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Témoin de la tragédie à Gaza
The Star
Jeudi 30 avril 2015
Revue de presse : The
Star - Afrique du Sud – 16/3/15
« Notre équipe comprenait
une nonne catholique, un musulman, un
juif et un athée… chacun ayant sa vision
subjective des évènements, même si nous
avions tous été traités « cliniquement
»…
« Cependant, malgré ces
obstacles (couvre-feu, restrictions
spatiales) , nous avons pu conclure, de
nos interviews et observations que ce
que la population a vécu, lors du
dernier conflit, constituait des
violations du droit international des
droits de l’homme et du droit
humanitaire. »
« Professionnelle de la
santé et de confession juive, il était
important pour moi de participer à cette
mission. Ayant rassemblé les preuves
moi-même, je peux dire avec certitude
que, ce qu’Israël fait en Palestine ne
peut être regardé comme une exception
aux normes et règles du droit
international des droits de l’homme ».
Laure-Baldwin Ragaven,
professeur à l’Université Wits
de Johannesburg et membre de la mission
PHR-Israel (Physicans for Human
Rights-Israel) ainsi que Louis
Reynolds, pédiatre en soins intensifs et
pneumologue à l’hôpital pour enfants de
la Croix-Rouge à Johannesburg. Extraits
du rapport :
Le 8 juillet 2014, Israël a lancé une
offensive militaire sur Gaza qui, en 50
jours, a causé la mort de plus de 2100
personnes dont 70% de civils parmi
lesquels 500 enfants, plus de 11 000,
blessés et 100 000 y perdirent leur
habitation.
Selon les chiffres officiels
israéliens, 73 Israéliens furent tués :
67 soldats et six civils, dont un enfant
et un immigrant. Un total de 469 soldats
et 255 civils furent blessés.
Au cours du conflit, le respect par
Israël du droit international des droits
de l’homme et humanitaire fut mis en
question. En juillet 2014, à la demande
de Al-Mezan Centre for
Human Rights-Gaza, PHR-Israël
(Docteurs pour les droits de
l’homme-Israël) mit sur pied une
mission dont le but était de collecter
des preuves sur le type, les causes et
schémas des attaques (attaques des
équipes médicales et des équipements,
évacuation, impact de l’agression sur le
système de santé, conséquences à long
terme dont la rééducation des blessés,
santé mentale, santé publique et
personnes déplacées) et d’en tirer les
premières conclusions.
Double
frappe
PHR-Israël a recruté des
personnalités internationales
indépendantes dans les domaines de la
médecine légale et pathologie, médecine
d’urgence, santé publique, pédiatrie et
soins intensifs en pédiatrie, droits de
l’homme, qui firent trois visites à Gaza
entre le 19 août et le 12 novembre 2014…
Les rencontres et les visites de sites
se tinrent dans des bâtiments
hospitaliers où eurent lieu les
interviews des victimes (68
personnes hospitalisées), des
témoins, du personnel de santé, des
officiels et des représentants des
organisations de santé internationales
de Gaza et de la Cisjordanie. Par
ailleurs des preuves matérielles furent
rassemblées pour étayer les témoignages
oraux.
Les résultats furent éloquents : la
majorité des blessures entrainant la
mort ou l’hospitalisation, souvent pour
des blessures multiples, fut causée par
des explosions ou des écrasements, très
souvent à proximité de leurs lieux de
résidence ou de ceux des membres de leur
famille ou voisins. De nombreux cas
montrent que des membres de la même
famille ou des sauveteurs furent tués ou
blessés au cours d’un même incident ou
au cours de frappes consécutives - «
double frappe » - sur le même
endroit avec de nombreuses pertes.
Massacre
délibéré
Des explosifs puissants furent
utilisés dans des quartiers peuplés,
rendant impossible l’évacuation des
blessés et autres. Des équipes médicales
y furent visées et leurs membres tuées
ou blessées.
Deux incidents furent délibérés :
l’attaque sur l’hôpital Al-Aqsa de Deir
Al-Balah et celui sur la ville de Khuza
où un convoi de centaines de civils en
fuite fut pris sous le feu israélien et
l’hôpital où certains trouvèrent refuge
fut enseveli sous des missiles. Un
enfant de six ans gravement blessé ne
put être évacué en dépit des contacts
visuels avec les soldats sur le terrain.
Cet enfant est mort peu après. Des
soldats occupant une maison infligèrent
des mauvais traitements (coups,
privation d’eau et de nourriture)
aux civils de cette maison jusqu’à en
faire des boucliers humains.
De plus, la mission a examiné les
difficultés rencontrées par les hôpitaux
de Gaza au cours des attaques :
problèmes de référencement des blessés,
leur évacuation de Gaza vers d’autres
hôpitaux à l’extérieur. Il y a eu des
déplacements de population de longue
durée en raison de la destruction
partielle ou totale de 18 000 maisons et
des problèmes psycho-sociaux et de santé
mentale à la suite de cette guerre et
des précédentes.
Conclusions
La mission d’investigation a conclu :
Des bombardements importants et
imprévisibles d’habitations
caractérisent les attaques, sans aucune
distinction entre des cibles légitimes
et des populations protégées, causant
des destructions massives de maisons et
de biens de civils.
Ces attaques indiscriminées, soit par
air, ou drones, artillerie, tanks et
vaisseaux militaires n’ont pas été
décidées par de simples soldats ou
commandants. Elles l’ont été par des
décideurs politiques au plus haut
niveau, militaire ou gouvernemental. Les
attaquants, en dépit d’avertissements,
n’ont pas pris les mesures nécessaires
pour permettre l’évacuation des
populations en toute sécurité, ce qui
inclut des espaces et routes sures,
inexistants à Gaza. La mission en a
aussi appelé aux Etats-Unis et à
l’Europe pour qu’ils s’assurent que
l’Egypte et Israël autorisent et
facilitent la venue d’autres équipes
d’investigation à Gaza, dont des experts
en droit international, des droits de
l’homme et des experts en armement. Ce
qui n’a pas été fait, des mois après
l’offensive.
Le rapport attire l’attention sur la
crédibilité et l’indépendance des
groupes de la société civile
palestinienne et encourage la communauté
internationale à soutenir et reconnaître
leurs efforts pour rassembler les
preuves à Gaza, et, par des moyens
légaux, d’aboutir à la justice et aux
compensations.
La mission pense que l’objectif
principal des preuves rapportées dans le
document est de déterminer les
violations des droits de l’homme et du
droit humanitaire, soit au travers des
canaux de la justice locale ou
internationale.
Elle est prête à assister et fournir
les preuves à toute enquête crédible
établie à cette fin et recommande de
plus une enquête urgente et rigoureuse
sur l’impact de cette dernière guerre et
aussi des précédentes sur la santé
publique, mentale et des paramètres
sociaux plus larges de la santé à Gaza.
Les effets de l’implacable occupation
actuelle doit aussi être prise en
compte.
Photo : Une vue de
l’hôpital Al-Aqsa visé délibérément par
l’aviation israélienne
Traduction et Synthèse :
Xavière Jardez
© G. Munier/X.
Jardez
Publié le 30 avril 2015 avec
l'aimable autorisation de Gilles Munier
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dossier Massacres à Gaza
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