Amérique latine
Fidel Castro, l’autre nom de la
Dignité
Salim Lamrani
© Salim
Lamrani
Vendredi 1er décembre 2017
Université
de La Réunion
The
Huffington Post
https://www.huffingtonpost.com/...
Un an après sa disparition le 25
novembre 2016, le leader de la
Révolution cubaine perdure dans la
mémoire collective comme le Héros des
déshérités.
Il est des hommes qui traversent les
siècles et s’inscrivent dans l’éternité
car ils personnifient des principes.
Maximilien Robespierre, l’Incorruptible,
l’Apôtre des pauvres, a dédié son
existence brève et intense à lutter pour
la liberté du genre humain, pour
l’égalité des droits entre tous les
citoyens, pour la fraternité entre tous
les peuples du monde, suscitant la haine
féroce des Thermidoriens et de leurs
héritiers qui perdure encore à ce jour.
Fidel Castro, l’autre nom de la Dignité,
a pris les armes pour revendiquer le
droit de son peuple et de tous les
damnés de la terre à choisir leur propre
destin, attisant l’aversion des forces
rétrogrades à travers la planète.
Arrière-cour des Etats-Unis pendant six
décennies, Cuba était constamment
humiliée dans son aspiration à la
souveraineté. Malgré les trois guerres
d’indépendance et les sacrifices
innombrables du peuple de José Martí,
Héros national et père spirituel de
Fidel Castro, l’île de la Caraïbe a subi
le joug oppresseur du puissant Voisin,
désireux d’asseoir sa domination dans la
région. Occupée militairement puis
transformée en république néocoloniale,
Cuba a vu ses gouvernements de l’époque
contraints de se plier aux injonctions
de Washington. Le peuple cubain, fier et
vaillant, endurait affront après
affront. Ainsi, en 1920, le Président
Woodrow Wilson dépêcha le général Enoch
H. Crowder à La Havane suite à la crise
politique et financière qui frappait le
pays et ne daigna même pas en informer
le Président Cubain Manuel García
Menocal. Ce dernier fit part de sa
surprise à son homologue étasunien. La
réponse de Washington fut humiliante :
« Le Président des Etats-Unis ne
considère pas nécessaire d’obtenir
l’autorisation préalable du Président de
Cuba pour envoyer un représentant
spécial ». Telle était la Cuba
prérévolutionnaire.
Profondément meurtri dans son désir de
liberté, le peuple cubain a accueilli le
triomphe de la Révolution cubaine de
Fidel Castro en 1959 comme
l’aboutissement d’une longue lutte
initiée en 1868, lors de la première
guerre d’indépendance. Architecte de la
souveraineté nationale, Fidel Castro a
revendiqué, armes à la main, le droit
inaliénable de son peuple à
l’autodétermination. En brisant les
chaînes hégémoniques imposées par
Washington, Fidel Castro a fait d’une
petite île de la Caraïbe une puissance
morale admirée et respectée par les
peuples du Sud pour sa volonté
indéfectible à choisir sa propre voie.
Il est également devenu le symbole de la
résistance à l’oppression et l’espoir
des écrasés à une vie décente, loué pour
son courage constant face à l’adversité
et sa fidélité aux principes.
Malgré des ressources extrêmement
limitées et un état de siège implacable
imposé par les Etats-Unis pendant plus
d’un demi-siècle, Fidel Castro a fait de
Cuba un modèle pour les nations du
Tiers-Monde, en universalisant l’accès à
l’éducation, à la santé, à la culture,
aux sports et aux loisirs. Il a ainsi
prouvé aux yeux du monde qu’il était
possible de mettre en place un système
de protection sociale performant pour
l’ensemble de la population, et de
placer l’être humain au centre du projet
sociétal, en dépit des limites
matérielles et de l’hostilité
pernicieuse de Washington. Cuba est
aujourd’hui une référence mondiale en ce
sens et démontre qu’il est possible de
placer les catégories les plus
vulnérables au centre du processus
libérateur.
« La Patrie, c’est l’Humanité », disait
José Martí. Fidel Castro, en plus de
défendre le droit de son peuple à vivre
debout, a fait montre de sa vocation
d’internationaliste solidaire en
apportant le concours généreux de Cuba
pour toutes les causes nobles de
l’émancipation humaine, contribuant
ainsi de façon décisive à l’indépendance
de l’Afrique australe et à la lutte
contre le régime ségrégationniste de
l’Apartheid. L’inoubliable Nelson
Mandela synthétisera cette solidarité
sans failles des Cubains en une
réflexion : « Quel autre pays pourrait
prétendre à plus d’altruisme que celui
que Cuba a appliqué dans ses relations
avec l’Afrique ? » Aujourd’hui encore,
Cuba est toujours assiégée par
Washington, et en dépit d’une situation
économique difficile, elle continue à
apporter son aide en matière
d’éducation, de santé et d’assistance
technique, aux pays du Sud, en envoyant
des dizaines de milliers de médecins,
enseignants, ingénieurs et techniciens.
Fidel Castro, l’autre nom de la Dignité,
restera dans l’Histoire comme le Héros
des déshérités, celui qui aura défendu
les droits de la plèbe à une destinée
honorable, celui qui aura fait de la
souveraineté de Cuba une réalité
inaliénable, celui qui aura exprimé une
solidarité de tous instants avec les
opprimés. Honni par les puissants de son
temps – tout comme Maximilien
Robespierre – pour avoir osé évoquer une
répartition plus équitable des
richesses, l’Histoire lui rendra
l’hommage que méritent les grands hommes
qui se sont indignés contre les
injustices et qui ont lutté sans relâche
pour défendre le sort des humiliés.
Docteur ès
Etudes Ibériques et Latino-américaines
de l’Université Paris IV-Sorbonne, Salim
Lamrani est Maître de conférences à
l’Université de La Réunion, spécialiste
des relations entre Cuba et les
Etats-Unis.
Son nouvel
ouvrage s’intitule Fidel Castro,
héros des déshérités, Paris,
Editions Estrella, 2016. Préface
d’Ignacio Ramonet.
Contact :
lamranisalim@yahoo.fr ;
Salim.Lamrani@univ-reunion.fr
Page
Facebook :
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