Accueil Luc Michel Dossiers Auteurs Communiqués Agenda Invitation à lire Liens Ressources
Dernières mises à jour Les rapports du CPI Le Hamas Les vidéos BDS Ziad Medoukh Centre de la Paix Gaza Université al-Aqsa Gaza Qui? Pourquoi?

Google
sur le web sur Palestine Solidarité

 

 
Centre Palestinien
d'Information



 
Invitation à lire





BDS



Solidarité



Produits palestiniens



Eurasie-Afrique


 
En direct d'Iran



Agence syrienne



Agence Russe


 
Radio Chine

Internationale
 
Palestine Solidarité
sur Facebook



 


   


Opinion

Le Coran et la sunna

Tariq Ramadan


© Tariq Ramadan

Vendredi 10 février 2017

Le Coran est pour les musulmans la parole de Dieu révélée par fragments au Prophète Muhammad (PBSL) par l’intermédiaire de l’ange Gabriel pendant les vingt-trois années de sa mission. En ce sens donc, le Coran représente pour eux une parole d’absolu qui donne et prend sens au-delà des événements et des contingences de l’histoire : et ce parce qu’elle est, pour les fidèles de l’islam, le dernier message révélé aux hommes par Dieu qui, auparavant, avait envoyé d’innombrables prophètes et messagers dont Noé, Abraham, Moïse et Jésus.

Le texte coranique est, avant toute chose, un rappel aux hommes pour qu’ils reviennent à la foi originelle en Dieu et qu’ils aient de fait le comportement moral qui convient. Plus d’un tiers du Coran est constitué par l’expression du « tawhîd » : la foi en l’unicité du Créateur qui n’engendre pas et n’a pas été engendré. On trouve également évoquées les histoires des Prophètes dont la narration traduit le fait de l’essence unique des messages et de leur continuité. Tous ces passages sont propres à donner naissance à la spiritualité qui doit accompagner le croyant : leur dimension absolue est en soi logique, et légitime.

De nombreux versets du Coran parlent de la création, de l’univers et d’autres insistent sur les modes de relations que les hommes doivent entretenir entre eux ou avec la nature. La Révélation traite en effet de toutes les sphères de l’activité humaine : de l’ordre économique, du projet social, de la représentativité politique. C’est cette spécificité qui, à première vue, fait problème, car si la parole de Dieu est absolue, une et définitive, cela revient à dire que ce qui a été écrit et recensé au VIIe siècle comme « parole de Dieu » est à appliquer tel quel à toutes les époques ultérieures. L’islam serait donc, par essence, fondamentaliste au sens où l’on comprend cette notion dans l’histoire du christianisme.

Pourtant, ni le Prophète, ni ses compagnons, ni les premiers juristes ne l’ont entendu ainsi. Le Coran est descendu par fragments et les versets révélés étaient souvent des réponses à des situations spécifiques auxquelles devait faire face la communauté des fidèles autour du Prophète. C’est une réponse relative à l’événement historiquement daté : l’absolu révélé n’est pas dans la littéralité de la formulation, mais dans le principe général qui se dégage de ladite réponse. C’est ce qu’ont traduit les premiers juristes, après Abû Hanîfa et As-Shâfi’î4, avec la notion de « maqâsid as-sharî’a » : les objectifs, les principes d’orientation de la législation islamique.

Il s’agit là de la conceptualisation, après coup, de ce que Muhammad (PBSL) et ses compagnons comprenaient et appliquaient naturellement. Quand ‘Umar, alors qu’il avait succédé à Abû Bakr à la tête de la communauté musulmane, décida, durant l’année dite de la famine, de suspendre l’application de la peine de la main coupée aux voleurs, il suivait très exactement le principe énoncé ci-dessus : maintenir l’application de cette peine aurait signifié une trahison de l’objectif de la Révélation qui seule est absolue (même si cela pouvait apparaître comme un manquement à la lettre du Coran).

Il se trouve dans le Coran à peu près 228 versets (sur 6 238) qui traitent de la législation générale (code civil et pénal, droit constitutionnel, relations internationales, ordre économique, etc.). Il est impossible, avec ce qui ne représente que 3% du Coran, de répondre aux besoins d’une quelconque société – cette insuffisance était apparue du temps même du Prophète (PBSL) – et les juristes ont très vite cherché à dégager les principes généraux, et absolus, qui se cachaient derrière les réponses spécifiques données aux habitants de la péninsule arabique au VIIe siècle.

Le Coran offre donc des principes directeurs, des principes d’orientation. Ces derniers sont, par essence, absolus puisque, pour le musulman, ils proviennent du Créateur qui indique à l’homme la voie (la sharî’a) à suivre pour respecter Ses injonctions. Ces principes sont la référence des juristes qui ont la responsabilité, en tout lieu et à toute époque, d’apporter des réponses en prise avec leur environnement sans trahir l’orientation première. Ainsi, il ne s’agit pas de refuser l’évolution des sociétés, le changement des modes et des mentalités, ou les diversités culturelles : bien au contraire, le musulman est mis en demeure de respecter l’ordre divin (qui a voulu le temps, l’histoire et la diversité) :
« Dieu fait sortir le vivant du mort ; Il fait sortir le mort du vivant. Il rend la vie à la terre quand elle est morte : ainsi vous fera-t-Il surgir de nouveau.
Parmi Ses signes : Il vous a créés de poussière, puis vous voici des hommes dispersés sur la terre.
Parmi Ses signes : Il a créé pour vous, tirées de vous, des épouses afin que vous reposiez auprès d’elles, et Il a établi l’amour et la bonté entre vous. Il y a vraiment là des signes pour un peuple qui réfléchit.
Parmi Ses signes : la création des cieux et de la terre ; la diversité de vos langues et de vos couleurs. Il y a là vraiment des signes pour ceux qui savent. » Coran 30/19-22
Les étapes de la création – des cieux, de la terre et des êtres humains – et la diversité des idiomes et des couleurs sont autant de signes tant de la Présence que de la volonté divines qu’il faut donc respecter. L’interpellation à l’ensemble des êtres humains va dans le même sens :
« Ô vous les gens ! Nous vous avons créés d’un homme et d’une femme et Nous avons fait de vous des peuples et des tribus pour que vous vous entreconnaissiez […] » Coran 49/13
Ainsi l’homme, porteur de la foi, doit admettre, à l’instant même où il s’occupe des affaires humaines, les données de l’évolution historique, de la diversité cultuelle et culturelle. Faire face à ses responsabilités de croyant, c’est appréhender l’horizon de cette complexité et, d’emblée, s’activer à chercher, pour son époque et son pays, la meilleure façon d’établir une harmonie entre les principes absolus et la vie quotidienne.

La Sunna du Prophète, seconde source du droit islamique, permet de s’approcher des objectifs de la Révélation. En effet, en analysant ce que Muhammad (PBSL) a pu dire en telle ou telle circonstance, ou comment il a agi, ou encore ce qu’il a approuvé, nous sommes à même de mieux comprendre le sens et la portée des injonctions divines. De la même façon, les juristes se sont efforcés de dégager à partir des dires, des faits et des décisions du Prophète (PBSL), les principes qui devaient permettre aux musulmans de vivre avec leur temps ou leur environnement tout en restant fidèles à son enseignement.

À première vue, la référence constante au Coran et au Prophète peut apparaître comme un obstacle au changement, comme sa négation manifestée par la volonté de voir appliquée aujourd’hui une législation vieille de quatorze siècles. Ce que nous venons de dire est la démonstration que cette compréhension est bien réductrice et qu’elle ne correspond ni à l’enseignement de Muhammad (PBSL) ni à l’attitude des ulémas (savants) de la première époque. La détermination des principes généraux est un fait avéré dans les modalités de lectures juridiques du Coran et des traditions et que confirment, s’il en était besoin, l’exigence de « l’effort de réflexion personnelle » (ijtihâd) dans des situations dont ne parlent ni le Coran ni la Sunna.

 

 

   

Le sommaire de Tariq Ramadan
Le dossier religion musulmane
Les dernières mises à jour



Source : Tariq Ramadan
http://tariqramadan.com/...

Abonnement newsletter: Quotidienne - Hebdomadaire
Les avis reproduits dans les textes contenus sur le site n'engagent que leurs auteurs. 
Si un passage hors la loi à échappé à la vigilance du webmaster merci de le lui signaler.
webmaster@palestine-solidarite.org


Ziad Medoukh

Analyses et poèmes
 
Toumi Djaidja

Analyses

René Naba

Analyses
 
Manuel de Diéguez

Analyses

Fadwa Nassar

Analyses et traductions

Bruno Guigue

Analyses

Chems Eddine Chitour

Analyses

Mikhaïl
Gamandiy-Egorov

Afrique-Russie
 
Luc Michel

Analyses

Robert Bibeau

Analyses
 
Salim Lamrani

Analyses
 
Manlio Dinucci

Analyses
 
Mohsen Abdelmoumen

Analyses