En réponse à la déclaration des Nations
Unies concernant le massacre d'al-Houla
Texte intégral de
la conférence de presse du Dr Bachar
Al-Jaafari à l'ONU
Bachar
Al-Jaafari
Mardi 29 mai 2012
Texte intégral de
la conférence de presse au cours de
laquelle l’ambassadeur de Syrie à l’ONU,
Bachar Al-Jaafari, a dénoncé
« le tsunami de
mensonges qui ont été dits il y a
quelques minutes par certains membres du
Conseil. »- Silvia Cattori
Texte intégral de
la Conférence de presse transcrit [1]
et traduit de l’anglais par JPH pour
silviacattori.net
En Syrie il y a eu
un crime épouvantable, horrible,
injustifié, et injustifiable. Ce
massacre a été condamné par mon
gouvernement dans les termes les plus
forts. Et sur ce point, la version de la
condamnation de mon gouvernement a
rejoint exactement la formulation
adoptée il y a quelques minutes par le
Conseil de Sécurité.
Je voudrais
également condamner ici, au nom de mon
gouvernement, le tsunami de mensonges
qui ont été dits, il y a quelques
minutes, par certains membres du Conseil
qui ont tenté de vous induire en erreur
en disant que leur manière de lancer des
accusations contre mon gouvernement
était basée sur ce qu’ils ont affirmé
être des « preuves ». Ils ont tort et
ils vous induisent en erreur. Ni le
Général Mood, ni qui que ce soit d’autre
n’a dit au Conseil de Sécurité et à la
session informelle qu’il blâmait les
forces du gouvernement syrien pour ce
qui est arrivé. Il est vraiment
pitoyable et regrettable que certains
membres du Conseil soient sortis
-quelques minutes après que le Général
Mood ait terminé son exposé- pour vous
induire en erreur et vous dire des
mensonges sur ce qui s’est passé.
Je vous invite tous
à regarder ce qui s’est passé à al-Houla
dans son intégralité. Dans ce tableau
complet, ce qui s’est passé hier al-Houla
se situe dans un contexte que nous
devons comprendre pour saisir et
comprendre qui a perpétré ce crime.
Hier, après la
prière du vendredi, deux cents à trois
cents hommes armés se sont réunis vers
deux heures de l’après-midi. Ils se sont
réunis en fait en plusieurs points, et
ensuite ils se sont déplacés pour se
regrouper en un seul endroit, à al-Houla.
Ils avaient des voitures pick-up
chargées d’armes lourdes comme des
missiles anti-chars, des mortiers et des
mitrailleuses, à la manière libyenne que
vous avez pu voir il y a quelques mois,
et ils ont commencé à attaquer les
forces de l’ordre qui étaient
positionnées dans la région en cinq
endroits différents ; les attaques
armées ont duré de deux heures de
l’après-midi jusqu’à onze heures du
soir.
Donc, ici, nous ne
parlons pas d’une attaque armée qui
aurait eu lieu et se serait terminée en
une demie heure. Il s’agit d’une
opération armée d’envergure planifiée à
l’avance avec de nombreux objectifs.
Après avoir attaqué les positions des
forces de l’ordre, les groupes armés se
sont tournés vers les civils, puis ils
se sont rendus dans un autre village qui
est tout proche d’al-Houla, à une
distance d’un kilomètre, où ils ont
brûlé l’hôpital national, ils ont brûlé
les récoltes des agriculteurs et ils ont
brûlé des maisons. Ils ont aussi tué des
dizaines de civils innocents dans un
autre village, également proche d’al-Houla,
appelé Shomaria. Donc, ici, nous ne
parlons pas d’un seul incident qui
aurait eu lieu dans un endroit précis,
nous parlons d’un théâtre d’opérations
qui a englobé beaucoup de petits
villages de la région.
Mon gouvernement a
nommé une Commission nationale d’enquête
qui a pour mission de découvrir qui sont
les auteurs de cet horrible massacre
afin qu’ils soient traduits en justice.
Ceux qui ont commis ce crime en seront
tenus responsables par les autorités
syriennes, devant la loi de notre pays.
Le communiqué de
presse adopté aujourd’hui par le Conseil
de Sécurité, a adopté en quelque sorte
la version des évènements présentée par
le Général Mood. Si vous regardez la
formulation du communiqué de presse,
vous constaterez que rien n’indique que
le Conseil rejette le blâme sur les
forces du gouvernement syrien pour les
meurtres et la perpétration des
massacres. Au contraire il identifie
d’autres éléments dans ce tableau qui
peuvent être responsables de ce qui
s’est passé. Je dis cela parce que le
communiqué de presse dit que le Conseil
de Sécurité condamne dans les termes les
plus forts les meurtres confirmés par
les observateurs des Nations Unies. Je
confirme également ici au nom de mon
gouvernement que des dizaines de civils
ont été tués, cent quatorze – et ensuite
une attaque qui a impliqué des tirs
d’artillerie et de chars sur un quartier
résidentiel.
Ensuite, les
membres du Conseil de Sécurité ont
également condamné le meurtre de civils
par des tirs à bout portant et par de
graves violences physiques. La plupart
des meurtres qui ont eu lieu à al-Houla
sont dûs à ce genre d’assassinats, des
gens tués à bout portant, et non en
raison des tirs d’artillerie, car des
tirs d’artillerie n’auraient pas laissé
les corps des victimes dans l’état où
vous les avez vus. Nous parlons ici du
style de meurtres qu’a connu l’Algérie
au début des années nonante.
Mon gouvernement ne
ménagera aucun effort, quels qu’ils
soient, afin de trouver les auteurs de
ces massacres, et de les traduire en
justice.
Je voudrais ajouter
à cela, que le Conseil de Sécurité
devrait se réunir également pour
identifier ceux qui arment les groupes
terroristes en Syrie, qui les
accueillent, qui les suscitent et les
incitent à la violence, et qui les
protègent, et appeler à ce qu’ils soient
également traduits en justice. Certains
membres du Conseil, leurs fonctionnaires
l’ont dit publiquement. Certains d’entre
eux sont des membres permanents. Leurs
hauts fonctionnaires ont dit
publiquement qu’ils ne ménageraient pas
leurs efforts pour fournir des armes à
l’opposition syrienne, et certains
d’entre eux ont parlé d’ « armes
non-létales », je ne sais pas ce que
cela signifie. Mais le résultat immédiat
de cette militarisation de l’opposition
s’est traduit sous la forme de
l’enlèvement des pèlerins libanais
revenant d’Irak au travers du territoire
turc, et sous la forme
d’attentats-suicides et de
l’infiltration du territoire syrien par
al-Quaida.
Nous n’avons donc
pas besoin d’un double langage au
Conseil de Sécurité. Nous devons tenir
chacun responsable devant la justice,
même si nous touchons à certains membres
permanents. Ceux qui disent avoir grand
intérêt à arrêter la violence et à la
réussite du dialogue national en Syrie
devraient cesser de s’ingérer dans nos
affaires intérieures, cesser d’armer,
d’héberger, de financer et de protéger
les groupes terroristes armés dans mon
pays. On ne peut pas être en même temps
pyromane et pompier. Et Malheureusement,
c’est exactement le cas de certains
membres de ce Conseil de Sécurité. Les
dimensions arabe, régionale et
internationale de la crise syrienne ne
sont pas la situation la plus trouble,
et chacun sait ce dont nous parlons.
Je suis à votre
disposition.
Question :
Dans la déclaration il
est dit « Les attaques ont comporté des
tirs de l’artillerie et des chars du
gouvernement syrien sur des quartiers
résidentiels ». Êtes-vous en désaccord
avec cela ?
Bashar Al-Ja’afari
: Je suis en désaccord avec
l’interprétation qui vous a été fournie
de cette phrase par l’ambassadeur
allemand, l’ambassadeur britannique, et
d’autres. L’interprétation était
erronée. Il appartient au Général Mood
de présenter les faits. Et pas à
l’ambassadeur allemand, ou l’ambassadeur
britannique, ou d’autres ambassadeurs.
Question :
Mais le fait qu’il y a
eu des bombardements gouvernementaux sur
un quartier résidentiel, était-ce un
fait ?
Bashar Al-Ja’afari
: Le Général Mood n’a pas dit cela.
Question :
Vu que les circonstances
n’étaient pas claires, le Général Mood
est-il plus factuel que le Secrétaire
Général ?
Bashar Al-Ja’afari
: C’est exactement ce que je voulais
dire à votre collègue. Le Général Mood a
dit cela, que les circonstances
n’étaient pas claires en ce qui concerne
qui était à blâmer pour ces attaques.
Oui, il a dit cela, mais dans ce
contexte, pas dans le contexte qui vous
a été fourni par certains ambassadeurs.
Question :
Pensez-vous que cette
lettre du Secrétaire Général est plus
proche de la déclaration des
ambassadeurs allemand et britannique ou
de la déclaration faite par le Général
Mood dans les consultations ?
Bashar Al-Ja’afari
: Plus encline à sympathiser avec les
ambassadeurs allemand et britannique,
bien sûr.
Question :
Qu’en est-il de
l’enquête ?
Bashar Al-Ja’afari
: Il y a une coopération étroite entre
le gouvernement syrien et l’UNSMIS
[United Nations Supervision Mission in
Syria] en Syrie. Bien sûr après avoir
nommé la Commission nationale syrienne
d’enquête, les autorités syriennes vont
partager avec le Général Mood le
résultat de ces enquêtes, et ensuite,
naturellement, le Général Mood va
partager cette information avec le
Conseil de Sécurité et M. Kofi Annan.
Un point important,
messieurs : vous-vous souviendrez
peut-être que chaque fois que le Conseil
de Sécurité avait prévu une session pour
discuter de la crise syrienne, quelque
chose devait se produire en Syrie. Ou un
attentat-suicide, ou une attaque
terroriste, ou une forme de massacre,
celle que, malheureusement, nous
discutons aujourd’hui. Donc, ce n’est
pas une coïncidence fortuite que ce
massacre ait eu lieu seulement un jour
avant l’arrivée de M. Kofi Annan en
Syrie. Cette dimension est très
importante parce qu’elle jette des
doutes sur les motivations réelles de
ceux qui ont perpétré ce crime horrible.
Ils cherchent l’escalade, ils cherchent
à mobiliser le Conseil de Sécurité
contre le gouvernement syrien. Aucun
gouvernement que ce soit ne massacrerait
ses propres citoyens pour parvenir à une
victoire politique sur ses opposants.
L’utilisation de l’artillerie et les
tirs de chars et de missiles n’auraient
pas tué ces civils innocents de la façon
dont ils ont été tués. Et cela a été
notifié par la déclaration de presse du
Conseil de Sécurité qui dit qu’ils ont
été tués à bout portant. Cela signifie
que c’est un pur assassinat, il ne
s’agit pas du recours à l’artillerie et
aux tirs de chars.
Question :
Vous dites que ce n’est
pas le gouvernement syrien, mais qui l’a
fait ?
Bashar Al-Ja’afari
: Les groupes terroristes armés ont
lancé ce type d’attaques terroristes
depuis le début de la crise en Syrie. Ce
n’est pas ici le premier incident qui a
eu lieu en Syrie. Bien sûr, ce qui s’est
passé hier est un crime horrible,
épouvantable, injustifié et
injustifiable. Mais aucun gouvernement
sur terre ne commet ce type de meurtre.
Il s’agit de groupes armés, il s’agit
d’un crime terroriste. Nous ne pouvons
pas le décrire avec d’autres termes.
Ceux qui ont commis ce crime seront
tenus responsables devant la justice
syrienne, et la Commission nationale
d’enquête nommée hier par le
gouvernement devra présenter son rapport
dans les trois jours à compter
d’aujourd’hui. Donc, assurément, nous
allons savoir qui est derrière ce crime
horrible ; c’est une affaire de trois
jours.
Question :
Ne serait-ce pas un
prétexte pour blâmer le gouvernement
qu’ils donnent par procuration aux
membres du Conseil de Sécurité ?
Bashar Al-Ja’afari
: Comme je l’ai dit au début, nous
devrions regarder le tableau dans son
intégralité. La question n’est pas
d’aller dans les détails. Parfois les
détails sont importants mais parfois ils
ne le sont pas. La question est d’avoir
le bon jugement sur ce qui s’est passé.
Et pour avoir le bon jugement vous devez
considérer le tableau dans son
intégralité dans son contexte
historique, avec ses dimensions
géopolitiques. Comme je l’ai dit, il y a
une dimension arabe, il y a une
dimension régionale et une dimension
internationale de la crise syrienne. Et
certains pays disent publiquement qu’ils
vont appuyer – et ils ont déjà appuyé –
la branche militaire syrienne de
l’opposition avec des armes. Les gens
devraient être très prudents en lisant
la carte de ce qui se passe en Syrie.
Question :
Serait-ce pour pousser à
augmenter la taille de l’UNSMIS,
peut-être pour armer son personnel, pour
une sorte d’internationalisation ?
Bashar Al-Ja’afari
: C’est peut-être un des objectifs visés
par ceux qui ont commis ce crime. Cela
pourrait être une des raisons. Une
raison très importante pour perpétrer ce
genre de crime horrible : accentuer
l’internationalisation de la crise
syrienne, et augmenter le personnel de
l’UNSMIS.
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