|
El-Watan - Avant la réunion d'Annapolis
Israël
pousse à l'échec
T. Hocine 
19
novembre 2007 « Les
Israéliens n’ont rien offert qui serait en mesure d’assurer
le succès de la conférence », fait savoir le président
palestinien Mahmoud Abbas. A quoi sert-il de
dire aux uns et autres juste ce qu’ils ont envie d’entendre,
mais assez pour que cela apparaisse comme un réel désaccord avec
une politique ou une démarche quelle qu’elle soit, et en fin de
compte une pression, quand la paix est menacée et que le risque
de guerre est réel ? C’est à cet exercice que se livrent
certains responsables à travers le monde à l’approche de la réunion
internationale dite de paix qui se tiendra à l’initiative des
Etats-Unis. A l’approche de ce rendez-vous qui risque bien
d’aboutir à un échec, le chef de la diplomatie française,
Bernard Kouchner, en visite au Proche-Orient, a affirmé à la
presse palestinienne que la « colonisation » en
Cisjordanie constituait « le principal obstacle à la paix »
et a appelé Israël à la geler « immédiatement ».
« Je dirai à mes interlocuteurs israéliens ce que je leur
ai déjà dit et que la France répète chaque jour :
« la colonisation est non seulement juridiquement illégale,
elle est aussi, politiquement, le principal obstacle à la paix »,
affirme M. Kouchner dans un entretien publié hier par le
quotidien palestinien Al Ayyam. « Pour avancer vers la paix,
Israël doit donc y mettre un terme immédiatement », a-t-il
ajouté. « Rien ne justifie le développement des colonies ;
ni la croissance (démographique) naturelle, ni la sécurité. Au
contraire, le développement de la colonisation renforce le
sentiment d’injustice et accroît l’insécurité », a
poursuivi M. Kouchner. Aux Israéliens, M. Kouchner ne
manquera pas de dire que le dossier du nucléaire iranien représentait
« l’une des plus graves crises pesant actuellement sur
l’ordre mondial ». Et en ce qui concerne les relations
franco-israéliennes depuis l’élection de Nicolas Sarkozy, M. Kouchner
a assuré que la France était « l’ami » de l’Etat
hébreu. Il a assuré que la France « ne céderait jamais
sur la sécurité de votre pays ni sur votre aspiration légitime
à vivre en paix avec vos voisins au côté d’un Etat
palestinien viable ». Encore ce concept de sécurité, que même
les Israéliens n’arrivent pas à cerner puisqu’ils veulent la
paix et les territoires sans jamais céder sur quoi que ce soit,
comme vient de le réaffirmer leur Premier ministre Ehud Olmert.
Mais aussi, cette notion tout aussi indéfinissable d’« Etat
palestinien viable ». Qu’est-ce que cela veut dire au
juste ? Est-ce une stricte application des résolutions
internationales définissant de manière tout aussi précise le
cadre et les limites politiques et géographiques de deux Etats
palestinien et israélien ? Ou bien alors, une entité
palestinienne dont la définition sera fonction des exigences israéliennes
dont justement cette notion de sécurité que la ministre israélienne
des Affaires étrangères oppose à la création d’un Etat
palestinien. Tout l’enjeu de cette réunion est là, alors que
le Premier ministre israélien Ehud Olmert et le président
palestinien Mahmoud Abbas doivent avoir aujourd’hui un dernier
entretien avant la réunion d’Annapolis. La Radio publique israélienne
a, pour sa part, précisé que la ministre israélienne des
Affaires étrangères Tzipi Livni devait s’entretenir hier avec
le chef de la délégation palestinienne qui doit se rendre à
Annapolis, Ahmad Qoreï, pour tenter de rédiger un document
commun censé servir de base de discussions. Le président Abbas a
fait part de son scepticisme au sujet de la réunion
d’Annapolis. Abbas a souligné que les Palestiniens étaient
« mécontents de l’attitude de la partie israélienne, car
les Israéliens n’ont rien offert qui serait en mesure
d’assurer le succès de la conférence ». M. Olmert
a, pour sa part, affirmé à plusieurs reprises qu’Annapolis se
limiterait à « une réunion et non pas un lieu de négociations ».
« Annapolis doit servir de point de départ pour les
discussions qui doivent suivre », a prévenu le Premier
ministre israélien. Il a ainsi exclu tout pourparler sur le tracé
des frontières du futur Etat palestinien, ainsi que sur
l’avenir des réfugiés palestiniens et d’El Qods-est conquise
et annexée par Israël, alors que les Palestiniens réclament que
ces points soient au centre des discussions. Quel est donc l’intérêt
de cette rencontre si elle doit déboucher sur un résultat
moindre que les accords d’Oslo de 1993 ?
Droits de reproduction et de diffusion réservés
© El Watan 2006
 |