MADANIYA
Hezbollah : Hassan Nasrallah,
La « sentinelle de l’indépendance
libanaise »
René Naba
Vendredi 15 juillet 2016
L’auteur auteur dédie ce papier
à Imad Moughniyeh (Hajj Radwane), le
fondateur de la branche militaire du
Hezbollah, a son fils Jihad, ainsi qu’à
Moustapha Badreddine (Zoulficar), le
successeur d’Imad Moughnieh à la tête de
la branche militaire du Hezbollah, enfin
Samir Kintar, l’ancien doyen des
prisonniers politiques en Israël, tous
quatre tués sur le champ de bataille en
Syrie afin que se maintienne vivace
l’esprit de résistance dans la
conscience arabe, pour la sauvegarde de
l’Indépendance et de l’intégrité du
Liban.
Le vainqueur face à
Israël et en Syrie: Yabroud, Qalmoun,
Palmyre
Le Hezbollah, au palmarès militaire
infiniment plus prestigieux que son
bourreau saoudien, à faire pâlir
d’ailleurs bon nombre des protagonistes
des conflits du Moyen-Orient, se
distinguera par une série de magistrales
et époustouflantes victoires, tant
contre Israël qu’en Syrie, suscitant
l’admiration de bon nombre de
spécialistes militaires occidentaux.
Sur ces divers théâtres d’opérations, le
Hezbollah a affiné sa stratégie, optant
pour une «méthode complexe» de combat,
un combiné d’opérations de guérilla et
de guerres frontales, couplant les
méthodes de guerre d’une armée régulière
aux méthodes de la guerre de guérilla.
Au Liban, sur son propre terrain au sein
d’un environnement favorable, le sud
Liban à majorité chiite, il livrera une
guerre défensive au moyen de la guérilla
face à Israël. En Syrie, en terrain
hostile face à des djihadistes, il
mènera des guerres frontales en rase
campagne.
En Syrie, il opérera en tandem avec
son alter ego iranien, le général Qassem
Souleimany, chef de la prestigieuse
«Brigade de Jérusalem» des Pasdarans,
-dont la transcription en arabe claque
comme baïonnettes aux vents, «Faylaq Al
Qods Lil harath As Saouri Al Irani»-:
Faylaq Al Qods, «Jerusalem brigade»
comme pour rappeler la permanence de la
revendication iranienne et chiite dans
le combat pour la libération de la
Palestine.
Le cours de la guerre de Syrie a conduit
le Hezbollah a mené des combats de chars
et de blindés alors que son point fort
était l’infanterie. Il s’offrira le
luxe, cas unique dans les annales
militaires, de faire sauter le verrou de
Damas, Yabroud, le 15 mars 2014, le jour
même du référendum de rattachement de la
Crimée à la Russie, à la date
commémorative du 3eme anniversaire du
soulèvement populaire en Syrie.
«Le Hezbollah a réussi à assumer un
rôle distinctif croissant dans la
direction des opérations de l’armée
syrienne lors d’offensives majeures des
forces gouvernementales». A Qoussayr
(Juin 2013), le Hezbollah a pris
directement en main la conduite des
opérations, assumant, parallèlement, la
surveillance aérienne permanente du
champ de bataille, via des drones»,
relèvera «The Brookings Doha Center
Report», dans sa livraison de Mai 2014
signée de Charles Lister.
En deux ans (2012-2014), le Hezbollah
mettra ainsi en échec six offensives
majeures des djihadistes de Syrie visant
à percer les lignes de défense du parti
chiite, à coups de vagues humaines, dans
la zone frontalière syro libanaise, dans
le secteur Ersal-Brital, décimant les
unités d’élite des assaillants
takfiristes, constituées de troupes
conjointes de Daech et de Jabhat An
Nosra avec le soutien d’Israël.
Par quatre fois en Syrie (Al-Qoussayr,
Yabroud, et dans le périmètre de la base
militaire de Minbej, dans la région
d’Alep, assiégée de nombreux mois par le
géorgien Tarkhan Batirashvili – Abou
Omar al-Shishani), ainsi qu’à Palmyre,
dans le désert syrien (Mars 2016),
Hassan Nasrallah, à la tête de ses
hommes, fera la preuve de sa science
militaire et de la maîtrise du
commandement.
Se posant en égal des mythiques «barbudos»
cubains, il assumera un rôle comparable
au légendaire Camilo Gorriarán
Cienfuegos, l’adjoint opérationnel de
Fidel Castro et d’Ernesto Che Guevara de
La Serna, le voltigeur de pointe de
l’armée révolutionnaire cubaine, le
commandant de l’avant, celui qui opéra,
à la tête de la Colonne n°2 «Antonio
Maceo», la percée décisive vers La
Havane, dont il s’emparera le 2 janvier
1959, à 27 ans.
Rompues à la guerre de guérilla, ses
troupes d’élite réussiront l’exploit non
seulement de renverser le cours de la
guerre, mais de modifier radicalement
les règles d’engagement des combats dans
la zone de confrontation
israélo-libanaise, il tiendra t en
respect Israël, la principale puissance
militaire du Moyen-Orient, la terreur
absolue des Arabes, qu’il narguera avec
un drone de sa fabrication, le drone «Ayoub»,
tandis que son complice iranien
détournait, à son profit, un drone
américain, faisant tous les deux la
preuve de la maîtrise technologique de
la surveillance aérienne.
Le lancement le 2 octobre 2012 d’un
avion sans pilote du Hezbollah en
direction d’Israël a constitué la
première incursion aérienne réussie de
l’aviation arabe depuis la guerre
d’octobre 1973, il y a 40 ans.
Son survol du site nucléaire de Dimona,
dans le Néguev, a démontré l’absence
d’étanchéité du «dôme d’acier»
israélien, édifié avec de coûteux moyens
avec l’aide américaine en vue
d’immuniser le ciel israélien de toute
attaque hostile. Cet exploit militaire
du Hezbollah, et par voie de conséquence
de l’Iran, est apparu comme une
spectaculaire démonstration de leur
capacité technologique à forte portée
psychologique tant à l’égard d’Israël
que des États-Unis, qu’à l’encontre du
groupement des pays sunnites gravitant
dans l’orbite atlantiste.
Une percée technologique attestée deux
ans plus tard par le Hamas dans son
combat à Gaza, en juillet 2014,
infligeant un camouflet majeur à Israël
en apportant la preuve manifeste de
l’absence total d’étanchéité de son
«dôme d’acier», qui s’est révélé en fin
de compte un parapluie troué.
Sur la liste des
organisations terroristes de la Ligue
arabe, mais ultime digue de retenue face
à une démission généralisée arabe au
Diktat israélien
Le Hezbollah est certes inscrit sur
les «liste des organisations
terroristes» tant de l’Union européenne,
à tout le moins sa branche militaire,
que de la Ligue arabe à la demande
pressante de l’Arabie saoudite, au même
titre d’ailleurs que les anciens
pupilles de l’Occident, les Frères
Musulmans, Jobhat An Nosra et Da’ech.
Mais par rapport aux organisations
sunnites, le Hezbollah dispose d’un
avantage comparatif incontestable en
termes de crédibilité dissuasive
concrétisée par sa présence, solitaire,
sur l’ultime champ de bataille contre
Israël, en tant qu’ultime barrage de
retenue à une reddition générale arabe
face au diktat israélo américain.
Une crédibilité concrétisée par le fait
que de tous les protagonistes du
conflit, Hassan Nasrallah ne désertera
jamais le champ de bataille,
contrairement à ses contestataires
sunnites: Saad Hariri, le chef du camp
saoudo américain au Liban, planqué en
Arabie saoudite, le chef politique du
Hamas Palestinien, Khaled Mecha’al,
planqué à Doha, à une trentaine de kms
de la plus importante base militaire
américaine du tiers-monde et le
prédicateur Ahmad Al-Assir, la dague
salafiste du Qatar sur le flanc du
Hezbollah, intercepté à l’aéroport de
Beyrouth, alors qu’il tentait de suivre
l’exemple de son chef sunnite Saad
Hariri, en voulant s’enfuir du Liban,
pour échapper à ses forfaitures.
Une crédibilité dissuasive
concrétisée enfin par le fait que la
formation chiite est la seule instance
arabe à proclamer son attachement
effectif au combat pour la libération de
la Palestine, matérialisé par ses
combats contre Israël et son attachement
à la célébration de la journée mondiale
d’«Al Qods», commémorée chaque année le
dernier vendredi du mois de Ramadan, en
l’absence de la moindre participation
sunnite, alors que la Palestine est dans
sa très grande majorité peuplée de
sunnites et d’une minorité chrétienne
arabe, dont la population ne comporte
aucun chiite; et que la responsabilité
de la défense des Lieux Saints Musulmans
incombe aux vingt pays arabes qui se
réclament du sunnisme, la branche
majoritaire de l’Islam.
Alors qu’Israël parachève la
phagocytose de la Palestine, démarche
ultime avant l’estocade finale, la
reconnaissance d’Israël comme «État
Juif», verrouillant ainsi toute
revendication future des Palestiniens à
un hypothétique «Droit au retour» sur la
terre de leurs ancêtres, le Hamas, de
même que les autres déclinaisons de la
nébuleuse islamiste sunnite se sont
curieusement engagés dans le combat anti
Assad, plutôt que de se lancer à la
reconquête de leur terre natale, la
Palestine, en un tragique dévoiement de
sa stratégie.
NASRALLAH VERSUS
BANDAR: KO DÉBOUT
Fruit d’une copulation ancillaire du
Prince Sultan Ben Abdel Aziz avec une
roturière d’extraction modeste, l’ancien
«Great Gatsby» de la vie diplomatique
américaine s’est imposé comme l’homme
fort du Royaume du fait de la maladie
d’une large fraction de l’équipe
dirigeante frappée de pathologie
handicapante.
Intronisé par le général David Petraeus,
l’ancien chef du renseignement
américain, Bandar passait pour être le
nouvel homme providentiel de la
stratégie saoudo américaine. Par cinq
fois, toytefois, Bandar a mordu la
poussière face Hassan Nasrallah, le
contraignant à prendre le chemin de
l’exil, entraînant dans sa chute
l’ensemble de sa fratrie, son aîné,
Khaled Ben Sultan, vice-ministre de la
défense et propriétaire du journal «Al
Hayat» et son cadet, Salman Ben Sultan,
le chef opérationnel du PC conjoint
islamo atlantiste à Amman.
Voir à ce propos les déclarations du
général Welsley Clark, ancien commandant
en chef de l’Otan (1997-2000): «Nos
alliés et nous avons crée Daech pour
combattre le Hezbollah». voir la vidéo
sous-titrée en français:
https://www.youtube.com/watch?v=ml-piXRdnow
En 2006, la riposte balistique
victorieuse du Hezbollah libanais face à
l’aviation israélienne, de même que la
destruction du navire amiral de la
flotte israélienne, ont semé la
consternation dans le camp saoudo
américain, fragilisant l’héritier
politique du clan Hariri.
En 2007, la neutralisation du camp
palestinien de Nahr el Bared, (Nord du
Liban), en mettant hors circuit le chef
de file des djihadistes Chaker Absi, à
la solde de l’Arabie saoudite, a mis en
échec le projet djihadiste d’en faire
voulait une zone de non droit, en vue de
parasiter le Hezbollah sur son arrière
garde.
En 2008, l’affaire du réseau des
transmissions stratégiques du Hezbollah
s’est soldée par une capitulation en
rase campagne de ses adversaires,
particulièrement le chef druze Walid
Joumblatt, à l’époque le fer de lance du
clan Hariri.
Enfin en 2013-2014, les revers de Syrie
se sont acccumulés en complément de la
perte considérable représentée par
l’assassinat de sa dague sécuritaire, le
capitaine Wissam Hassan, chef de la
section des renseignements des forces de
sécurité intérieure libanaise, dynamité
trois mois après la décapitation de la
hiérarchie militaire syrienne.
Ce bilan ne tient pas compte de
l’éradication de l’excroissance
salafiste du Qatar, Ahmad al Assir, le
25 juin 2013, le jour même de la
destitution déguisée de son
commanditaire l’émir du Qatar, Cheikh
Khalifa Ben Hamad Al Thani, à la date
anniversaire du 13 me anniversaire du
dégagement militaire israélien, sous
l’effet des coups de butoir du
Hezbollah.
Dernier intervenant sur le champ de
bataille syrien, après les escouades de
djihadistes de Tchétchénie à la Tunisie
en passant par la Belgique, le Kosovo et
la France, de même que les Moudjahidines
Khalq, formation de l’opposition
iranienne islamo marxiste, et le clan
Hariri, le Hezbollah a brisé net la
stratégie islamo-atlantiste, il
écrabouillera au passage ses anciens
compagnon d’armes, les soldats perdus du
Hamas, dans la mémorable bataille des
tunnels de Qoussyar: «Par ses brillantes
performances non seulement à Qoussayr, à
Lattaquieh et Homs, mais aussi dans sa
contribution à la défense de la base
aérienne de Menagh, (Nord Syrie), Hassan
Nasrallah a bien mérité le titre de
«Seigneur de la résistance», admettra le
site nassérien du Caire. CF. Hassan
Nasrallah, Le seigneur de la résistance
http://www.al-akhbar.com/node/190273
Invincible à ce jour, artisan de deux
dégagements militaires israéliens du
Liban sans négociation ni traité de
paix, ferme soutien du Hamas face aux
offensive israéliennes, le Hezbollah
demeure, n’en déplaise aux esprits
chagrins, le phénomène
politico-militaire majeure de l’histoire
arabe contemporaine; l’ultime digue de
retenue face au grand naufrage arabe,
glanant au passage le titre envié de
«sentinelle de l’indépendance libanaise»
Ni palace, ni
limousine, le doigt sur la gâchette avec
Israël en point de mire
Ni Palace, ni limousine,
incorruptible dans un monde ruisselant
de pétrodollars, cette figure marquante
du monde arabo musulman force le respect
de ses interlocuteurs par la retenue de
son comportement, son sens de l’humour
et une crédibilité à tout crin, sa
marque de fabrique, son viatique pour
l’éternité. «Al Wahd al Sadeq», la
«promesse sincère» sera une promesse
tenue.
Elle apportera, en 2007, la
démonstration la plus éclatante de sa
fiabilité en obtenant la libération du
doyen des prisonniers arabes en Israël,
le druze libanais Samir Kintar, au cours
de la plus importante opération
d’échange de prisonniers qui aboutit en
outre à la restitution de la dépouille
de Dalal Moughrabi, une résistante
palestinienne tuée au cours d’une
opération commando à l’intérieur du
territoire israélien.
Ni port, ni aéroport, aucune route ni
autoroute, pas la moindre ruelle, ni
venelle ne rend hommage à celui qui
porte en lui une part du destin du Liban
et du monde arabe, un prescripteur
essentiel de l’ordre régional. Aucun
monument, aucune œuvre humaine pour
immortaliser le passage sur terre de cet
homme. Aucune trace, aucune autre trace
que celle que l’histoire réservera à cet
homme dont le passage réussi des
Thermopyles, l’été 2006, au sud Liban
sur le champ d’honneur de la résistance,
a réanimé le souffle du monde arabe dans
la reconquête de sa dignité.
Huit cent des siens ont péri cet
été-là, l’arme à la main, pour que vive
le Liban dans son intégrité territoriale
et sa souveraineté nationale et que se
maintienne vivante la revendication
nationale palestinienne à un état
indépendant.
Bulleurs occidentaux, ne vous égarez pas
trop une fois de plus en de vaines
recherches: «L’Islam des Lumières»,
c’est lui et non la cohorte des
gérontocratiques pétro monarchies
obscurantistes du Golfe.
Bulleurs occidentaux, ne vous méprenez
pas, non plus: «L’Islam moderne», c’est
lui et non cette cohorte de dictateurs
bureaucratiques libidineux à propension
dynastique.
Lui, le nouveau chef de file d’un
nationalisme arabe revigoré, que vous
avez tenté de démanteler depuis un
demi-siècle, lui ce chiite minoritaire
d’un monde arabe majoritairement
sunnite, le digne héritier du sunnite
Nasser, lui la sentinelle de
l’indépendance libanaise.
Lui, et non ce véritable dindon de la
farce de l’affaire afghane, Oussama Ben
Laden, célébré par vous toute une
décennie en tant que «combattant de la
liberté» pour avoir détourné 50.000
combattants et vingt milliards de
dollars pour faire le coup de feu contre
les Russes en Afghanistan à des milliers
de km du principal champ de bataille, la
Palestine.
Lui, l’idole des jeunes et des moins
jeunes, lui, le théologien de la
libération sans successeur prédestiné,
lui, Hassan Nasrallah, l’indomptable,
l’homme qui n’a jamais pactisé avec ses
ennemis, ni avec les ennemis de ses
ennemis.
Lui, dont l’unique point de mire est
Israël, dont il n’en détachera ni le
regard ni la gâchette pour d’autres de
vos mirages incertains, pour d’autres de
vos cibles incertaines, pour aucune
autre cible, aucun autre objectif que la
libération du sol national et la
sécurisation de l’espace national arabe.
Pour aller plus loin
Du Grand Moyen Orient au Nouveau
Proche-Orient ou le conte d’une folie
ordinaire. Par Roger Naba’a,
Universitaire et philosophe libanais in
«Liban: chroniques d’un pays en sursis»
ouvrage co-écrit par Roger Naba’a et
René Naba, Éditions du Cygne, 2007.
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Reçu de René Naba pour publication
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