Communiqué
L'accusation
d'antisémitisme :
Un filon dangereux qui s'épuise
UJFP
Mercredi 13 mars
2013
"Qui sème le
racisme récolte la tempête
Qui sème la résistance récolte notre
solidarité"
Il y a bien
longtemps, le fabuliste La Fontaine,
reprenant Esope, nous a narré cette
belle histoire de l’enfant qui n’arrête
pas de crier au loup. Il finit par être
discrédité. Un jour, le loup arrive pour
de bon mais plus personne ne le croit.
Les supporters inconditionnels de la
politique israélienne n’ont pas lu Esope
et leur imaginaire est bien pauvre. Ils
s’épuisent à dégainer sur tout ce qui
émet le moindre doute sur le rouleau
compresseur colonial israélien, hurlent
au loup, et traitent immédiatement les
impudent-e-s "d’antisémites".
La liste de ces "antisémites"
redoutables n’arrête pas de s’allonger :
après Charles Enderlin, Hugo Chavez,
Stéphane Hessel, le BDS ou l’Assemblée
Générale de l’ONU qui a eu
l’outrecuidance d’admettre la Palestine
comme Etat non-membre, voici de nouveaux
cas "d’antisémitisme" relevés par la
"vigilance" de nos inconditionnels
spasmodiques.
A Bezons, le maire Dominique Lesparre,
est accusé d’antisémitisme. Il a osé,
avec tout le conseil municipal de la
ville, faire citoyen d’honneur de sa
ville le prisonnier palestinien Majdi
Ihrima-Al-Rimawi. Ce prisonnier, comme
les 4500 palestinien-ne-s emprisonnés
aujourd’hui, est un résistant à
l’occupation. Et faut-il le rappeler ici
en France, la Résistance contre
l’Occupation est un droit reconnu et
défini par le droit international. Le
CRIF accuse le prisonnier d’avoir du
sang sur les mains. Il oublie que tou-te-s
les résistants ont subi la même
accusation. Résistants pour la France
libre et terroristes pour celle de
Vichy, les résistant-e-s juifs/ves au
nazisme, ont eux aussi été traité-e-s de
terroristes et exécuté-e-s comme tels [1].
L’UJFP soutient le maire et le
conseil municipal de Bezons comme elle a
soutenu autrefois le maire de Seclin
accusé "d’antisémitisme" pour avoir
prôné le BDS dans les cantines des
écoles de sa ville. Le soutien aux
prisonnier-e-s palestinien-ne-s,
victimes permanentes de mauvais
traitements et d’isolement en violation
de toutes les normes du droit
international, est une noble cause
portée par tout le mouvement de
solidarité français, et il est
scandaleux de le lier à un quelconque
antisémitisme.
Aux Pays-Bas, les autorités ont
(enfin) décidé de demander que certains
produits israéliens venant des colonies
soient étiquetés [2].Rappelons
que le droit international ne reconnaît
pas l’annexion et la colonisation de la
Cisjordanie et que ces produits
devraient tout simplement être
interdits. Réaction du ministre de
l’intérieur israélien Eli Yishaï : "il
s’agit d’une tentative de boycott de nos
marchandises de la part d’un pays qui
n’a pas versé tous les dédommagements
sur les biens juifs confisqués (pendant
la deuxième guerre mondiale)". Vous avez
bien lu, le ministre ne parle pas de
dédommager les Palestiniens pour leur
expulsion et la destruction de leur
pays. En fait, dès qu’un Etat tente de
mettre sa législation en accord avec les
règles du droit international et
européen, qui condamnent la
colonisation, la réponse automatique est
Shoah et antisémitisme. Cette réponse
d’un ministre israélien serait risible
si elle ne révélait la profonde
déliquescence morale et politique du
gouvernement qui la porte. Le ridicule
ne tue plus, mais pendant ce temps la
Palestine continue d’être écrasée.
La CIMADE de la région PACA refuse de
côtoyer le CRIF dans une cérémonie
commémorant la rafle de Marseille en
dénonçant l’instrumentalisation du
génocide faite par le CRIF [3].
La CIMADE dont le rôle dans le sauvetage
des enfants juifs est bien connu est
aussitôt accusée d’antisémitisme. Ce
même CRIF ira-t-il jusqu’à proférer la
même accusation contre la FNIDRP
(Fédération Nationale des Déportés,
Internés, résistants et Patriotes) qui
s’est insurgée contre les insultes
proférées par Richard Prasquier contre
Stéphane Hessel [4]
?
La menace, l’intimidation, la
confusion des genres, la récupération
éhontée du génocide finissent par ne
plus prendre. Par contre elles libèrent
une parole antisémite possible en
favorisant un amalgame dangereux entre
la politique israélienne et les Juifs du
monde où qu’ils se trouvent. En cela
l’instrumentalisation du génocide et de
l’antisémitisme est une arme redoutable
qui met en danger les Juifs et produit
ce qu’elle prétend empêcher. La
Palestine, la résistance du peuple
palestinien, les droits du peuple
palestinien sont une cause juste qui
mérite d’être défendue, pour un monde
plus juste et plus humain. De plus en
plus nombreux sont les citoyens du monde
et les Etats qui le savent et veulent
agir pour obliger Israël à respecter la
loi et arrêter le sociocide qu’il
pratique sous nos yeux. Et cela, ce
n’est pas de l’antisémitisme c’est du
Droit et de l’Humanité. Les
condamnations de la politique
israélienne continueront de se
multiplier. Les sanctions et la fin de
l’impunité sont plus que jamais à
l’ordre du jour, parce qu’elles sont les
seuls moyens pour parvenir à une paix
basée sur l’égalité des droits.
Bureau national de l’UJFP le
13-03-2013
[1]
http://www.agencemediapalestine.fr/...
[2]
http://www.france-palestine.org/Les...
[3]
http://www.ujfp.org/spip.php?article2590
[4]
http://www.ujfp.org/spip.php?article2642
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