Communiqué
Turquie : la très inquiétante dérive
autoritaire
du président Erdogan
EELV
Vendredi 22 juillet 2016
La situation en Turquie inquiète les
écologistes. Depuis le coup d’état
manqué, le président, Recep Tayyip
Erdoğan, a accéléré la mise en place
d’un régime autoritaire. Cette dérive
n’est pas totalement nouvelle et le
mouvement général de la politique du
pays depuis plusieurs années portait les
germes de cette brusque évolution que le
coup d’État a rendu possible.
Les Verts de
Turquie (Yeşiller ve Sol Gelecek Partisi)
alertent depuis longtemps sur les
dérives du parti au pouvoir, l’AKP, mais
la purge actuelle est une accélération
dramatique. “As we stood against the
coup we will not accept the construction
of an authoritarian regime by the ruling
party. The solution is to defend peace
and democracy”. Les écologistes
français soutiennent les Verts de
Turquie ainsi que toutes les forces
démocratiques en Turquie. Leur combat
pour la démocratie, qui est d’abord
celui pour les droits de l’homme et les
libertés fondamentales, est un combat
essentiel. Plus que jamais, un soutien
international massif est nécessaire.
Le président
Erdoğan sort renforcé de cette séquence.
Son appel au peuple a fait mouche et son
image de président omnipotent semble
s’installer durablement dans le paysage,
entre dérive autocratique et répression
dans la violence.
Longtemps engagée
dans une dynamique censée pouvoir lui
assurer d’entrer dans l’Union
européenne, la Turquie a vu ses espoirs
déçus. Alors que l’UE a tourné le dos à
la Turquie, celle-ci tourne aujourd’hui
le dos aux valeurs que les européens
prétendent porter. Les difficultés
économiques, la déstabilisation de la
région, qui affecte directement la
Turquie, et les relatifs reculs
électoraux de l’AKP ont encouragé cette
dérive. Mise en place de l’état
d’urgence, refus de l’application du
droit commun, éventuel retour de la
peine de mort, purge dans tous les
milieux (politique, armée, éducation,
justice, …) sont autant de signes clairs
de la volonté du gouvernement turc de
consolider son pouvoir par la force. On
compterait plus de 30 000 arrestations,
de gradés, fonctionnaires, juges et
opposants divers ou jugés comme tels.
Parmi eux et elles, l’intégralité des
chercheur-es du pays qui n’ont plus le
droit de quitter le territoire, des
dizaines de milliers de fonctionnaires
limogé-es, des gens qui se font arrêter
pour avoir posté des messages sur les
réseaux sociaux…
Après avoir
condamné le coup d’État, l’UE semble
aussi s’émouvoir d’une répression
injustifiée. L’Europe pouvait pourtant
peut-être, en intégrant la Turquie,
apporter un modèle préventif de paix. La
communauté internationale en général,
l’Europe et la France, doivent condamner
sans réserve tous les manquements à la
démocratie du gouvernement en place. Les
moyens de pression existent pour faire
cesser les violences étatiques, les
emprisonnements arbitraires, les
tortures. Malheureusement, en refusant
de s’occuper dignement de la crise des
réfugiés, l’UE se retrouve totalement
dépourvue de moyens de pression face à
Erdoğan. Nous payons encore une fois le
prix de notre hypocrisie.
La situation
géopolitique de la Turquie, dernière
base de l’OTAN aux frontières d’un
proche-orient déchiré et convoité depuis
plus d’un siècle pour ses ressources, en
fait une puissance régionale
incontournable avec ses 75 millions
d’habitants et la richesse de sa réserve
d’eau, futur enjeu mondial. Sans
démagogie et sans mépris, il faut
soutenir sa démocratie et condamner
fermement toutes ces dérives, diligenter
une enquête internationale pour faire
toute la lumière sur l’ensemble des
événements de cette année en Turquie.
La Turquie doit
retrouver le chemin de la démocratie.
Celui-ci passe par le respect du droit,
des libertés fondamentales, mais aussi
par la résolution du conflit avec les
Kurdes et les autres minorités du pays.
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