Opinion
Le monde impérialiste change et
réfléchit ses alliances
Robert Bibeau
Mercredi 26 novembre 2014
La gauche bourgeoise est en admiration
devant les institutions internationales
«citoyennes» dont ses dotées la grande
bourgeoisie mondiale tels l’ONU, l’OCDE,
l’OTAN, L’Union européenne, la Banque
mondiale et le FMI. Chaque jour, la
go-gauche voit évoluer ses camarades des
temps passés dans les arcanes du pouvoir
délétère de ces organisations
impérialistes. Bien entendu, du bout des
lèvres les bobos de la go-gauche
critiquent ces organisations du grand
capital pour avoir manqué à leur devoir
de compassion afin d’ainsi détourner
l’attention vers ces exécutants
insignifiants. Il ne faut pas que
l’ouvrier découvre que le monde
impérialiste change pendant qu’eux
déchantent et s’attristent de ne pouvoir
réformer le capitalisme. Le pouvoir
véritable n’est pas dans ces
organisations d’exécutions marquant
l’équilibre machiavélique entre
puissances impérialistes hégémoniques.
Il y a plusieurs
années nous annoncions dans les pages du
webmagazine
Les 7 du Québec et sur divers
webmagazines politiques que le vaste
monde impérialiste
globalisé, qui regroupe tous les
pays capitalistes de la planète,
changeait rapidement et se réorganisait
selon de nouvelles tangentes entre pays
dominants et les pays adhérant à leurs
alliances hégémoniques.
Les
États-Unis d’Amérique
fortement désindustrialisés nous
apparaissaient déjà en difficulté malgré
leur surenchère financière mystifiante.
Les États-Unis dirigent
l’Alliance Atlantique que ses
alliés commençaient déjà à déserter ou à
trahir. Nous avions alors donné de
nombreux exemples de la débandade de
l’Alliance Atlantique, et de l’OTAN
son organe militaire, au Proche-Orient,
en Afrique et en Europe (Serbie-Kosovo,
Biélorussie et aujourd’hui Ukraine).
Reprenons certains
constats que nous avions alors
soulignés. Il apparaît évident que les
États-Unis n’ont pas réussi à imposer
leur hégémonie sur l’Afghanistan (pays
pauvre et démuni) ni sur la région du
Caucase convoitée à la Russie. Le
Pakistan, leur
proche alliée, a protégé et
dissimuler Ben Laden et les États-Unis
d’Obama n’ont rien trouvé de mieux que
d’assassiner l’invité secret de leur
allié dans cette contrée, transformant
leur ami en ennemi qui n’attend que le
moment de se venger. L’Irak est une
poudrière que douze ans de massacre
américain n’ont pas vaincue ni apaisée.
Aujourd’hui, des bandes de mercenaires
rebelles, ex-agents de l’impérialisme au
Levant, font fi des ordres de leurs
anciens adjudants et développent leur
propre politique autonome avec les armes
qui leur ont été donné par l’oncle Sam
et ses alliés apeurés. L’Arabie et la
Turquie y pêchent en eau trouble défiant
leur ennemi, leur ami et leur allié
étatsunien !
Au Liban, le
Hezbollah mène la danse malgré les
atermoiements de la gouvernance
américaine et en Syrie Bachar el Assad,
soutenu par l’impérialisme russe, tient
tête à la coalition
américano-turco-saoudienne.
L’impérialisme israélien, longtemps une
base militaire américaine avancée au
Levant, prend aujourd’hui de plus en
plus d’ascendant, refusant le diktat des
États-Unis. Ce pays développe ses
propres alliances en prévision des
bouleversements qu’il pressent. Les
autres ensembles
impérialistes de la région dont
l’Arabie Saoudite, le Qatar, le Yémen
développent leur propre politique
extérieure parfois dans le dos de la
puissance américaine devenu soudainement
incapable d’imposer son hégémonie. Rien
n’indique que la politique de
l’Alliance Atlantique triomphera
dans cette région du monde.
L’Iran impose ses
règles et cet impérialisme est sur le
point de signer un accord sur le
nucléaire qui fera peut-être rager
Israël, mais contentera les Étatsuniens
qui ont décidé de jouer la carte
iranienne en échange de la carte
israélienne. Dans cet accord l’Iran ne
cèdera pas un pouce de ce qu’il avait
déjà convenu de céder en échange de sa
capacité de contrôler une partie de
cette contrée «poudrière pétrolière» et
d’assurer ou de bloquer l’acheminement
du pétrole à travers le golfe Persique
pour approvisionner l’Europe, l’allié
enchaîné de l’Amérique, et la Chine la
grande rivale de l’impérialisme
américain décadent.
L’impérialisme
turque, soudain sans parrain, se cherche
des amis et ne parvient qu’à mécontenter
tous ceux qu’elle voudrait rallier. Il
lui est difficile de se faire un lit
entre l’Arabie, la Russie, l’Iran et
Israël. Un point est clair cependant, la
Turquie comprend que son ancien mentor
étasunien est de moins en moins son
suzerain. Et nous pourrions ainsi
poursuivre le tour d’horizon des groupes
impérialistes (des pays) qui sont
appelés à se réaligner au cours des
prochaines années.
Mais quel est le
facteur décisif qui entraine cette
nouvelle division du monde impérialiste
à l’économie globalisée, mondialisée et
interreliée ?
Nous avions répondu
à cette question il y a plusieurs
années. Marx nous a enseigné que c’est
l’économie qui dirige le monde et nous
ne l’avons jamais oublié. Il y a des
années, les États-Unis étaient déjà en
grande difficulté économique. Il était
donc facile de prévoir leur déclin sur
tous les plans et sur tous les terrains,
militaire, politique et diplomatique. Ce
qui advint.
Face à l’ogre
décadent, voici la hyène rugissante. Le
FMI le dévoile enfin après des années de
mensonge statistique que nous avions
alors dénoncé. Voici les données du FMI
pour le PIB par pays en 1995 et voilà
ses prévisions pour les 10 plus
puissantes économies du monde en 2015.
Ce que nous avions prédit dès 2012 se
confirme.
1995 (en milliards d’US$)
2015 (Prévisions du FMI)
1.
USA
7.664
1. Chine
19.230
2. Japon
2.880
2. USA
18.287
3. Chine
1.838
3. Inde
7.883
4. Allemagne
1.804
4. Japon
4.917
5. France
1.236
5. Allemagne
3.742
6. Italie
1.178
6. Russie
3.643
7. Royaume-Uni
1.161
7. Brésil
3.173
8. Inde
1.105
8. Indonésie
2.744
9. Brésil
1.031
9. France
2.659
10. Russie
955
10. Royaume-Uni
2.547
Observez la force
économique (le PIB) d’une puissance
impérialiste et vous saurez ce que cette
puissance
manigance de grand ou de petits
complots pour s’emparer de nouveaux
marchés ou pour maintenir son hégémonie
sur des régions de ressources ou pour
exploiter de nouveaux essaims de
travailleurs salariés, sources de
plus-value.
Prenez note que
quatre pays de l’alliance
BRICS
(Brésil, Russie, Inde, Chine) se
retrouvent au 1er, 3e
,6e et 7e rang
alors que les pays de
L’Alliance Atlantique se
retrouvent aux 2e, 4e,
5e, 9e et 10e
rangs.
Prenez garde
cependant, au sein de l’Alliance
Atlantique en décadence les tensions
sont grandes et un thuriféraire comme
l’Allemagne peut faire faux bond à tout
instant et se rapprocher de l’alliance
chinoise montante. Cependant, ce n’est
pas la Chine que convoite l’Allemagne,
mais bien la Russe riche des matières
premières nécessaires à l’impérialisme
germanique et au marché avide de
machines-outils performantes ce que
produit justement
l’Allemagne en surabondance.
L’Allemagne est ainsi écartelée entre
ses intérêts économiques et ses
alliances politiques, diplomatiques et
militaires. La théorie marxiste nous
enseigne qu’en dernière instance les
intérêts économiques ont toujours
préséance.
La situation est
semblable pour l’Empire nippon dans la
zone Asie-Pacifique que Barak Obama a
déjà identifiée comme la zone du
prochain conflit mondial. Le Japon a
besoin des ressources naturelles de la
sphère d’influence chinoise et il
possède des technologies et des
machines-outils dont la Chine est
friande. Les intérêts économiques
poussent le Japon dans les bras de la
Chine, alors que son assujettissement
politique, militaire et diplomatique
avec l’Amérique le contraint à
s’éloigner de son potentiel allié. À
long terme les intérêts économiques
nippons devraient le pousser vers la
puissance hégémonique chinoise, la
première puissance économique mondiale
dès 2015.
Le monde
impérialiste change ses alliances et
cette tendance se perçoit à travers les
multiples conflits régionaux
particulièrement concentrés dans les
zones de ressources énergétiques (les
mystiques religieuses ne servant que de
prétextes à ces affrontements
titanesques par petits peuples
interposés) et la classe ouvrière du
monde entier n’a rien à gagner dans ces
conflits pour la division du monde entre
grands requins prédateurs. La classe
ouvrière doit poursuivre sa résistance à
toutes les politiques d’austérité qui
visent à lui décharger sur le dos le
fardeau des crises successives et se
préparer idéologiquement et
politiquement à changer le mode
de production mondiale.
(1)
http://www.les7duquebec.com/7-au-front/le-modele-imperialiste-allemand/
(2)
http://www.les7duquebec.com/7-au-front/deux-alliances-paralysees-au-proche-orient-ensanglante/
(3)
http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/la-crise-economique-la-chine-l-110893
(4)
http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/la-chine-puissance-imperialiste-110378
(5)
http://www.mondialisation.ca/la-guerre-des-monnaies/27846
(6)
http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/la-chine-imperialiste-96817
POUR UN COMPLÉMENT D’ANALYSE ÉCONOMIQUE
»»»
http://www.publibook.com/librairie/livre.php?isbn=9782924312520
Le sommaire de Robert Bibeau
Les dernières mises à jour
|