|
El-Watan
Proche-Orient :
Israël signe la fin d’Annapolis
T. Hocine 
La colonie de Maale Adoumim
24
décembre 2007 Les
Palestiniens ont, en fin de compte, eu raison de se méfier d’Israël
et de réclamer des garanties pour leur engagement dans le
processus de négociations initié le mois dernier par les
Etats-Unis. C’est ce qu’on appelle
l’accord d’Annapolis, même si en réalité il est supposé y
parvenir. Cela ne semble pas être le cas et Israël paraît déterminé
à y mettre un terme prématurément. Ce dernier a en effet
confirmé hier sa volonté de poursuivre le processus de
colonisation des territoires palestiniens à travers la
construction dans deux colonies en Cisjordanie. Tout cela à la
veille d’une nouvelle séance de pourparlers de paix avec les
Palestiniens. Un ministre israélien a confirmé que le budget de
2008 prévoit la construction de 250 logements dans une colonie en
Cisjordanie et celle de 500 autres logements dans un quartier de
colonisation dans le secteur oriental occupé d’El Qods.
Auparavant, le mouvement israélien la Paix Maintenant avait révélé
que ces constructions avaient été budgétisées pour un montant
de 25 millions de dollars US. Voilà qui révèle toute la
duplicité d’Israël et surtout ce que valent en réalité ses
engagements internationaux. Preuve aussi qu’il n’existe aucune
divergence au sein de la classe politique israélienne en ce qui
concerne la conduite à l’égard des Palestiniens, la ministre
travailliste de l’Education, Youli Tamir, a de son côté affirmé
qu’il existe un consensus en Israël pour que les deux
implantations « fassent partie du territoire souverain d’Israël »,
dans le cadre des grands blocs d’implantations que l’Etat hébreu
entend garder sous sa coupe lors d’un règlement permanent. Voilà
donc le sort réservé au processus d’Annapolis, et l’on se
demande sur quoi porteront les entretiens du président américain
George W. Bush avec ses interlocuteurs israéliens et palestiniens
qu’il s’apprête à rencontrer prochainement à l’occasion
de son voyage au Proche-Orient. Nabil Abou Roudeina, porte-parole
du président palestinien Mahmoud Abbas, a exigé du gouvernement
israélien qu’il stoppe « au plus vite » sa
politique de colonisation. « Israël continue de créer des
problèmes sur la voie de négociations réelles, et ne veut pas
d’une paix juste et permanente dans la région », a-t-il
ajouté. Israéliens et Palestiniens ont tenu le 12 décembre une
première séance de discussions, conformément aux décisions de
la conférence du 27 novembre à Annapolis (Etats-Unis). Ces
pourparlers, censés reprendre aujourd’hui, sont basés sur la
« Feuille de route », un plan international de paix
par étapes, prévoyant dans sa première phase le gel de la
colonisation et l’arrêt des violences. La poursuite de la
colonisation israélienne a déjà été la source de frictions
ces dernières semaines avec l’Administration américaine. Israël
s’était attiré les foudres des Palestiniens, et avait suscité
le mécontentement de Washington et des Européens en annonçant
la mise en chantier de 307 logements à Jebel Abou Ghneim, alors
que s’ouvraient les négociations de paix après Annapolis. Cité
hier sous condition d’anonymat par le quotidien Haaretz, un haut
responsable israélien a estimé qu’« Israël a suscité
au niveau international des attentes énormes (...) mais ne peut y
donner suite, car il n’a pas la capacité politique pour évacuer
les points d’implantations (sauvages) ou geler la colonisation ».
Selon le mouvement La Paix Maintenant, il y a une centaine de
colonies sauvages en Cisjordanie, dont 56 créées après l’accès
au pouvoir d’Ariel Sharon en mars 2001, qu’Israël s’est
engagé auprès des Américains à démanteler. Pour la communauté
internationale, toutes les colonies dans les territoires
palestiniens sont illégales, construites avec ou sans feu vert
des autorités israéliennes. Et dire que des Etats ont participé
à ce travail de mystification, alors même qu’Israël
s’enferme dans cette logique de guerre. Droits de reproduction et de diffusion réservés
© El Watan 2006
 |