Analyse
Washington isolé sur la question
vénézuélienne
Salim Lamrani
Salim
Lamrani
Jeudi 20 mars 2014
Opera Mundi
http://operamundi.uol.com.br/...
Les Etats-Unis se retrouvent isolés sur
le continent américain en ce qui
concerne la question vénézuélienne, en
raison de leur soutien apporté au
secteur putschiste de l’opposition, dont
les violences ont causé la mort de près
de 30 personnes.
Depuis le début du mois de
février 2014, les secteurs d’extrême
droite de l’opposition multiplient les
actes criminels au Venezuela dans le but
de rompre l’ordre constitutionnel et de
renverser le président démocratiquement
élu Nicolas Maduro. Les violences ont
causé la mort d’au moins 28 personnes
dont plusieurs membres des forces de
l’ordre. Le plan d’action a été élaboré
dès janvier 2014 par trois leaders de
l’opposition : Leopoldo López, président
du parti Voluntad Popular, María
Corina Machado, députée à l’Assemblée
nationale, et Antonio Ledezma, maire de
Caracas. Tous trois ont publiquement
appelé à un coup de force contre le
gouvernement légal et légitime de la
République bolivarienne du Venezuela[1].
Les Etats-Unis se sont opposés
dès le départ à Hugo Chávez et à la
Révolution bolivarienne malgré son
caractère démocratique et pacifique.
Depuis 1999, Washington apporte un
soutien politique, diplomatique,
financier et médiatique à l’opposition
vénézuélienne. En 2002, George W. Bush
avait même orchestré un coup d’Etat
contre le président Chávez avec la
complicité de l’oligarchie
vénézuélienne, d’une partie de l’armée
et des médias privés du pays.
Aujourd’hui, l’administration Obama
soutient ouvertement les tentatives de
déstabilisation de la démocratie
vénézuélienne en apportant son concours
à l’extrême droite.
Le Département d’Etat a ainsi défendu
les manifestations violentes au nom de
« la liberté d’expression ». Il a exigé
des autorités vénézuéliennes qu’elles
libèrent les responsables de ces actes
qu’il estime « injustement détenus »,
alors que plusieurs ont été arrêtés les
armes à la main. John Kerry, secrétaire
d’Etat, a même menacé le Venezuela de
sanctions[2].
Cependant,
Washington se retrouve isolé sur le
continent américain. En effet, l’immense
majorité des pays de la région ont
condamné les violences orchestrées par
l’opposition et ont apporté leur soutien
au gouvernement légitime de Nicolas
Maduro. Le 7 mars 2014, l’Organisation
des Etats américains, traditionnellement
conservatrice et alignée sur Washington,
et qui regroupe l’ensemble des nations
du continent à l’exception de Cuba, a
infligé un camouflet à l’administration
Obama. Une résolution, adoptée par tous
les pays à l’exception des Etats-Unis,
du Canada et du Panama, a exprimé la
« solidarité » et l’« appui [de l’OEA]
aux institutions démocratiques, au
dialogue et à la paix en République
bolivarienne du Venezuela ». Dans une
allusion à la position de Washington,
l’OEA a appelé au « respect du principe
de non-intervention dans les affaires
internes des Etats » et a exprimé « son
engagement envers la défense des
institutions démocratiques et de l’Etat
de droit ». Elle a également condamné
l’attitude de l’opposition en exprimant
« son refus le plus énergique de toute
forme de violence et d’intolérance ».
Enfin, l’OEA a fait part de son « plein
appui ainsi que son encouragement des
initiatives et des efforts du
gouvernement démocratiquement élu du
Venezuela et de tous les secteurs
politiques, économiques et sociaux pour
qu’ils continuent d’avancer dans un
processus de dialogue national[3] ».
Donc son
côté, l’Union des nations
sud-américaines, qui regroupe les 12
pays de la région, a condamné « les
récents actes de violence ». « Toute
demande doit être canalisée de façon
pacifique, par la voie démocratique et
en respectant l’Etat de Droit et ses
institutions », a-t-elle souligné. Elle
a également exprimé sa « solidarité »
avec « le peuple et le Gouvernement
démocratiquement élu de cette nation »
et a décidé de « soutenir les efforts du
Gouvernement de la République
Bolivarienne du Venezuela pour établir
un dialogue » avec tous les secteurs de
la société. Dans une évidente allusion
aux Etats-Unis, l’UNASUR a fait part de
son « inquiétude face à toute menace
contre l’indépendance et la souveraineté
de la République Bolivarienne du
Venezuela[4] ».
Michelle
Bachelet, Présidente du Chili, qui a
accueilli à Santiago du Chili la réunion
de l’UNASUR, a apporté son soutien total
à Nicolas Maduro et a condamné les
tentatives de l’opposition de rompre
l’ordre constitutionnel. « Nous
n’accepterons jamais personne, que ce
soit un individu ou un pays, qui incite
à travers des mécanismes violents à
renverser un Président légitimement
élu », a-t-il affirmé, dans une nouvelle
allusion aux Etats-Unis. Selon elle, les
conflits doivent être résolus par la
« voie du dialogue et de la paix »,
rejetant ainsi les manifestations
violentes de l’opposition[5].
Cristina Fernández, Présidente de
l’Argentine, a également exprimé son
rejet des tentatives putschistes et a
manifesté son soutien « à la démocratie
vénézuélienne », en rappelant que
l’actuel pouvoir tire sa légitimité des
18 processus électoraux sur 19 qu’il a
remportés lors des 15 dernières années.
Elle a appelé l’opposition à ne pas
abandonner la voie démocratique en
soulignant la possibilité d’organiser un
référendum révocatoire en 2016 à
mi-mandat qui permettrait d’organiser
des élections présidentielles anticipées
en cas de victoire. « Le Venezuela est
le seul pays de la région qui dispose de
ce système où l’on peut révoquer le
Président », a-t-elle souligné. De la
même manière, elle n’a pas manqué de
dénoncer les tentatives de
déstabilisation orchestrées par les
Etats-Unis en mettant en garde contre
les « interventions extérieures et
étrangères, car il serait désastreux de
permettre que des vents étrangers
détruisent un pays frère comme le
Venezuela[6] ».
Fernández a également dénoncé « la
tentative de coup d’Etat ‘doux’ que l’on
essaye d’organiser contre la République
bolivarienne du Venezuela[7] ».
Tout comme durant la présidence d’Hugo
Chávez, les Etats-Unis n’ont pas renoncé
à mettre un terme à la Révolution
bolivarienne démocratique, pacifique et
sociale. Ils s’opposent au Président
Maduro et soutiennent l’opposition
putschiste. De leur côté, les médias
occidentaux, principal relais de cette
tentative de déstabilisation, ont
manifestement pris fait et cause pour
les partisans de la rupture de l’ordre
constitutionnel et contre la démocratie
vénézuélienne.
Docteur ès Etudes Ibériques et
Latino-américaines de l’Université Paris
IV-Sorbonne, Salim Lamrani est Maître de
conférences à l’Université de La
Réunion, et
journaliste, spécialiste des relations
entre Cuba et les Etats-Unis.
Son nouvel ouvrage s’intitule Cuba.
Les médias face au défi de
l’impartialité (Paris, Editions
Estrella, 2013) et comporte une préface
d’Eduardo Galeano.
http://www.amazon.fr/Cuba-m%C3%A9dias-face-d%C3%A9fi-limpartialit%C3%A9/dp/2953128433/ref=sr_1_1?s=books&ie=UTF8&qid=1376731937&sr=1-1
Contact :
lamranisalim@yahoo.fr
Page Facebook :
https://www.facebook.com/SalimLamraniOfficiel
[1]
Salim Lamrani, « 25 verdades
sobre las manifestaciones en
Venezuela », Opera Mundi,
23 février 2014.
[2]
EFE,
« EEUU no responde a oferta de
diálogo de Maduro e insiste en
pedir mediación », 17 mars 2014.
[3]
Organisation des
Etats américains,
« Consejo permanente aprobó
declaración sobre la situación
en Venezuela », 7 mars 2014.
http://www.oas.org/es/centro_noticias/comunicado_prensa.asp?sCodigo=C-084/14
(site consulté le 18 mars 2014).
[4]
Union des
nations sud-américaines,
« Resolución », 12 mars 2014.
http://cancilleria.gob.ec/wp-content/uploads/2014/03/RESOLUCI%C3%93N-UNASUR-MARZO-2014.pdf
(site consulté le 18 mars 2014).
[5]
The
Associated Press,
« Bachelet reitera apoyo a
Maduro », 16 mars 2014.
[6]
Agencia
Venezolana de Noticias,
« Presidenta Fernández :
Defendemos la democracia de
Venezuela », 1er mars
2014.
[7]
Telesur,
« Fernández : Derrocamiento del
Gobierno de Venezuela sería
fatal para Latinoamérica », 1er
mars 2014.
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