Scénario catastrophe pour la Syrie
et Bachar al-Assad ?
Hassan Nasrallah
Capture
d'écran PalSol
Mardi 12 mai 2015
Discours du Secrétaire Général du
Hezbollah, Sayed Hassan Nasrallah, le 5
mai 2015 (sous-titres français)
Dans ce discours, Hassan Nasrallah
présente la chute d'Idleb et de Jisr al-Choughour
entre les mains des groupuscules
terroristes comme de simples revers
locaux qui ne doivent pas occulter les
avancées majeures de l'Armée Arabe
Syrienne. Il dénonce les annonces de
chute prochaine du régime comme la suite
de la guerre médiatique et psychologique
menée depuis quatre ans contre la Syrie,
et il réaffirme le soutien de l'Iran, de
la Russie et du Hezbollah à la Syrie.
Troisièmement, en
ce qui concerne la Syrie. Je vais parler
de manière très franche et explicite sur
certains points.
Dernièrement, et
après la chute de la ville de Jisr Al-Choughour,
dans la province d'Idlib, entre les
mains des groupes terroristes, nous
avons assisté – les Syriens, les
Libanais et l'ensemble de la région – à
une véritable vague de slogans et
d'allégations, à tout un tapage
médiatique sur les chaînes TV, les
différents médias, des déclarations,
articles, nouvelles ainsi que sur les
réseaux sociaux.
Tout cela, bien
sûr, fait partie de la guerre
psychologique, et vous savez bien que
dans les coulisses, une guerre
psychologique est menée contre cette
région depuis de longues années. Et
cette guerre psychologique est toujours
renouvelée de façon à profiter de
n'importe quelle occasion, développement
ou incident afin de lancer de nouvelles
vagues de guerre psychologique sur les
peuples. Bien entendu, certaines de ces
déclarations se sont concentrées sur des
aspects sectaires. Quel était le
principal objectif de tout cela ? Que
voulaient-ils dire par tout ce tapage
médiatique ?
Ils prétendaient
(soyons francs et explicites), qu'après
la chute de Jisr al-Choughour et d'Idlib
entre les mains des groupes armés, le
régime était fini, et qu'on assistait à
ses derniers jours, ses dernières
semaines. Ils ont œuvré à propager ce
scénario, je le résume brièvement pour
le commenter, car cela fait partie de
leur guerre psychologique : ils
prétendent que l'armée syrienne a perdu
ses capacités de combat et s'effondre.
Dans le cadre de
cette guerre (psychologique), d'autres
prétendent encore que les alliés de la
Syrie l'ont abandonnée, que l'Iran l'a
vendue pour son accord sur le nucléaire,
et que la Russie l'a également
abandonnée pour je ne sais quelle
raison, que tous ses alliés s'en
détournent.
Ils prétendent
encore, dans leurs déclarations et
mensonges, que la situation intérieure
en Syrie est difficile, que les gens
veulent déserter, fuir, se réfugier
ailleurs, etc. Ils peignent une image
terrible et très étrange ; un exemple de
leurs mensonges, est que toute la côte
syrienne est sur le point de tomber. Et
par conséquent, voilà l'aspect sectaire
de leur propagande, prétendant qu'un
très grand nombre d'Alaouites quittent
les côtes syriennes en direction de la
frontière libanaise, que le gouvernement
libanais les empêche d'entrer et que le
Hezbollah exerce des pressions sur lui
pour leur permettre d'entrer au Liban.
Des mensonges vraiment gratuits et
insensés.
D'autres
allégations prétendent que le régime
syrien a demandé aux Alaouites de Damas
ou de certaines régions de Damas de
quitter cette ville (avant qu'il ne soit
trop tard). Mais tout cela n'a aucun
fondement.
Par conséquent, ce
que nous voyons et que nous avons déjà
vu auparavant, est une guerre
psychologique qui veut briser la volonté
des Syriens, leur détermination et leur
persévérance, et qui veut obtenir par
les mensonges, les fausses allégations
et la guerre psychologique ce qu'ils ont
été incapables d'obtenir par une guerre
mondiale imposée à la Syrie depuis
quatre ans.
Bien sûr, il arrive
que de telles allégations soient
couronnées de succès, comme par exemple
à Mossoul, à Salaheddine, avec
l'expérience de Daech en Irak cela a
fonctionné, car une grande partie de la
guerre consistait en allégations
mensongères et en guerre psychologique.
Parlons-donc de ce
sujet.
Premièrement,
personne ne devrait croire ces mensonges
et déclarations et céder à cette guerre
psychologique. Telle est la grande
ligne. Nous devons tous prendre
conscience, surtout les Syriens et les
Libanais, que tout ce qui se dit n'est
rien d'autre qu'une guerre
psychologique, et que cela n'est pas
nouveau. Cela fait quatre ans qu'on
entend que c'en est fini du régime, de
l'armée, que les gens veulent se rendre,
qu'ils veulent fuir etc., etc. Et il
faut bien souligner que lorsque nous
avons commencé à entendre tout cela il y
a quatre ans, la situation était bien
plus difficile qu'elle ne l'est
aujourd'hui. La situation à l'intérieur
de la Syrie, les batailles à l'intérieur
du territoire, à Damas, à Alep, à Homs,
à l'intérieur des villes, dans beaucoup
de provinces, ainsi que la situation
régionale (du Moyen-Orient), la
situation internationale, etc.
Aujourd'hui, les choses sont très
différentes. Les développements
internationaux et régionaux, les
développements à l'intérieur de la Syrie
qui ont eu lieu ces dernières années
nous ont mis bien loin de tout ce que
prétendent ces déclarations.
Par exemple, il a
été notamment dit – je vais répondre
point par point. Premièrement, ce qui
est dit au sujet de la position
iranienne n'est pas vrai : il y a
quelques jours à peine, dans un
discours, Son Eminence l'Imam Khamenei
(que Dieu le préserve) a évoqué
précisément cette question et a affirmé
: « Nous négocions sur le dossier
nucléaire, et sur rien d'autre. Et même
tandis que nous sommes occupés aux
négociations sur le nucléaire, nous
restons très attentifs aux intérêts de
nos alliés, et absolument rien ne se
fera au détriment de nos alliés. »
Toutes ces déclarations sont donc vides
de sens – l'idée que l'Iran a abandonné
la Syrie ou qu'elle serait sur le point
de le faire.
Il en va de même
pour la Russie, même si jusqu'à présent,
je ne connais pas la Russie aussi bien
que je connais l'Iran, mais il n'y a
aucun signe, pas le moindre, si infime
fût-il, qui laisse à penser que les
dirigeants russes sont sur le point de
délaisser la situation en Syrie, ou
qu'ils ont commencé à le faire.
Oui, il est vrai
que qu'il peut parfois y avoir des
revers sur le terrain, mais nous devons
en rechercher les causes directement sur
le terrain concerné. Par exemple, Idlib
est tombée. Voyons donc pourquoi Idlib
est tombée ? Observons la situation des
groupuscules armés, la situation de
l'armée, la situation des forces
engagées là-bas, s'il y a un problème ou
non, que ce soit au niveau de la
direction, de la logistique, etc. Jisr
Al-Choughour est tombée ? Pourquoi ?
Recherchons donc les causes sur le
terrain même. Il ne faut pas directement
en rechercher les causes sur la
situation internationale, régionale, les
alliés, la situation intérieure, la
volonté du régime, l'armée, etc.
Comment ce régime
serait-il en dislocation, et cette armée
en décomposition, alors qu'ils
combattent sur de nombreux fronts,
qu'ils tiennent bon sur bien des fronts
et qu'ils obtiennent des victoires
parfois quotidiennement ? Comment
serait-ce possible, comment concilier la
propagande et la réalité du terrain ?
L'approche correcte
face à n'importe quel revers, ou qu'il
se produise, est de se concentrer sur
les causes qui ont amené à ce revers
afin de les remédier et d'éviter que
cela se répète. Dans n'importe quelle
guerre, mes frères et sœurs, il y a des
batailles. Celui qui remporte une
bataille ne va pas forcément remporter
la guerre. L'armée syrienne, les forces
de défense nationales et populaires et
les alliés de la Syrie ont remporté
batailles sur batailles depuis 4 ans et
jusqu'à ce jour, mais elles n'ont jamais
prétendu qu'elles avaient gagné la
guerre. Et même si on perd une bataille,
cela ne signifie pas qu'on a perdu la
guerre. L'armée syrienne et leurs alliés
n'ont cessé de remporter bien des
batailles durant les dernières années,
des batailles longues, difficiles et
majeures.
Par conséquent,
tout ce qu'on peut dire, ou qu'ils
peuvent dire, est qu'il y a eu une
bataille à tel endroit, et que tel côté
a gagné ou perdu. Mais de déduire
hâtivement de l'issue de telle bataille
qui sera le vainqueur de la guerre et de
les instrumentaliser dans le cadre d'une
guerre psychologique est très éloigné de
la réalité du terrain.
Toutes ces
personnes qui mènent ces guerres
psychologiques n'ont cessé de décevoir
les espoirs de leurs masses et de leurs
partisans, et ils se trompent eux-mêmes
et voient leurs espoirs déçus lorsque la
situation a changé après une autre
bataille. Et la situation change
actuellement dans bien des batailles, et
continuera ainsi (en faveur du
gouvernement) si Dieu le veut.
Telles sont donc
les proportions véritables de ces
événements, et personne ne devrait s'en
inquiéter outre mesure.
Evidemment, ici au
Liban, nous avons des gens qui sont très
hâtifs, et multiplient les actions
précipitées depuis 4 ans, encore et
encore, ils se félicitent mutuellement
les uns les autres pour une victoire
supposée, avant de découvrir que cette
nouvelle de festivité était mensongère,
qu'il n'y a ni fiancé, ni fiancée, et
qu'ils se moquaient les uns des autres.
Quoi qu'il en soit,
il faut rester vigilant sur cette
question, et être conscients de tous ces
aspects.
En ce qui concerne
le Hezbollah, je tiens également à
affirmer ce soir à nos proches et à
notre peuple syrien bien-aimé en Syrie
ceci : Nous étions avec vous, et nous
resterons avec vous et à vos côtés,
quels que soient les développements.
Partout où il nous a fallu être, nous y
sommes allés. Et partout où il nous
faudra être, nous y serons. Et
dernièrement, nous sommes intervenus
dans des lieux où nous n'étions jamais
allés durant les années passées.
Nous considérons
que cette lutte n'est pas la lutte du
peuple syrien, et c'est ce que nous
avons déclaré depuis le début de notre
intervention dans cette guerre. Nous ne
sommes pas intervenus pour des raisons
émotionnelles, personnelles, sectaires
ou par esprit de parti. Nous sommes
intervenus sur la base d'une vision
claire qui n'a pas changée, au
contraire, tous les événements la
confirmant jour après jour, à savoir la
conviction que par notre intervention,
nous défendons le Liban, la Palestine,
la Syrie et toute la région.
Laissons-donc les
haines et ressentiments de côté, et
prenons clairement conscience de la
réalité, considérons-la avec lucidité :
si, à Dieu ne plaise, les groupuscules
armés étaient parvenus à prendre
contrôle de la Syrie depuis 4 ans, quel
aurait été le destin de la Syrie et du
peuple syrien ? Quel aurait été le
destin du Liban et du peuple libanais ?
Quel aurait été le destin de la région ?
Il vous suffit de regarder autour de
vous pour connaître la réponse à cette
question.
En ce qui nous
concerne, c'est notre intime conviction,
c'est notre responsabilité. Et je vous
confirme, ce soir, que nous continuerons
à assumer cette responsabilité quels que
soient les sacrifices.
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