À 14 ou 15 ans, les jeunes ont souvent tout vu, tout connu, tout vécu. Tout va trop vite, comme leurs amours, et ils se lassent. L’univers paraît souvent sans limites : tout leur paraît permis parce que trop peu d’adultes ont pris la responsabilité de fixer les règles. Le fait est tellement répandu qu’il en devient normal : comme il parait normal de « siffler » de façon peu digne, l’abbé Pierre quand il affirme, lors d’une campagne contre le sida, que « le meilleur préservatif est la fidélité ». L’Occident ne se résume pas à ce tableau, mais il serait pourtant bien hypocrite de ne pas reconnaître que nous vivons sous le règne des nouveaux cultes de l’argent, du sexe et du plaisir en général.
Toutes les femmes qui, dans le courant du siècle avaient lutté d’une juste lutte pour une libération de la femme et qui voulaient dire reconnaissance des droits sociaux et privés, égalité de salaire, droit au divorce, etc. ne se reconnaissent pas dans les dérives actuelles. Un grand nombre se bat pour qu’on ne confonde pas les droits de la femme avec l’image de la femme qui s’affiche et dont le corps est devenu un produit de commerce et de marché. Cette libération est une tromperie et le modèle occidental est, de façon certaine, porteur d’aliénations qui n’ont rien à envier, malgré de réels progrès en matière de droit, à d’autres sociétés contemporaines.
Aujourd’hui, les grandes puissances et les grandes sociétés occidentales, au nom du libéralisme, inondent la planète des images et des modes à l’occidentale. Les stars du show business, les mannequins et leurs histoires privées sont rapportées au Koweit, comme à Delhi, à Rio comme à Dakar. Certes, la séduction est présente, mais elle fait naître, en concomitance, une perception très négative, une volonté de démarcation qui prend parfois des allures violentes. Ce type de (re)présentation de l’Occident ne peut que créer des ruptures entre les civilisations : et même s’il est une part de caricature, il n’en demeure pas moins vrai qu’aux yeux d’innombrables cultures traditionnelles, et en particulier de l’Islam, l’horizon occidental ne semble plus proposer – dans les faits – de grands projets de sens , de valeurs et d’espoir. On parle tellement d’amour, d’affection, d’épanouissement – au point même qu’on en arrive à devoir payer des spécialistes pour être entendu – qu’« on sent dans tout cela », comme le dit Rimbaud, « qu’il manque quelque chose ». La conception islamique de l’homme, de l’amour et de la sexualité empêche que le monde musulman suive les traces de ce modèle d’occidentalisation. La résistance est presque naturelle : le chemin d’une modernité différente est en train de voir le jour.
|
Tweet |
|