MADANIYA
De l’accusation d’antisémitisme comme
arme de neutralisation de toute critique
à l’égard d’Israël
René Naba
Mercredi 25 avril 2017
Ce papier a été
publié le 4 janvier 2007 et réactualisé,
dix ans plus tard, en avril 2017, à
l’occasion de la campagne présidentielle
française à l’arrière plan de la
commémoration du centenaire de la
Promesse Balfour.
"Le manifeste
contre le Nouvel antisémitisme" relève
d'un exercice cyclique de
criminalisation d'une composante
substantielle de la communauté nationale
française.
Il constitue
un exercice pernicieux visant à occulter
l'attention sur le carnage de Gaza par
l'armée israélienne et de faire peser
sur les sympathisants de la cause
palestinienne une suspicion prélude à
leur mise en accusation.
Un procès
d'intention manifeste. un procédé abject
et vil.
Du Bon
usage de la bible et du génocide : La
terre promise et la controverse à propos
de la notion du «peuple élu»
Le
génocide juif n’est pas l’unique
génocide du XXe siècle, ni le premier,
redoutable honneur tristement revendiqué
par les Arméniens de Turquie, ni le
dernier (Cambodge et Rwanda 1995), ni
l’unique génocide de l’histoire de
l‘humanité, ni le plus important, un
titre qui peut être légitimement
revendiqué, de par sa durée, par les
Amérindiens d’Amérique et par l’Afrique,
au point de constituer, par leur
ampleur, non un génocide, mais un
véritable sociocide, un anéantissement
de la société indigène.
Unique
pays au monde, avec le Kosovo, à avoir
été crée par une décision de l’ONU,
Israël est aussi l’unique pays au monde
à refuser de se soumettre au contrôle de
la légalité internationale, un des trois
pays au monde à avoir assassiné un
dirigeant de premier plan de l’ONU, en
mission de paix en Palestine, le comte
Folk Bernadotte, un acte qui vaut à
Israël d’être qualifié par le
politologue américain Jeremy R. Hammond
d’«État voyou» et les assassins de
l’émissaire de l’ONU, de «terroristes
sionistes».
Un pays
spécialiste du jeu de billards à trois
bandes, qui compte à son passif un lourd
bilan, en termes de déstabilisation
régionale, comme en témoignent les
attentats anti occidentaux et anti juifs
contre l’Égypte nassérienne dans la
décennie 1950 (Affaire Lavon), les
attentats antisémites en Irak commis par
le Mossad pour forcer au départ les
juifs irakiens (affaire Shulamit Cohen),
dans la décennie 1960, ou encore les
raids répétitifs et les assassinats
extrajudiciaires tant en Palestine,
qu’au Liban, dans la période 1970-2000.
Ou
enfin, le déploiement d’un important
réseau d’agents, y compris au sein du
commandement de l’armée, doublé du
noyautage du réseau des
télécommunications libanais.
Sauf à
considérer l’intégrisme juif plus
soluble dans la démocratie que
l’intégrisme musulman, comment
expliquer, sinon, cette dualité de
comportement en France à l’égard des
principaux protagonistes du conflit
israélo-arabe.
Se
féliciter de la propulsion au pouvoir de
la frange la plus radicale de l’extrême
droite israélienne et ostraciser les
formations paramilitaires arabes ou
islamistes, alors que tant le Likoud que
le Hamas ne prévoient pas dans leur
charte, le premier, la reconnaissance de
la Palestine, le second, Israël, et que
les «Fous de Yahvé» auront épinglé sur
leur tableau de chasse l’ancien premier
ministre, Itzhak Rabin, le négociateur
des accords israélo-palestiniens d’Oslo,
signe patent d’une volonté de paix, une
cible qu’aucun intégriste palestinien,
arabe ou musulman, n’aurait jamais rêvé
d’atteindre.
Le
retour à Sion, la terre promise au
peuple élu : Pour la première fois dans
le débat public international, l’Église
d’Orient a mis en question le bien fondé
théologique de la mise en œuvre de la
notion de «terre promise» pour
«justifier le retour des juifs en Israël
et l’expatriation des Palestiniens».
Sujet
tabou s’il en est, cette position a été
affirmée par Mgr Cyrille Salim Bustros,
Archevêque de Newton (États-Unis) à
l’occasion du synode des Églises
d’Orient, qui est tenu du 14 au 24
octobre 2010, au Vatican. Les évêques et
patriarches orientaux y affirment qu’il
«n’est pas permis de recourir à des
positions bibliques et théologiques pour
en faire un instrument pour justifier
les injustices».
«Pour
nous, chrétiens, on ne peut plus parler
de Terre promise au peuple juif», terme
qui figure dans l’Ancien testament, car
cette «promesse» a été «abolie par la
présence du Christ». Après la venue du
Jésus, «nous parlons de Terre promise
comme étant le royaume de Dieu», qui
couvre la Terre entière, et est un
«royaume de paix, d’amour, d’égalité
(et) de justice», a ajouté le prélat au
cous de ce synode, le premier de
l’histoire de la chrétienté qui se tient
au Vatican, en présence des
représentants de l’Islam et du Judaïsme.
( Les Chrétiens d’Orient sont les
Chrétiens originels, les Chrétiens des
origines de la chrétienté. Leur nombre
serait de l’ordre de 13 millions de
personnes, soit la population du
Benelux, vivant aujourd’hui au
Proche-Orient, en Turquie et en Iran. A
cela s’ajoute un nombre identique dans
les pays de la diaspora en Amérique du
nord, en Amérique latine, en Australie
et en Europe occidentale, soit un total
de 26 millions de personnes ).
La
présence de surcroît d’un influent lobby
juif américain aux États-Unis, la
première puissance militaire du Monde,
se superposant à la concordance de la
plus grande métropole juive au Monde
avec la plus grande métropole
américaine, New York, le siège des
grandes banques, des grands médias et de
l’industrie du divertissement,
expliquent le primat du fait juif dans
le récit médiatique international, la
criminalisation corrélative de toute
pensée critique à l’égard d’Israël et la
tétanisation de son auteur.
L’affaire Gilad Shalit, prémonitoire
d’une dérive pathologique vers la
transposition du conflit
israélo-palestinien en France
Le
mutisme est complet sur ce point,
refoulé au tréfonds du subconscient
national, un point noir de la
conscience, telle une consigne
implicite, comme la marque d’une
connivence entre la classe politique
française et la communauté
journalistique.
Le sujet
fâche, car il fait tâche. Au risque de
s’exposer à l’accusation
d’antisémitisme, il importe toutefois
d’assumer le risque de troubler la bonne
conscience léthargique occidentale pour
la placer face à ses responsabilités,
tant il est vrai que la solidarité avec
Israël, pour légitime qu’elle puisse
être pour de larges secteurs de
l’opinion occidentale, ne saurait
occulter le débat de fond que cette
question pose tant au niveau du droit
que de la morale.
Un
citoyen français engagé volontaire dans
une armée étrangère en opération de
guerre contre un peuple ami, sans mandat
explicite du gouvernement français,
peut-il se prévaloir de la nationalité
française ?
Autrement dit, Gilad Shalit, le caporal
de l’armée israélienne capturé le 25
juin 2006 par les Palestiniens,
pouvait-il se prévaloir de la
nationalité française et réclamer
es-qualité l’intervention diplomatique
du gouvernement français.
Mutatis
Mutandi à l’instar des djihadistes
opérant dans les rangs de Jabhat An
Nosra, qui «fait du bon travail en
Syrie», son engagement dans l’armée
israélienne, sans mandat gouvernemental
français, entraînait-t-il, sinon la
déchéance de sa nationalité, à tout le
moins la caducité de son droit à
invoquer la protection de la nationalité
française ?
La question peut paraître dérisoire au
regard des enjeux de puissance que sous
tend les guerres de prédation
occidentales des pays arabes (Libye,
Syrie) sous la séquence dite du
«Printemps arabe», à l’instigation en
France de Bernard Henry Lévy, le chef de
file médiatique du philo sionisme
exacerbé sur le continent européen.
Sauf à
considérer Israël comme le fer de lance
du combat occidental contre l’ensemble
arabo-musulman et que son service dans
l’armée israélienne constitue une forme
déguisée de coopération stratégique
militaire franco-israélienne, le cas du
caporal Shalit se devait d’être soumis
pour avis aux autorités
juridictionnelles compétentes et faire
œuvre de jurisprudence en ce domaine,
car au delà de ce problème de droit se
pose un problème de morale politique :
La double allégeance justifie-t-elle la
confusion juridique ? exonère t-elle de
toute obligation de réserve ?
Autorise-t-elle toute licence au point
de constituer un «passe droit»?
Arno Klarsfeld
Dans le même ordre d’idées un binational
franco-allemand qui choisit de servir le
drapeau d’un pays tiers par affinité
religieuse, en exerçant non une option
de nationalité mais une requête en
naturalisation, a-t-il vocation à
assumer des fonctions de conseiller
ministériel dans son pays d’origine.
Son
statut de réserviste d’une armée en
guerre contre un pays ami de la France à
tout moment mobilisable, lui
confère-t-il la quiétude suffisante dans
la gestion d’un sujet aussi épineux que
celui des «sans papiers». Cette
situation juridiquement sinon
exorbitante du moins insolite, ne le
place-t-elle pas en porte-à-faux dans sa
fonction, en cas de mobilisation de son
armée d’affectation ?
La
nomination d’Arno Klarsfeld, juriste
français et réserviste de l’armée
israélienne, au poste de conseiller du
ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy
sanctionne-t-elle la carence française
dans le domaine des compétences ou
relève t-elle d’une manœuvre
électoraliste ?
Le
service militaire dans l’armée
israélienne constitue-t-il désormais un
passage obligé à des promotions politico
administratives en France ?
Préfigure-t-il la collaboration future
entre les diverses composantes de l’
«axe du bien», telle qu’elle est
préconisée par les néo-conservateurs
américains et leurs relais français ?
Un axe constitué, selon ses promoteurs,
par les États-Unis, Israël, au-delà, la
droite française et le judaïsme
institutionnel français, face à un «axe
du mal» regroupant grosso modo le tiers
monde arabo-musulman bariolé.
Les grandes civilisations se meurent des
entorses répétitives qu´elles commettent
à l´encontre de leurs propres principes.
À la
faveur de la dégradation du climat
international consécutive aux attentats
anti-américains du 11 septembre 2001, de
la guerre d’Afghanistan (2001-2002), de
l’invasion américaine de l’Irak (2003),
terreau de Daech, de la guerre
israélienne contre le Liban (2006), de
l’irruption du terrorisme islamiste en
réplique au saccage du Monde arabe à la
faveur de la mal nommée séquence du
«printemps arabe» (Libye, Syrie, Soudan
(2011-2017), ainsi que de la
transposition du conflit israélo-arabe
en France, une bataille intellectuelle à
coups de censure et d’accusation de
racisme fait rage dans ce pays, qui
constitue à la fois le plus important
foyer musulman du monde occidental et le
lieu d’implantation de la plus forte
communauté juive d’Europe.
La
déconstruction de la «politique arabe de
la France»
Certes
les Juifs de France ont eu à pâtir du
comportement de l’État français à leur
égard. Intégré d’autorité à la
nationalité française en Algérie par le
Décret Crémieux, renié sous Vichy et
condamné à la déportation et à
l’extermination, à nouveau refoulé
d’Algérie à l’indépendance de ce pays du
fait du décret Crémieux assimilant les
juifs aux Français, mais le comportement
ignominieux de l’État Français à leur
égard ne saurait justifier la
substitution d’une arabophobie et d’une
islamophobie à l’antisémitisme récurrent
de la société française.
Si la
question juive revêt une importance
particulière en Europe, c’est
principalement en raison du fait que les
deux pays qui passaient pour les plus
civilisés de l’époque -l’Allemagne et la
France- ont massacré leurs propres
concitoyens du fait de leur origine
ethnico religieuse.
Osons
l’affirmation : Si les Juifs avaient été
des Iroquois d’Amérique du Nord, des
Aztèques, des Incas, des Guaranis
d’Amérique latine, ou encore des
Zoulous, des Bassas-Bamilékés, des
Songhaïs ou des Soninkés d’Afrique voire
même des Arabes, particulièrement des
Palestiniens, gageons que l’Occident
n’aurait jamais sanctuarisé ce problème.
L’orchestration d’une concurrence
mémorielle sur des sujets de grandes
souffrances ne relève pas de la
victimologie. Elle révèle la pathologie
de son auteur.
Dans ce
contexte, «la politique arabe de la
France» que Nicolas Sarkozy a cherché à
déconstruire avec le soutien actif des
transfuges atlantistes, -notamment
Dominique Strauss Khan, l’ancien
Directeur du Fonds Monétaire
International et Bernard Kouchner, le
belliciste ministre des Affaires
étrangères, ancien urgentiste des zones
pétrolifères (Biafra, Kurdistan,
Darfour, Gabon et Birmanie)-, a surtout
consisté pour les pays arabes à voler au
secours de la France, à deux reprises,
au cours du XXe siècle, pour l’aider à
vaincre ses ennemis, notamment en
1939-1945, en l’aidant à se débarrasser
du joug nazi dont une fraction
importante de la communauté nationale de
confession juive en a lourdement pâti.
En
contrepoint et pour prix de la
contribution arabe à la libération de
l’Alsace-Lorraine, la France a amputé la
Syrie du district d’Alexandrette pour le
céder à la Turquie, son ennemi de la
Première Guerre Mondiale (1914-1918), et
carbonisé au napalm les habitants de
Sétif, en Algérie, (1945), après la
deuxième Guerre Mondiale (1939-1945)
fournissant dans la foulée à Israël la
technologie nucléaire du centre de
Dimona (Neguev).
N’en
déplaise aux nombreux intellectuels de
cour qui gravitent dans l’orbite
présidentielle, les trois grandes
figures tutélaires du XXe siècle pour
leur contribution à la morale
universelle auront été, faut-il le
rappeler, trois personnalités du tiers
monde colonisé, le Mahatma Gandhi
(Inde), Nelson Mandela (Afrique du Sud),
et, pour l’espace francophone, le
Martiniquais Aimé Césaire, trois apôtres
de la non-violence, une consécration qui
retentit comme un camouflet pour les
pays occidentaux avec leur cortège de
nazisme, de fascisme, de totalitarisme
et d’esclavagisme.
Et, pour
douloureuse qu’elle puisse être pour
notre amour propre national, force nous
est de relever que la France, en
contrechamps, aura été le seul grand
pays européen à l’articulation majeure
des deux grands fléaux de l’Occident de
l’époque contemporaine, «les penchants
criminels de l’Europe démocratique», la
traite négrière et l’extermination des
Juifs, contrairement à la Grande
Bretagne qui a pratiqué la traite
négrière exclusivement, sans aucunement
participé à l’extermination des Juifs,
contrairement même à l’Allemagne qui a
conçu et réalisé, elle, la solution
finale de la question juive, mais sans
participation à la traité négrière.
Tout au
long de cette séquence, la France a été
médiatiquement pro-arabe, mais
substantiellement pro-israélienne. Les
courbettes des dirigeants français
devant les princes arabes ne doivent pas
faire illusion. Fussent-elles d’un
«cheval fougueux» elles sont de peu de
poids face à Dimona, le symbole de la
supériorité technologique et le gage de
l’hégémonie militaire absolue
israélienne sur l’espace national arabe
depuis 70 ans.
De même
la tonitruante amitié de Nicolas Sarkozy
avec l’Émir du Qatar ne saurait masquer
l’éradication systématique de toute
sensibilité pro-palestinienne de
l’administration préfectorale (Bruno
Guigue) et de l’audiovisuel extérieur
(Richard Labévière) et la promotion
concomitante de personnalités au philo
sionisme exacerbé.
La liste
est longue qui va de Bernard Kouchner
(Quai d’Orsay), à Pierre Lellouche
(Affaires européennes), à Dominique
Strauss Khan (FMI), à Arno Klarsfeld
(Matignon) et François Zimmeray, ancien
vice-président de la commission d’études
politiques du CRIF, Ambassadeur pour les
Droits de l’homme, en passant par
Christine Ockrent (pôle audiovisuel
extérieur), Philippe Val (France inter),
à la toute dernière recrue Valérie
Hoffenberg, directrice pour la France de
l’American Jewish Committee,
représentante spéciale de la France au
processus de paix au Proche-Orient.
«Curieuse conception de « l’équilibre »
que de nommer pour une telle mission la
directrice d’une organisation partie
prenante dans le conflit
israélo-palestinien. Curieuse ambition
pour la France que d’associer la
représentante en France d’une
organisation américaine aux discussions
avec les États-Unis et l’Union
européenne.
Curieuse conception lorsque
l’organisation en question se targue
d’être engagée aux côtés de la puissance
occupante, alors même que Tel-Aviv
poursuit l’occupation des territoires
palestiniens, bafoue les droits humains
les plus élémentaires et ne projette que
la guerre contre ceux qui refusent de se
plier à sa domination coloniale.
La
prolifération d’une littérature
arabophobe et islamophobe
Pas un
jour ne passe sans qu’un ouvrage
n’annonce des révélations sur les
islamistes, objet certes de
préoccupations des spécialistes mais
dernier thème à la mode des marchands de
sensation, pas un jour sans qu’un
«islamologue», ces personnes qui se
déclarent spécialistes de l’Islam,
n’apparaisse sur les écrans de
télévision pour donner sa propre
explication du «phénomène du terrorisme
islamiste» ou de l’arriération du monde
arabe.
Cette
littérature se nourrit d’ailleurs de
l’actualité particulièrement abondante
en ce domaine, dont les derniers en date
sont le carnage de Charlie Hebdo et du
Paris Bataclan (2015), de l’aéroport de
Bruxelles (2016), enfin Nice (juillet
2015) et Berlin décembre (2016).
Les
Arabes eux-mêmes ne se privent pas non
plus de la nourrir par l’étalage de leur
division, et beaucoup de commentateurs
occidentaux ont puisé dans les divisions
du Monde arabe la justification à leurs
analyses ou à leurs préjugés
anti-arabes.
Certes,
les Arabes sont pour des raisons
multiples responsables de la situation
déplorable dans laquelle ils se
trouvent. Mais la profusion d’experts
occidentaux est impressionnante, voire
même préoccupante, au point de se
demander si certains experts ne
souhaitent mettre à profit ce regain
d’intérêt pour la sphère arabo-musulmane
pour y consacrer des stéréotypes dans
l’imaginaire occidental.
Avec l’aide des porte-serviettes de
l’ancienne puissance coloniale, ces
larbins de sinistre mémoire.
Après le
romancier français Michel Houellebecq,
qui avait jugé «stupide» la religion
musulmane, l’italienne Oriana Fallaci,
qui avait dénoncé la saleté et
l’arrièrisme des Arabes, et l’aveu d´un
grand journaliste français Claude
Imbert, directeur de l’hebdomadaire «Le
Point», se déclarant «islamophobe» un
ouvrage collectif, réalisé par une
soixantaine d’universitaires français et
arabes, consacré à «L’Islam en France»,
et édité par «Les Presses Universitaires
de France» (PUF), apporte une touche
intellectuelle et scientifique à cette
nouvelle xénophobie anti-arabe.
Numéro
hors série de la revue «Cités», la
publication illustre sa couverture par
une gravure reproduisant un musulman au
nez crochu, tenant le Coran par la main
et tournant le dos à la République.
Curieux
retournement des choses : l’ancien
stéréotype d’identification des Juifs
est désormais applicable aux Arabes et
aux Musulmans. Curieux procédé qui
consiste sous couvert de critique à
pratiquer le dénigrement, sous couvert
de lutte contre l’anti-sémitisme à
favoriser un anti-arabisme.
Plus
regrettable est que cette publication
ait été cautionnée par un professeur de
philosophie de la prestigieuse
université parisienne «La Sorbonne»,
mais l’universitaire en question, Yves
Charles Zarka, pense au contraire
travailler à la mobilisation des esprits
en France, qu´il considère comme le
principal champ de bataille du conflit
entre l’Occident et l’Islam.
«Face à
l’esprit de conquête, il faut développer
l’esprit de résistance», écrit-il, en
affirmant que la France est menacée par
«la constitution d´une minorité
tyrannique» qu’il importe de combattre.
Il
ressort de la lecture de cet ouvrage le
fait que l’image de l’Arabe se réduit à
quelques images fortes, (délinquance,
fanatisme, antisémitisme). Sous
l’apparence scientifique, l’analyse est
simpliste, sans que ces intellectuels
n’aient jugé bon de se pencher sur les
véritables raisons de la violence
anti-occidentale du monde
arabo-musulman, ou de la xénophobie
anti-arabe ou musulmane des occidentaux.
L’auteur
fera grâce aux lecteurs des embardées
répétitives et de leur impunité
corrélative d’ Eric Zemmour, pape de la
nouvelle doxa xénophobe française,
d’Alain Finkielkraut (l’équipe de France
de foot black, black, black, risée de
l’Europe), son viatique pour l’Académie
Française, de même que celles les deux
éditorialistes vedettes du «Figaro»,
Yvan Rouffiol sur le «nazi-islamisme» et
d’Alexandre Adler sur le «fascisme
vert».
La
neutralité, l’objectivité et
l’impartialité, qui caractérisaient
jadis le travail universitaire, ne sont
plus de mise face à la violence de la
bataille, dont la polémique sur le port
du foulard islamique et le tollé suscité
par les biens pensants de l’équipe de
l’hebdomadaire satirique Charlie hebdo,
autour de Philippe Val, à propos des
caricatures de Mahomet, l’hiver 2006,
n’en sont que les derniers avatars.
À noter
qu’aucun de ces ouvrages, ni celui de
Houellebecq, ni celui de Fallaci, pas
plus que la revue «Cités», n’a fait
l’objet d’une censure ou ses auteurs
poursuivis en justice pour incitation à
la haine raciale. Il n’en est pas de
même pour les écrivains de l’autre bord.
L’exaspération du débat est telle que
par un effet de transposition, toute
critique vive de la politique
israélienne, qu’elle émane d’arabes, de
musulmans ou même d’intellectuels ou de
personnalités de tradition culturelle ou
religieuse juive, est assimilée à de
l’anti-sémitisme.
Le CRIF, un lobby électoraliste
occulte de l’extrême droite israélienne.
Bien
pire, Le CRIF, le Conseil Représentatif
des Institutions Juives de France, qui
se doit, en tant qu’instance
d’intermédiation auprès des pouvoirs
publics, favoriser la cohésion nationale
et le dialogue interreligieux, dénature
son rôle en se plaçant à l’avant garde
de la lutte anti-arabe.
M. Roger
Cukiermann, du temps où il présidait le
CRIF, s’était ainsi félicité
publiquement, sans être désavoué, du
succès du chef de l’extrême droite
française, Jean Marie Le Pen, aux
élections présidentielles de 2002, en
considérant qu’il s’agit d’une «bonne
leçon aux Arabes».
Nulle
personnalité de premier plan française,
ni politique, ni religieuse, n’a émis
une protestation à cette occasion.
De même,
lorsque des organisations juives
organisent des concerts de gala pour
récolter de l’argent pour l’armée
israélienne et «le bien être du soldat
juif», nul, non plus, ne se hasarde à
critiquer cette opération de promotion
d’autant plus inopportune et provocante
que son principal bénéficiaire apparaît,
tout de même, au regard du Droit
international, comme une «armée
d’occupation» en Cisjordanie, à Gaza, en
Syrie et au Liban.
Pas une
critique non plus quand Israël se livre
à une destruction systématique du Liban,
en violation flagrante du Droit
Humanitaire International, en
représailles à une capture de deux
soldats israéliens au sud-Liban, alors
que les Israéliens détiennent
arbitrairement plusieurs milliers de
prisonniers arabes, Palestiniens,
Libanais et Jordaniens. Ibidem pour les
offensives répétitives contre Gaza.
Indice
complémentaire de la dégradation du sens
civique national, pas une objection n’a
été soulevée pour contester la qualité
de
«Français» au caporal Shalit, «le
nouveau soldat Ryan» des temps modernes.
Plus grave, nul dans la classe politique
ou la presse ne s’est hasardé à soulever
le problème de la dualité d’allégeance
des binationaux franco-israéliens dans
l’exercice de responsabilités politiques
ou militaires en France ou en Israël,
particulièrement en temps de guerre.
Le Quai
d’Orsay a donné à savoir à diverses
reprises qu’il s’impliquait dans la
libération du sous officier israélien,
–non pas tant pour des raisons
humanitaires ce qui peut paraître
concevable, mais du fait de sa
«nationalité française»–, omettant de
préciser que ce citoyen se trouvait en
opération de guerre dans une armée
étrangère contre un peuple supposé ami
de la France, le peuple palestinien.
C’est le
«sang mêlé» Nicolas Sarkozy qui a
institué le parrainage du dîner annuel
du CRIF sous le patronage du Président
de la République, au mépris du principe
de laïcité et de neutralité de l’État,
alors que jusqu’à présent cet événement
était présidé par le ministre de
l’Intérieur en sa qualité de ministre
des Cultes.
Le CRIF n’a pas attendu cette
sollicitude pour faire la police à
l’égard de toute opinion dissidente, y
compris au sein des intellectuels de
culture ou de religion juive.
C’est
ainsi que coup sur coup, le sociologue
Edgar Morin, qui s’était désolidarisé de
la politique du gouvernement d’Ariel
Sharon, de même que le politologue
américain Norman Finkelstein, qui avait
rédigé un ouvrage sur «l’industrie de
l’holocauste», qui constitue une
«réflexion sur l’exploitation de la
souffrance des juifs», ont été
poursuivis en justice par l’association
France-Israël pour diffamation à l’égard
d’Israël.
L’humoriste franco-camerounais Dieudonné
a payé au prix fort le fait d’avoir
caricaturé l’extrémisme de Sharon, en
adaptant le salut nazi «Heil Hitler», en
«IsraHeil». Interdit d’accès des salles
de concert de France, il a été poursuivi
en justice «pour incitation à une haine
à caractère racial».
«La
dernière passion du Christ», le film de
Mel Gibson relatant le crucifixion de
Jésus Christ, en est la dernière
manifestation. Les grands producteurs
français en ont refusé sa
commercialisation au motif qu’elle
relançait la responsabilité des juifs
dans la mort du Christ et favorisait un
renouveau de l’antisémitisme.
L’auteur
fait aussi grâce aux lecteurs du
révisionnisme anti arabe de Philippe
Val, son tremplin vers la direction de
l’audiovisuel public, de même que du
psychodrame Siné, un des fondateurs de
la revue satirique Charlie hebdo,
déclenché par une dénonciation abusive
d’antisémitisme par Claude Askolovitch,
la grande conscience de gauche et ami de
Manuel Valls, de même que des
imprécations quasi quotidiennes de la
«féministe» Caroline Fourest.
Il en va
de même des statistiques carcérales
d’Eric Zemmour sur la sur représentation
des Arabes et des Noirs dans les prisons
françaises, omettant soigneusement la
criminalité en col blanc, précisément
par ce qu’elle est le fait de «blancs»
ou les jérémiades de la nouvelle
coqueluche médiatique, Raphael Glucksman,
intronisé «philosophe» par la caste
journalistique comme pour suggérer une
transmission héréditaire des diplômes
par héritage paternel, empli du
souillure de la «honte», à la chute du
bastion djihadiste d’Alep, mais sans le
moindre remord sur le martyre
palestinien.
Sur ce lien les erreurs
chroniques d’Eric Zemmour
Comme si
les actes de quelques rabbins qui
passent pour avoir ordonné, il y a deux
mille ans, la mort de Jésus engageaient
la responsabilité de tous les Juifs,
religieux ou athées, pour l’éternité et
à travers le temps, de la même manière
que les attentats anti-occidentaux d’Al-Qaida
ou de toute autre organisation ne
sauraient rejaillir sur tous les Arabes
et tous les Musulmans, condamnés par
l’opinion occidentale à en assumer la
responsabilité pour l’éternité.
Sur l’israélisation de la société
israélienne :
Reçu de René Naba pour publication
Le sommaire de René Naba
Le
dossier Syrie
Les dernières mises à jour
|