MADANIYA
Jérusalem : L’injustice de trop
infligé aux Palestiniens
René Naba
Mardi 12 décembre 2017 Par René Naba,
co publié par
http://www.meltingbook.com/
La reconnaissance
unilatérale des Etats Unis de Jérusalem
comme capitale d’Israël constitue
l’injustice de trop infligée aux
Palestiniens à l’effet de
bouleverser le climat psychologique
international dans l’approche du conflit
israélo-palestinien.
La décision du
président Donald Trump prise le 6
décembre 2017, au mépris des résolutions
constantes de l’ONU, en l’absence de
toute solution, passera en effet dans
l’histoire comme une marque d’infamie
des pays occidentaux. La fin de leur
rôle prescripteur sur le plan moral. Une
souillure indélébile. Le point de
basculement du conflit palestinien sur
de bases nouvelles se cristallisant
autour du noyau dur de la contestation
de l’ordre hégémonique israélo-américain
dans la zone. L’ultime geste de
puissance d’un empire américain,
autiste, insensible aux grondements du
Monde, en phase terminale de son apogée.
La concrétisation
de cette promesse de campagne de Donald
Trump répondait à un double objectif:
donner satisfaction à son électorat
christiano-sioniste en vue de le
ressouder dans la perspective des
élections à mi mandat de 2018 et faire
diversion sur l’affaire coréenne dans
l’attente d’une percée diplomatique que
le président américain espère de la part
de ses deux partenaires rivaux la Chine
et la Russie.
Donald Trump et
Benyamin Netanyahu sont tous deux
empêtrés dans des affaires judiciaires
qui limitent leur marge de manœuvre.
L’Américain avec l’affaire russe,
l’israélien pour des affaires ayant
trait à de l’argent illicite. Les deux
ont pensé se dégager de cette pression
médiatique et judiciaire par une fuite
en avant et tirer avantage de ce succès
diplomatique pour obtenir un répit.
Mais au delà de ces
considérations politiciennes, la
reconnaissance de Jérusalem comme
capitale d’Israël paraît devoir
disqualifier les Etats Unis de leur rôle
d’honnête courtier, exarcerbant la
méfiance des peuples arabes et muslmans
à l’égard de toute intiative
occidentale.
A noter toutefois
que le sommet islamique qui doit se
tenir pour envisager la réplique du
Monde musulman à la caution américaine à
l’annexion par Israël de la quai
totlaité de la Palestine est venue de la
Turquie, unique pays musulman membre de
l’OTAN et partenaire stratégique
d’Israël.
De la Turquie et
non de l’Arabie saoudite, le gardien des
lieux saints de l’Islam et chef de file
du monde musulman; Non du Maroc, dont le
Roi, Commandeur des Croyants, est le
président du Comité Al Qods; Non de la
Jordanie dont le Roi chef de la dynastie
hachémite de la descendance du prophète
de l’Islam, a la gestion des lieux
saints musulmans de la ville sainte
notamment la Mosquée Al Assa.
Ces alliés
souterrains d’Israël sont dans la
panade, leur duplicité démasquée. A
croire que la sacralité monarchique que
ces trois monarques invoquent pour se
prémunir de la colère populaire ne les
prémunit pas de la trahison,
particulièrement les wahhabites.
Toute honte bue,
les Saoudiens ont été jusqu’à adouber
l’artisan du «Muslim Ban», Donald Trump,
le président le plus xénophobe de
l’histoire américaine, abondant le
complexe militaro industriel américain
d’un budget de 380 milliards de dollars
afin de s’épargner les foudres de la
justice américaine pour son implication
dans le raid terroriste du 11 septembre
2001 en vertu de la Loi Jasta.
Près de cent ans
après son surgissement sur la scène
internationale, la dynastie wahhabite,
le plus fidèle allié des puissances
occidentales, l’allié souterrain
d’Israël, l’ennemi le plus acharné du
Mouvement National Arabe, le plus résolu
dans son combat contre la notion même de
«libération», l’incubateur absolu du
terrorisme islamiste takfiriste
éradicateur, un des grands incendiaires
de la planète, se révèle comme la
dynastie la plus calamiteuse et la plus
maléfique pour le Monde arabe et
l’Islam.
Bafouant la
légalité internationale, le grand Israël
apparaît ainsi rétrospectivement comme
une compensation sur un bien d’autrui,
plus précisément des Palestiniens des
turpitudes occidentales avec la
complicité des roitelets du Golfe.
La nouvelle
configuration régionale
Audacieuse pour ses
partisans, démagogique à connotation
électoraliste pour ses censeurs, la
décision de Donald Trump intervient en
plein bouleversement de la configuration
régionale marquée par deux échecs
successifs de ses poulains régionaux: la
neutralisation de l’Indépendance du
Kurdistan, mise en oeuvre
clandestinement par Israël et la
déstabilisation du Liban par la prise en
captivité du premier ministre libanais
Saad Hariri par l’Arabie saoudite dont
il en est l’homme lige.
Maîtres des cieux,
des terres et des mers depuis un demi
siècle, le tandem israélo-américain
paraît devoir concéder la parité
stratégique avec les contestataires de
son hégémonie au Moyen Orient: la
Russie, l’Iran, la Syrie et les
formations chiites du Liban (Le
Hezbollah) et d’Irak (Al Hached Al
Chaabi – la Mobilisation Populaire), les
grands vainqueurs de la séquence dite du
«printemps arabe».
A moins d’une
guerre éclair israélienne aux résultats
aléatoires, en vue de procéder à une
nouvelle redistribution des cartes, ce
bouleversement stratégique intervient à
l’arrière plan d’une réactivation d’une
vieille connivence islamo orthodoxe
matérialisée par la fourniture par la
Russie des missiles SS 400 à la Turquie,
le dernier cri de la défense balistique
russe, qui pourrait conduire à terme à
la sortie de l’Otan de l’unique pays
musulman membre de l’alliance atlantique
dont il fut un état fondateur.
La nouvelle
convergence entre Moscou et Ankara
devrait, dans l’esprit des stratèges
russes, prendre la relève de l’ancienne
alliance entre l’URSS et l’Égypte
nassérienne du temps de la guerre froide
soviéto américaine, dans la décennie
1960-1970. Dans l’ordre symbolique,
Moscou abrite le siège du patriarcat
orthodoxe et la Turquie abrite à
Istanbul Constantinople, le siège du
patriarcat orthodoxe d’Orient, en même
temps qu’elle constitue la voie d’accès
aux mers chaudes de la flotte Russe via
le Détroit des Dardanelles.
Dans le domaine
aérien, la guerre de Syrie a brisé le
monopole des airs détenus depuis la fin
de la IIe Guerre mondiale (1939-1945),
il y a 70 ans par l’Otan et son allié
israélien, de même que la fin du
leadership atlantiste en Méditerranée,
désormais sillonnée en permanence par
les flottes russes et chinoises avec des
facilités à Tartous (Syrie) et Mers El
Kébir (Algérie), bouleversant la
stratégie régionale au bénéfice du
groupe moteur du BRICS.
Du fait de cette percée russo chinoise
en Syrie, la Mer Méditerranée tend aussi
à devenir, dans le domaine maritime, une
Mer Internationale ouverte, faisant
place à de nouveaux venus sur la scène
maritime internationale: La Russie et la
Chine, préfigurant la nouvelle
cartographie de la Méditerranée à
l’horizon de l’an 2050.
Le «chaos
constructeur» que les anciens
colonisateurs ont voulu imposer à leurs
anciens colonisés leur revient en pleine
figure, tel un boomerang, sous forme
d’un «K O destructeur», sept ans le
déclenchement de la contre-révolution
arabe menée par les pétromonarchies du
Golfe en concertation avec l’OTAN et
Israël. Un désordre amplifié par le
camouflet représenté par l’annulation du
premier sommet entre Israël et les pays
de l’Afrique noire francophone, qui
devait se tenir fin septembre au Togo;
indice indiscutable de la défiance que
suscite à nouveau l’interventionnisme
américano-israélien dans la sphère arabo
africaine.
Dans un tel
contexte défavorable, les États Unis ont
aménagé une base en Israël même. De
concert avec le Royaume Uni, ils ont
entrepris l’installation de Miradors le
long de la frontière syro-libanaise,
officiellement pour lutter contre les
infiltrations djihadistes et la
contrebande de stupéfiants en fait pour
couper le ravitaillement stratégique du
Hezbollah via la Syrie.
Ils envisagent
enfin de raccorder l’Irak au réseau
atlantiste de la zone faisant pression
sur Bagdad pour que la Jordanie pro
occidentale serve de terminal pétrolier
et de débouché maritime à l’Irak, via
Akaba, et non la Syrie.
Cet abus manifeste de droit constitué
par la reconnaissance unilatérale de
Jérusalem comme capitale d’Israël paraît
porteur de lourds dangers pour l’avenir
à en juger par les réactions virulentes
émanant de diverses capitales arabes et
musulmanes, notamment de l’Iran, de
l’Irak, de l’Indonésie et de la
Palestine.
A moins d’une
proposition audacieuse qui compenserait
largement en faveur des Palestiniens,
cette violation flagrante du droit
international, cette «injustice de trop»
infligée aux Palestiniens, il est à
craindre que de nouvelles déflagrations
retentissement à nouveau aux divers
coins de la planète, car pour une très
grande majorité des peuples du quart
monde aussi bien chrétien que musulman,
de militants pour la paix et la justice
«Jérusalem est le symbole de la dignité
des peuples opprimés, la capitale
éternelle de la Palestine».
Cent ans après la
promesse Balfour, le «Foyer National
Juif» est ainsi le «Grand Israël» et la
Palestine un bantoustan palestinien sous
la coupe israélienne. Un résultat qui
témoigne de la puissance du lobby juif
en Occident, de la tétanie qui saisit le
Monde occidental devant le fait juif,
conséquence de son implication dans le
génocide hitlérien, auquel ni les
Palestiniens, pas plus que les Arabes ou
les Musulmans n’ont pris part.
Annexe
Le CRIF ne
représente pas les Juifs de France. Il
nous mène à la catastrophe.
8/12/2017 par le
Bureau national de l’UJFP
Reçu de René Naba pour publication
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