EN POINT DE MIRE
Une Algérie dans une ambiance
délétère,
face à un Maroc en état
d’apoplexie
René Naba
Mercredi 13 février 2019
«La séquence des
pères fondateurs de l’indépendance tarde
à s’achever. Mais si elle tarde tant à
s’achever, alors que les lois de la
biologie ont déjà rendu leur verdict,
c’est sans doute en raison du fait que
le lancinant problème de la dévolution
du pouvoir n’a pas encore été réglé,
notamment la répartition de la rente
pétrolière» . RN 1- Le
grenouillage séparatiste de Ferhat
Mehenni, le «caniche de BHL».
L’Algérie célèbre
ce 1er novembre 2018 le 74ème
anniversaire du «Toussaint Rouge», qui
marque le soulèvement du peuple algérien
et son engagement dans sa guerre
d’indépendance, alors que le pays vit
dans l’incertitude de la décision de son
président Abdel Aziz Bouteflika de
solliciter un 5ème mandat présidentiel,
plongeant la population sinon en état
d’atonie, à tout le moins dans une
grande perplexité.
Une séquence qui se
déroule sur fond d’une énergique reprise
en main de l’appareil
militaro-sécuritaire par un président en
fin de mandat mais probable candidat
sauf accident à sa propre succession, en
toile de fond d’une psychose d’une
épidémie de choléra, à l’arrière plan
d’une guerre larvée entre les diverses
factions postulantes au pouvoir,
7 me Président de
la République algérienne, M. Bouteflika,
à mobilité réduite, est au pouvoir
depuis 1999, soit depuis 19 ans. Agé de
81 ans, il est diminué depuis 2013 par
un AVC (accident vasculaire cérébral).
En prévision de
l’échéance présidentielle de 2019, le
président Bouteflika a donné un grand
coup de pied dans la fourmilière de la
corruption en ordonnant une grande purge
dans l’appareil sécuritaire de l’état
prenant prétexte de la saisine d’un
important lot de 701 kg de cocaïne en
Algérie, le 29 Mai 2018: Le tout
puissant chef de la police Abdel Majid
Hamel a été limogé, de même que le
général Menad Nouba, chef de la
gendarmerie. La purge a emporté le chef
de sûreté de la willaya d’Alger,
Nourredine Berrachedi. Des magistrats
ont été suspendus, deux procureurs
placés sous mandat de dépôt, des enfants
de responsables politiques impliqués.
La purge s’est
poursuivie en douceur avec le dégagement
en douceur trois mois plus tard, en
Août, de deux autres officiers généraux:
le patron de la Direction centrale de la
sécurité de l’armée (DCSA), le
général-major Mohamed Tirèche, dit
Lakhdar, et le général Boumédiène
Benattou, contrôleur général de l’armée,
remplacé à ce poste par l’ancien
directeur central de l’intendance, le
général-major Hadji Zerhouni. Au total
une douzaine de généraux ont été
dégagés.
Effet d’une
relation causale? Quoiqu’il en soit,
quatorze personnalités algériennes
avaient lancé trois jours plus tôt,
vendredi 26 mai 2018, un appel demandant
à M. Bouteflika de renoncer à briguer un
5ème mandat. Ce manifeste a quelque peu
secoué la torpeur de la vie politique
algérienne et redonné de l’intérêt à une
compétition dont les résultats sont
généralement connus d’avance:
«Votre long règne
sur le pays a fini par créer un régime
politique qui ne peut répondre aux
normes modernes de l’Etat de droit”, (…)
“Votre âge avancé et votre dramatique
état de santé vous commandent de ne plus
vous occuper des charges de l’Etat bien
trop lourdes», souligne la missive
signée des personnalités suivantes:
Ahmed Benbitour, ancien chef du
gouvernement actuellement dans
l’opposition, Soufiane Djilali,
président du jeune parti d’opposition
Jil Jadid (Nouvelle génération) et Amira
Bouraoui, militante à l’origine du
mouvement Barakat (Ça suffit!) qui s’est
imposé sur la scène politique en 2014 en
incarnant l’opposition à un 4e mandat du
président Bouteflika, ainsi que par
l’écrivain Yasmina Khadra,
l’universitaire Fatiha Benabbou, le
sociologue Nacer Djabi, qui avaient
également milité contre un 4e mandat
pour M. Bouteflika, au pouvoir depuis
1999.
2- L’appel de
Londres du 4 juin 2018 de Ferhat
Mehenni: Un mauvais remake d’un mauvais
film; un pastiche du général de Gaulle
dans un comique de répétition
L’incertitude
présidentielle a généré une forme de
grenouillage séparatiste au sein du
mouvement irrédentiste kabyle représenté
par l’ancien troubadour de la canzonetta
algérienne, réputé pour ses liens avec
Bernard Henry Lévy, le philosioniste
parrain médiatique des guerres de
destruction de la Libye et de la Syrie.
Mauvais remake d’un
mauvais film, Ferhat Mehenni, leader du
Mouvement pour l’Autodétermination de la
Kabylie (MAK) et de l’Anavad
(Gouvernement Provisoire de Kabylie), a
en effet lancé un appel aux Kabyles les
invitant à prendre les armes. Pastichant
le Général Charles de Gaulle, dans un
exercice qui relève du comique de
répétition, le fondateur du MAK a lancé
son appel depuis Londres, lieu de
l’appel du 18 juin du chef de la France
Libre. Son discours est intervenu le 4
juin, deux semaines avant la date
symbolique du discours fondateur de la
Résistance Française. Un décalage
calendaire qui signe dans l’ordre
symbolique un ratage manifeste de sa
propre vision de la marche de
l’histoire.
La sortie du leader
de la mouvance indépendantiste Kabyle
est intervenue dans un contexte d’une
fragilisation de sa base militante,
causée par des dissidences au sein de
son mouvement ainsi que par la fondation
de deux nouveaux mouvements concurrents
en Kabylie: l’Union pour la République
Kabyle (URK) prônant l’indépendance de
la Kabylie et le Rassemblement pour la
Kabylie (RPK) revendiquant quant à lui
l’autonomie de la Kabylie.
Le RPK a d’ailleurs
vertement répliqué au «petit caniche de
BHL: «Le sens de discernement nous
commande aussi de ne pas occulter les
considérations géopolitiques et de
rester insensibles au développement et à
la prolifération des conflits au niveau
régional. Les exemples ne manquent pas
dans l’actualité internationale (la
Libye, la Syrie, le Sahel.. etc.), et
dans notre passé récent (la décennie
noire) pour se laisser entrainer dans
une aventure orchestrée par des forces
obscures dont l’agenda est chargée par
des actions de déstabilisation des
nations», a affirmé le responsable.
Pour aller plus
loin sur la problématique des Algériens
et la question identitaire, cf ce lien
Pour aller plus
loin sur Ferhat Mehenni et ses
accointances:
L’Algérie n’est ni
un pays arabe, ni musulman
BHL lance un appel au soutien de Ferhat
Mehenni
3- La nécrose
des circuits de décision.
L’Algérie vit dans
une ambiance délétère, conséquence de
l’atonie voire même de la tétanie de la
population face à l’incertitude
politique qui hypothèque la vie
politique nationale, les recompositions
géopolitiques qui s’opèrent dans la zone
avec l’accroissement de la présence
militaire occidentale dans la zone
sahélo-saharienne sous couvert de guerre
contre le terrorisme; enfin le
démembrement du Soudan et les tentatives
du pacte atlantiste d’édifier dans la
foulée une entité autonome kurde en
Syrie, le partenaire historique de
l‘Algérie, en compensation du kurdistan
irakien.
A cela s’ajoute, le
sentiment d’abandon des populations des
zones périphériques de la part du
pouvoir central; ce qui explique les
troubles persistants enregistrés en
Algérie depuis 2013 notamment dans le
sud du pays, à l’arrière-plan des menées
irrédentistes encouragées par le lobby
pro israélien en Europe dont la figure
la plus illustre n’est autre que le
natif de Beni chnouf BHL et son caniche
servile Ferhat Mehheni.
Le meilleur service
à rendre à l’Algérie, un pays cher au
cœur de tous les militants de la cause
de libération du Monde arabe, est de lui
tenir un discours de vérité.
L’Algérie se meurt
par nécrose des circuits de décision à
une période charnière de la
recomposition géostratégique, sur fond
de crise économique lancinante et d’une
gangrène djihadiste.
La séquence des
pères fondateurs de l’indépendance tarde
à s’achever. Mais si elle tarde tant à
s’achever, alors que les lois de la
biologie ont déjà rendu leur verdict,
c’est sans doute en raison du fait que
le lancinant problème de la dévolution
du pouvoir n’a pas encore été réglé,
avec tous les enjeux sous-jacents que
cela implique en termes d’influence
politique, d’impunité, de répartition de
la rente pétrolière.
Pour aller plus
loin sur le magma algérien, cf l’article
de Ghania Oukazi: Elections
présidentielles, l’énigme Hamel.
http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5263279
4- De la
déstabilisation de l’Algérie.
L’Algérie a été la
cible d’une opération de déstabilisation
dans la séquence dite du «printemps
arabe» (2011-2018). Dans l’oeil du
cyclone. Ciblée et encadrée par deux
régimes néo islamistes, en Libye –avec
le parachutage à Tripoli depuis Kaboul
d’Abdel Hakim Bel Hadj, chef des
groupements djihadistes afghans de
Libye- et en Tunisie, avec la propulsion
au pouvoir à coups de pétrodollars
monarchiques de Rached Ghannouchi, chef
de la branche tunisienne de la confrérie
des Frères Musulmans, le parti An Nahda.
Avec en surplomb, l’Egypte confrérique
de Mohamad Morsi et sur son flanc
méridional, l’écharde malienne plantée
par le Qatar via Ansar Eddine.
Tout le monde garde
présent à l’esprit les propos mémorables
de l’oracle Nicolas Sarkozy prophétisant
à Moustapha Abdel Jalil, la marionnette
libyenne de l’OTAN, «l’Algérie dans un
an, l’Iran dans trois ans», de même que
les rodomontades du mégalocéphalite du
Qatar Hamad Ben Jassem, menaçant
l’Algérie d‘expulsion de la Libye Arabe
pour s’être opposée à l’expulsion de la
Syrie, un pays du champ de bataille qui
a mené en tandem avec l’Egypte quatre
guerres contre Israël.
La conjuration a
échoué du fait d’un comportement digne
de cloportes des artisans de cette
machination, particulièrement
l’exaltation suicidaire des islamistes
libyens qui ont procédé à l’assassinat
de l’ambassadeur des Etats Unis à
Benghazi et à la destruction de
l’Ambassade de France à Tripoli, deux
pays pourtant artisans majeurs de la
chute du régime Kadhafi, d’une part;
l’élimination précoce des deux
principaux sous traitants de la
stratégie atlantiste: Nicolas Sarkozy,
dégagé par un vote de défiance populaire
aux présidentielles françaises de 2012,
et l’Emir du Qatar, destitué par ses
parrains américains consternés par sa
lévitation erratique.
Dernier et non le
moindre facteur, l’expertise algérienne
en la matière, seul pays doublement
victorieux d’une guerre de Libération
Nationale et d’une guerre contre le
terrorisme (1990-2000), sans soutien
extérieur. Avec en superposition, un
bouleversement de la donne stratégique
mondiale marqué par le retour en force
de la Russie sur le théâtre
méditerranéen et la présence accrue de
la Chine en Algérie qui en a fait son
navire amiral dans son contournement de
l’Europe; Russie et Chine, deux pays
membres permanents du Conseil de
sécurité, font office de pare-feux à un
éventuel nouvel embrasement.
Dans la précédente
séquence, la guerre civile algérienne
avait coïncidé avec l’implosion de
l’Union soviétique et le triomphe du
djihadisme planétaire matérialisé par
l’intronisation des Talibans pro
wahhabites au pouvoir en Afghanistan,
comme pour signifier de manière patente
la victoire contre l’athéisme et de
l’idéologisation de la guerre sur une
base religieuse.
Un djihadisme
triomphant qui s’est propagé sur les
flancs de l’Empire soviétique pour en
achever le démantèlement, en Tchétchénie
et en Yougoslavie particulièrement en
Bosnie.
Pour aller plus
loin sur ce point, cf à ce propos
https://www.renenaba.com/al-qaida-derriere-les-attentats-de-paris-en-1995-selon-l-ancien-messager-de-ben-laden/
Toutefois, sur le
plan algérien, la présence de 60.000
soldats américains de confession juive
sur le sol saoudien, la terre de ses
commanditaires, à proximité des Lieux
Saints de l’Islam (La Mecque et Médine),
dans le cadre de la coalition
internationale anti Saddam, en
1990-1991, a placé, dans un pays au
nationalisme chatouilleux, en porte à
faux Abbassi Madani, chef du Front
Islamique du Salut (FIS) et obéré le
discours pseudo révolutionnaire du chef
de file de la contestation islamique
algérienne, le discréditant durablement,
le projetant vers le Golfe en exil.
Le djihad a pris
une dimension planétaire conforme à la
dimension d’une économie mondialisée par
substitution des pétrodollars
monarchiques aux caïds de la drogue dans
le financement de la contre révolution
mondiale.
Le basculement de
l’Algérie dans la guerre civile dans la
décennie 1990 est apparu
rétrospectivement comme l’acte de
représailles à sa fonction de plateforme
opérationnelle des mouvements de
libération d‘Afrique, «La Mecque des
Révolutionnaires» d’Afrique, selon
l’expression d’Amilcar Cabral chef du
PAIGC, le mouvement indépendantiste de
la Guinée portugaise (Guinée Bissau et
Cap Vert), dans le prolongement de la
destruction de l’autre plateforme
révolutionnaire dans le versant oriental
du Monde arabe, le Liban, carbonisé par
une guerre civile de 15 ans (1975-1990),
dont la capitale Beyrouth abritait 18
mouvements de libération dont les
Palestiniens, mais aussi la Rote Armée
Fraktion, l’ASALA (Armée Secrète
Arménienne pour la Libération de
l’Arménie), Le Front de Libération du
Sud Yémen occupé (FLOSY), le Front de
Libération de l’Erythrée, les Kurdes du
PKK et l‘Armée Rouge Japonaise.
5 – L’équation
du Sahel
L’armée algérienne
a déployé près de 80 000 soldats à se
frontières méridionales afin de contenir
le flux migratoire propulsé par des
mafias transnationales vers l’Europe,
via l’Algérie qui héberge dans le sud du
pays près de 500.000 migrants supposés
être en transit. Une telle présence
massive constitue une bombe à
retardement du fait des interférences
qu’elle peut générer sur l’équilibre
démographique national.
L’Algérie est ainsi
donc en «sursis de stabilité» deux
décennies après la « décennie noire» en
ce que sa stabilité perdure en l’état,
grâce à la grande instabilité du Maroc,
un pays affligé d’un fort taux de
chômage urbain de l’ordre de 40 pour
cent chez les jeunes.
Si l’Algérie se
meurt par nécrose des circuits de
décision, une lente gangrène qui gagne
progressivement les rouages de l’État,
nul toutefois ne songe désormais
sérieusement à la déstabiliser par
crainte de l’effet domino dont le plus
grand bénéficiaire serait AQMI, alors
que la France veille à s’assurer de la
coopération d’Alger au sein du G5 Sahel,
la structure ad hoc mise sur pied par
Paris pour combattre le terrorisme dans
la zone sahélo-saharienne.
Au sommet africain
de Nouakchott, en juillet 2018, Le
président Emmanuel Macron a accusé en
termes à peines voilées l’Algérie d’être
responsable de l’échec de son plan
Sahel. L’armée algérienne répugne en
fait à combattre les Touaregs maliens en
raison du fait qu’une importante
population touareg est déployée dans le
giron saharien de l’Algérie et que le
pays refuse à faire office de
«hostspot», lieu de filtrage de
l’émigration sub saharienne, une
fonction de garde chiourme des
Occidentaux, qu’elle juge insultante à
son honneur au regard de son histoire
anti coloniale.
L’arrimage de
l’Algérie au G5 Sahel tarde à se
finaliser en ce que l’Algérie répugne
aux alliances du fait de son histoire.
Le corpus doctrinal de l’Algérie a en
effet été forgé en fonction de sa
projection géostratégique. Une constante
de la diplomatie algérienne depuis son
indépendance, qui a valu à ce pays
d’être considéré comme un pays phare de
tiers monde à l’instar du Vietnam et de
Cuba avec sa diplomatie multilatérale,
initiée précisément par le tandem
Boumédiène Bouteflika, lors d’une
décennie prodigieuse (1970-1980).
Au point que dans
le pré carré africain de la France,
l‘Algérie supplée par moment l’ancienne
puissance coloniale dans son rôle
d’intermédiation comme ce fut le cas
avec le conflit du septentrion malien.
6– Le Sahel, un
eldorado pour les compagnies militaires
privées.
Le Sahel tend
d’ailleurs à devenir un nouvel eldorado
pour les compagnies militaires privées.
Près de 7.500
membres des forces spéciales américaines
sur un total de 60.000 sont engagés dans
90 pays pour y mener des actions
clandestines. 1.200 sont à l’oeuvre dans
trente pays africains, sous l’autorité
de l’AFRICOM, basé à Stuttgart
(Allemagne) (Cf à ce propos
«Prolifération méconnue de bases
militaires US» de Claude Angeli- Le
Canard Enchainé, 13 juin 2018).
En complément à
L’AFRICOM, 21 entreprises américaines
s’affichent comme prestataires de
service militaire en Afrique du Nord et
au Sahel. Sans compter les entreprises
de soutien aux opérations d’autres pays
(MINUSMA, Barkhane…). Des dizaines
d’autres compagnies ont progressivement
occupé la zone. Leurs missions vont de
la fourniture de repas à l’intervention
armée. Elles sont françaises,
britanniques ou ukrainiennes et se
partagent un budget annuel de plusieurs
dizaines de millions de dollars.
Pour aller plus
loin sur ce thème, ce lien A quoi
servent les bases françaises en Afrique
http://www.afrik.com/chronique-afrique-debout-a-quoi-servent-les-bases-militaires-francaises-en-afrique-1ere-partie
Le Sahel en l’an
2050 comptera 1,9 milliards habitants
soit autant que l’Europe, Les Etats
Unis, l’Amérique latine et l’Océanie
réunis. Avec 6.500 km de frontières avec
sept pays du Sahel (Libye, Mali, Maroc,
Niger, Tunisie, Sahara Occidental),
l’Algérie y occupera une position
centrale. Sa stabilité relève d’un
impératif catégorique pour les pays
occidentaux en ce qu’il constitue un
passage obligé des flux migratoires à
destination de l’hémisphère Nord.
A titre comparatif,
le Japon affecte 27 pour cent de ses
investissements à son voisinage immédiat
des pays de l’ASEAN, contre 3 pour cent
à l’Europe pour le Sahel, selon les
précisions fournies par Abdel Aziz
Rahabi, ancien ministre et ancien
ambassadeur algérien, lors du colloque
de l’UFAC (Union des Universitaires
Algériens et Franco algériens), dont la
5ème session s’est tenue à Marseille le
7 avril 2018, sous le thème
«Méditerranée: enjeux pour la paix dans
la diversité»(1).
M. Rahabi a été
l’ancienne cheville ouvrière auprès de
Lakhdar Ibrahim, l‘émissaire de la Ligue
Arabe aux négociations inter-libanaises
de Taef (Arabie Saoudite, 1989), qui
mirent fin à la guerre civile libanaise.
Cette parcimonie
explique sans pour autant la justifier
l’instabilité du flanc méridional de
l’Europe au delà des explications
culturalistes qui masquent mal une
survivance d’une forme d’ethnographisme
coloniale. Ce qui explique la
sur-réaction psychologique des faits
arabes et musulmans dans l’opinion
occidentale, particulièrement française,
au-delà aussi et surtout de la prégnance
d’un comportement néocolonialiste
occidentale dans l‘approche des
problèmes du Monde arabo africain.
En dépit de l’aléa
politique, l’Algérie compte néanmoins
non parmi les plus sûrs mais parmi les
plus sécurisés du Monde. Pour aller plus
loin, cf sur ce point le sondage Gallup
2017
https://fr.scribd.com/document/355627928/L-Algerie-parmi-les-pays-les-plus-securises-au-monde-selon-l-institut-Gallup#from_embed
7 – Des rapports
entre l’Algérie en atonie et le Maroc
«partimonialisé» au seuil de
l’apopléxie.
Si l’état de santé
du président Abdel Aziz Bouteflika
hypothèque quelque peu la vie politique
de l’Algérie, la santé et les absences
du Roi Mohamad VI en font autant pour le
Maroc.
Pendant les quatre
premiers mois de l’année 2018, le roi du
Maroc a passé moins de vingt jours dans
son pays. Ses absences fréquentes et
prolongées alors que la contestation
populaire ponctue la vie politique
interne du royaume, paralysent
partiellement le pays et créent une
situation intenable sur le long terme,
car le chef de l’État marocain détient
presque tous les pouvoirs. Au point que
se pose de manière lancinante la
question de son abdication en faveur de
son fils, âgé de 15 ans. De surcroît, le
royaume chérifien, un pays
«patrimonialisé» est au bord de
l’apopléxie, «en manque d’oxygène», pour
reprendre l’expression d’un analyste
marocian, Hassan Allaoui, en proie à une
ébullition permanente, conséquence de
l’autoristarisme royal, du de
l’arbitraire, du népotisme et de la
corruption qui y règne.
Pour compenser son
absence, Le roi a fait acte d’autorité à
son retour, ordonnant une vaste purge de
l’appareil sécuritaire marocain et du
corps préfectoral, à qui il a fait
assumer la responsabilité des
défaillances ayant abouti au
mécontentement populaire et à
l’instabilité politique.
Pour aller plus
loin sur ce sujet, ce lien:
https://orientxxi.info/magazine/maroc-l-inconcevable-abdication-de-mohamed-vi,2450
Le Maroc manque
d’oxygène par Hassan Allaoui
http://www.economie-entreprises.com/le-maroc-manque-doxygene/
La précarité
politique au Maroc et l’expansion des
groupements islamistes dans la zone
sahélo-saharienne ont une valeur
dissuasive pour toute tentative de
déstabiliser l’Algérie.
Depuis le lancement
de la séquence dite du «printemps
arabe», le nombre des groupements
islamistes est passé de cinq à cinquante
en Afrique. L’Algérie joue un rôle
majeur dans la neutralisation de cette
prolifération terroriste dans son
hinterland, en consolidant discrètement
le pouvoir tunisien post nadawiste, de
même que le Mali, se posant par moments
comme un médiateur régional.
En parallèle, le
Maroc est embourbé par une tension
sociale extrême (soulèvement du Rif), un
taux de chômage urbain de l’ordre de 40
pour cent et des décennies d’absolutisme
monarchique.
La décision de
Rabat de rompre ses relations
diplomatiques avec l’Iran, le 2 mai
2018, sous le faux prétexte du soutien
du Hezbollah libanais au Front
Polisario, a répondu au souci du Royaume
d’acter dans l’ordre symbolique
l’alignement du Maroc à l’axe constitué
par les deux grandes théocraties du
Moyen orient, Israël et l’Arabie
saoudite, en voie de constitution, dans
la perspective d’une éventuelle
confrontation avec l’Iran afin de
compenser la déroute militaire de l’OTAN
en Syrie, celle des pétromonarchies au
Yémen et d’occulter le retrait des Etats
Unis de l’accord sur le nucléaire
iranien.
Ce faisant, le
Maroc cherche à atténuer le courroux
occidental et à amortir l’impact de la
révélation selon laquelle le royaume
chérifien est apparu comme étant le plus
grand exportateur du terrorisme
islamique vers l’Europe, (Attentat de
Madrid 2004 qui a fait 200 morts,
l’assassinat de Théo Van Gogh, les
attentats de Bruxelles en 2015, de
Barcelone en 2017 et de Trèbes près de
Carcassonne, le 23 mars 2018).
Cela ne se proclame
pas publiquement surtout dans les médias
français réputés qui pratique à l’égard
du trône marocain, (diplomatie de la
Mamounia oblige), un journalisme de
révérence et de prosternation. Mais cela
se chuchote dans les cabinets calfeutrés
des chancelleries et cela joue en faveur
de l’Algérie.
La Jordanie
(Machreq) et le Maroc (Maghreb, deux
royaumes sans ressources énergétiques,
compensent leur absence de royalties,
par une alliance clandestine ancienne
avec Israël. Cette diplomatie
souterraine est génératrice de
dividendes en termes stratégiques et
médiatiques, infiniment plus lucratives
pour les deux royaumes que les pétro
dollars. Pour mémoire, le Maroc est le
lieu de villégiature préféré de Bernard
Henry Lévy et de Dominique Strauss Khan,
deux arabophiles notoires. Et ceci
pourrait expliquer cela.
Il est de notoriété
publique que le Maroc pratique une
normalisation rampante avec Israël, qui
octroie au monarque un sauf-conduit
auprès des puissances occidentales,
l’absolvant de toutes les turpitudes de
son pays. Les récentes révélations sur
la connivence entre Israël et le Maroc
faites par Ronen Bergman dans son
ouvrage Rise and Kill: «The Inside Story
and Secret opérations of Israel’s
assassination» ne sont pas faites pour
améliorer l’image du Royaume.
La rupture avec
l’Iran apparaît ainsi comme un acte
éminemment démagogique, qui n’en
constitue pas moins l’indice d’une
recomposition politique en prévision
d’une éventuelle confrontation régionale
entre Israël et les contestataires à
l’ordre hégémonique israélo américain
dans la zone, après le désastre de
l’alliance islamo atlantiste dans la
guerre de Syrie et la débandade de
l’opposition off shore syrienne pro
monarchique.
8- La course aux
armements
La tension
persistance entre l’Algérie et le Maroc,
à l’arrière-plan du contentieux de la
question du Sahara occidental grève le
budget des deux pays. Sur fond de crise
diplomatique, l’Algérie et le Maroc se
livrent en effet une course effrénée
pour rendre hermétiques leur frontière
commune.
Le Maroc a annoncé
le lancement d’un satellite de
surveillance des frontières et l’Algérie
s’emploie à ériger un mur d’isolation
électronique, et les deux pays sont
engagés dans une course à l’acquisition
de missiles balistiques longue portée, à
fort pouvoir détonateur.
L’Algérie et le
Maroc occupent la première place du
continent africain sur le plan de
l’armement. De 2007 à 2015, l’Algérie a
dépensé près de onze milliards de
dollars pour moderniser son armement,
faisant l’acquisition principalement
auprès de la Russie de chasseurs
bombardiers, de frégates, des
Hélicoptères et de l’artillerie, tandis
que le Maroc consacrait durant cette
même période 4, 7 milliards de dollars
pour l’acquisition des armes des Etats
Unis et des pays européens.
Ci joint pour le
lectorat arabophone,
le rapport du Congrès américain sur ce
sujet.
Sur le plan
balistique
Le rapport penche
en faveur de l’Algérie, qui dispose de
176.000 missiles balistiques longue
portée, à fort effet destructeurs,
contre 72.000 au Maroc. Le classement
établi par la revue américaine «Global
Fire Power» donne le positionnement
suivant:
- Russie:
3.793.000 missiles
- Corée du Nord:
2.400.000
- Chine :
1.770.000
- Egypte :
1.481.000
- Iran :
1.475.000
- Etats Unis :
1.331.000
suivis du Vietnam
de la Turquie et de l’Ukraine.
Outre l’Egypte
(1481), la Syrie se classe au 2ème rang
parmi les pays arabes avec 650.000
missiles balistiques suivie des pays
suivants:
- Yémen :
423.000
- Arabie
saoudite : 322.000
- Algérie :
176.000
- Libye :
100.000
- Jordanie :
88.000
- Maroc : 72.000
- Irak : 59.000
À moyen terme, la
querelle de succession présidentielle
sera immanquablement réglée. L’Algérie
devra alors se tourner résolument vers
l’avenir pour mobiliser ses capacités à
la conquête de nouveaux horizons.
Se fixer comme
objectif de rejoindre le groupe du BRICS
(Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du
Sud), c’est à dire les chefs de file du
groupe s’employant à construire un monde
multipolaire, à l’effet de mettre un
terme à six siècles d’hégémonisme
occidental, et de renouer ainsi avec le
rôle pilote de l’Algérie dans le combat
pour la libération de l’Afrique et du
Monde arabe, particulièrement la cause
palestinienne, à qui fait cruellement
défaut le soutien d’un pays arabe de
poids.
Pour aller plus
loin sur l’Algérie
A propos du
conflit du Sahara occidental
1 – L’Association
des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN)
est composée des dix pays suivants:
Birmanie, Cambodge, Laos, Malaise,
Indonésie, Japon, Philippines,
Singapour, Thailande, Vietnam.
En 2013, elle
représentait:
- 620 millions
d’habitants (environ 8,8 % de la
population mondiale)
- 2.400
milliards de dolars de PIB
- 76 milliards
US$ d’investissements étrangers
(2010)
Fondée en 1967 à
Bangkok (Thailande) par cinq pays dans
le contexte de la guerre froide pour
faire barrage aux mouvements
communistes, l’ASEAN constitue désormais
un espace pour régler les problèmes
régionaux et peser en commun dans les
négociations internationales.
Un sommet est
organisé chaque année au mois de
novembre. Son secrétariat général est
installé à Jakarta (Indonésie).
En 2013, elle
représentait:
- 620 millions
d’habitants (environ 8,8 % de la
population mondiale)
- 2.400
milliards de dollars de PIB
- 76 milliards
US$ d’investissements étrangers
(2010)
Le sommaire de René Naba
Le dossier
Algérie
Les dernières mises à jour
|