|
Communiqué UJFP
De Durban I à Durban
II du « Cause toujours » au « Ferme ta gueule » ...
AIC, ATMF, CCIPPP, CMF, FTCR et UJFP
Mardi 28 avril 2009
Nos organisations étaient présentes, pendant une semaine, à la
Conférence de Genève d’examen de la déclaration de Durban sur la
lutte contre le racisme, dite Durban II.
Il s’agissait d’en suivre et d’en comprendre le déroulement afin
d’en témoigner ; de réaffirmer la nécessité de combattre le
racisme et de défendre les droits humains sous toutes les
latitudes ; de soutenir collectivement la nécessité de condamner
l’Etat israélien pour sa politique raciste, et de souligner le
caractère consubstantiel du racisme et du colonialisme dont
l’Etat en question est la principale manifestation actuelle.
Nous avons été, durant cette semaine, témoins d’une évolution
historique frappante des institutions et mécanismes
internationaux :
Frappées depuis toujours d’un déficit de légitimité dû au
caractère censitaire du processus de décision (verrou du Conseil
de sécurité et du droit de véto des membres permanents), les
institutions onusiennes étaient le lieu d’expression d’une
"communauté des Etats" sans capacité de mise en œuvre ni pouvoir
de décision exécutoire. L’illustration la plus évidente de cet
état de fait est la multitude de résolutions et de positions
onusiennes concernant les droits du peuple palestinien restées
lettre morte.
La conférence dite de Durban II marque la confiscation y compris
de cette relative liberté d’expression "inoffensive" qui a
prévalu jusqu’à présent. Cela a été le fruit d’une offensive
tous azimuts menée par les grandes puissances nord-américaines
et européennes et par l’Etat d’Israël contre l’ONU et contre les
expressions de la "société civile". Cette offensive s’est
déployée lors de Durban II sur plusieurs niveaux articulés : Un
chantage au boycott assorti d’une énorme campagne de
désinformation ; des pressions sur les participants afin
d’adopter une déclaration finale prête depuis le 16 avril,
préalablement à tout débat et à toute recommandation des ONG ;
une interdiction sous peine de rétorsions d’évoquer certaines
questions au premier rang desquelles celle de la lutte contre le
racisme dont est victime le peuple palestinien ; une
diabolisation de la Déclaration de Durban pour la lutte contre
le racisme, et une criminalisation de toute expression qui ne se
soumet pas au diktat des grandes puissances.
Pour paraphraser la maxime populaire sur la différence entre
dictature et démocratie, Durban II a marqué au niveau des
enceintes institutionnelles internationales la fin du "cause
toujours" et le retour du "ferme ta gueule". Concrètement, outre
la légitimation du maintien d’un ordre colonial et raciste au
moyen orient, l’offensive à laquelle nous avons assisté a pris
pour cible l’Assemblée Générale de l’ONU et ses organes
subsidiaires (comme le Conseil des Droits Humains) dans une
volonté de réaffirmer le droit exclusif de quelques puissances
de déterminer les références ayant force de loi au niveau
mondial, et de marginaliser encore plus qu’ils ne le sont les
peuples en général et ceux d’Afrique, d’Asie et d’Amérique
centrale et du sud en particulier. Nous pensons que cela est à
rapprocher de l’orientation actuelle tendant au renforcement de
l’OTAN pour en faire le principal acteur des relations
internationales aux dépens de l’ONU.
Ce qui s’est produit à Genève devait être un examen de
l’avancement du programme d’action adopté à la conférence de
Durban pour la lutte contre le racisme (2001). Les pressions des
États-Unis, du Canada, de la France, de la Grande-Bretagne, de
l’Allemagne, de l’Italie et d’Israël, conjointement à une
entreprise de diabolisation par une campagne médiatique de
grande ampleur et à l’intervention de type barbouzard
d’organisations telles que l’UEJF/Coexist et UN Watch en on fait
un anti-Durban où l’on réécrit l’Histoire en insultant toute
voix attachée au combat contre le racisme, le colonialisme et
pour le droit des peuples.
Nous notons par ailleurs que cette entreprise n’a pu être menée
à son terme que par le consentement des représentants des Etat
arabes, y compris la représentation de l’Autorité Palestinienne,
qui n’ont à aucun moment fait mine de s’opposer à cette
entreprise de liquidation des droits des peuples à la libération
de la domination raciste et coloniale et de négation de
l’oppression subies par le peuple palestinien. Ces Etats ont
cédé la Palestine en contrepartie du satisfecit des puissants,
de déclarations vagues sur l’islamophobie et de l’exclusion de
toute condamnation de l’homophobie.
Nous nous interrogeons enfin sur l’absence de mobilisation
significative, lors de "la bataille de Durban II", de la plupart
des grandes organisations des droits humains et des
organisations antiraciste. Leur capacité de "lobbying" et de
communication ont cruellement fait défaut aux quelques
organisations qui se sont courageusement démenées pour faire
valoir le dissensus dans ce qui a été une offensive, au nom du
l’antiracisme et de l’opposition à l’antisémitisme, de
l’arrogance coloniale et raciste. Les principaux Etats
animateurs de cette offensive ont tous refusé jusqu’ici de
ratifier la Convention internationale sur la protection des
droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur
famille.
AIC – Alternative Information Center, Jerusalem
ATMF – Association des Travailleurs maghrébins en France
CCIPPP - Campagne Civile Internationale pour la Protection du
Peuple Palestinien
CMF – Collectif des Musulmans de France
FTCR – Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux
Rives
UJFP – Union Juive Française pour la Paix
|