Actualité
Brésil. Goebbels
à l’ère des TIC.
Préparation d’une
fraude massive pour
le second tour de
l’élection présidentielle.
Smaïl Hadj Ali
Lundi 22 octobre 2018
Publié sur
Bellaciao
Dans son édition du
18 octobre, le journal Folha de Sao
Paulo a publié un reportage de la
journaliste Patricia Campos de Mello
annonçant la préparation d’une fraude
électorale massive en faveur du candidat
fasciste, pour la semaine précédant le
second tour le 28 octobre 2018.
Ouvrons une
parenthèse pour rappeler le soutien
ferme et résolu de la Folha de Sao Paulo
au golpe parlementaire contre Dilma
Rousseff, et à toutes les forfaitures du
président usurpateur Temer. Comment ne
pas relever, à cet effet, l’immense
responsabilité dans la montée en
puissance des forces de l’obscurantisme
et du fascisme au Brésil de ces
apprentis-sorciers, médias PIG, femmes
et hommes politiques de droite, et leurs
variantes « sociales-libérales », comme
le Parti de la sociale démocratie
brésilienne, membre de l’Internationale
socialiste.
Ceci posé, cette
opération de fraude qui viole la loi
électorale est orchestrée par 156
entreprises et affairistes brésiliens.
Parmi eux, la journaliste a constaté
l’implication de la chaine de vente de
produits électroménagers, électroniques,
et de mobiliers, Havan, présente dans 15
États, dont la contribution à la fraude
avoisine les 12 millions de reais - 4
millions d’euros environ. Son patron
milliardaire, Luciano Lang, fidèle parmi
les fidèles de Bolsonaro, s’est
distingué courageusement en menaçant de
licenciement les milliers d’employés de
sa société qui ne voteraient pas pour
Bolsonaro. L’enquête de la journaliste a
établi que ces 156 entreprises et hommes
d’affaires bolsonaristes ont acheté les
données de plusieurs millions d’usagers
auprès d’entreprises de téléphonie et
d’agences de stratégie numérique, parmi
lesquelles figurent Quickmobile, Yacows,
Croc Services, SMS Market, AM4.
Caisse noire
électorale
Quels sont les
objectifs de cette entreprise mafieuse ?
Il s’agit de transmettre à travers des
« tirs massifs », via le réseau
WhatsApp, plusieurs centaines de
millions de messages de propagande
fasciste contre Fernando Haddad et le
P.T à des dizaines de millions
d’usagers-électeurs potentiels, et ce en
violation de la loi qui réprime la « Caixa
dois electoral », que l’on peut traduire
par « caisse noire électorale ». Cette
pratique financière illégale consiste à
ne pas déclarer le flux des entrées et
sorties de trésorerie, en créant une
trésorerie parallèle, provenant
généralement de dons financiers, non
déclarés au Tribunal Supérieur
Électoral-T.S.E.- L’opération en cours
révélée est considérée par la loi
électorale comme un crime d’abus de
pouvoir économique, qui, s’il est avéré,
peut conduire à l’annulation de
l’élection, indépendamment des peines de
prison et amendes. Encore faut-il que le
T.S.E accepte d’enquêter et de prendre
en considération les informations et les
preuves accablantes de ce crime. Car en
en effet, le TSE, ainsi que les
institutions judiciaires, au même titre
que le Tribunal Fédéral Supérieur, -S.T.
F- qui est l’équivalent du Conseil
Constitutionnel en France, sont aux
mains des golpistes et de leurs féaux.
Les méthodes de
l’ex-officine d’extrême droite Analytica
Cambridge
Comme pour la
présidentielle US, les données achetées
par ces entreprises, au-delà des numéros
de téléphone, offrent une segmentation
par région géographique, ainsi que des
informations sur les orientations
politiques, les croyances, mais
également sur les revenus. Sont fournies
également des indications sur la date,
l’heure et le contenu des messages afin
de transmettre des contenus digitaux
adaptés aux profils des usagers. Ces
messages s’adressent principalement aux
électeurs indécis, dépolitisés,
désorientés, et donc sensibles aux
messages mensongers axés sur les
questions religieuses, identitaires, et
surtout ceux qui ont un rapport aux
orientations sexuelles attribuées
d’office à « l’ennemi rouge » : inceste,
pédophilie, dépravations sexuelles, ou
encore l’enseignement et la promotion de
l’homosexualité en milieu scolaire, etc.
Comme le professait le nazi Goebbels :
« Plus le mensonge est gros, plus il
passe. Plus souvent il est répété, plus
le peuple le croit. ». Le peuple
peut d’autant plus croire aux mensonges
qu’il est maintenu dans l’ignorance des
enjeux politiques, et soumis à
l’influence ravageuse des pasteurs
néo-pentecôtistes dans les églises,
mais, et, surtout à celle des
télévangélistes, de la même obédience,
qui quotidiennement sassent, ressassent
et matraquent de leurs discours
obscurantistes et diffamatoires la
population en générale, parmi laquelle
les 42 millions de fidèles de l’Église
universelle de Edir Macedo qui a prêté
allégeance et concours à Bolsonaro.
Adaptées aux situations locales, elles
s’appuient sur les méthodes, articulées
à l’efficacité des TIC, conçues par
Analytica Cambridge, une société créée
en 2013, disparue en 2018, et dirigée
par deux personnages de l’extrême-droite
nord-américaine, dont Steve Bannon. En
liaison avec ces pratiques, qui relèvent
du viol des foules, en mars 2017 la
presse a rendu public l’immense scandale
du « vol » de 280 000 comptes Facebook,
quelques temps avant l’élection
présidentielle étasunienne. Sur la base
de ces données les chercheurs de
Cambridge Analytica ont pu dresser le
profil psychologique de cinquante
millions de personnes. C’est à l’aide de
ces profils que les messages ciblés de
Bannon et de ses acolytes ont pu
atteindre les grands électeurs
instables, indécis.
En liaison avec ces
faits, comment ne pas s’interroger,
d’autre part sur le sort des 400. 000
comptes Facebook piratés en septembre
2018, suite à l’annonce faite le 25
septembre par les dirigeants de cette
entreprise. Comme le note un journaliste
brésilien, les dirigeants de Facebook
ont précisé le 12 octobre, que le vol
des comptes avait en réalité commencé le
14 septembre. Grâce à ces 400 000
comptes, les auteurs de cette effraction
ont pu obtenir de multiples informations
sur 30 millions de personnes parmi
lesquelles les numéros de téléphone, les
messageries, le nom, le sexe, la langue,
l’état-civil, la religion, la ville de
résidence, la date de naissance et les
quinze dernières recherches effectuées
sur internet, de 29 millions
d’individus. Interrogés sur la
nationalité de ces millions de
personnes, les dirigeants de Facebook
ont refusé de répondre. Question : y
avait-il des comptes brésiliens parmi
ces 30 millions de comptes piratés ?
Pour en revenir à
la gigantesque fraude engagée par
Bolsonaro et les milliardaires qui
financent sa campagne, Mauro Plinio,
directeur de Data Folha, un des plus
importants instituts de sondage du pays,
a admis vendredi 18 octobre que la
montée en puissance de Bolsonaro au
premier tour des élections était
entachée de fraudes. Plusieurs jours
avant le premier tour, a-t-il précisé,
des entreprises pro-bolsonaristes ont
acheté des millions de données d’usagers
à des agences numériques et entreprises
téléphoniques, et transmis
inlassablement, grâce au mode opératoire
relaté dans cet article, des dizaines de
millions de messages mensongers,
diffamatoires et orduriers contre
Fernando Haddad et le Parti des
travailleurs.
L’avis
extrajudiciaire de Whatsapp
Vendredi 19 octobre
dans la journée, face à l’ampleur prise
par cette affaire, la société WhatsApp a
transmis un avis extrajudiciaire à ces
agences numériques vendeuses de données
leur interdisant d’utiliser son réseau
internet pour l’envoi massif de messages
à des numéros de portables d’usagers
sans leur consentement. L’envoi groupé
de message à contenu électoral n’est pas
illégal, mais à la seule condition que
les candidats utilisent des données des
personnes cédées volontairement Dans cet
avis, il leur a également été signifié
l’interdiction d’utiliser les comptes
WhatsApp associés à leurs agences. Ceci
étant, la réaction de cette entreprise,
qui ne revêt aucun caractère
contraignant au plan judiciaire,
suffira-t-elle à dissuader les fraudeurs
fascistes et leurs complices à
poursuivre leur gigantesque et violente
opération frauduleuse, et les autorités
judiciaires à sévir ? L’actuelle
situation politique et la nature des
appareils d’État qui commandent ce pays
incitent à répondre négativement.
Smaïl Hadj Ali
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