surveiller les négociations entre Israéliens et Palestiniens.
Les membres de ce comité seraient choisis parmi les représentants
du Quartette (Etats-Unis, ONU, Russie, Union européenne) et du
groupe de contact arabe chargé de promouvoir l’initiative de
paix d’inspiration saoudienne, relancée en début d’année
lors d’un sommet à Riyad. En outre, les Etats-Unis se sont
engagés oralement à ce que le Golan, mais aussi le cas des
fermes de Chebaâ au Liban – petit territoire situé aux confins
du Liban, de la Syrie et d’Israël – soient abordés. Mais les
pays arabes réclament une confirmation écrite. Concernant le
premier volet, c’est-à-dire palestino-israélien, les deux
parties affichent en effet des positions souvent aux antipodes sur
les questions censées être au cœur d’un éventuel accord, à
savoir les frontières du futur Etat palestinien, le sort des
colonies juives, d’El Qods et des réfugiés palestiniens.
« Les principaux désaccords résultent du refus d’Israël
que soit mise en place une commission tripartite représentant
Israël, l’Autorité palestinienne et le Quartette pour
superviser l’application, simultanée et réciproque, des
clauses de la première phase de la Feuille de route », a
affirmé le négociateur palestinien Saëb Erakat. La Feuille de
route est restée lettre morte depuis son lancement en 2003. Sa
première phase prévoit notamment l’arrêt des violences dans
les territoires et le gel de la colonisation juive. « Israël
refuse aussi la réouverture des institutions palestiniennes fermées
à El Qods et refuse que soient fixés des termes de référence
clairs pour la réunion d’Annapolis et les négociations qui
doivent suivre », a ajouté M. Erakat. Les propos du
Premier ministre israélien n’incitent guère à l’optimisme.
Alors que les Palestiniens veulent faire de la réunion d’Annapolis
un tremplin vers l’Etat auquel ils aspirent, M. Olmert
s’est efforcé de réfréner leurs attentes. « Je
conseille de ne pas exagérer l’importance (de la réunion) et
créer des attentes excessives ». Et en ce sens, les Israéliens
ont multiplié les obstacles, par la voix de leur ministre des
Affaires étrangères qui a opposé ce qu’elle appelle la sécurité
d’Israël à tout accord de paix. Une notion qui n’est pas
celle communément admise puisqu’elle intégre par la force et
de manière unilatérale, des éléments de droits reconnus aux
Palestiniens, comme les attributs de souveraineté, les frontières,
l’eau. On en est encore et toujours à ce triste concept de
« la paix et les territoires », alors même que les
Arabes proposent depuis 1996 la paix en échange des territoires
occupés. Et depuis leur sommet de Beyrouth, ils ont été plus
loin en offrant une normalisation contre un retrait israélien de
l’ensemble des territoires arabes occupés. C’est cette méfiance
qui explique les précautions protocolaires, puisque les délégations
devraient entrer dans la salle de réunions par des portes
distinctes. Quant à la réunion proprement dite, elle commencera
par un « dîner de travail » en présence des
dirigeants israélien et palestinien ainsi que du président américain
George W. Bush et de la secrétaire d’Etat Condoleezza Rice. Le
lendemain, toutes les délégations conviées se réuniront
ensemble à Annapolis avant un sommet tripartite Bush-Abbas-Olmert,
selon la même source. Le 28, M. Bush doit s’entretenir séparément
avec MM. Abbas et Olmert, a ajouté le responsable
palestinien. Selon lui, le coup d’envoi des négociations sur le
statut final des territoires palestiniens sera donné à
Washington dans la foulée de la réunion. Et après, dira-t-on ?
En septembre1993 et quelques jours à peine avant la signature des
accords d’Oslo, Mahmoud Abbas, alors chef des négociateurs
palestiniens, disait à qui voulait l’entendre que le plus était
à venir. Les faits lui ont donné raison. Israël n’a jamais
respecté ses engagements. Il a même choisi aux plus hautes
responsabilités des chefs de guerre qui se sont attelés à
mettre en pièces ce qui avait été laborieusement négocié. A
l’image d’Ariel Sharon qui avait promis d’annuler les
accords d’Olso s’il venait à être élu. C’est ce qui est
arrivé. Est-ce alors un éternel recommencement ?
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