MADANIYA
France / Syrie / Lafarge :
Arrestation de Firas Tlass aux Émirats
Arabes Unis
René Naba
Samedi 28 octobre 2017 L’arrestation
de Firas Tlass aux Émirats Arabes Unis,
un coup de semonce à l’opposition
syrienne off shore pétro monarchique.
Firas
Tlass, fils aîné du général Moustapha
Tlass, ancien ministre syrien de la
défense, a été arrêté aux Émirats Arabes
Unis, à la suite d’un mandat d’Interpol,
pour une affaire en relation avec les
contributions versées par le cimentier
franco suisse Lafarge Holcim en Syrie;
Une opération qui a été vécue par bon
nombre d’opposants syriens comme un coup
de semonce à l’opposition syrienne off
shore pétro-monarchique.
L’arrestation d’une des anciennes
coqueluches du régime baasiste, rallié à
l’opposition, a été annoncée par le site
«Zaman Al Wassel», un site électronique
de Syriens proche de Qatar et de la
Turquie et du site «Almayadeen.net», le
site de la chaîne libanaise almayadeen,
constituée en 2011 par des dissidents de
la chaîne qatarie Aljazeera.
Pour le
lectorat arabophone, la totalité de la
documentation a été placée en pièce
jointe de ce texte.
La version de Zaman Al Wassel, le
premier vecteur à voir fait état de
cette arrestation
Le site
Zaman al Wassel a été fondé en 2005 par
Fathi Ibrahim Bayoud à Homs, en 2005. Il
a procédé à son redéploiement régional à
la suite de la guerre de Syrie, avec une
forte implantation en Turquie et au
Qatar, les deux premiers pays
gestionnaires de la guerre de Syrie.
Dans sa profession de foi, publiée en
fin de cet article, le site rend hommage
au soutien du Qatar dans cette enquête.
L’arrestation de Firas Tlass apparaît
rétrospectivement comme un dommage
collatéral de la guerre médiatique que
se livrent 3 pétromonarchies contre le
Qatar, en ce que la révélation de son
lieu d’arrestation, les Émirats Arabes
Unis, viserait à contrario à désigner
Abou Dhabi comme un complice du
financement du terrorisme international
et à dédouaner en conséquence le Qatar
de cette accusation.
Selon
Zaman Al Wassel, l’homme d’affaires
syrien a été arrêté en compagnie de son
directeur de cabinet, Anas Al Rakouki,
le 19 octobre 2017, à la suite d’un
mandat d’Interpol, sur requête de la
France.
L’arrestation, confirmée au Zaman Al
Wassel par un opposition syrien Maher
Charaf Eddine a été effectuée par le
service de la sécurité préventive de
Charjah. Elle a eu lieu sur le
territoire de cet émirat situé à une
centaine de km de la capitale de la
Fédération, Abou Dhabi.
Officiellement son interpellation a été
présentée comme étant liée à des
problèmes concernant son passeport
syrien à des questions financières:
Lafarge Syrie, dont Firas Tlass était
membre de son conseil d’administration,
lui versait près de 100.000 dollars par
mois en vue d’assurer la protection du
site et de ses employés, dont l’homme
d’affaires syrien en reversait le quart,
soit 20.000 dollars, au groupement
terroriste Daech.
Le
dernier post édité par Firas Tlass sur
sa page Facebook est daté du 15 octobre
2017, soit quatre jours avant son
arrestation.
Zaman Al
Wassel assure avoir adressé un
questionnaire à M. Frédéric Jolibois,
mais le président exécutif de Lafarge
Syrie lui a rétorqué sur un ton
lapidaire que «la firme ne réagissait
pas aux supputations, qu’elle
souscrivait aux résolutions des Nations
Unies concernant la Syrie».
Puis se
ravisant, le responsable français a
assuré son interlocuteur que «la
sécurité constituait la préoccupation
prioritaire de la firme»: «Pour cette
raison, nous avons suspendu toutes nos
transactions en Syrie depuis 2014, date
à laquelle le site de Jalabiyah a été
évacué», a t-il conclu.
Situé à
160 km au Nord d’Alep, dans le secteur
d’Ain Arab, la fermeture du site a été
assortie d’une interdiction faites aux
employés de se rendre sur leurs lieux de
travail.
Le Quai d’Orsay pointé du doigt
Le
scandale de la cimenterie Lafarge-Syrie
a conduit à la démission son PDG Eric
Olsen, à l’automne 2016, mais l’onde de
choc a atteint le Quai d’Orsay notamment
Laurent Fabuis, à l’époque ministre des
Affaires étrangères, ainsi qu’Eric
Chevallier, ancien ambassadeur de France
en Syrie, un des rares diplomates
occidentaux assidus aux réceptions
données à Damas par Rami Makhlouf, le
cousin du président Bachar Al Assad,
avant de se muer en gauleiter français
de l’opposition off shore syrienne.
Selon
des informations concordantes
recueillies auprès des milieux
progressistes arabes de Beyrouth et dans
les milieux de l’opposition démocratique
syrienne en Europe, le nom d’un deuxième
diplomate français est cité dans cette
affaire, celui de Bruno Delaye, proche
collaborateur de Laurent Fabuis au Quai
d’Orsay sur les affaires arabes, qui
pourrait faire l’objet d’une audition
par la justice française. Son nom avait
d’ailleurs été mentionné dans une
précédente affaire ayant trait à des
indélicatesses dans sa gestion
financière du temps de son mandat en
tant qu’ambassadeur de France en
Espagne.
Cf à ce propos «La face cachée du Quai
d’Orsay – Enquête sur un ministère à la
dérive», Vincent Jauvert, Robert
Laffont. Pour aller plus loin sur cette
affaire, ainsi que le droit de réponse
de Bruno Delaye à Vincent Jauvert.
Sur Laurent Fabius :
L’argumentaire français pour justifier
la poursuite des activités de Lafarge en
Syrie, même dans les zones sous contrôle
des groupements terroristes, relevait de
la casuistique, une discipline où la
science politique française excelle:
L’embargo concerne le régime syrien et
non la Syrie. Tout ce qui concerne le
régime est prohibé, le reste ne l’est
pas, avait on fait valoir à l’époque.
La version d’ Almayadeen.net «Firas
Tlass, Roi du Sucre»
Firas
Tlass, désigné en Syrie sous le
sobriquet de «Roi du sucre»,
représentait la Syrie au sein du conseil
d’administration de Lafarge Syrie.
Il avait
été choisi à ce poste par le président
Bachar Al Assad en personne, en raison
des liens d’amitié liant les familles
Assad et Tlass, deux familles baasistes,
dont l’un Moustapha Tlass était le
ministre de la défense du père le
président Hafez Al Assad.
Lafarge
représente la plus gros investissement
français en Syrie. Cet investissement,
décidé en 2010, marquait la reprise des
relations économiques entre la France et
la Syrie, après une brouille de cinq ans
consécutive à l’assassinat de l’ancien
premier ministre Rafic Hariri, ami du
président français Jacques Chirac.
Né de la
fusion de deux sociétés en 2015,
Lafarge-Holcim s’est hissé au premier
rang des cimenteries dans le Monde, avec
un parc de 2.500 unités de production à
travers le Monde repartis dans 90 pays.
Il produit 387 millions de tonnes de
ciment par an et dégage un chiffre
d’affaires de 32 milliards de dollars
par an.
Outre,
la rançon mensuelle qu’il versait aux
groupements terroristes via Firas Tlass,
Lafarge Syrie a versé des rançons pour
la libération de ses otages de
confession alaouite; une somme qui
s’élève à plusieurs millions de livres
syriennes.
La
désignation de Firas Tlass au poste de
représentant de la Syrie au CA de
Lafarge Syrie s’est faite en accord avec
le milliardaire égyptien Naguib Sawiris
et de son frères Malek, propriétaire
d’ORASCOM, un holding égyptien
comprenant quatre subdivisions: Orascom
Telecom, Holding Orascom Construction
Industries, Orascom Hotels and
Development, Orascom Technology.
L’édification de Lafarge Syrie a donné
lieu à une opérations d’échanges de
participations puis à la fusion
d’ORASCOM et Lafarge. La quote part que
détenait Firas Tlass dans Orascom lui a
donné doit à siéger au Conseil
d’Administration de Lafarge Syrie.
Le
gouvernement syrien a dessaisi Firas
Tlass de son droit de siéger dans les
instances de la firme par application
d’un jugement émis par le tribunal
chargé de la répression du terrorisme.
Une disposition apparue à de bon nombre
d’observateurs comme une mesure de
représailles du pouvoir baasiste à
l’encontre d’un des anciens privilégiés
du régime.
L’organigramme de Lafarge Syrie en
cause, selon la liste établie par Zaman
Al Wassel.
Lafarge
Syrie a été dirigée successivement par
Bruno Pescheux (2010-2014) et Fréderic
Jolibois, entourés des collaborateurs
suivants:
-
Mahmouh Al Khaled (nationalité
syrienne): Directeur général de la
compagnie, Directeur des achats par
délégation, auparavant directeur de
l’usine de Homs de la compagnie de
cimenterie de Syrie.
-
Jacob Waermess (nationalité
norvégienne): Risk Manager, en fait
selon le site arabe, un homme des
services de sécurité. En poste
jusqu’en 2013, il était chargé
officiellement «de donner des
conseils» dans le domaine de la
sécurité tant pour la protection du
site que des employés. Il était
assisté d’un autre «sécuritaire», un
jordanien connu sous son seul prénom
Ahmad.
-
Mazen Cheikh Awad (nationalité
syrienne):Titulaire d’une
habilitation pour les affaires
juridiques, il était basé à Yaafour,
périphérie de Damas.
-
Ahmad J: Agent de liaison entre les
groupements djihadistes et la firme,
les certificats de garanties de
paiement étaient établies en son
nom.
Le contenu de la messagerie
électronique
Dans un
message en date du 13 juillet 2014,
Mahmoud Al Khaled met en garde Bruno
Pescheux contre l’accroissement des
achats de pétrole auprès d’
«organisations non gouvernementales»
échappant au pouvoir central, en mettant
en garde contre des mesures de
représailles du gouvernement syrien.
En date
du 9 septembre 2014, Ahmad J, l’homme
des recouvrements, a adressé un message
comminatoire à Fréderic Jolibois,
réclamant «le règlement d’arriérés de
l’ordre de 7,6 millions de dollars pour
le compte de Daech», lui enjoignant
d’«honorer ses engagements afin que les
relations entre les deux parties ne se
détériorent pas».
Zaman Al
Wassel assure «selon les informations en
notre possession, les rapports entre les
divers groupements armés et Lafarge se
déroulaient en pleine connaissance et
instructions françaises, en pleine
connaissance de cause de la maison mère.
Une réunion quotidienne se tenait sous
la responsabilité du Senior Risk Manager
en vue de faire le point des risques
encourus par le site en Syrie. Un
rapport dont une copie était adressée au
siège central du Holding».
Zaman Al
Wassel annonce, dans un deuxième volet,
des révélations sur la manœuvre menée
par Daech pour s’emparer sur l’unité de
production du HIDRAZIN. Miscible à l’eau
en toutes proportions, ce produit
sensible est utilisable comme carburant
des moteurs de fusée.
La dissidence tonitruante de Firas
face à la retenue de son cadet Manaf.
Firas
Tall, auparavant chargé de l’équipement
des cinq cent mille hommes de l’armée
syrienne, a décidé d’entrer en
dissidence en apprenant la présence de
son nom sur la liste noire de boycott
des personnalités syriennes que l’Union
Européenne s’apprêtait à promulguer.
Répondant à l’appel, non de sa
conscience mais de son portefeuille, cet
enfant chéri du régime entra en
dissidence, finançant depuis le Golfe
des opposants au régime, prenant sous
son aile nullement protectrice mais
corrosive, Michel Kilo, une des figures
de proue de l’opposition démocratique
syrienne, dont il carbonisera le
légendaire parcours politique en
assurant sa jonction avec le Prince
Bandar Ben Sultan, l’hyper alcoolisé
prince des ténèbres du djihadisme
terroriste planétaire.
A propos de Firas Tlass et de son
compagnonnage avec Michel Kilo et Bandar
Ben Sultan.
Un
comportement aux antipodes de la
discrétion de son cadet, le Général
Manaf Tlass, ancien chef de la garde
présidentielle syrienne et camarade
d’enfance du président Bachar Al Assad.
En
désaccord sur la conduite de la guerre,
refusant de bombarder la ville de Douma
en représailles à des attaques de type
terroriste, en ce que la cité abritait
de nombreux civils, Manaf a été exfiltré
de Syrie, via Beyrouth. Son arrivée à
Paris a été saluée par la diplomatie
française comme un coup fatal asséné au
régime syrien.
Mais
contre toute attente, Manaf a refusé
honneur et protection, -l’appartement de
prestige mis à sa disposition par le
pouvoir socialiste et sa protection
rapprochée-, se contentant d’un modeste
deux pièces propriété de sa famille,
dans le centre de Paris.
Pis,
convié en Turquie à la base américaine
d’Incerlick pour se voir proposer le
commandement de l’Armée Syrienne Libre
(ASL), le militaire syrien asséna à ses
interlocuteurs français et américains,
consternés, un cours de déontologie
militaire. Selon des indications
recueillies auprès d’un interlocuteur
fiable de l’ancien officier syrien,
celui-ci a fait valoir aux Occidentaux
que «la doctrine militaire de l’armée
arabe syrienne prohibait tout tir
hostile à l’égard de frères d’armes»,
soulignant qu’il était le moins gradé de
tous ses camarades de promotion de
l’académie militaire syrienne, ayant
constamment refusé des promotions de
complaisance du fait de la position de
son père en tant que ministre de la
Défense de Syrie.
Manaf
Tlass a observé depuis lors une stricte
obligation de réserve se refusant à
toute attaque frontale ou menée hostile
contre le régime baasiste, dont sa
famille en a été un des piliers
sunnites.
L’arrestation de Firas Tlass, un
coup de semonce à l’opposition off shore
syrienne pétro monarchique
Survenant après les poursuites lancées
en France contre le général Rifaat Al
Assad, l’oncle paternel du président
syrien, l’arrestation de Firas Tlass est
apparue à bon nombre d’observateurs
arabes comme un coup de semonce à
l’opposition off shore syrienne. Elle
pourrait constituer l’indice d’un timide
recentrage de la politique française en
direction du Moyen orient, amorcée par
le nouveau président français Emmanuel
Macron, en affirmant publiquement, au
grand désappointement du clan des
atlantistes et de leur porte serviettes
islamophilistes, une vérité d’évidence
que «Ce n’est la Syrie qui combat la
France».
Flamboyante au début de la guerre de
Syrie, l’opposition syrienne
pétro-monarchique apparaît en pleine
débandade.
Premier
à battre sa coulpe, Michel Kilo a admis
au printemps 2017 que l’Arabie saoudite
n’était nullement intéressée par la
promotion de la démocratie, mais par la
destruction de la Syrie. Dans une
déclaration faite récemment à ANA PRESS,
Michel Kilo ira plus loin considérant
que «99 pour cent des rebelles armées
sont des escrocs». Un acte de repentir
tardif, mais révélateur de la
supercherie de la mystification
représentée par la fable du «printemps
arabe».
A propos de Robert Ford et Bandar Ben
Sultan, les cerbères de l’opposition off
shore syrienne.
Puis ce
fut au tour d’un autre ancien prisonnier
politique, Georges Sabra, discrédité par
son alliance avec les forces
obscurantistes arabes, dans un geste qui
trahit son égarement moral, quêtera abri
en Turquie. Dans un geste qui trahit son
égarement moral, il réclamera sa
nationalité, se revendiquant ainsi, dans
l’ordre subliminal, solidaire d’un pays
qui fut le bourreau de sa patrie
d’origine, la Syrie, depuis Alexandrette
jusqu’à nos jours.
Ce fut
enfin Riad Hijad, «un homme de taille
pour l’opposition syrienne», selon
l’expression d’un lauréat de la presse
française (Prix Joseph Kessel 2017,
Grand Prix des Lectrices d’Elle 2013),
qui a néanmoins déserté le champ de
bataille pour se mettre au vert aux
États Unis. Un bouffon du roi, dégonflé
telle une baudruche.
Ci joint le portait de Riad
Hijad, chouchou du journal Libération
A propos de l’hécatombe de la
guerre de Syrie
La profession de foi du site Zaman
Al Wassel.
Dans sa
profession de foi, le Rédacteur du site
Zaman Al Wassel rend hommage au Qatar
pour sa contribution à cette enquête qui
a permis de «découvrir des dizaines de
cellules dormantes à travers le monde,
et, ce faisant, d’alerter l’opinion et
de mettre en garde contre le danger
fondamentaliste».
«Le
soutien du Qatar ne s’est pas réduit à
pister les placements financiers des
combattants de l’État Islamique, mais à
la recension de millions de documents
sur ce groupement qui a terrorisé la
planète. Le site s’emploie d’ailleurs à
la recension de cette masse documentaire
en vue de son édition sous forme d’un
ouvrage.
Le site
indique en outre avoir réussi à
reconstituer un document intitulé «La
Liste Assad», des documents officiels
syriens contenant la liste de 1,7
millions de personnes de 150 pays, dont
7.000 ressortissants du Golfe,
recherchés par les services syriens,
dont 5.749 Saoudiens, 180 Émiratis, 133
Bahreinis.
Ce
plaidoyer Pro Domo parait destiné à
dédouaner le Qatar de l’accusation de
suppôt de terrorisme qui pèse sur la
principauté depuis la crise qui oppose
la principauté aux trois pétromonarchies
voisines du Golfe (Arabie saoudite,
Bahreïn, Émirats Arabes Unis), un
exercice dont Firas Tlass en a été la
victime collatérale dans un classique
jeu de billard à trois bande pour le
plus grand bénéfice de la transparence
financière et de la moralisation de la
vie publique internationale.
Pour le lecteur arabophone,
ci joint le lien
DOCUMENT (23 pages – 10.5 Mo)
https://docs.google.com/viewerng/viewer?url=http://www.madaniya.info/wp-content/uploads/2017/10/france-syrie-lafarge.pdf
Reçu de René Naba pour publication
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