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APPEL POUR ALERTER LES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PHYSIQUE
Adlène Hicheur abusivement maintenu en détention
© pascal frautschi | Le professeur Jean-Pierre Lees.
«Qu’Adlène soit victime d’une erreur, lui coûtant sa
carrière, serait ignoble!
Mon intime conviction est qu’il est innocent, même si je
n’ai pas de preuve.»
Jeudi 28 octobre 2010
Chers collègues
Nous aimerions par ce message
attirer votre attention sur le sort de notre collègue Adlène
Hicheur. Arrivé en France à l’âge de un an, Adlène y a effectué
une très bonne scolarité et a étudié la physique des particules
au Master 2 de physique théorique dispensé à l’ENS de Lyon qu’il
a terminé dans les premiers de sa promotion en 2000. Il a
effectué une thèse au LAPP (Laboratoire d’Annecy de Physique des
Particules) dans l’expérience "Babar", sous la direction
conjointe de Y. Karyotakis (actuel directeur du LAPP) et de D.
Boutigny (actuel directeur du Centre de Calcul-IN2P3), thèse
qu’il a soutenue en 2003. Dans ce cadre, il a effectué de
nombreux séjours au Stanford Linear Accelerator Center (SLAC).
Il a ensuite effectué un postdoctorat dans le cadre de
l’expérience du LHC ATLAS au Rutherford Appleton Laboratory
(Grande Bretagne), avant de rejoindre le groupe LHCb de l’Ecole
Polytechnique Fédérale de Lausanne où il partageait son temps
entre l’enseignement et sa recherche. Son travail de recherche
au sein de la collaboration LHCb était extrêmement apprécié par
ses collègues.
Voici plus d’un an, le 8
octobre 2009, Adlène était arrêté au domicile de ses parents à
Vienne, dans l’Isère, puis après plusieurs jours de garde à vue
était mis en examen pour association de malfaiteurs en relation
avec une entreprise terroriste [1].
Il est depuis incarcéré à Fresnes en détention provisoire. Il
est à noter qu’Adlène est le seul mis en examen dans cette
affaire.
Adlène a constamment clamé
son innocence et se débat depuis son arrestation dans un univers
digne de Kafka. Depuis près d’une année toutes les demandes de
mise en liberté provisoire présentées par l’avocate d’Adlène,
Maître Dominique Beyreuther, sont refusées, sans qu’aucune
preuve tangible ne soit avancée pour étayer les accusations.
Contre toute attente et sans qu’il soit possible d’en connaitre
les raisons objectives, sa détention provisoire a de nouveau été
prolongée de quatre mois fin septembre 2010. D’après les
informations que nous avons pu nous procurer, les raisons
justifiant l’arrestation et le maintien en détention provisoire
d’Adlène depuis 13 mois semblent très minces : discussion sur
des forums internet suspectés d’être en relation avec des
organisations islamistes.
Ses collègues directs,
beaucoup de physiciens, comme sa famille et ses amis ont
naturellement été choqués par son arrestation et sont inquiets
de son maintien en détention. Aucune évolution de sa situation
ni perspective de procès ne semblent pour l’instant se dessiner
et nous nous inquiétons de l’avenir de ce jeune physicien et de
la possibilité qu’il ait, s’il était finalement innocenté des
charges qui pèsent sur lui, de poursuivre sa carrière. Compte
tenu de cette situation qui semble devoir perdurer (la durée de
la détention provisoire peut atteindre jusqu’à deux ans dans ce
genre d’affaires), certain d’entre nous ont décidé la création
d’un comité de soutien dont l’existence sera rendue publique
prochainement.
R.Barate,
A.Bay, D.Boutigny, A.Deandrea, L.Fayard, J.M.Gaillard,
Y.Karyotakis, J.P.Lees, J.Lefrançois, J.P.Merlo, M.N.Minard,
T.Nakada, M.Pepe-Altarelli, V.Poireau, P.Robbe, O.Schneider,
J.Steinberger, D.Treille.
Voir aussi la page du
Comité international de soutien à Adlène Hicheur :
http://soutien.hicheur.pagesperso-orange.fr/
Source :
http://soutien.hicheur.pagesperso-orange.fr/Documents/communiqué
SFP-v05.pdf
Sur le même sujet, voir également :
« Adlène
Hicheur ou le "terroriste" malgré lui », par le Prof.
Jean-Pierre Lees, 17 octobre 2010
[1]
De nombreux rapports internationaux ont souligné l’arbitraire de
la législation anti terroriste française, dont les critères sont
peu exigeants en matière de preuve lorsqu’il s’agit de décider
de l’arrestation de suspects ou de l’ouverture d’une instruction
par un juge. Sur la base d’indices minimes, voire inexistants,
elle permet le maintien en détention provisoire des suspects
pendant des mois, voire dans certains cas pendant des années,
tandis que les liens étroits entre les juges d’instruction
spécialisés et les services de renseignement dans les affaires
de terrorisme mettent sérieusement à mal le droit des accusés à
un procès équitable. Voir par exemple le rapport d’human rights
watch, téléchargeable à l’adresse suivante :
http://www.hrw.org/french/reports/2008/france0708/
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